elle est belle, la vie. elle est belle, malgré toutes les crasses qu’elle peut faire. elle est belle, même si elle ne te rend pas belle. il n’y a que tes cheveux pour illuminer la fadeur de ton fauteuil roulant. un verre, encore un verre. s’il vous plaît, un dernier verre.  

j'entre dans le bar, plus joyeux que jamais, le sourire fixé au bord des lèvres. immédiatement, je m'assieds sur une chaise, près d'une fille arc-en-ciel. je commande un verre, je la regarde, je souris. je reste de longues minutes à la regarder, ses yeux, son visage, ses cheveux. ah, oui, ses cheveux, beaucoup. ils m'intriguent, ils m'attirent. tes cheveux sont beaux, très beaux, je peux les toucher ? j'ai à peine lancé ma phrase que ma main atteint sa tignasse, doucement, pour y déposer une caresse et y glisser mes doigts dedans. ils sont doux. tes cheveux me font penser à la mer, c'est beau. tu dois en être très fière. nouveau sourire.

on t'a toujours fixé, toujours. avant, c'était parce qu'on te trouvait jolie, parce qu'on ne voyait pas deux personnes comme toi dans la rue. parce que tu étais unique et que tes cheveux faisaient sourire. aujourd'hui, on te fixait parce que tu étais une personne en fauteuil roulant. alors tu avais l'habitude, de ces regards. tu sais bien pourquoi ils sont posés sur toi, et c'est bien pour ça que tu n'y fais plus attention. sauf qu'il y a ce garçon. il ne te parle pas de ton handicap, non. il te parle de tes cheveux. tes cheveux à toi. alors tu souris instantanément. automatiquement. ça te fait plaisir, drôlement plaisir. ça faisait longtemps qu'un sourire comme ça n'avait pas illuminé ton visage. je crois que je t'aime bien, tu lances le plus normalement du monde tout en déposant tes prunelles azurées sur le jeune homme. tu le laisses toucher tes cheveux, évidemment que tu le laisses. ils font partis de moi, tu rajoutes en haussant les épaules. sans cheveux colorés, tu n'étais plus fauve.

elle a un sourire si franc, si grand, que je n'arrive pas à m'empêcher de rire légèrement. ça lui va bien, de sourire, comme ça. ça lui rend un visage d'enfant. le visage d'une jolie petite fille. je t'aime bien aussi. nouveau sourire de ma part. j'ai une main dans ses cheveux, ses jolis cheveux, et je les caresse doucement, tendrement. j'hoche la tête, bien sûr qu'ils font partie d'elle. et ils sont beaux, ses cheveux. ils sont beaux et colorés. elle fait comme un rayon de soleil quand elle rentre dans une pièce, elle illumine, elle emmène la joie, le bonheur, le sourire. j'aimerais bien avoir les cheveux colorés moi aussi, mais ça ne m'irait pas, je crois. oui, j'aimerais bien, moi aussi, mais à ce qu'on dit, je n'ai pas besoin de cheveux colorés de toute façon pour emmener la joie partout où je vais.

je reste les yeux fixés sur ses cheveux. ça m'épate, la façon dont elle a réussi à les colorer, à faire ce nuancier dans ses cheveux. c'est beau. j'en reste ébahi, vraiment. je baisse les yeux et rougis un peu à sa remarque. t'es gentille. nouveau sourire. tu sais, j'étais blond platine pendant une époque. c'était pas trop mal, peut-être que je le referais. j'hausse les épaules. c'était pas si moche que ça y paraît. c'était même sympa, j'aimais bien. moi c'est fleur. mon sourire se baisse un peu. depuis mon arrivée, j'ai un peu moins honte de mon prénom, mais, c'est pas encore ça. j'ai toujours un peu peur de la réaction. alors je lâche ses cheveux, et je bois mon verre d'une traite. là. au moins, je ne remarquerais peut-être pas si elle se moque.

