keep the silence

le bus s'arrête. tes yeux balayent la rue, quelqu'un t'a aidé à descendre tes valises. nouvelle étape et comme souvent tu ne sais pas combien de temps elle durera, un jour, un mois, un an, une éternité. who knows ? c'est face à la grande bâtisse de style gothique que tu es restée là, quelques instants, quelques secondes, quelques minutes. le chat, blotti contre ta poitrine a tourné la tête. c'est ici, tu vois, c'est ici. as-tu pensé et, comme si il t'entendait, il l'a fixé, cette belle et grande église.
tu as cette habitude, de, à chaque nouvelle étape, passer par l'église, pour remercier de l'accueil, pour te sentir chez toi, dans cet endroit. parce que oui la religion c'est ton seul point d'accroche, cette religion qui est à n'importe quel lieu la même fait du monde entier un coin où tu te sens chez toi. à ta place. tu poses toutes tes affaires à l'entrée, même le chat le sait, c'est précieux pour toi. ne dit rien, maman est là, dans quelques minutes. tu chuchotes si bas, qu'à part de l'air rien d'autre ne sort de ta bouche, pourtant louis te regarde, comme si il te promettait de rester sage. alors, tu t'approches des bancs, il y a là une bible qui traîne, alors, sentant son odeur, cette odeur que tu aimes tant tu cherche ce passage, ce passage que tu lis à chacune de tes arrivée en terre inconnue voici, les premières choses se sont accomplies, et je vous en annonce de nouvelles ; avant qu'elles arrivent, je vous les prédis. chantez à l'Éternel un cantique nouveau, chantez ses louanges aux extrémités de la terre.

T’es assis sur ton banc, t’as froid, tu fumes, et tu regardes l’église face à toi. T’es pas croyant. Tu te demandes d’ailleurs si tu pourrais entrer à l’intérieur, si tu brulerais pas comme un support de Satan avant d’y avoir foulé le sol. Ca serait comme faire entrer le péché. Les seps pêchés qui sont enracinés dans ton être. Mais si t’es là, c’est pas pour rien. C’est que peut être tu remets tout en doute. Plus rien ne t’est acquis. Tu tires furieusement une latte de ta clope, laissant la fumée envahir le fond de ta gorge. Quand ton regard se pose sur une ptite blonde qui pénètre à l’intérieur, t’y vois un signe, le moment ou jamais d’y aller. Tu te lèves, tu t’étires un peu, et t’écrases ton mégot contre le gravier. Tu glisses tes mains froides dans les poches de ton blouson, et tu te diriges d’un pas assuré vers l’église. T’hésites quand t’es devant la porte. Tu te sens foutrement mal à l’aise. Tu sais pas pourquoi, mais t’as l’impression de pas être à ta place. Tant pis. Tu prends le risque. La première chose qui te surprend, c’est cette odeur désagréable de renfermer. Tu grimaces, ça te plait pas tout ça. Tes pas raisonnent dans toute la bâtisse de pierre. « Dieu existe pas, tu sais. » T’es prêt du banc où elle se trouve. Ton regard est provocant, loin d’être accueillant. Mais dans le fond, tu fais ça pour son bien. Il est temps qu’elle réalise que personne n’entend ses prières. Que personne ne lui viendra en aide, jamais. Qu’elle est seule au monde, et qu’elle doit s’y faire.

des pas, des bruits, dans ton dos, tu n'y prêtes aucune attention, pas pendant que tu médites, c'est affreusement sacré, plus que ça même, c'est l'instant de grâce. personne ne dit mot, personne ne bouge, seule ta respiration douce et maîtrisée brise le silence que tu as toujours trouvé si pesant dans les églises. qui parle ? est-ce à moi ? tu te retournes, oui, c'est bien derrière toi qu'il est, bien à toi qu'il parle. tu fermes le livre saint, te retournes. « dieu est consolateur et accompagnateur, il est là, dans l'esprit, pour nous accompagner dans notre vie et nos épreuves, dieu est spirituel, il n'est pas réel et c'est pour cela qu'il faut y croire. » tu te lèves, louis a compris que tu avais fini, il court vers toi et tu l'attrapes dans tes bras. tu regardes à nouveau l'homme qui se dresse face à toi, louis pendant ce temps il te lèche la joue. tu dois t'en éloigner de cet homme. il est l'image même de tout ce que tu as appris et compris durant toutes tes années en tant qu'enfant de coeur, l'homme est une créature de Satan, il doit être purifié.

