heureux l’enfant qui crie au peuple son innocence.
malheureux celui qui s’engouffre dans la débauche par faiblesse.
heureuse la douce qui croit en un monde plus beau, plus heureux, plus joli, plein d’amour.
malheureux celui qui la regarde comme la dernière des demeurée et se moque de sa naïveté.
je ne veux pas croire que l’âme humaine soit perdue. tu as en toi l’espoir et c’est peut-être ce qui te rend vivante, malgré la faim, le manque de sommeil, la pauvreté, tu te sens libre, t’as de l’espoir.
à tous ceux qui se moquent, ceux qui ne croient pas, ce qui désespèrent et se désillusionnent, mais oui, l’espoir fait vivre et t’en es la preuve vivante. ne vous lamentez pas. vous avez l’amour. allongée sur l’herbe c’est à cela que tu songes, louis, lui, fait sa vie.  

tu cours, tu cours, tu inspires tu expires, et tu cours, comme si tu pouvais y échapper, échapper à tout ça, aux jours, au temps, qui glisse, qui te glisse entre les doigts. tu cours parce que la nuit est tombée, presque, et que tu aimes courir quand le soleil disparaît à l'horizon. alors sur le petit chemin de forêt tu cours, puis soudain tu t'arrêtes. tu t'arrêtes, parce que quelqu'un est allongé, là, pas très loin. tu t'approches, tu n'oses pas ouvrir la bouche. et soudain tu as peur, parce que bientôt il fera trop sombre, parce que tu es dans une forêt, parce que ton imagination s'est emballée.

des traînées de cendres le suivent, retraçant ses pas, cheminant vers sa personne. cigarette entre les lèvres, il progresse à travers le sentier. il s'installe sur un coin d'herbe, envahit de fleurs violettes qui s'agglutinent autour de lui. alors qu'une main amène la nicotine jusqu'à sa bouche, l'autre s'affère à frotter ses paupières, encore lourdes de sommeil. il adore cet endroit. les aficionados de la randonnée y pilulent dans l'après midi, mais il connaît à présent plusieurs coins pour être au calme. il appose sa tête contre le parterre feuillu. il tente de ne penser à rien, mais dans sa tête résonne quelques accords d'une chanson populaire, dont il a du mal à se débarrasser.

perdues dans tes songes, les yeux fermés, tu humes l'odeur des pins. c'est agréable comme odeur. c'est un peu comme les bonbons pour la gorge. si je m'en achetait. non c'est trop cher, enfin, c'est surtout que t'as plus de sous. t'ouvres les yeux, tu te relèves, tu cherches le petit chat des yeux. deux personnes sont là. tu ne les a même pas entendu. t'entends un miaulement, tout de même assez inquiétant, c'est louis, tu reconnaîtrais ses pleurs entre milles. tu te lèves, tu le cherches. t'as beau regarder partout, impossible de le retrouver. miaule à nouveau, que je sache d'où tu viens penses-tu. et comme si il t'avais entendu penser, il miaule à nouveau. tu lèves la tête, le voilà, sur la plus haute des branches. fait chier. tu regardes autour de toi, tu veux pas les déranger, si ça se trouve, eux aussi sont là pour être en paix. alors, seule, face à cet arbre, tu en entreprends l'ascension. et si tu tombes tant pis.