chapeau melon et bottes à fleur

J'enfonce mon pieds dans une botte en caoutchouc. Trop serré. J'essaie une autre paire. Pas à l'aise.
Ca fait deux heures que je squatte le banc à mettre des bottes sans jamais trouver celle qu'il me faut. Je commence à saturer. J'en enfile une autre paire, celle-là me va. Je souris et j'entends un rire au-dessus. Sympas les bottes à fleurs !

Tu divagues entre les rayons, t'as besoin de renouvellement. En fait, ta valise était beaucoup trop vide à ton départ. T'imaginais pas qu'il te faudrait encore autant de pulls. T'en enfiles un au détour d'un rayon. Tu baisses la tête et observe quelque temps un homme. Il essaie des bottes. Des bottes à fleur, qui t'arrachent un léger rire. c'est tout à fait dans les tendances actuelles. Les fleurs oui, mais les bottes à fleur, reste à voir.

La fille se moque de moi. Pas méchamment, je ne crois pas. Mais moi, je suis excédé par les essayages de chaussures et je risque d'interpréter les plus gentils compliments comme des injures vulgaires. Ouais, parfaites pour mon camouflage dans le vestiaire des nanas. Je souris, c'est maladroit, mais c'est de l'humour. Me prendra-t-elle pour un pervers ? Allez savoir.

Il n'a pas l'air très malin avec ces bottes à fleurs. Mais au moins, il a le mérite de te faire rire. C'est pas méchant, t'aimes pas être méchante. Il parle d'une excursion dans les vestiaires féminins. Tu souris un peu. chacun ses occupations. Évidemment, tu plaisantes, tu te doutes que lui aussi. Tu le regardes un peu plus, et finis par continuer la conversation. je pense pas que les bottes suffisent. il faudrait de jolis habits roses aussi, et du maquillage. Du maquillage, évidemment.

Elle prend la vague à son tour, renchérit. Elle me fait rire, enfin... sourire. Mais vu que mes dernières heures ont été un pur calvaire, sa présence est d'une légèreté appréciable. T'es sûre ? Je me trouvais assez féminin comme ça. Un sourire narquois en coin. Je ne suis jamais comme ça d'ordinaire. Mais la fatigue me change.

T'étais là pour t'acheter un pull. T'avais fini par parler avec un joli blond qui cherchait des bottes. T'avais trouvé un pull, mais lui, n'avait trouvé que des fleurs, des bottes à fleurs. Il se trouvait féminin. Tu souriais, reportais ton attention sur son regard. c'est parce que tu ne vois pas ton allure entière. Tu pointes un miroir, descends les escaliers qui mènent à lui. joa, nouvelle conseillère en féminisme. Tu te laissais prendre au jeu. T'avais parfois besoin de cette légèreté. Maintenant que tu étais ici.

Elle joue. Non, nous jouons. Comme deux gosses, c'est marrant. Je me dis que mon père aurait honte. Mais mon père n'est pas là. Je ne l'ai pas quitté pour qu'il me hante.
Elle s'avance vers un miroir en pied, se met dans la peau d'une conseillère. Je m'approche, hésitant, à mon tour. Je me sens mal à l'aise dans ces bottes. J'ai peur que l'on me regarde. Mais je me concentre sur la brune, qui joue sans se moquer. Je dois jouer avec elle. Naturellement.
Je me pointe devant le miroir et les bottes à fleur jurent. C'est tellement ridicule que j'en ris franchement. Et tu me proposes quoi de plus que ça ? Je me trouve assez exceptionnel déjà.

Tu le rejoins rapidement, il se lève et se place face au miroir. Tu es souriante et prends ton role à coeur. hum, je dirai, une chemise à pois roses, un noeud papillon rose, et un slim rouge. féminin à souhait ! Tu l'imagines dans cette tenue, pensée qui t'arrache un léger rire. Ton regard se pose sur le sien. j'ai le droit de connaître ton prenom ? sinon, je t'appellerai le monsieur aux bottes à fleurs à vie, c'est pas grave. Tu souris, c'est un peu long comme nom quand même.

Je n'imagine certainement pas la même chose qu'elle. Mais la chemise à pois disco, manches évasées, accompagnée de son petit noeud et de son slim rouge pétant fait l'effet escompté. Je ris aussi, avant de m'abaisser pour retirer les bottes. Elle me demande mon nom, j'hésite : Monsieur aux bottes à fleurs, c'est fun aussi. Ulliel, je m'appelle Ulliel. Et toi ?

Il rit aussi. Il t'apporte un peu de joie dont tu as bien besoin. Peut être que s'il lançait la mode des bottes à fleurs, tout le monde allait se mettre à en porter. T'imagines tout les habitants de Banff avec des bottes à fleurs, tu souris. Il te confie son prénom te demandant aussi le tien. c'est sympa aussi ulliel. moi c'est joa. Tu te rends compte que tu portes encore le pull du magasin, que tu avais simplement essayé. Tu le retires, te retrouvant en débardeur. alors, t'achètes ces bottes et j'achète ce pull ? Tu sais bien qu'il ne va pas les acheter. Enfin, peut être.

Joa, c'est joli, c'est simple. Je n'oublierai pas. Elle retire son pull, l'étiquette pend encore. Comptait-elle le voler ? Je n'en sais rien, je m'en fiche un peu. Elle veut désormais l'acheter et me propose de prendre les bottes. On dirait un marché, mais je me sens quand même perdant, dans l'histoire. Un pull sur une nana et des bottes à fleurs aux pieds d'un mec... Pourtant : Ok, on ira pas me les voler comme ça. Qui voudrait des bottes à fleur taille 43 ? Je reviens là où Joa m'a interpellé pour retrouver mes chaussures de ville.

Il te fait rire cet Ulliel. Alors t'es là, devant lui, souriante, ton pull à la main. Il accepte d'acheter les bottes. Étonnant, quand même. Et puis il retourne en arrière, trouver de nouvelles chaussures. oh, tu veux quand même des chaussures de garçon ? Et puis une nouvelle pensée t'arrachait un sourire. tu sais, avec tes bottes, je serai sûre de te reconnaître dans banff. ça serait un peu notre moyen de se repérer tu vois ? Toi avec ton pull trop grand, lui avec ses bottes.

J'enfile mes chaussures - les miennes, les vraies, celles que je porte en ville, au supermarché, pour rentrer chez moi - et elle semble déçue. Comme si j'étais mieux en homme botté à fleur. Non, enfin, ce sont les miennes. Je suis venu avec, je repars avec. Je souris, finis de lacer la deuxième chaussure. Elle me propose un truc, j'arrive à réfléchir pendant qu'elle parle. Et si tu n'es pas sûre, tu cries houba et si je réponds houbi, c'est que c'est bien moi ? Je sais qu'une telle chose n'arrivera que dans mes rêves, que je ne m'affirme pas assez pour ça. Mais bon, changeons le monde.

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