le vent souffle. le vent hurle. et tu aimes bien. oh oui. c'est frais et doux. un ciel sans nuages. sans imperfections.
le sable accroche tes pieds nus. ta capuche recouvre ta tête de loup.
et dans les airs, tu dessines des arcs de cercle. ton cerf-volant s'élance comme un goéland en quête de liberté. il zig. il zag. il caresse chaque courbe invisible, gronde quand il prend un mur de souffle glacé.
du bout des fils, tu le fais danser, ton visage éclairé par un sentiment de liberté.
ton sac à dos traîne pas loin. le vagabond des plages. les gens parfois emmènent avec eux des photos, des animaux, des souvenirs d'ailleurs. toi .. toi, ton compagnon, c'est juste ton cerf-volant.
et tu l'aimes drôlement, ce bout de tissu à la couleur du brasier.

aujourd'hui, c'est pas vraiment un temps à sortir. il fait gris et le vent brise tous les interdits en emportant avec lui tout ce qu'il trouve sur son passage. mais moi, j'avais envie de prendre l'air. de sentir le vent s'engouffrer dans mes cheveux, de voir les feuilles danser dans l'air comme dans un ballet d'opéra. même me ramasser quelques grains de sable au coin de l’œil ne me dérangeait pas vraiment. c'était dans ces moments-là que l'on se sentait vivant.
emmitouflée dans une grosse veste prise à la volée dans mon sac, je suis là, à marcher les pieds dans le sable et les chaussures à la main. j'admire la mer. elle est à l'image des êtres humains, encore plus belle quand elle est enragée. une vague vient s'échouer contre moi et je rigole comme une pauvre folle. de toute façon, je m'en fiche. il n'y a personne.
je décide de m'asseoir dans le sable pour observer ce qu'il se passe autour de moi. puis je finis par m'allonger, ma tête reposant sur mon sac à dos. celui qui me suit partout.
je fixe le ciel gris monotone et les nuages passent devant moi inlassablement. soudain, une tâche de couleur. je fronce les sourcils avant de comprendre qu'il s'agit d'un cerf-volant. un sourire maquille mon visage, ça me rappelle mon enfance. j'en ai jamais fait, mais je voyais toujours tout le monde en faire autour de moi. et puis cette couleur qui se détache sur le fond du ciel triste, je trouve ça joli. je pose mon regard sur la personne qui tient le cerf-volant. au loin, je crois discerner une silhouette masculine. j'ose pas aller à sa rencontre. je me redresse simplement pour m'asseoir, histoire d'avoir l'air moins conne, les yeux plantés en direction des cieux pour suivre cet étrange manège.

Tu découvres cette plage pour la première fois, un léger sourire accroché aux lèvres. Le temps est gris, il n'y a pas grand monde sur la plage, à part une demoiselle, assise là, et quelques autres personnes solitaires ayant décidé de braver le vent. Le sable glisse entre tes doigts de pieds, le vent lui, te fouette de visage avant de s'empêtrer dans tes cheveux. Là-haut, un cerf-volant, perdu dans les torrents. Tu le suis du regard, fascinée. T'as jamais sût faire ça, toi. T'étais gauche, si peu habile de tes mains. Tu le regardes, lui qui part de gauche à droite, au gré de son propriétaire. Tu suis le fil des yeux, comme un chemin, et tu le vois enfin. Ce n'est pas un enfant, juste, sûrement, un grand gamin, dont tu t'approches, toujours le nez un l'air. « Tu te débrouilles rudement bien. »

tu as la tête en l'air, absorbé par ton cerf-volant, quand une voix féminine arrive à tes tympans. t'es surpris, elle qui t'enlève à tes pensées. tu tournes la tête vers l'inconnue. tu ne sais pas trop quoi dire. t'as jamais été trop sociable à vrai dire. alors, tu esquisses un sourire. " c'est plutôt facile, en fait. " réponds-tu, simplement. mais comme pour prouver le contraire, une bourrasque de vent un peu plus forte, fait tanguer ton cerf-volant à gauche. dangereusement à gauche. tu essayes de lâcher de la bride, de dérouler le fil. c'est trop tard. le vent reprend ses droits. et ton cerf-volant s'écrase non loin de toi, mais surtout non lui d'une autre personne (diane).

à force de fixer l'étrange oiseau dans le ciel, des petits points noirs viennent voler à ses côtés. je cligne plusieurs fois des yeux puis je le vois plonger. plonger dangereusement vers le sol. et puis je me dis que c'est fini. le spectacle est terminé, rideau. mais non, en un sursaut, il vient terminer sa course à côté de moi. je suis surprise. puis je me demande ce que ça fait si un cerf-volant nous tombe dessus. ça doit pas être très lourd, sinon, ça pourrait pas voler. mais à vrai dire, j'en sais rien.
je me lève puis je prends mon sac avec moi. le garçon est à présent avec quelqu'un d'autre. une fille, je crois. alors je prends le cerf-volant puis je marche à leur rencontre. salut. je sais pas comment tu fais, mais tu y arrives vraiment bien ! ça se voit, ça se sent. et je suis sûre que la fille qui se trouve à côté de lui sera d'accord avec moi.

l'inconnu tourne la tête vers toi, un léger sourire accroché aux lèvres. il te dit que c'est plutôt facile, mais ça te laisse perplexe. tu doutes vraiment que si c'eut été quelqu'un d'autre, il en penserait la même chose, et, comme si la vie était de ton côté, le cerf-volant s'écrase non loin. un rire cristallin s'échappe d'entre tes lèvres, un peu moqueur. pas de chance, l'inconnu. le vent t'offre pas l'opportunité de frimer si facilement. « si tu le dis. » tu t'es moquée un peu, gentiment. c'est pas tout les jours que la nature s'amuse à faire mentir. une demoiselle s'approche, rapportant le jouet, et tu l'écoutes en hochant la tête parce que, comme elle l'a deviné, t'es d'accord avec elle, sans trop savoir si il avait un don, ou si ça s'apprenait avec patiente, tout simplement.