OURAGAN

S'envoler, flotter les pieds sur terre. Devenir léger, devenir lourd. Toi, tu veux aller chatouiller l'horizon et te plier au désir du vent.

A force de marcher, tu t'es perdue. T'es arrivée devant un lac, et t'as l'air bête maintenant. Tes cheveux blonds, tes cheveux dorés, ils bougent au gré du vent. Et tu regardes l'étendue d'eau qui progresse devant toi, comme si elle allait te dire ce que tu faisais là. Tu l'as pas encore remarqué, le jeune homme.

Le regard lointain. le regard noyé. Les notions du temps, de l'espace ne sont pour toi qu'une vague chose. Plus rien ne t'intéresse. Rien. Sauf cette masse de couleur, nuance de formes.

tu sais pas pourquoi, mais tes pieds trempent dans l'eau. en arrivant, tu as juste enlever tes chaussures et tu y a mis tes pieds. c'est moins extrême que d'y aller en sous-vêtement.

allongée, au bord du lac, tu regardes les ciel, tu te noies dans le bleu et tu t'envoles. ton corps, bloqué au sol, ton âme, flotte dans les airs.

Tu remarques d'abord la masse brune sur sa tête. Tu ne le vois que de profil, et t'es pas tout près. Tu t'approches, et t'ouvres la bouche : t'as envie de dire quelque chose. N'importe quoi. Mais tu sais pas quoi dire en fait. T'es pas méchante, et t'as peur de déranger. T'as peur de dire des conneries, de le blesser. T'es pas méchante, mais t'es incroyablement maladroite. « Hey. » Tu dis juste (à Cézanne). T'ajoutes, un peu confuse : « Si je... Si je dérange, je... Tu sais. Je m'en irai. » Tu trifouilles tes mains, mal à l'aise. T'aimes pas ça, avoir l'impression d'empiéter sur la vie des gens.

Ton univers s'efface, s'en vas. Une blonde vient t'extirper de ta bulle. Gêné et ses longues boucles blondes qui s'envolent, tu la regardes les yeux grand ouvert. comme jamais. Tu cherches à capter son âme puis lentement celle des autres femmes autour de vous. "Bonjour. Non, restes, si tu veux" bredouilles tu.

t'entends des voix, à côté, tu n'es pas seule dans la réalité. lentement, tu te hisses des herbes, sur les coudes, pour observer le duo.

derrière toi, des voix. tu tournes ton attention, ton regard croise l'un des deux regards, et puis la fille, sur le sol, non loin. d'autres personnes sont là aussi, plus loin, très loin. tu joue avec l'eau, avec tes pieds. tu te concentre de nouveau sur toi, sur tes pensées, perdue.

Spoiler:

Le brun, il n'a pas l'air emballé. Alors tu hausses juste les épaules, et c'est à ce moment que tu remarques les deux autres jeunes femmes. Un sourire se dessine alors peu à peu sur tes lippes rosées. Tu croises le regard d'une des deux filles (Hazel), et finalement, tu la rejoins. Elle a l'air de s'amuser dans l'eau, et puis, qui sait. Peut-être qu'elle pourra t'aider à retrouver ta route... Ou peut-être que tu pourras t'amuser avec elle et oublier le quotidien. Parce que cet enfoiré, tu l'aimes pas. Il est pas drôle. Alors tu demandes, la timidité à son paroxysme : « Je peux ? ». Tu lui demandes si tu peux t'asseoir avec elle et, implicitement, si ça ne la dérange pas. Tu sais pas vraiment quoi faire, mais il fait trop beau pour que ton âme en peine se retrouve seule au bord de l'étendue enflammée par le soleil.

tu te lèves, sans un bruit, pour ne pas déranger la nature. tu te fais patte de velours contre la terre, tes pieds nus caressent le sol, tu t'amènes plus près du jeune homme, en silence. sans un mot, pas un seul, tu te retrouves à ses côtés. il avait l'air de vouloir voler, s'envoler, le regard dans l'horizon, comme toi tu avais le regard plein d'étoiles.

Les ondes qu'avait propagées la blonde te troublaient. La plume que tu laissais s'envoler, s'était sourdement écrasée au sol. Puis elle est parti, remplacé par une autre femme. Aux cheveux cuivrés, aux lèvres dessinés. Comme si un artiste avait trempé son pinceau dans quelque chose de pur pour la créer.

il est le silence de la nuit, il te trouble de néant. tu te fais douceur à ses côtés, le vacarme de la vie s'atténue au contact de vos deux âmes apaisées. est-ce que l'on va voler ensemble, dis ? va-t-on rejoindre la beauté des cieux ?

Tes yeux détaillent le paysage. Détaille l'explosion de couleur. Tu en prends plein la gueule, plein le regard. L'artiste dont tu portes le nom disait "Celui qui n'a pas le goût de l'absolu se contente d'une médiocrité tranquille. ". L'absolu tu le recherches-toi. tu lui cours après. La belle fille à tes côtés semble désirer la même chose. l'absolu. le tout. le beau. Féline, comme un chat, ses gestes sont gracieux. Tu veux toucher l'éternité, c'est ça hein . Soudain, ce chat est expulsé. éloigne, comme un vulgaire coup de pantoufle, il fuit les oreilles au ras de la terre. nez dans la poussière. Un mouchoir s'était déposé sur son regard. Belle fille, jolie chaton, cela ne va pas . (Il dévisage LOVA)

Spoiler:

son regard te dévisage, elle te repeint, cherche à saisir les couleurs de tes émotions, à connaître la texture de tes pensées. il est peintre de la vie, tu pourrais vivre ou mourir sous ses coups de pinceaux. alors tu te laisses faire, tu le laisses t'observer, et tu te demandes.
« ce que tu vois te plais ? »
est-ce que j'ai été assez bien créé ou veux-tu me modifier ? est-ce encore possible ? est-ce que le grain de ma peau t'inspire, la couleur de mes cheveux convient-elle ?
dis-moi, mon peintre.

Spoiler: