J’me lève, j’ai encore la tête dans l’cul. Mais j’me traine dans mon petit appart, j’avance jusqu’à la cuisine et j’ouvre le frigo. J’ouvre un œil, avec difficulté. Et j’parcours les étagères du regard. Putain, c’est vide. Je souffle assez bruyamment, et j’referme la porte assez lourdement. J’déteste faire les courses, c’est un truc qui m’horripile. Y a trop de monde, les gens sont chiants et lents, et moi, j’ai pas que ça à faire. Mais là, j’en ai vraiment besoin, donc j’me fais violence. J’prends rapidement une douche, j’me fringue assez simplement, d’un jean et d’un t-shirt blanc un peu serré, et j’file jusqu’au magasin. Et déjà, quand j’rentre dedans, ça m’saoule. J’prends un caddie, j’le pousse dans les rayons, et j’ai aucune conviction. J’prends des trucs à droite à gauche, rien de bien sain, en fait. Et là, j’vois cette nana qui bosse, et j’vais vers elle. « C’est où, l’café ? » Ni bonjour, ni s’il vous plait, ni merde. Moi, de bonne humeur.

Tu te baisse, te relève, cela fait bientôt une heure que tu ne fais que ça et tu commences à en avoir sérieusement marre. Tu en regretterais presque les bancs de la faculté, mais bordel tu as besoin de thune alors tu te tais, te plaint en silence et continue ton travail. Mais tu es bientôt dérangé par cette voix masculine. « C’est où, l’café ? » Tu aurais bien envie de lui répondre dans ton cul, connard. Mais tu sais bien que s’est impossible, c’est ton premier jour, tu ne peux donc pas te permettre de faire mauvaise impression. Tu te relève donc, prends le sourire le moins naturel au monde et répond d’une voix faussement mielleuse. « Suivez-moi. » Tu l’emmène alors à l’abord d’un rayon, tu ne peux peut-être pas te permettre de l’insulter mais tu peux prendre ta revanche d’une toute autre façon. « Juste ici. » Rayon qui tu le sais très bien n’est pas celui du café. Tu retournes alors à ton rayonnage, le laissant seul.