glaciale

**▸ HERE SINCE** : 29/11/2014

La lune est belle, elle dessine un sourire dans le ciel étoilé. Allongée sur le ponton, des volutes de fumée blanchâtre émanent de ma bouche. Épuisée, incapable de tout, je me perd dans l’immensité de la voie lactée. La fraîcheur qui m’interpelle, qui me rappelle que je suis toujours en vie. Déshabillée. Je saute à l’eau. Glaciale, tu m’as anesthésié.

venus, elle sait pas vraiment pourquoi elle est venue jusqu'ici.
son âme est juste trop torturée,
parce son paris,
par sa vie d'antan, sa vie passée.
il fait froid ce soir,
et la belle tente vainement de se sentir chaud,
alors qu'elle ne se sent à l'aise qu'ici, loin des gens, dans le noir,
avec des mikados.
et c'est ainsi qu'elle remarque que quelqu'un est dans l'eau.
il fait trop froid pour se baigner,
sans doute va-t-elle être anesthésiée
si elle continue de flotter dans l'eau gelée.
ni une ni deux, la déesse saute dans un élan d'héroïsme,
dans un élan de bêtise.
l'eau la tétanise,
tant elle est froide, et dématérialise ses os.
elle tente de la ramener sur la berge,
non sans savoir si elle sait ce qu'elle fait, cette barge.
« ça va ?! vous êtes folles ?! »
s'insurge-t-elle, alors même que ses mâchoires claquent dans une sorte de mélodie funèbre.
en tout cas, elle na la laisserait pas mourir dans les ténèbres.

**▸ HERE SINCE** : 29/11/2014

L’eau glaciale te paralyse les membres. Tu t’étais toujours demandé ce qu’avaient ressenti Rose et Jack lorsqu’ils étaient dans l’eau glacée après le naufrage du titanic et tu le savais aujourd’hui. Le froid te pénétrait jusqu’à l’intérieur. Besoin du mal pour te sentir vivante. T’étais pas pour autant prête à en crever, alors c’était un soulagement d’entendre cette voix féminine qui te ramenais sur la berge. C’est une fille aux cheveux arc-en-ciel qui se dresse au-dessus de toi.
« ne croyez pas que j’voulais mourir hein. je voulais juste me sentir vivante, un peu »

elle aussi, elle pense au titanic.
c'est risible quand même, quand on pense comment il a coulé.
comment il a dérivé.
alors que rose et jack, tout ce qu'ils pensaient, c'est "j'veux t'niquer".
et jack, il lui murmurait : "tu m'donnes la trique".
c'est toujours ce que venus a pensé, s'est moquée.
pendant toutes les scènes dégoulinantes de romantisme étouffé,
de romantisme mortifié,
elle s'est esclaffée.
les as désacralisés.
mais aujourd'hui,
elle a fini
de rire.
parce que la blonde, sous la lumière spectrale de la lune,
la blonde se noie.
dans la lagune,
elle meurt de froid.
« j'espère que tu le sais, maintenant. »
murmure-t-elle, un peu bourrue,
surtout inquiétée,
par cette écervelée.
après tout, elle n'a plus que ses fringues mouillées
pour tenter de réchauffer ses os charnus.
« enfin... moi aussi. »
elle chuchote, plus pour elle
que pour la belle
la poupée.
maintenant qu'elles sont sur la berge,
elle le remarque encore davantage :
on dirait une déesse,
sortie de son monde céleste.
« moi c'est venus. et va falloir qu'on trouve un endroit où se réchauffer ou qu'on fasse un feu si on veut pas mourir de froid... »
elle sourit, rit presque.
c'est grotesque.
venus, qui ne sait même pas prendre soin d'elle,
elle a sauvé quelqu'un,
comme appelée par le ciel.
peut-être est-elle, enfin, délivrée des mains du malin.

**▸ HERE SINCE** : 29/11/2014

Désormais sur la berge, la jeune fille aux cheveux colorés te regardent, alors que ton pauvre corps et mortifié, glacé, gelé. T’as mal. Partout, aux os, à la tête, au cœur. T’aurais mieux fait de rester sur ton ponton, à fumer l’herbe sacrée. Tes lèvres glacées elles aussi murmurent un « callixe » c’est ton prénom. T’as pas assez de force pour lui dire plus de choses, mais tu sais qu’il n’y a pas besoin de plus. T’es bien d’accord. Tu t’imagines déjà au coin du feu. Tu te relèves doucement, restant quand même assise, c’est difficile. Tu restes quelques instants comme ça à te frictionner, pour te réchauffer les membres. Tu secoues la tête, tu te frictionne les joues, les mains.
« j’suis désolée de t’avoir fait sauter à l’eau. »
T’aimes pas entraîner les autres dans tes conneries.
« merci »
Tu te lèves enfin, tu vas chercher tes affaires qui sont restées sur le ponton, tu t’habilles avec quelques une de tes affaires, t’enfile ton pull et ton pantalon, t’enroules ton écharpe autour du cou. T’es bien mieux comme ça, tu reviens avec ton t-shirt, ta veste et ton bonnet et les tends à ta sauveuse.
« mets ça, j’te dois bien ça. »
T’esquisses un petit sourire. Regarde autour de toi, t’y vois pas bien, mais y a pas l’air d’avoir de bois, peut-être un peu plus loin.

**▸ HERE SINCE** : 13/01/2014

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