je souris de plus belle, et rougis de plus belle, aussi. pivoine, tomate, je suis même couleur paprika. merci. je chuchote, un peu gêné. mais pas pour bien longtemps, ça non, parce qu'elle me propose de me colorer les cheveux, et ça. ça, ça m'enlève ma gêne. c'est vrai, tu voudras bien ? tu crois que ça serait quoi, le mieux ? moi je n'sais pas, je n'ai pas l'habitude, tu sais. et t'as de quoi les décolorer aussi, avant ? j'ai des étoiles dans les yeux, et je crois que ça se voit. ça doit même s'entendre. j'enlève finalement ma main de ses cheveux, je bois d'un seul lever de coude mon verre et souffle mon prénom. mais elle la reprend, ma main, et la remet dans ses cheveux. je crois que je viens de me faire adopter. je lui souris et reprends mes caresses, douces. au contraire de fauve, ça fait sauvage, comme prénom. t'es si imprévisible et brutale que ça ? tu n'en as pas l'air, t'as l'air douce pourtant, aussi. je souris, encore, et encore, et encore.

oh, du bleu et du vert, ça pourrait être joli. comme elle, finalement. le orange.. je ressortirais roux, en fait ? mais bleu et vert ça peut être coooool. ou violet ? j'aime bien le violet. mais, je n'sais pas trop si j'ai une couleur préférée tu sais, j'aime tout, du moment que c'est vif, ça me plaît. et les couleurs pastels, oh, qu'elles sont belles les couleurs pastels. ça serait beau, d'avoir des cheveux pastels. là, c'est sûr qu'on me remarquerait de loin. j'ai à nouveau ma main dans ses cheveux, c'est agréable. ça doit l'être encore plus pour elle. oh, si, sans doute qu'on peut, je n'sais pas, moi je n'suis pas sauvage, je crois. ou alors peut-être que je le suis mais un peu trop facilement apprivoisable, sans doute. j'hausse les épaules et continue de sourire. elle sourit aussi, alors je n'arrive pas à m'arrêter de sourire. sa présence est drôlement agréable. ça fait comme un air chaud tout autour, juste par son sourire. je t'offre un verre, fauve ? à notre rencontre, à tes cheveux, et à mes futurs cheveux aussi.

oh, des mélanges, oh, ça, ça me plaît. beaucoup, même. tu crois que tu pourrais faire un genre d'arc-en-ciel ? tu sais, par exemple tu fais orange, puis rose, puis violet, puis bleu et finalement vert, les uns après les autres. tu crois que ça serait possible ? et puis, tu ferais pareil sur toi et on serait deux arcs-en-ciel, on serait beauuuuuux. oh oui, oui, oui, on serait beaux. même avec du rose dans mes cheveux. on serait deux rayons de soleil. encore plus que d'habitude. elle aussi, je suis sûr qu'avec sa couleur naturelle, elle est un rayon de soleil. au naturel, elle doit être blonde. sans doute blonde, oui, vu la couleur de ses yeux et de sa peau. ça doit bien lui aller, aussi, le blond. pourquoi c'est des problèmes ? t'as des problèmes, fauve ? oh, si elle a des problèmes, je veux bien l'aider, moi. mais moi sauvage, jamais. moi je suis doux, comme un agneau. je souris, encore. ma main glisse dans ses cheveux, l'autre appelle la barmaid pour lui commander une vodka schweppes et une bière. oh oui, dominer le monde, au moins. et puis, on abolira la discrimination sur les cheveux colorés, ça sera bien, ça. très bien, même. j'en ai plein, des idées. j'en ai plein, des rêves dans la tête.

