Tu te promènes, ou plutôt tu cherches. Un endroit où dormir, une annonce, quelque chose. Ou peut-être un endroit où aller sans dormir, juste pour y passer. Y'a des gens dans la rue, mais tu veux pas leur parler. Ils ont tous l'air d'avoir une petite vie bien à eux que tu viendrais perturber.

tu erres, tu découvres, t'apprivoises, tu cherches un peu ta place, tu farfouilles pour connaître les secrets de la ville.
t'observes, tu regardes, tu espionnes, t'apprends à qui t'a à faire, pour jouer le même jeu.

A force d'observer, tu remarques un type, ou plutôt, il attire ton attention. Tu ne le connais pas, comme personne à Banff. Tu te rapproches de lui mais tu l'observes avec méfiance. Peut-être cache-t-il des choses. Des choses que tu puisses lui voler.

une jeune femme se bloque, son corps se détourne, d'un quart de tour vers toi. il semblerait que ses pas te guident vers toi sans qu'elle le veuille vraiment. son regard revolver est prêt à tirer, l'air de dire "pas un geste". alors tu te stoppes, elle t'a glacé. se serait trop bête de mourir sous le regard d'un ange.

Il s'arrête. Il t'a grillé. C'est vrai que t'as pas été très discrète sur ce coup mais tu te sens comme attirée par lui. Il y a quelque chose en lui qui te donnes envie de t'en approcher. Encore plus. De jouer avec le feu et de te brûler pour qu'il soigne tes blessures. Tu n'es plus très loin de lui. Mais tu ne comptes pas dire un mot.

c'est l'attraction qui se joue de vous, la terre n'existe plus, c'est vos deux corps qui semble retrouver leur équilibre l'un avec l'autre. tu ne fais pas un pas, de peur de tomber raide à ses pieds. elle est plus courageuse que toi, s'approchant à pas de loup. t'as aussi peur de briser le silence, de tout casser, d'être à nouveau esclave de la gravité terrestre plutôt que la sienne. tout se joueras lentement, pour ne pas perturber le désordre.

Tu le regardes dans les yeux. Tu le fixes même. Ton regard n'est pas assassin mais il n'a rien de tendre, au contraire. Va-t-il fuir ? Tu ne le sais pas. Tu n'entends plus le bruit extérieur. C'est le silence. Le silence absolu. Rien que vous deux. Tu pourrais dire un mot pour briser ce silence, mais tout s'effondrerait. Et tu as toujours préféré le silence aux mots.

ses yeux t’électrisent, littéralement, t'as des picotements dans tout le corps, t'es en train de te prendre une décharge. ça serait presque agréable, qui sort de l'ordinaire, qui te fait reconnaître toutes tes terminaisons nerveuses, qui te déclenche une envie fracassante de la serrer contre toi. mais c'est aussi presque un peu trop fort, trop vite, trop douloureux, à vouloir se réfugier dans ses bras pour qu'elle t'apaise.
dans les deux cas, tu voudrais son corps contre le tien.
mais cet éclair qui se joue dans ton corps, celui qu'elle envoie par son regard, il te cloue au sol. il t'immobilise, attendant vainement qu'elle décide de ton sort. toi, tu bougeras pas.