Tu te mets assis sur le dossier du bas, les pieds là où les autres posent leur cul, et tu la lâches pas du regard. T’es entré ici finalement pour venir foutre ta merde. Si Dieu existait, il serait vraiment pas content. Mais tu l’emmerdes, tu lèves ton majeur bien haut vers les cieux. Tu rigoles quand elle sort son speech sur une force supérieur spirituelle. Quand elle va mal, y a vraiment une chose qui l’aide à aller de l’avant ? Parce que pour toi, ça fonctionne pas. Et tu vois pas en quoi croire à ces conneries pourrait t’aider. Ceux qui ont écrit la bible étaient juste les junkies de l’époque. Tu les imagines bien d’ailleurs, fumer un hallucinogène et imaginer des mers s’écarter, des hommes ressusciter, et se marrer à gorge déployer en l’écrivant. Sans se douter que des gens feraient de leur bouquin, de leurs contes, des principes de vie. Y a ptete des trucs réconfortants à lire dedans, des mots dans lesquels se retrouver, mais ça va pas plus loin. Tu regardes le chat qui l’accompagne, et pour la première fois depuis que tes yeux ont croisés les siens, t’imagines sa vie. Tu sais qu’elle est pas ici par hasard. Elle a besoin d’aide. Ceux qui viennent là ont besoin d’aide. Mais y a d’autres façons d’oublier ses problèmes. L’alcool. Le sexe. « T’es vierge ? » Ouais, t’as envie de savoir si elle est hypocrite. Si elle est mariée à son Dieu.

tes yeux s'écarquilles, il a oser poser la question. il doit faire souvent l'amour lui, ça se voit, c'est écrit, je ne sais pas ce qu'il fait ici, il devrait peut-être se faire purifier. oui. ce serait bien. pour lui. parce que bon, toi tu t'en fous, il fait ce qu'il veut. mais au moins, comme ça, il vivra dans la paix. tu ne sais pas si tu dois lui dire. parce que t'es pire que vierge toi. le seul homme que tu aimes, c'est dieu. parce que de toute façon t'en a aucun autre. ton père tu sais même pas qui c'est. être amoureuse, tu sais même pas ce que ça fait. « oui » dis-tu le plus froidement du monde en gratouillant la tête de louis. « je suppose que tu te dis que ça craint, et bien non, parce que je ne me laisserait pas avoir par un de vous, vous êtes les enfants du diable. tu es venu pour te purifier ? » tu veux lui faire peur ? c'est gagné. ou alors si il est pas parti en courant c'est qu'il fait encore plus peur que toi et que c'est à toi de t'en aller.

Tu sais pas pourquoi tu te comportes comme le dernier des cons. Tu pensais commencer une nouvelle vie, et déjà tu redeviens celui que tu voulais plus être. T’es plus démon qu’ange, mais t’avais espoir de trouver un juste milieu. Cette fille, elle a rien demandé. Tu t’en veux quelque part d’en faire ton souffre douleur. Tu luttes contre cette facette sombre de ta personnalité, mais elle est comme ton ombre, elle te suit où que tu ailles, et il t’est impossible de t’en débarrasser. Tu te condamnes tout seul à la solitude. Un jour, tu vas vraiment te retrouver avec pour seule compagnie ton reflet dans le miroir. Tu le sais, alors pourquoi tu continues à foncer dans le mur ? « Si je te dis que je m’appelle Jésus, tu me laisses te sauter ? » T’es mauvais, trop mauvais. Elle a pas tort, t’es un enfant du diable. T’as pas envie de l’être, mais parfois tu fais aucun effort. Comme là. Elle est pure, innocente, chaste. Toi t’es tout l’inverse. Deux opposés qui se rencontrent, et ça s’enflamme, aussi vivement et rapidement que l’essence qui s’allie à l’allumette. « Me purifier de quoi ? » Ca t’intéresse. Tu veux savoir comment elle te voit, quels sont selon elle tes pêchés. T’as peur, un peu. Parce que tu donnerais tout pour ne plus être qui tu es. Et si un être aussi proche de Dieu ne voit en toi qu’un rejeton de Belzebuth, c’est que c’est vrai.

