BREEZEBLOCKS.

BREEZEBLOCKS

Depuis qu'elle était arrivée dans cette nouvelle ville, Kloe s'était dit qu'elle ne pouvait pas vivre de cueillette de fruits et de plantations d'arbres parce qu'elle ne pensait pas pouvoir tenir longtemps à ce rythme. Bien sur, pour le moment, elle n'avait pas bien le choix mais pour changer de boulot il fallait encore qu'elle poste des cv un peu partout. Alors armée de sa farde pleine de cv elle avait parcouru la ville et rencontré diverses personnes. Finalement elle poussa la porte de ce café et s'installa au comptoir où une serveuse vint rapidement la voir. Bonjour, excusez-moi est-ce que je peux voir le gérant ? La serveuse acquiesça et bientôt elle se retrouva face à la personne qui faisait tourner cet endroit. Après une courte discussion Kloe finit par lui tenter son cv et le gérant s'en alla. Elle posa son sac sur ses genoux et un coude sur le comptoir. Comme elle ne comptait manifestement pas partir, la serveuse revint vers elle et elle commanda un cappuccino.

Un café crème. Je me noyais dans mon café crème. Il n'en restait pas beaucoup. Suffisamment. Je portai la tasse à mes lèvres, et la chaleur de la boisson envahit mon corps. Doux frisson qui parcourut mon échine. Je reposai la cuillère sur l'assiette, reprenant la lecture de mon roman. Les Hauts de Hurle-Vent. Je m'échappais dans la réalité d'une histoire, où il n'y avait guère plus de moi. Seul restait Heathcliff, héros tourmenté. Personnage d'une vie.
J'avais fini mon chapitre. Rangeant mes lunettes, je balayai la salle d'un regard maladroit. Et je l'ai vue, elle était là, accoudée sur le comptoir du bar. La fille au cappuccino. Elle semblait pensive, et je me plus à deviner les idées qui occupaient son esprit. Au sac sur ses genoux, je pariais alors sur la petite étudiante.
J'appelai la serveuse, la main levée. Glissait sur le chêne de la table une pièce de monnaie. Je me levai de ma chaise, sans attendre que l'employée ne vienne, décidé à aborder cette demoiselle, enclin à discuter avec elle. Je m'approchai d'une démarche confiante.
- Je peux ? Lui demandai-je, sourire sincère, en désignant du doigt le siège libre à ses côtés. C'est beau, Banff, n'est-ce pas ?
Banff, c'était plus que ça. C'était ma bulle d'oxygène, où je n'avais ni nom, ni réputation. Où je pouvais être qui je voulais. Renaître, s'il m'en plaisait. Parce que Banff était mon horizon.

Elle avait d'abord commencé par déballer ses deux morceaux de sucre qui se trouvaient sur la soucoupe de la tasse et puis les avait plongés, l'un après l'autre, dans le liquide brûlant. Ils avaient tous les deux creusés un trou dans la mousse saupoudrée de cacao mais peut importe puisqu'après ça la brune avait plongé sa cuillère dans la tasse. Elle tournait doucement pour ne pas en renverser et ce sans vraiment y prêter attention. Son autre main était posée sur son sac et son regard était distraitement attiré par les mouvements de la cuillère. Après un court instant - qu'elle ne vit pas passé - un homme vint l'aborder. Elle tourna les yeux vers lui, revenant à la réalité du moment et sourit alors qu'il lui demanda si il pouvait s'asseoir. Kloe acquiesça et le regarda s'asseoir. Il enchaîna, débuta la conversation de manière simple. Magnifique, je dois dire... Je n'étais jamais venue ici, c'est la première fois que je m'y arrête. Et vous, vous habitez ici ? Elle avait rencontré quelques habitants mais s'était également rendue compte que beaucoup de voyageurs se trouvaient sur son chemin. Et ça lui plaisait bien...