A. Tu avais envie de tout écouter. Tout. Et ne rien négliger. Oublier. Délaisser. B. Tu aimais découvrir d'intriguantes voix, sensations. C. Des paroles, des mots, des lettres. Tout explosait dans ton esprit avide de nouvelles connaissances. D. Cet artiste que tu possédais sous les doigts te plaisait. T'intriguait. T'attirait. Que faire ? E. Tu l'attrapais. En même temps que cet inconnu. Douce sensation. Violent contact. Ta main.

Depuis que j'étais en ville, je n'avais pas encore mis les pieds chez le disquaire et pourtant qu'est-ce que cette boutique m'attirait. Je devais être une des dernières personnes sur terre à avoir un discman comme ami de musique, mais cela m'était égal. J'aimais tenir la pochette dans mes doigts, lire lentement chaque titre que le cd contenait et choisir un disque par rapport à sa pochette. Pourtant aujourd'hui j'ai sauté le pas et cela fait bientôt trente minutes que je parcours les bacs à la recherche de la perle rare. Quand une pochette m'intrigue, j'avance lentement la main, ne faisant même pas attention au genre de musique et sans même voir qu'une autre personne approchait en même temps sa main. Se ne fut que quand je la touchai, que je réalisai qu'un jeune homme se tenait à côté de moi. Je rougis et retira vivement ma main. Oh désolé... Je ne avais pas vu. Prenez-le seulement, vous étiez là avant moi.

Elle rougissait. T'esquissais un sourire, amusé. Tu ne pouvais pas le cacher, tu n'étais pas doué pour masquer tes sentiments. Tu le savais. T'avais déjà eu des problèmes à cause de cet aspect de ta personnalité. Qu'importe. "Oh désolé ... Je ne avais pas vu. Prenez-le seulement, vous étiez là avant moi." Vouvoyement. Tu soupirais. Tu détestais cette manie, cette bonne manière qui ne signifiait rien à tes yeux. C'était absurde. Un simple outil pour permettre de rapeller que des liens de subordination existait. Ce n'était que des conneries. Un amat de merde qui me déplaisait. Enormément. "C'était tes doigts sur le CD, pas les miens." Tu lui tendais le vinyle. L'image était belle. Mais tu savais que tu tomberais amoureux d'une nouvelle pochette dans les secondes qui allaient venir.

Depuis que j'étais en ville, j'essayais de vouvoyer le moins possible, mais les règles de politesses que j'avais appris durant mon enfance, revenais toujours au galop et s'en était presque frustrant. Alors que j'essayais vainement de faire disparaître le rouge de mes joues, le jeune homme me tendit le vinyle que nous voulions tous les deux. Est-ce que je devais le prendre ou pas ? Après tout c'était simplement la pochette qui m'avait attiré et je n'étais donc même pas certaine d'en aimer la musique. Peut-être, mais c'était une simple impulsion parce que je trouvais la pochette jolie. Je ne connais même pas le groupe. Mes doigts se déposèrent sur les siens, pendant qu'un doux sourire apparaissait sur mes lèvres. Je te le laisse avec plaisir, tu apprécieras certainement plus la musique que moi. Je repoussai en même temps la pochette contre lui, ne le quittant pas du regard.

"Raisons supplémentaire pour te la laisser et te permettre de découvrir ce qui se cache derrière cette image !" Tu lui souriais. Tu ne changerais pas d'avis. Toi, tu t'en foutais de ce vinyle. Il y en avait dix miles autres qui t'attendaient. T'appelaient. Tu étais conscient que tu ne pourrais pas tous les acquérir. Mais t'allais essayer. Parce que c'était toujours ce que tu ramenais de tes voyages. "Ne joues pas à ça avec moi, tu vas perdre, gardes-le !" Tu n'allais pas le répéter deux fois, ça allait te saouler.

Le jeune homme avait l'air autant têtu que moi et je ne savais pas lequel de nous deux allait être d'accord de prendre le vinyle qui se trouvait toujours entre nos mains. Je l'écoutai me dire que c'était une raison de plus pour que je le prenne moi. Je me mordillais quelques secondes la lèvre, ne sachant pas si je devais céder ou pas, parce que ce n'était pas du tout mon genre de prendre ce que voulais également les autres. D'accord, d'accord... Par contre pour compenser, je te paie le prochain vinyle que tu vois. Un petit sourire sur les lèvres, je regardai autour de moi, me demandant se qu'il allait choisir. Et si tu ne trouves rien, je suis même d'accord de faire la garde partager pour celui-ci. Un petit rire s'échappa d'entre mes lèvres et je déposai mon regard dans le sien, me demandant s'il était entrain de me prendre pour une folle.

Joueuse, elle te faisait sourire. T'étais amusé. Comme toujours, d'un rien. Tu savais que t'allais mourir l'sourire aux lèvres. Parce que tu savourais tout. Même cette odeur là. Celle du carton ancien. Même ce touché, qui te donnait la sensation de découvrir une immensité de cadeaux. C'était noël. Avant l'heure. Avant tout. "Oublies la garde partagée, je vais trouver un vinyle." J'en avais des millions. Des millions en vues. Pourquoi ne pas tenter le plus cher ? Juste pour la provoquer. Ou le plus ridicule. Juste pour détailler sa réaction. T'en attrapais un. Sur la couverture, un homme. Nu. Avec une rose en guise de cache-sexe. T'étais amusé. Tu lui montrais, arquant un sourcil en guise d'avis.

Maintenant que j'avais une petite perle entre les mains, est-ce que je devais continuer de fouiller dans la boutique ou m'arrêter là pour revenir une autre fois ? Parce que me connaissant, j'étais capable de dépenser une tonne d'argent pour des vinyles que je n'allais même pas écouter. En entendant le jeune homme me dire d'oublier la garde partager, j'haussais légèrement les épaules et parcouru l'endroit du regard pendant que mon esprit était torturé. Quelques secondes après sa remarque, il me mit sous le nez une pochette qui me fit rougir jusqu'à la pointe des cheveux. Pas que je sois gênée par l'homme nu, surtout qu'il était bien fichu, enfin quoique si quand même un peu, mais je rougissais également parce que je ne le pensais pas capable de me montrer une telle pochette. Remettant quelques mèches de mes cheveux en place, je plongeai mon regard dans le sien. Pochette intéressante mais je ne connais pas le groupe. Je lui fis un petit sourire tout en déposant mon regard alternativement entre la pochette et le jeune homme qui se trouvait en face de moi, pour en faire la comparaison. Il voulait jouer ? Et bien il avait trouvé la bonne personne, surtout que j'étais en ville pour changer de comportement et me lâcher un peu plus en face de la gente masculine.