Parce que les promenades nocturnes, c'est une habitude pour toi.
Parce que t'avais pas prévu d'arriver aussi loin.
Parce que.

Un soupir et tu t'assieds. Un soupir et t'es gelée. Tes fesses sont refroidies par le sol, tes mains sont glacées jusqu'au sang et tes pieds te font souffrir le martyr. T'as envie d'une chose : crier.
Et c'est ce que tu fais.

T'es parti tout à l'heure qu'il faisait encore jour. Même que le soleil a fini par te brûler la peau après avoir passer des jours et des jours à rôder sans veste ni rien. Mais là t'es bien Abel, tu te caches sous ta doudoune et ton écharpe. Comme un môme qu'on aurait habillé pour le grand froid (et c'est un peu le cas...)
Alors tu marches, curieux de voir ce qu'il se passe au bout de ce chemin, s'il y a un autre monde, une autre ville, une autre île ou quelque chose de tout simplement merveilleux. Tu as un peu peur de cette absence de vit mais tu ne dis rien, t'enfonces un peu plus ta tête dans tes habits et continue ton chemin.
Puis un cri. Ton coeur se décroche et ton visage aussi, tu manques de tomber et finalement c'est ce que tu fais. Ça n'empêche que tu t'accroches à ta lampe comme à ta vie. Mais c'est quoi ça ?
Tu trembles tendit que tes doigts éclairent les alentours et lorsque tu repères une silhouette beaucoup plus loin, t'hésites entre t'approcher ou t'en aller. Et si, et si elle n'était pas tout à fait net ?

Ton cri s'est éteint, laissant derrière une légère brume qui s'est effacée aussi vite que lui. Tu relèves la tête pour observer le ciel. Les étoiles présentes sont comme ton futur : définitivement présent, mais à peine distinguable. Tu t'es égarée sur un sentier et tu te retrouver au milieu de nulle part. Merde, mais qu'est-ce que tu fous, Ade ?! Tu soupires encore une fois. Tu sais pas ce que tu vas faire cette nuit. Tu sais pas ce que tu vas faire demain. Tu sais pas. Tu sais rien. Merde.

Du coin de ton œil gauche, tu aperçois de la lumière et tu tournes la tête directement. « Oh. » Tu plisses les yeux, la source est à quelques mètres et ça t'aveugle, même ta main que tu utilises comme visière ne te sert à rien. « Salut. », dis-tu d'un ton tout à fait naturel, comme si tu l'attendais alors qu'au fond, tout ce que tu vois, c'est deux jambes et un reste d'une vague silhouette. Un homme ? Une femme ? Même ça, tu sais pas.