petit poney

Tu as quitté Banff et t'as suivi cette grande route de terre battue et t'es arrivée, à la campagne. Mais la campagne pure, avec des vergers, des vieilles fermes et un centre équestre. T'as toujours voulu faire du poney, mais ta mère n'a jamais voulu car c'est sois disant un sport trop dangereux. Pff, que du blabla, elle te sortait cette excuse car elle n'osait pas te dire qu'elle n'avait pas assez d'argent pour te payer des cours. Tu fermes les yeux quelques secondes pour effacer ce foutu souvenir et lorsque tu les rouvres tu te tiens devant l'entrée du ranch. Personne à l'horizon, tu te diriges vers un pré où broutent des chevaux. Tu grimpes sur la barrière et tu t'assois dessus tout en observant les équidés qui ne font pas attention à toi. Tu allumes une cigarette et tu restes là, à attendre que le temps passe.

On s'égare et on se perd, dans de trop hautes montages. Elle avait marché des années lumières, sans même se soucier de quelques paramètres du corps, de ses détours et ses complications. La gamine n'en avait que faire de s'entrainer dans de pareilles aventures, une éphémère au creux de ses lèvres. Se consumait-elle doucement, ou prenait-elle aussi des siècles innombrables à mourir ? Elle aurait voulu découvrir la superbe des falaise et leur tourmente, et y tremper sa mélancolie. Ses grandes hauteurs, toutes aussi radicales qu'une lame appuyée, troquées contre une folle route de campagne, elle s'avoua si lourde qu'elle aurait cru tomber. Des arbres verts, le vent rieur dans ses cheveux, les fleurs arrachées de colère. Toute la terre était insupportable. Éprise d'une fatigue qu'elle n'avait vu venir, la gamine et ses cheveux or délavé s'en alla du côté d'une barrière, visiblement occupée. « Du feu. Tu aurais du feu ? » Elle sortait déjà son tabac et s'attelait à rouler. Mais où était-elle ?

Un coup de vent fait voler tes cheveux, c'est qu'il fait froid dans ce trou perdu. Enfin pas si perdu que ça, car une voix parvient à tes oreilles et tu te tournes pour regarder l'étrangère qui se tient devant toi. Une Asiatique aux cheveux blonds à la limite du blanc. Tu la regardes un instant avant de sortir ton briquet et de lui tendre. Tu souris gentiment avant de reporter ton regard sur les chevaux qui broutent paisiblement. Eux au moins ils n'ont pas de soucis à se faire, à part celui de savoir à quelle heure leur nourriture va arriver. Parce que depuis que tu es arrivé ici tu n'as pas tellement mangé, t'as même pas de quoi te payer un pauvre sandwich. Alors oui ton estomac crie famine mais la nicotine arrive à couper ta faim, du moins presque. Et t'es trop fière pour faire la manche ou quelque chose du genre. Tu te retournes vers l'Asiatique. t'aurais pas un p'tit truc à manger ? Briquet contre nourriture, c'est bien comme deal même si tu doutes que sa réponse soit positive.