Naive.

Chiffo est là. Encore. Bow river avenue le connait par coeur. Le café, le marchand de journaux et les petits commerçants. Ils commencent tous à s'habituer à sa gueule de baroudeur et lui aussi, s'y fait à son petit train de vie. Et il là, allongé à l'avant de sa de son van. Chiffo est trop grand, alors ses pieds dépasse de la fenêtre mais il s'en fou. Il est bien trop occupé à finir sa nuit, sa tasse de café contre l'estomac et la radio à fond pour se réchauffer. Ça aussi, c'est devenu une habitude maintenant. Plus personne ne vient se plaindre.

J'avais passé le soirée au cinéma à regarder les grandes images , à me plaindre que la fin été ridicule et encore trop prévisible .Le popcorn dégoulinant de beurre et les bonbons avaient satisfait mon estomac et ma tête agacé par le film cliché.Rien de réel , des histoires à faire rêver les êtres dans le néant et sans espoir. Mais je n'ai plus douze ans moi je ne rêve plus depuis longtemps. L'avenue est presque déserte par ces commerces maintenant fermée par l'heure tardive. C'est des pieds que je vois dépasser d'une fenêtre. Il n'a pas peur que les fantômes les attrapent. Pour ma part je m'accroupis et je cogne dessus légèrement avec mes mains.«C'est une drôles de façon de dormir.» Au fond quand on a pas ces murs pour nous cacher et ce lit douillet qui nous attend il faut faire avec. Au moins il est à l'abris des orages , mais pas des vandales.

Spoiler:

Une bière à la main, la nuit est tombée et toi, t'es là, arpentant les rues avec ton fidèle compagnon Joe. Celui-ci galope, il est inépuisable. Ça t'amuse. Il n'y a pas grand monde, les commerces ont terminé leur journée, il y a juste quelques courageux, décidés à faire la fête un peu plus bas dans la rue. Tu tripotes ta bière. Et puis, à nouveau, c'est Joe qui attire ton attention. Le Golden Retriever s'avance sur une jolie jeune femme, blonde, enfin tu crois, tu ne distingues pas très bien à cause de l’obscurité. Il commence son numéro de charme. Ce n'est pas un mâle pour rien celui là. Tu t'avances vers eux, un sourire aux lèvres. Je crois que tu as une touche, dis-tu à la jeune femme, debout devant des pieds qui dépassent d'un van. Curieux. Tu hausses une sourcil.

Spoiler:

Ses mains libre tapote contre son estomac et son pied se balance légèrement. Chiffo s'évade loin des cartes postales, des chiffres et des billets qui ne lui appartiendront jamais. Avec Naive en fond sonore, le jeune homme se voit déjà reprendre la route et rouler pendant des heures, l'air contre sa joue. Chiffo s'imagine bien faire le tour de banff au moins trente fois, apprendre par coeur les façades et les petits recoins qu'il n'a jamais remarqué pour revenir au petit matin comme si de rien n'était. Mais l'heure n'est pas aux rêves non, il y a des voix qui discutent et le perturbe, à quelques pas de ses pompes. Chiffo ouvre un œil, empoigne un peu plus fortement son gobelet et observe les deux silhouettes. Une blonde, une rose, un chien. les visiteurs ne le dérangent pas, pas ce soir, non, pas ce soir. Il se sent beaucoup trop serein pour ça. Alors, après quelques secondes à se contorsionner, ses pieds sont à nouveau dans l'habitacle et la main de chiffo s'empare de la poignet pour ouvrir la portière. Ses pieds claquent le sol, il siffle un peu au rythme de la musique et souffle enfin. Drôle de façon mais confortable, tu devrais essayer. La tête de cette fille lui dit vraiment un truc et ça le dérange, de ne pas réussir à mettre de nom sur ses tifs-là (zelda). Tu étais au bivouac toi non ? Chiffo pivote vers la blonde et souffle doucement, d'un air presque contrit. Toi par contre, tu n'étais nulle part.

