Vol à l'étalage.

Il regarde de droite à gauche et, rassuré, fourre un paquet de gâteaux dans la poche de sa veste en cuir. Il ne vole pas d'habitude, il respecte les règles. Il se rappelle de sa mère qui lui faisait les gros yeux, quand, enfant, il subtilisait habilement des chewing-gums à la caisse. Le désespoir conduit parfois au vol, des fois à pire. Au moins il n'a tué personne lors d'un braquage de banque. Ça, jamais. C'est pas un criminel Sasha, juste un type qui a faim. Tandis qu'il avance dans l'allée, un vigile l'observe d'un air suspicieux. L'homme est une véritable armoire à glace. Une force de la nature large comme un taureau. Lorsqu'il croise son regard, Sacha se ratatine sur place. La sueur perle rapidement sur son front alors que ses joues se colorent de rouge. Non, c'est pas un criminel Sacha. Les criminels, ça n'a pas de peurs, pas de remords. Lui, il en a plein. A commencer par le paquet de gâteau qui se cache dans sa poche. C'est là qu'il trouve sa sortie de secours. Se jeter sur la première personne qu'il croise pour effacer tout soupçon. Oh c'est toi, tu as trouvé le lait ?

T'as la dalle et la flemme de sortir faire les courses pour se mettre de quoi sous la dent, mais en même temps t'as pas vraiment l'choix hein? Tu sors donc de ton appartement et tu montes sur ton skateboard c'est ton seul moyen de transport hormis peut-être le vélo que tu empruntes à ton voisin de palier. Tu fais plusieurs pâtés de maisons avant d'arriver devant la supérette. Tu fourres ta planches de skateboard sous ton bras et tu pénètres dans l'antre de la bouffe en sifflotant. T'empruntes un petit panier sachant que tu n'as pas grand chose à amener. Puis, tu commences à arpenter les allées à la recherche de trucs pas trop cher, elle est pas pauvre Mooses, mais elle est pas riche non plus ceci dit alors du coup elle se serre la ceinture le temps de se trouver un boulot qui rapportera un peu d'argent. Alors que t'es dans le rayon des produits laitiers un jeune homme aux cheveux noir corbeau t'interpelle en te demandant si t'as trouvée le lait, tu l'observes un moment et en silence lorsque tu plantes tes iris dans les siennes, son expression t'envoie un cris d'alarme, un cris de détresse. Tu jettes un oeil par dessus son épaule et tu remarques le gorille qui observe la scène alors aussitôt tes yeux s'illuminent et tu réponds; « Ouais, il est juste là devant tes yeux.» Tu lâches un petit rire et tu t'empares de la peinte de lait sur l'étagère et tu l'as glisse dans ton panier en ramenant tes yeux sur l'inconnu. Ça semble tellement naturel ce qui se passe en ce moment, que tu te dis que tu pourrais presque devenir comédienne. Une nouvelle fois, tu jettes un oeil sur le gorille qui fini par tourner les talons et disparaître de ton champ de vision, tu remarques que l'inconnu aux fossettes transpire, des gouttelettes de sueur perlent sur son front t'affiche un air amusé et tu répond; « Relaxe mon gars, il est parti...» Tu poses tes yeux dans ton panier et remarques que t'as déjà du lait en stock c'est alors que tu déclares; « J'vais l'payer, mais rendu dehors, tu le prendras j'ai déjà du lait.» Tu souris discrètement et t'essaie de le rassurer. Ouais, parce que t'es comme ça toi.

Chérie, j'sais pas où j'ai la tête. Il embrasse timidement sa joue en lançant un regard appuyé au vigile. Ce regard il dit et ouais, c'est ma meuf, j'suis pas un voleur, on fait des courses tous les deux, et bientôt on aura un bébé. Le couple modèle quoi. Pourtant quand l'homme s'éloigne, le visage de Sacha se referme presque immédiatement. Il n'a jamais cru à l'amour. Y'en avait pas chez lui. Rien que du mépris et de la souffrance. Je te dois une faveur. Ses joues reprennent leur couleur habituelle, ponctuées de taches de rousseur. Il se sent mieux. Ses yeux ne bougent plus de droite à gauche de peur de se faire choper. Et tout ça, grâce à elle. J'aime pas le lait, tu peux le reposer, j'avais juste besoin... Il marmonne dans sa barbe qu'il n'a pas. Juste besoin d'une couverture. Ses yeux se posent sur une planche de skate. Pas mal ta planche.

Soudainement, il pose ses lèvres contre ta joue en t'offrant un baiser innocent en te disant qu'il ne savait pas où il avait la tête et il t'appelle même chérie. Tu lui offres un doux sourire compatissant. Tu remarques qu'il jette un oeil au vigile, un oeil rempli de défi et à croire que cette petite scène du couple parfait fonctionne, puisqu'il fini par s'éloigner. C'est alors qu'il te déclare qu'il te doit une faveur, cette phrase fait son chemin dans ta tête et tu te dis que peut-être, il pourrait réaliser une faveur pour toi. Il reprend tranquillement ses couleurs et tu remarques son visage parsemé de tâches de rousseur, personnellement tu trouves ça adorable légèrement enfantin. Puis, il t'annonce qu'il n'aime pas le lait que tu peux le reposer sur la tablette et il prend soin de spécifier que c'était pour sa couverture, tu lui souris ayant l'impression d'être dans un film à la James Bond. Ses yeux se posent soudainement sur ta planche que t'as posé près de toi. Tes yeux s'illuminent comme si c'était la dernière merveille du monde, la chose la plus belle qui puisse exister sur cette terre. « Ouais, c'est mon bébé.» Tu lâches un petit rire te rendant compte que ça peut paraître stupide, ton commentaire, mais tu t'en fous c'est la vérité. Tu continue d'avancer dans l'allée et tu lui lances un regard pour demander; « T'en n'as déjà fais?» T'affiches un petit sourire amical, depuis que t'es arrivée ici t'as pas eut la chance de rencontrer beaucoup de gens, t'es plutôt du genre solitaire de toute façon.