ce n'est que de l'eau. et moi, je suis en train de me noyer dans mes larmes, à l'intérieur, je deviens une piscine, je deviens un mer, je deviens un océan d'inquiétude. j'essaie de me cacher, mais il me trouve, le moniteur, il me trouve, car je suis grand, il me trouve, car je ne pas un enfant. il me trouve, car j'ai dix-neuf ans, et que les enfants qui apprennent à nager ont dix ans. - aristide ? non, ce n'est pas moi, c'est seulement arii. je lève ma main. - oui. les enfants rient d'arii.

Cafard à l'eau, Lilo à l'eau. Tu nages pour te vider la tête, tu nages pour oublier. Tu ne fais pas attention aux autres, Lilo. T'es doué pour être dans ta bulle, dans ton monde. Pourtant, des rires te sortent de tes pensées. Tu t'arrêtes, tu lèves la tête. Tu vois un jeune homme tout fin, à l'air tout timide. Comme apeuré, comme perdu. Et tu ne réfléchis pas trop avant de nager jusqu'à lui. T'es pas quelqu'un qui réfléchis beaucoup avant d'agir, de toute façon, Lilo. Ce n'était pas compliqué à deviner. "Besoin d'aide ?"

il y a cet homme avec une barbe, son corps est coloré. j'essaie de me cacher avec mes bras, me cacher en regardant ailleurs. - je ne sais pas nager. les enfants sont méchants, les enfants continuent de rire. et lui, il ressemble à un poisson, à une sirène homme. je m'accroupis pour toucher l'eau. - ils pensent que je n'ai pas ce droit. je souris de tristesse. tu as toujours eu peur de l'eau arii, tu as peur qu'elle te prenne et ne te redonne jamais à la terre, que tu deviennes comme ariel, une belle sirène, ami d'un crabe et d'un poisson.

Apeuré, il a l'air apeuré. Il ne sait pas nagé, qu'il dit. Et c'est pour ça que les enfants rient. Toi, tu n'aimes pas trop ça. Alors du coup, tu t'appuies sur la rambarde de la piscine pour sortir de l'eau.Une de tes mains vient tenter de dompter tes cheveux trempés, tandis que tu lances un : "Laissez-le tranquille." assez menaçant, aux enfants. Tu n'es pas bien méchant, Lilo, loin de là, mais tu sais que tu peux faire peur, de par ton allure, de par ta voix, alors autant en profiter lorsque c'était nécessaire. Tu finis par tendre ta main vers le jeune homme tout frêle, tout triste.  "Viens, je vais t'apprendre si tu veux."

les enfants disparaissent dans leur coquille, certains regardent ailleurs, d'autres leurs pieds, parce que c'est réconfortant des pieds, c'est savoir qu'on est sur la terre. mes yeux regardent mes pieds et puis les siens. c'est réconfortant, car bientôt, je vais être dans l'eau. je prends sa main et je la sers très fort - oui, d'accord. je sens des regards sur nous, et puis, j'ai peur, peur qu'il m'apprenne pour rire. arii, tu ne sais plus quoi dire, tu ne sais plus quoi faire. je le suis aveuglément.