il te fait sourire, fleur, avec son enthousiasme. il te fait sourire. « prépare-toi à être le plus beau des arc-en-ciel, fleur. » tu l'informes en souriant de plus belle. tu avais tellement teint tes cheveux que tu savais tout faire avec les couleurs, alors il pouvait te demander n'importe quoi, t'en serais capable. des problèmes, si tu avais des problèmes ? évidemment que tu en avais, pardi. tu ne pouvais pas rester debout plus de deux secondes, c'était légèrement problématique, non ? évidemment que ça l'était. « j'ai pas vraiment envie d'en parler. » tu confies en souriant un peu moins, pour le coup. non, vraiment, ce n'était pas un sujet que tu aimais aborder. clairement pas. t'espérais seulement ne pas le vexer quand même, parce que ce n'était pas contre lui. c'était juste toi, tu n'pouvais pas. mais tu vas déjà mieux quand il remet sa main dans tes cheveux. c'est fou c'que ça t'apaise. « on pourrait créer une association pour les cheveux colorés, même. on pourrait... on pourrait manifester pour les gens comme moi ! et comme ton futur toi ! on pourrait faire pleins de belles choses, tous les deux, moi j'te le dis ! » vrai de vrai. même ton sourire est de nouveau là.

je souris. un bel arc-en-ciel, ça me convient, moi. le plus beau, avec toi, alors. oui, elle a promis, elle fera la même chose que moi. bon, elle n'a peut-être pas promis, mais même. elle l'a dit, ça me suffit. elle le fera avec moi, c'est tout. ça me suffit, oui. mais c'est que, en dehors des cheveux, je veux aussi la connaître, fauve. un peu. pas beaucoup, juste un peu. rien qu'un tout petit peu. mais pas ce soir, pas ses problèmes. d'accord, j'comprends. elle sourit moins. moi, je souris toujours autant, et je continue de caresser ses cheveux. oh, ça ne me dérange pas qu'elle ne m'en parle pas. on a tous des secrets, je ne lui en veux pas pour ça. je continue de sourire.  je ris. une association, des manifestations. ce serait drôlement beau. pour qu'on se fasse accepter avec nos cheveux ? oh, et, on pourrait faire une journée mondiale des cheveux colorés, ça, ça serait vraiment cool. nos verres arrivent. je tchin le mien contre le sien et bois une gorgée. à nous, fauve !

tu hoches la tête et tu souris aux paroles de fleur. « on sera le duo arc-en-ciel le plus beau de la planète, moi j'te l'dis. » oui oui. vous auriez les mêmes couleurs de cheveux, et vous iriez par paire. la classe, grande classe. ça te faisait sourire, ça aussi. par contre, tu préfères ne pas aborder tes problèmes. pas aujourd'hui, et même jamais, si possible, en fait. ça rendait triste, les problèmes. toi, tu voulais garder ton sourire, là. ton bien être. le temps d'une soirée. rien qu'une petite soirée. tu préfères que fleur te touche les cheveux, tu préfères que vous fassiez des projets plus fous les uns que les autres. « j'suis sûre qu'on pourrait changer le monde, nous deux ! et faire des trucs vachement cools ! » oh ça oui. tu souris, tu attrapes ton verre et tu trinques avec fleur. « à nous, fleur ! » tu souris, joyeuse, et tu bois une gorgée de ta boisson.

j'ai un grand sourire aux lèvres ; j'ai hâte d'avoir la tête pleine de couleurs, comme elle. ça n'va pas gosser ton chum ou ta blonde que je vienne chez toi ? je n'sais pas, on ne sait jamais. et moi, je ne veux pas d'ennuis. on trinque à nos cheveux, à notre vie. et sa vie, à fauve, c'est quoi, sa vie ? tu fais quoi ici, fauve ? et dans la vie, tu fais quoi ? je la verrais assez peintre. ça lui irait bien. avec tous ces pinceaux, toutes ces toiles. et alors elle serait venue à banff pour peindre les paysages. ça se tient. pis j'souris et je continue mes caresses.

