IF YOU GET LOST, YOU CAN ALWAYS BE FOUND

Un sourire triomphant étira ses lèvres, le premier depuis bien longtemps d'ailleurs. La sensation était quelque peu étrange, comme si les muscles de son visage avaient oublié comment faire après tout ce temps. Et même si elle mourrait d'envie de sauter de joie, elle ne voulait pas non plus qu'on la prenne pour une cinglée. Elle se contenta donc d'apposer ses initiales ici et là, pour finalement signer son nom tout au bas du contrat de location. Alors même qu'elle traçait la dernière lettre de son nom de famille, Paisley sentit un poids immense se soulever de sur sa poitrine. Ses poumons fonctionnaient comme des neufs, sans l'angoisse pour les étouffer.

Confiante, elle serra la main de son nouveau propriétaire et sortit de ce qui serait bientôt son nouveau chez soi. Ses recherches avaient été jusqu'à présent désastreuses. Après une semaine à enchaîner les appartements immondes les uns après les autres, elle avait vraiment finit par croire qu'elle passerait le reste de ses jours à l'hôtel. Ce nouveau sentiment d'accomplissement et de réussite lui fit gonfler la poitrine fièrement et, dès qu'elle entendit la porte se refermer derrière elle, c'est ce même sentiment qui la poussa à improviser une danse de la victoire dans le couloir... oubliant complètement les béquilles accrochées sous ses bras, ainsi que l’attelle solidement ancrée à son pied droit. Son sac virevolta dans les airs avant de répandre son contenu sur le sol tandis que Paisley gisait déjà de tout son long sur le plancher.

« Merde.»

Pandora allume la télé et attrape son plaid posé à côté du canapé, avant de s'affaler comme une masse sur ce dernier. Elle se recouvre de la couverture après s'être ôté ses Converses usées et trempées par la pluie de dehors. Ses cheveux resté secs, protégé par le parapluie, lui tombent devant les yeux. Elle cale une mèche derrière son oreille puis appuie sur le bouton de la télécommande. L'écran en face d'elle se met à grésiller, puis finit par faire apparaître une image après quelques secondes de flou. Ce sont les informations. Pandora hésite, puis laisse finalement la chaîne.

Avec un soupir, elle prend le bol de céréales qu'elle a déposé préalablement tout à l'heure. Pandora trempe sa cuillère dans le lait puis la porte à sa bouche. Elle avale les pétales de blé soufflé au chocolat d'une bouchée, puis enchaîne pour en prendre une seconde. Alors va avaler sa deuxième ration, un bruit la fait sursauter. Si surprise, le bol de nourriture glisse des mains de Pandora pour venir s'étaler par terre avec fracas. Se préoccupant peu de cette preuve de maladresse, elle repousse son patchwork puis se rue dans le couloir de son appartement en chaussettes.

Elle ouvre sa porte d'entrée avec vivacité, puis  baissa les yeux sur le plancher, près des escaliers, juste devant l'appartement qui est à vendre depuis bien longtemps. Une jeune fille y est étalée de tout son long. Pandora remarque qu'elle a des béquille et une attelle. Pas étonnant qu'elle ne se soit pas relevé plus tôt. Avec un sourire soulagée, pensant à quelque chose de plus grave, Pandora se dirige vers la blonde et se baisse. Doucement, elle la met en position assise, puis s'accroupit pour lui parler.

-C'est bon ? Rien de cassé, encore ? dit-elle avec un sourire.

« Stupides béquilles à la con..»

Alors que les jurons continuaient de traverser ses lèvres dans un murmure exaspéré, maudissant les structures de métal, Paisley tenta de se relever. Au même moment, elle tomba nez à nez avec une paire de chaussettes. Non seulement elle venait d'être violemment trahit par ses béquilles, qui soit dit en passant étaient conçues spécialement pour l'empêcher de se cogner la figure partout, mais de plus, il y avait des témoins. Tandis qu'elle songeait à quoi la scène devait ressembler d'un point de vue extérieur, la propriétaire des chaussettes l'aida à se redresser.

« C'est bon ? Rien de cassé, encore ? »

La jeune femme lui esquissa un sourire que Paisley s'empressa de retourner. Elle détestait avoir l'air vulnérable, fragile et le simple fait d'avoir publiquement ses blessures soulignées par une énorme attelle la rendait inconfortable. Certes, la situation ne lui convenait en aucun point, mais en cet instant elle appréciait néanmoins l'aide de l'inconnue. Avant de répondre, elle palpa accessoirement ses bras et sa jambe encore valide. Son coude était un peu douloureux, mais rien d'alarmant.

« Ça va, merci. Mon orgueil s'est chargé de tout encaissé. » répondit-elle d'un ton léger, en refrénant un rire.

Empoignant son sac d'une main, elle commença de l'autre à rassembler ses effets personnels qui gisaient un peu partout sur le plancher. Elle ne se souvenait pas d'y avoir fourré autant de choses et se jura silencieusement qu'à l'avenir elle ne transporterait que le nécessaire.

« Tu peux me passer mon baume à lèvres, s'il te plaît? dit-elle, un doigt pointant derrière la jeune brune. Au fait, moi c'est Paisley, ta nouvelle voisine si je me trompe pas. »