clairement oui, t'es choquée par ses propos, comment peut-on être si irrespectueux dans un lieu comme celui-ci. tu fronces les sourcils. comment peut-il dire tant d'immondices dans un lieux si pur ? il souille ton espace et ça tu ne peux l'accepter. tu ne veux pas te taire pour autant, tu ne peux le laisser dire ce genre de chose, te taire amènerait à lui faire penser que tu cautionne et ça c'est tout bonnement impensable. tu grimaces. « écoute, je ne peux croire que ce lieu ne te fasse aucun effet, tu n'as donc aucun respect ? » ça te fais mal de t'énerver dans une église. « tu ne peux rester ici, allons dehors que je te fasse la liste de tes pêchers qui te rendent si mauvais » pourtant, tu le sais, jésus le dit, c'est la maison de tous, mais là non pardonne moi seigneur je ne peux le laisser te souiller de la sorte, je ne peux me taire. c'est alors, louis toujours dans tes bras, que tu te diriges vers la sortie, en le tirant par le bras, tu poses louis au sol, il marche à côté de vous jusqu'à ton sac à dos que tu mets sur une épaule et l'entraîne sur le peron. « tu n'as aucun respect, tu es sale, tu choques, je ne te connais pas, dieu n'aimerait pas que je te juge, pourtant je n'en pense pas moins. » tu en étais sûre, le genre de gars à boire, à fumer, à se souiller avec n'importe quoi et surtout n'importe qui.

Tu vas trop loin. Beaucoup trop loin. Mais n’est-ce pas trop tard pour faire marche arrière ? Toi qui déteste t’excuser, qui déteste donner à l’autre une occasion de prendre le dessus. Faut toujours que t’écrases. Et parfois tu regrettes. Parce que tous ne le mérite pas. Ton venin, tu devrais le garder pour toi. C’est toi que tu détestes, pas elle. T’es jaloux de sa foi, qu’elle ait quelqu’un à qui parler même quand elle est seule. Elle a Dieu, son chat aussi. Elle a plus que t’auras jamais. Et ouais, tu l’envies. Tu souris encore quand elle te tire à l’extérieur. Tu souris, parce que t’es qu’un con, mais y a aucune raison de sourire, en vrai. T’aimes pas ce qu’elle dit sur toi. C’est pas comme ça qu’une pieuse est supposée te parler. Ton regard s’assombrit, et tes sourcils se froncent. Faut que tu fumes. Tu tires nerveusement une cigarette de ton paquet et tu la portes à tes lèvres. Tu l’allumes, et tu craches ta fumée sur le côté. T’as pensé une seconde lui cracher à la gueule, mais t’as tes limites dans l’arrogance. « Et toi t’es qui pour prétendre être meilleure que moi ? » Elle te parle de respect, mais elle ne te respecte pas non plus. Oui, tu l’as mérité, c’est clair, mais ça t’énerve qu’elle te juge aussi facilement. Pas qu’elle te juge, en fait. Qu’elle lise en toi comme dans un livre ouvert. Ptete que t’es pas plus que ce qu’elle dit, un sale pervers sociopathe. Ou peut être pas. « T’es pas plutôt supposée aider ton prochain et apprendre à le connaître avant de le juger ? » Ouais, l’hôpital qui se fout de la charité. Tu veux pas de son aide, alors pourquoi elle t’aiderait ? Tu tires sur ta clope à t’en exploser les poumons. Tu sens la colère t’envahir, elle commence à te faire perdre tes moyens. « Tu me fais chier avec tes conneries, avec ton Dieu. »