Juste après avoir aperçu le van une jeune blonde s'était joint à moi. Je n'avais pas songer que j'étais parti à la pêche.La prise m'échappe en même temps que la portière s'ouvre. Effectivement sa tête me dit quelque chose. Il me rappelle ce campement. Ces douces nuits sous les étoiles ne sont rien à comparer mon appartement. La forêt et ses grands sapins me manquent. Les flammes dansantes pour se réchauffer et chanter une douce mélodie avant de s'assoupir. Je n'ai pas peur des intempéries encore moins du froid , mais je crois que c'est mon lit qui me manquerait. «Oui quand j'aurai un van je t'en donnerai des nouvelles.» Mes petits jambes rentrerait facilement je crois ou je trouverai une façon pour ne pas les laisser ainsi pointées vers le ciel.«Effectivement j'y étais.» Je me retourne vers la blonde qu'il ne connait pas non plus. Une étrangère , une nouvelle rencontre encore une fois.

Attrapant Joe par le collier, je m'accroupis à côté de lui. Encore des rencontres. Mais cette fois, l'appréhension disparaît, ce soir t'es bien, loin de tout ce qui t'effraie. Tu caresses ton compagnons, observant les pieds qui viennent claquer au sol. Toi par contre, tu n'étais nulle part, dit le brun à ton attention. Tu te redresses, toujours la bière à la main. T'esquisses un sourire. Normal, ça doit faire deux jours que je suis arrivée, réponds-tu du tac au tac. Tu les regardes tour à tour. La blonde que tu pensais au loin s'avère avoir une chevelure rose, agréable. L'autre est un brun aux allures de baroudeur avec un super van. Je m'appelle Sura, leur dis-tu en espérant au fond de toi ne pas les déranger puisqu'ils semblent se connaître, ou du moins s'être déjà vu.

Chiffo termine d'avaler le peu de café qui reste dans son gobelet et l'écrase entre ses doigts. Sa deuxième main elle, s'occupe de fouiller sa poche à la recherche d'un sachet de tabac qu'il aurait égaré au fin fond de sa veste. La journée prend à peine fin et il n'est pas vraiment certain de vouloir la finir, enfermé dans son van en attendant que les heures passent. Il a envie de se laisser ce soir, de ne pas se poser de questions, de ne plus penser à l'argent, au voyage qui l'attend et à tout ces sentiments qui lui retournent le ventre. Il décroche un sourire à la rosée. C'est vrai, tout le monde n'a pas la chance d'avoir un van. Certains se pavanent avec les clés de leurs appartement et les meubles qu'ils viennent tout juste d'acheter. Chiffo, a juste ça et ça lui convient. Tu m'en diras des nouvelles. Il pivote un petit instant, coince son gobelet dans le four-tout de sa portière et souffle, doucement tendit qu'il entreprend de se rouler une cigarette. C'était sympa le bivouac mais pas deux fois à banff. Je me les gèlent ici. Son regard se lève sur la blonde. T'es pas d'ici toi aussi ? Moi je traine là depuis...attends... Il fronce les sourcils, serrent ses doigts autours de la feuille et compte dans son esprit. ...Un mois, voilà. Et On m'appelle Chiffo. Il termine de rouler sa cigarette, la pince entre ses lèvres et tend le paquet. Vous voulez ?

Deux jours c'était bien peu effectivement.J'ai dû mal à me rappeler , mes premiers pas ici entre les montages enneigés . Je suis arrivé ici sur un coup de tête. Les doigts sur un globe terrestre vous le faite tournez et on attend qu'il finisse sa course folle.Il m'avait pointé le Canada qui était de l'autre cotée de l'océan. Une mer plus loin , argent prit en douce et l'irlandaise que je suis vêtirais une peau de Canadienne.«Ouais bin le temps va finir par se réchauffer , l'été ça doit être bien.» Je refuse de croire que le froid restera toute l'année. Le soleil existe après tout et il réchauffera , la terre et les arbres.«Moi c'est Zelda.» Chiffo et Sura je promets que je retiendrai ces noms. Ma mémoire commence à déborder de tout ces visages et ces prénoms au différentes communautés. Au fond je ne m'intéressais point à la plupart d'entre eux , je veux seulement passer le temps , creuser leur prunelle pour arriver au fond de leur âme , dégoter des secrets puis repartir. Je cache de nombreuses choses au de ma mon crâne , au fond de ma misérable cervelle. Organe trop intelligent pour moi dans ma passion pour la biologie.«Non ça va j'ai les miennes je veux pas voler tes réserves .» Je sors mon propre paquet de cigarettes et en allume une .

