c'était ce jeune garçon qui était amoureux de cette fille sous l'eiffel. c'était ce jeune garçon qui était amoureux de ce lapin sous l'arbre. c'était ce jeune garçon qui ne connaissait rien. perdu, entre deux sentiers, les bas trempés. le ciel pleurant dans quelques secondes. une, deux trois et il pleure.

et puis y'a toi, l'amoureuse de la route. l'amoureuse sans attache. l'amoureuse des paysages. celle au sac à dos un peu trop lourd, à la guitare aux cordes remplacées à l'arrache avec le peu d'argent que t'arrives à trouver. whisky, avec tes vieilles bottes de marche, t'avances dans les sentiers. pour voir les arbres et la pluie tomber. pour découvrir une forêt de plus. ta meurtrière se noie sous l'eau, alors tu la jette par-terre.
pollution.
comme ton âme.
ça va ?
tu demandes au garçon devant toi. il a l'air amoureux d'un fantôme resté sur un autre continent. il a l'air perdu. et toi aussi, t'es perdue. mais tu t'inquiètes jamais de ça. tu finis toujours par retrouver ton chemin et par repartir. toujours.

tu roules, fauve, coincée dans ton fauteuil. t'aimerais bien y courir, dans cette forêt. mais tu roules. tu roules, encore, et encore. tu en as mal aux mains. mais tu n't'arrêtes pas. même quand des gouttes rafraîchissent ta peau. il pleure dans mon coeur comme il pleut sur la ville.

un ça va qui me réveille, un ça va qui m'interpelle au loin. moi ? oui toi arii, oui toi. moi ? non, il y a cette fille qui ressemble à un arc-en-ciel et cette fille qui te regarde. qui sommes-nous ? trois humains, avec une tête, un corps et un coeur. - moi ou elle ? elle ou moi ? et toi ? ça va ? - vous allez être malade. mais j'ai envie de faire de la soupe.

des cheveux bleus sur un fauteuil roulant. un garçon pâle trempé. et toi, la blonde aux mains vides. t'as laissé ton sac et ta guitare à l'accueil du parc national. y'a toujours un accueil, dans ces endroits. pour guider les âmes égarées qui ont besoin de s'perdre encore, mais d'se sentir entourées. jamais seules. avec la nature. avec les cristaux de pluie, qui tombent sur vous. à lui ou à elle, que tu adresses la parole ?
vous deux.
comment vous allez ? et elle, la mer, comment elle va, avec sa chevelure trop jolie pour être réelle ? il te dit qu'tu seras malade. tu hausses les épaules.
ce sera qu'un petit rhume.
ça passe rapidement. c'est rien comparé à la vie. rien du tout. toi, t'as un système immunitaire bien fort. mais lui, il a l'air tout frêle, tout petit.
c'est toi qui risque d'être malade.