tu te laisses emporter et t'as l'impression qu'au fond, c'est son but; te pousser à bout, mais toi t'es tellement sensible que tu marches, je dirais même que tu cours. t'aimerais lui venir en aide mais il semble si fermé. tu ne sais même pas comment faire. seigneur aide moi à le rendre bon, même si la tâche est difficile. t'attends que ton dieu t'aide, t'attends, il te donne la force de prendre sur toi, tu le sens. « je n'ai jamais prétendu être meilleure que toi. tu vois je te juge, et rien que ça est un pécher. je ne suis pas meilleure que toi. » tu baisses les yeux et reprends louis dans tes bras, louis qui ressent ton mal-être et qui se blottit contre toi, comme pour dire ne t'en fais pas, moi je t'aime parce que oui c'est bien ça qui t'inquiète. louis c'est sans doute le seul qui est près de toi et qui y reste, qui ne t'abandonne pas. tu te pinces les lèvres. « tu me laisserais t'aider ? vraiment ? » tu le sens, ton dieu et là, il t'aide à prendre sur toi, il t'accompagne. merci. tu l'entends te jeter ses mots au visage et tu restes de marbre, calm down, tu mets ton self-control à l'épreuve et tu le sais, sans dieu, tu n'y arriverais pas. « je te demande pas d'y croire, juste de respecter mes croyances et mon espérance. » parce que oui, t'espère et t'aspire à un monde meilleur, et tu le sais, le monde meilleur il est possible avec la paix et l'amour, ce que proclame ton dieu.

Elle t’avoue ne pas être meilleur que toi, et ça fait bizarre. T’as pas l’impression d’être son égal. Tu voudrais la détester, mais t’y arrive pas. T’as aucune raison de le faire en plus. Elle est probablement la personne la plus gentille que t’ais croisé ici jusqu’à présent. Elle cherche pas à te séduire, rien du tout. Et en fait, c’est ça que t’aimes. Tu la regardes quand elle te propose indirectement son aide. Non, tu veux pas. T’as besoin de personne. T’es tout seul depuis des années, tu veux pas que ça change. Si elle reste près de toi, tu vas la détruire, lui prendre son innocence. T’es pas de bonne fréquentation, tu déteins sur les gens. Et tu veux pas déteindre sur elle, elle est beaucoup trop précieuse. « Pardon. » Voilà, tu l’as dit. Tu t’es excusé, encore. C’est toujours douloureux de sortir ce mot, il t’écorche les lèvres, te met à vif. Parce que tu le penses vraiment. T’es désolé de lui avoir manqué de respect. Putain. Tu veux pas redevenir comme avant. Vraiment pas. Tu veux te contrôler mais parfois c’est trop difficile. Si son Dieu existe vraiment, où il était quand t’as eu l’accident ? Où il était quand t’as eu besoin de lui ? C’est con, mais t’as jamais eu le moindre signe de sa part. Il t’a abandonné. C’est normal, t’es un cas désespéré. T’es trop brisé pour être réparé. T’arrives plus à fumer ta clope, tes lèvres tremblent, tu sens les larmes monter. Mais tu les retiens, parce que tu préfères crever que les montrer. Tu jettes ta clope, et tu regardes au loin. Tu hais quand toutes ces émotions t’assaillent en même temps, brutalement.

si y a bien une chose que tu n'aimes pas, c'est cette impression d'être quelqu'un de mauvais, quelqu'un qui rend le gens malheureux, et, même si c'est à minime échelle c'est pareil. alors, tu lui esquisses un sourire, il s'excuse et tu ne peux faire rien d'autre que l'accepter. en caressant louis qui s'est calmé au même moment que toi, et ce garçon dont tu ignores encore le nom. seigneur, vient lui en aide. tu sens bien que ce mec il est pas mauvais au fond, il a juste besoin d'aide, mais, il est pas près d'accepter la tienne, alors t'insiste pas, mais tu le sais désormais c'est pour lui que tu priera. « je suis désolée moi aussi ... de t'avoir jugé tout ça. » tu baisses les yeux, gênée. pourtant tu sens bien qu'y a un truc chez lui qui va pas, son assurance s'est presque envolée, tu sens qu'il se contrôle. tu ne fais comme si de rien n'était. ta mission commence maintenant. tu t'es décidé, tu vas lui faire voir le bon côté de la vie. tu sais pas comment tu vas faire parce que toi sans tes croyances tu serais comme lui, mais tu vas essayer. ne pas laisser tomber, jamais. satan n'aura pas son âme, t'as confiance, tu ne le laisseras pas même si il n'est pas près d'accepter ton aide, tu seras discrète, comme une petite souris, il ne te verras pas, tu agiras dans l'ombre « je m'appelle jim », tendant la main, accompagnant ton geste de sourire qui rassure.