Tu observes chacun de leurs gestes, chacune de leurs réactions. Ils semblent tout deux détendus et ouverts. Tu apprécies, laissant Joe aller galoper. Tu les regardes tour à tour sourire en coin. Chiffo et Zelda. Deux prénoms aussi originaux et tu les laisses s'imprégner dans ton esprit. Effectivement, j'suis pas d'ici, j'suis Bulgare, ça s'entend tant que ça ? avoues-tu en rigolant. Oui ça s'entend, ta manière de prononcer les mots est plus saccadée, plus gutturale. Le paquet de tabac de Chiffo sous le nez, tu n'y résistes pas, une éternité que t'as pas roulé. Merci, dis-tu en le gratifiant d'un signe de tête reconnaissant. Calant ta bière sous ton bras, tu t'affaires à cette tâche en tentant de ne pas te rendre ridicule. Un bivouac avec cette fraîcheur, c'est sûr que ça doit pas donner envie de recommencer, dis tu en relevant les yeux vers eux.

Il inspire doucement, laisse la fumée s'infiltrer dans ses poumons et soupire d'aise. Ça le détend, le Chiffo, de fumer un peu, lui et tout ses muscles bloquaient par le froid. Ce foutu froid auquel il ne s'habitue pas. Dans son bon vieux pays, il se plaignait continuellement des températures et du ciel gris. C'est drôle, parce qu'aujourd'hui, sa bonne ville aurait l'allure d'une îles paradisiaques à côté de banff. Il fait rouler un peu ses épaules, pince sa cigarette entre ses doigts et observe la rosée, décrochant un léger sourire. J'espère bien. J'ai envie d'aller me baigner sans avoir peur de mourir dans les heures qui suivent. Il dit ça, le Chiffo mais plonger la tête dans l'eau, il ne l'a fait qu'une fois. Le premier jour, son baptême. Ouai, un peu quand même. T'es la première Bulgare que je rencontre. Jusqu'ici et pour une étrange raison, Chiffo n'est tombé que sur des francophones. Oh, c'est peut être de cette façon que le monde tient à lui montrer que son voyage touche à sa fin. Il laisse le paquet glisser de ces doigts pour aller dans les mains de la blonde et hausse les épaules au refus de la rosée. C'est comme elle veut. Chiffo n'a plus à se plaindre de ne plus avoir d'argents. Il inspire à nouveau une bouffée de cigarette. Carrément pas. Mais ça va encore, j'étais accompagné d'un type génial. Peut être bien que ses yeux pétillent un peu à cette confession. Il passe ses doigts dans ses cheveux, se tourne un petit moment vers son van et se lance enfin. Dites, je comptais me faire une jam-session sur la place plus loin. Ça vous dit de venir dès qu'on fini nos clopes ?

Je suis habitué au temps froid , au temps gris qui vous déprime et aux nuages qui pleurent à grosse goutte toute le long de la journée. Sans doute quand il fera trop chaud je vais m'en plaindre que mon corps n'arrive pas à supporter tout ce soleil. Je me plains sans doute trop souvent et cette mine boudeuse coller à mon visage en dit long. Je les écoutais parler et regardais chacun de leur geste. Je les analysais du mieux que je pouvais. Autant je pouvais être bavarde , autant je peux être très silencieuse. Tout est dans mon regard. «Ça semble amusant.» Je crois bien que je ne passerai pas la soirée seul , que je ne me ferai pas crier sur la tête pour une fois.

La tâche accomplie, tu tends à nouveau le sachet de tabac à son propriétaire, Chiffo, le gratifiant d'un sourire pour le remercier. Cigarette improvisée entre les doigts, tu l'allumes à l'aide du briquet que tu as acheté dans la journée. Et ce type génial, il est où ? lui demandes-tu, peut-être indiscrète. Tu songes à tes rencontres, nombreuses malgré la courte durée de te séjour jusqu'ici, et ce sourire ne te quitte plus. Dans le fond, t'as l'impression de revivre après ses longs mois d'isolation, coupée du monde extérieur et de toute civilisation. La fraîcheur de Banff ne te dérange pas, tu t'adaptes simplement mais c'est vrai qu'un peu de chaleur serait bienvenue. La proposition de Chiffo est alléchante, tu jettes un oeil à Zelda, amusée par ce prénom atypique qui ravive dans ton esprit les souvenirs d'une petite princesse. Tu hausses les épaules. Elle a raison, pourquoi pas, déclares-tu. Intriguée, tu t'aventures à poser une dernière question. De quoi tu joues ? dis-tu avant de tirer sur ta roulée.