Milo est seul là, comme toujours car il n'a besoin de personne et personne n'a besoin de lui. Milo il est comme une horloge qui n'est pas à l'heure, il ne fonctionne pas correctement et il prend la poussière à force de trainer sa carcasse dans des endroits peu recommandables.
Milo il est comme ça, il aime le danger, les coins sombres et par dessus tout les jours de pluie. C'est pour ça que Milo il est assit au bord de l'eau alors que le ciel pleurs. Il n'a pas de parapluie, non, ce genre de choses c'est pour les enfants. Milo il n'est plus enfant depuis bien longtemps, d'ailleurs il ne se souvient plus de la dernière fois qu'on l'a pris pour un bébé.
Milo c'est un homme, un vrai de vrai, qui ne pleurs jamais car pleurer c'est pour les pédés. Milo il préfère faire le grand, boire de l'alcool et se battre parfois, puis conduire sa vieille voiture car sa aussi, sa fait grand.
Mais Milo jamais il ne montre son coeur, jamais il ne le montrera car il l'a perdu depuis des années, il l'a laissé sur le bord d'une route. Il n'en voulait plus, sa lui faisait trop mal alors il a dit Coeur, je t'abandonne et ne je reviendrais pas te chercher, jamais. Alors en attendant il est là, seul sous la pluie à attendre que le soleil revienne.
Il faut se méfier de Milo car parfois il n'est pas très gentil, mais faut l'excuser, il a abandonner son cœur.

Mon journal pleure des larmes d'encre bleu. Je ne tente pas de le protéger. Je le laisse se déconfire, se détruire sous la pluie battante, tel un pyromane regarderait son feu brûler. Je regarde les mots se liquéfier, mes souvenir disparaître dans un ruisseau brillant. J'efface le passé, les mauvais moments, les pensées immondes. Je le vois se débattre contre le vent, tenter de s'enfuir. Il ne sait pas qu'il est prit au piège, que ces moments sont ses derniers – mais moi je sais. Je sais. Je suis sa mère et son bourreau. J'ai vu sa naissance et, maintenant, sa mort. J'observe jusqu'à la fin. Spectatrice muette, je reste jusqu'à ce que la dernière page, sur la chaussée caillouteuse, se déchire, disparaît. Le journal n'est plus.

Je soupire, je repars à zéro.

Lentement, je me retourne vers le lac pour admirer la colère du ciel l'espace d'un moment. C'est là que je le remarque. Un témoin, sans par-pleurs. Un jeune homme dans un orage. Une image trop belle pour que je la laisse s'envoler. Je m'approche et prend place a ses côtés, sans permission ni inquiétudes. Je ne dis rien, je ne fais que regarder le lac comme j'ai du le faire cent fois depuis mon arrivée a banff.

Milo il n'entend que la pluie qui s'écrase tout autour de lui. Il n'entend que la tempête qui commence à gronder. Il ferme les yeux un instant pour savourer ce moment. Milo il aime ça, sortir sous les tempêtes, voir les éléments se déchainer. S'il avait le choix de comment mourir se serait comme ça, emporter dans une tornade ou noyer dans une vague géante. Milo il n'a pas peur de la mort, il n'a peur de rien.
Lorsque ses yeux s'ouvrent Milo il voit quelqu'un d'autre, assis à côté de lui. Il la regarde du coin de l'œil, ses longs cheveux blonds sont collés à son visage et elle regarde le lac. Milo il ne dit rien mais ses muscles se tendent un peu. Il n'est pas trop sociable, Milo il a peur des gens, toujours peur de leur faire du mal. Car Milo il ne sait pas réagir fasse à ses émotions. Que ce soit de la joie, de la colère ou de la tristesse, il se perd dedans et ce n'est pas très beau à voir.
Milo reporte son regard sur le lac. Il est trempé jusqu'aux os, ses habits collent à sa peau balafrée et dans le ciel l'orage commence à gronder.

Tout ce que je vois est temporaire. Tout ce que je vis est temporaire. Un jour, tout cela ne sera qu'un souvenir lointain. Plus tard, ce ne sera plus rien. Tout sera effacé. L’existence de la race humaine, plus qu'une rumeur. La terre,  caillou vidé de ses richesses. C'est ce qui me vient a l'esprit, en regardant le lac lutter contre la pluie. Je ne suis qu'une humaine, que de la poussière d'étoile. De la poussière soufflée au gré du vent. Si mon cœur bat aujourd'hui, la situation sera peut-être différente demain.

Mais pour le moment, je suis là, assise dans la tempête, et je n'ai pas froid.

« Juliette. » je murmure, laissant mon prénom se confondre dans la musique ambiante. Ce ne lui est pas destiné. Je ne tiens pas tant a rencontrer le jeune homme avec qui je partage= ce moment – honnêtement, il n'est qu'une excuse pour venir m'asseoir là, un accessoire – mais je souhaite, en quelques sortes, m'approprier le moment. Je veux que la tempête me connaisse, qu'elle porte mon prénom ailleurs; Une idée idiote, mais une idée a moi.

C'est là qu'une voix presque familière atteint mon tympan, que mes utopies s'évanouissent. Mec. Pare-brise. Je me retourne et aperçoit la tête de monsieur shippable. Je lui souris presque; A-t-on déjà échangé nos prénoms, ou? « Juliette » Je dis a nouveau, comme si c'était l'unique mot de mon vocabulaire. « Je vais t'aider, moi, si tu me passes un pantalon propre après. » Je fini, alors que je réalise mon derrière mouillé.

Suis moi. Mes élans poétiques prennent fin à cause d'un van allemand. Je me lève, de plusieurs bons (n'étant pas Jackie Chan), pour suivre son propriétaire dont le prénom ne me reviens pas. Je décide de le surnommer Snif à l'instant, en l'honneur du parfum de la pluie, mélangée a la fumée qui s'échappe de l'allemand. Une odeur agréable, quoi que dangereuse. Comme lui. Un presque inconnu, ayant un van et qui m'y amène, me promettant quelque chose. Je sens ma fin proche. Je me vois déjà dans le lac, une brique au pied. Je soupire, ne sachant pas quoi faire de ma peau « Alors? Je...? »