Dès que tu t’énerves trop, c’est le spleen qui s’en suit. T’es trop con, parce que tu viens de jeter une de tes précieuses cigarettes. Elles vont devenir de plus en plus rares si tu te trouves pas rapidement un taff, et tu les jettes comme si tu pouvais te les acheter par paquets dix. Tant pis. Ce qui est fait est fait, tu vas pas aller la récupérer, c’est trop tard. Quand tu reportes ton attention sur la jeune femme, ton regard est beaucoup plus doux. Tu regrettes d’avoir été aussi loin. T’es un peu comme un camé qui rechute quand il voit les autres se piquer. Toi quand tu vois quelqu’un qui te paraît vulnérable ou différent de toi, tu te sens presque obligé de venir l’emmerder. Elle s’excuse à son tour et tu sais plus quoi dire. Parce que tu sais qu’elle a pas à s’excuser. T’as gagné, tu l’as poussé à bout, mais qu’est-ce que ça t’a apporté ? Quedal, si ce n’est te sentir mal. Bravo champion, tu peux pas t’empêcher de toucher le fond. La main qu’elle te tend, tu la saisis sans réfléchir, tu lui adresses même un bref sourire timide. « Enchanté, Jim. Moi c’est Côme. » Ouais, t’es enchanté, vraiment, même si c’est pas la meilleure approche que t’ais pu faire pour rencontrer quelqu’un. T’es content qu’elle ait le courage de passer aussi sur la première impression. Même si tu crains que la seconde ne vaille pas beaucoup mieux. T’es plus calme, plus apaisé, mais tu restes un connard. « Et lui comment il s’appelle ? Je peux le caresser ? » Tu pointes le chat lovée contre elle du doigt. Depuis que tu l’as vu t’as envie de le caresser. T’as presque un meilleur feeling avec les animaux qu’avec les êtres humains. Eux au moins, ils te font pas chier.

rassurée. oui rassurée. tu n'aimes pas les tensions, les mauvaises rencontres, les conflits. t'as tout bonnement horreur de ça. alors tu souris, bêtement oui, mais tu souris quand même. parce que c'est bien agréable de voir que son âme est perdue, non elle n'est pas perdue; tu peux le sauver, tu le sais. tu le sens. seigneur, merci. merci, parce que tu te rends compte que l'humanité n'est pas perdue. maintenant tu ne sais si il te laissera l'aider, tu ne sais pas, t'en doutes fort, mais tu ne perds pas espoir. ne jamais laisser tomber, tu y crois, parce que même sur la croix, lui ne vous a pas abandonner. heureusement il n'est pas fermé à la rencontre, c'est un bon point, il paraît même enchanté de te rencontrer. « c'est joli côme, c'est français ? tu es français ? » dis-tu des étoiles plein les mirettes, si c'est un européen tu pourras lui demander un milliers de chose sur l'europe, tu rêves d'y vivre en europe, ce serait tellement bien d'y aller, et d'y rester. de toute façon, les voyages pour faire du tourisme ça t'intéresse pas, non, toi, ce que tu veux c'est vivre. il pointe louis du doigt et tu souris, t'es heureuse parce que ton chat révèle la bonté des gens. t'es persuadé que si quelqu'un te veux du bien il sera attiré par ton chat, et louis lui, se laissera faire, ronronnera, sera heureux. tu le sens heureux dans tes bras. « bien sûr, il s'appelle louis, tu veux le prendre ? »

Français ? Pas vraiment. Ta putain de mère, oui. Du coup t’es à moitié français. Et tu sais le parler. Mais tu le fais plus depuis un ptit bout de temps. Parce que ça te fait penser à elle, à eux. Et ces souvenirs là, tu les a pas apporté avec toi à Banff. Ils appartiennent à ton ancienne vie, tu veux pas qu’ils ressurgissent. Parfois ils te sautent en pleine gueule, comme ces clowns à ressort, et à chaque fois, ça te tue. « J’ai des origines françaises et je sais le parler, mais non, je suis né aux Etats-Unis. » Et ouais, t’es tout ce qui a de plus banal. Tu viens pas d’un pays exotique, tu viens pas d’Europe, t’as jamais voyagé, t’as rien à lui apporter. Mais t’es content qu’elle ait deviné l’origine de ton prénom, et qu’elle l’apprécie. C’est pas que tu l’aimes plus que ça, c’est son originalité que tu chéris. Surtout dans un pays où tout le monde s’appelle Brandon et Brenda. Tu lui souris quand elle te propose de prendre le ptit Louis. Tu sais pas trop. T’as été méchante avec sa maitresse, ptete qu’il va le sentir et te mordre. Tu t’en fous dans le fond qu’il t’attaque, mais ça te ferait mal qu’il t’aime pas. Ouais c’est stupide, t’as peur qu’un chat puisse pas te sentir. Au pire, c’est toi qui l’aura cherché. « D’accord. » Tu te lances. T’attrapes le chat, et tu le bloques contre ton torse, le caressant du bout des doigts. Voilà, t’es amoureux. T’as oublié qu’ils pouvaient être aussi doux. Tu te sens aussi con que si tu tenais un nouveau né, t’as le même regard, et la même maladresse. « Jsais pas si il m’aime bien. » Ouais, là tout de suite, c’est tout ce qui t’inquiètes. Et ça te fait du bien de ne te soucier de rien d’autres.

