Tout est trop simple. Les objets presque entassés les uns sur les autres avec empressement, la pellicule de poussière et l'atmosphère vieillie d'une boutique à souvenirs. Elle, elle sait pas trop, alors elle touche, soupèse, respire du regard; gracile entre les étagères branlantes et le silence presque confortable. Elle a trop vécu, ou pas assez, et cherche dans ces breloques un quelconque battement familier, un souffle de vie, une étincelle de quelque chose, de quelqu'un, quelque part: acheter sa mémoire contre un peu de pièces et de répit, fouiller dans les tiroirs pour emprunter la vie des autres, doucereuse et facile. Changer, essayer, poser et ne jamais reprendre, comme si la nouveauté lui brûlait l'épiderme. Son existence est une feuille vierge sur laquelle elle transpose, du bout des doigts, du bout des lèvres, quelques débris de bonheur arrachés et fumés jusqu'au filtre.
Devant elle, son reflet; qui tend la main vers le même but, la même manière de dire j'ai trouvé, regarde, ma vie reprend. Elle aussi a dans le fond des yeux cette innocence et cette pudeur que la langueur du temps n'a su effacer.
" Oh, pardon. Je... Vous. Prenez-le. Je trouverai...". Silence. "Quelque chose ailleurs." Sourire timide, joues empourprées, malaise; elle sait bien qu'elle ne trouvera pas, ni ici, ni ailleurs, ni nulle part; la rédemption ne s'achète pas.