|| FUMER TUE.

les poumons crient. signal d'alarme. les pieds sont engourdis. les jambes sont froides. le souffle devient erratique. le coeur bat trop fort. art se laisse tomber sur un banc comme une masse. on pourrait presque croire qu'il est mort. vidé. incapable de se relever. son chien aboie, il continue la course. art essaie de retrouver son souffle mais impossible, il a disparu, il est parti. il est parti plus loin, trop loin. foutue idée, ce jogging. vraiment. catégorie truc foireux du dimanche, il remporte la palme. alors, pour se consoler de son activité sportive foireuse, art sort une cigarette foireuse, un briquet foireux, fait crépiter la flamme et fume. le truc hyper conseillé quand t'essaies de courir. il s'en fiche. il regarde les flocons et ignore le froid qui lui mord le corps.

louis s'amuse. il découvre. toi, pendant ce temps, tu grignotes tes cacahuètes, éternelles cacahuètes que tu gardes toujours sur toi. c'est un peu comme la cigarette, tu ne peux t'en passer. louis tourne autour de tes jambes, tu évites la chute un bon nombre de fois. louis t'es con des fois. mais tu dis rien, parce que louis, il est tellement mignon que tu n'arrives pas à l'engueuler, sacré chaton. il fait froid. et toi, tu renifles, t'es malade oui, comme d'habitude de toute façon, faut dire que les medocs c'est pas vraiment ton truc à toi. t'as confiance en tes anticorps, un peu trop même d'ailleurs. c'est donc tout en reniflant que tu te balades, suivant les traces de louis dans la neige. c'est à ce moment que tu le vois qu'il s'existe. un chien, bien sûr, quoi d'autre pour le mettre dans cet état. il court, veut se cacher derrière toi, te fait trébucher, et c'est affalée parce que j'suis pas tombée à moitié bien sûr, pourquoi faire les choses à moitié ? dans la neige que tu finis ta balade. tu lèves la tête, il y a là un garçon. tu sais bien qu'il faut pas trop s'en approcher de ses créatures là, enfin, si ça se trouve, il s'est purifié tu sais pas. tu restes là, le nez dans la neige, t'as trop honte, tu te relèves pas. pourvu qu'il parte, pourvu qu'il parte.

il veut courrir ? il reste assis. il se plaint d'avoir du mal à respirer ? il fume. rien à foutre. il est en train de jouer, du bout du pied, avec un flocon de neige quand la fille tombe devant lui. à ses pieds. rien d'inhabituel, donc. “ ça va ? ” demande-t-il, vaguement inquiet, clope déjà bien entamée au bec, en sautant sur ses talons et lui tendant une main secourable. on dirait qu'elle veut se cacher sous la fine couche de neige qui recouvre les environs, qu'art balaie du regard. pas un chat. pas un chat, sauf son chien, sam, qui revient vers lui en aboyant joyeusement. “ vous voulez que je vous laisse tranquille dans la neige ? ” marmonne-t-il, sans comprendre, alors que le clebs lui saute dessus pour des caresses. vraiment bizarres, les gens de banff.

c'est pas un rire qui perce le silence, mais bien un ça va, tu relèves alors la tête, glacée du contact avec la neige, elle est toute rouge, tu sens que t'as mal quelque part, la tête, le genoux, le coude, les trois peut-être même. ça pique. ça saigne. tu regardes le garçon et avant que tu n'ai pu lui répondre quoi que ce soit, voilà que son clebs te saute dessus c'est bien ma veine penses-tu. louis, lui te regarde l'air inquiet, se demandant bien qui est ce chien qui vient de sauter sur sa maîtresse déjà en difficulté. ses poils s'irissent, mais c'est un chaton, il n'a aucune chance. « c'est votre chien ? j'ai peur, j'ai peur des chiens. » le visage crispé. pourquoi ces animaux sont ils toujours obligé de vous sauter dessus comme s'ils étaient des poids plumes. c'est bien pour ça que tu préfère les chats. louis lui n'ira pas sauter sur quelqu'un qu'est tombé.

la fille ne réagit pas, jusqu'à l'informer qu'elle a peur des chiens. à côté, y'a aussi un chat, qui grogne, qui tente de feuler sur sam, qui ne veut rien entendre, qui ne chercher qu'à lécher la joue de la blonde. art soupire, l'attrape par le collet et le met fermement sur le côté. puis, presque d'autorité, il attrape la main de la fille et l'aide à se relever. “ désolé. il est gentil, hein. ” s'excuse-t-il platement avec une grimace, en s'écartant pour la regarder, rattrapant sam au collier pour l'empêcher de bouger de trop. “ vous vous êtes pas fait mal ? ”