le soleil s'est enfin décidé à pointer le bout de son nez, dépouillant le ciel de son habit de nuages brumeux. les rues de banff sont mon terrain de jeu dans lequel je déambule, cigarette entre les lèvres et des idées plein la tête. mais voilà que j'entends un bruit étouffé qui vient troubler ma promenade. je m'approche tranquillement et de dos, je reconnais quelqu'un. quelqu'un qui m'a l'air en très mauvaise posture. mes pas me mènent jusqu'à lui et je pose une main légère sur son épaule. je me penche, puis je lui dit doucement à l'oreille, pour ne pas l'effrayer: vous avez besoin d'aide? la clope dans mon autre main, j'attends sa réponse. pour quelques raisons que ce soit, je le comprends. ça m'est arrivé un nombre immémorable de fois.

il a pas l'air bien, le gars. moi j'croyais qu'il allait mal parce qu'il avait mangé un truc pas sain. ou qu'il avait trop bu, au choix. puis il me demande de jeter le colis qui se trouve plus loin. je me recule lentement, suspicieuse. si ça se trouve, y'a une bombe à l'intérieur et elle va m'éclater à la gueule. boum. ravalement de façade. mais j’exécute son ordre. je prends le paquet dans mes mains. non, dedans, y'a rien de dangereux. alors je m'approche d'une poubelle puis je le jette à l'intérieur sans ménagement. voilà ! je crie, pour qu'il m'entende bien. puis je m'approche à nouveau de lui, prête  l'aider une nouvelle fois.

j'ai l'impression qu'il a peur. y'a de la peur dans l'air, en plus de l'oxygène et du diazote. y'a même de l'orage. un éclair qui se prépare en lui. il me questionne. je sais pas quoi répondre. j'ai un peu regardé à l'intérieur, mais j'ai pas lu. alors non, non j'ai pas regardé. oui. et puis finalement, j'me dis, putain mais t'es conne diane. t'es conne. t'es débile même. mais je crois qu'une partie de moi voulait savoir ce qu'il avait à cacher. cette partie voulait aussi savoir comment il allait réagir une fois son secret découvert. j'suis prête à en subir les conséquences.

le truc, c'est que je sais même pas ce que contenait le colis. j'ai l'air bien conne, moi, maintenant. j'pourrais toujours aller le rechercher dans la poubelle et l'inspecter vite fait mais ce serait pas ce qu'il y a de plus discret. alors j'me contente de rester là, telle une potiche devant lui. il me pose une question. mais qu'est-ce que j'en sais, moi? je sais pas quoi répondre. alors je laisse les secondes filer. ça fait mystérieux. il doit encore plus être en panique, le pauvre. oui. je trouve surtout que ça se fait pas. je sais même pas de quoi je parle, mais j'espère que ça rentre bien dans le sujet sinon, j'vais me faire griller. de toute façon, je compte bien lui dire à un moment ou à un autre, que je sais pas de quoi il parle, mais pas maintenant. j'attends qu'il se soit calmé. après, ce que je lui ai dit, ça risque pas de l'apaiser. au contraire même. mais j'me suis dit que d'aller son sens, ce serait chiant à mourir. alors j'ai préféré pimenter un peu... enfin, j'ai essayé.