quelle chance. tu te dis que toi aussi tu aimerais bien avoir des origines. tu le regardes, l'écoutes parler, attentivement. t'aimerais qu'il te parle en français, même si tu ne comprendra rien, il pourrait peut-être t'apprendre, ça peux toujours aider si un jour tu vas en europe. ce serait bien. tellement bien. toi t'as pas eu la chance d'avoir des origines et si tu en as, tu ne les connais pas et les connaîtra jamais, qu'elle poisse. ça te fait chier de pas avoir de famille. quand t'étais à l'orphelinat, c'était bien, t'étais pas seule dans ce cas, c'était moins difficile à aborder. mais là, tu te retrouves toujours face à des gens qui ont de la pitié et c'est pesant. « vraiment ? tu pourrais m'apprendre quelques mots ? » un sourire enjôleur sur tes lèvres, c'est vrai que ça doit être chiant pour lui. quand tu as une autre langue maternelle que celle du pays dans lequel tu vis on demande toujours de la parler, comme si tu étais quelque chose de bizarre, comme une bête de foire. « je t'embête avec mes questions ... c'est juste que je rêve d'aller en europe. » puis il attrapes le chat, il ne semble pas rassurer, toi ça te fais doucement sourire. tu le regardes « caresse-le, comme ça, regarde, il adore ça. » dis-tu en passant ta main sur la tête de louis, qui commence déjà à ronronner dans les bras de côme. « tu vois, il ronronne, je crois qu'il t'aime bien oui. »

Elle a envie que tu parles français, que tu lui apprennes quelques mots dans la langue de Molière. Tu sais que t’es pas rouillé, parce qu’une langue ça s’oublie pas, mais t’hésites quand même un peu. Tu renies pas tes origines, c’est juste que ça te rappelle trop d’où tu viens. Mais tu lui dois bien ça. C’est un ange avec toi, malgré que tu sois le dernier des connards. Elle représente tout ce que tu voudrais être, bon, tolérant, ouvert. Tu sais même pas pourquoi elle reste avec toi. T’es pas spécialement intéressant, tu parles peu. Tu te racles la gorge, genre faut une ptite préparation avant de parler en français, et tu te lances : « J’arrive pas à croire que tu puisses être si beau. » Tu souris, t’espères qu’elle comprend aussi mal le français qu’elle ne le parle. T’as hésité avec un truc sexuel, mais bon, t’as déjà été trop loin dans les conneries. Toi non plus tu connais pas l’Europe. C’est pas faute de vouloir voyage pourtant. Mais voilà, t’es enchainé aux Etats-Unis, ton doux purgatoire. Tu les hais et tu les aimes. Ton rapport avec eux est marqué d’ambiguïté. Tu la regardes faire quand elle te montre comment caresser le chat. Putain, c’est pire qu’une femme. Caresse moi ici c’est bien, touche moi là c’est bien. Dieu merci, le point G des chats apparemment c’est leur tête. Alors tu t’exécutes, en reproduisant exactement les mêmes geste que Jim. Ptete qu’il calera même pas la différence comme ça. Et en effet, tu l’entends ronronner. Tu souris à la jeune femme, fier comme un coq. « Il sent que j'ai de l'expérience avec mes doigts. » Un bref rire rauque s’échappe de ta gorge. Voilà, t’as quand même viré dans la vanne de cul. Pauvre homme.