même sa façon d'parler te fait sourire, fauve. c'est marrant. il est marrant. même si tu te doutes que son but n'est pas de faire rire, et que c'est sa façon habituelle de parler. « t'en fais pas pour ça, j'habite toute seule. j'ai une tête à être casée ? » tu demandes en arquant un sourcil, dans un léger sourire. en vrai, tu ne voyais pas qui voudrait d'une fille en fauteuil roulant. c'était encombrant. et puis vous trinquez, à vous. à qui d'autre, de toute façon ? « je suis.. enfin j'étais tatoueuse. je me suis arrêtée. j'm'occupe en faisant de l'aquarelle. triste, hein ? j'suis là parce que.. j'sais pas trop. pour fuir, je suppose. ouais, j'ai fuis. rien de bien original. » t'as fuis chez toi, t'as tout laissé tomber après ton accident. « et toi mon beau ? » allez, une autre gorgée, ça t'fera pas de mal. oh que non.

pis elle sourit alors je souris aussi. son sourire est communicatif, à fauve. moi, j'hoche la tête. en fait, oui, t'as une tête à l'être, pis t'es jolie, et j'suis sûr que t'es très très gentille, alors tu serais une blonde parfaite ! grand sourire. j'hausse les épaule. mais, tant mieux alors si tu vis seule, je n'veux pas d'ennuis, j'aime pas me battre. j'hausse encore les épaules. on trinque, et je demande à sa vie. et j'avais presque raison, tatoueuse c'est tout proche de peintre. tu me tatoueras un jour ? s'il te plaiiiiiit. je fais des yeux de chien battu. en vérité je ne saurais même pas quoi me faire tatouer, mais c'est pas ça, le plus important. tu fuis quoi, fauve ? tu fuis quelqu'un ? ça serait triste, quand même. pis un peu effrayant, aussi. et moi, moi.. moi je fais quoi, au juste dans la vie ? moi j'ai arrêté les études pour venir ici pour avoir de l'argent. je souris. j'y pense, j'ai perdu mon année. tant pis.

je fronce les sourcils. moi, je suis sûr qu'elle a tort. c'est pas vrai ce que tu dis, moi je voudrais bien de toi, t'es fine ! moi, je la trouve jolie, fauve. pis j'dois pas être le seul à le penser, alors elle pourrait avoir un quelqu'un dans sa vie. oh nonnnnnn, je suis doux moi, pas de problèmes ! mais les chums ne m'aiment pas, parce que je suis un peu trop câlin, ça gosse il paraît. je suis même prêt à parier que si elle avait un chum et qu'il arrivait, il me frapperait, rien que pour ma main dans ses cheveux. okey mais pas de bêtises avec mes fesses ! je ris. mais en vérité, ça doit faire très mal, sur les fesses, pis moi j'suis douillet un peu. même beaucoup. pis je prends sa main, elle a l'air triste. t'veux me dire pourquoi t'as fui, ou pas ? pis je me vexerais pas si elle dit non, alors je souris. hé, c'est compliqué moi aussi.. non, c'est très simple en fait, je crois. ma sœur en a besoin alors je vais les prendre, les sous.

son grand sourire me rend très heureux. toutes les filles sont des complications, c'est pas juste toi. pis je ris un peu. elles nous causent toutes des soucis, alors fauve pas plus que les autres. pis je souris, encore. les câlins, moi, j'aime ça. taaaant mieux, tu me donneras ton numéro alors, que je puisse te demander des câlins n'importe quand ? je fais un grand sourire, comme un enfant, et finalement j'éclate de rire pour le tatouage. hé, ça pourrait faire un style, avec un petit cœur itout, moi je veux ! anyway, personne ne les voit mes fesses en ce moment alors. mais elle devient triste d'un coup, donc je prends sa main, et je lui souris. d'accord, ça m'dérange pas. pis ça change rien, moi je l'aime bien, même sans savoir. mais ma sœur.. mon sourire retombe et mon visage s'assombrit, un peu. elle a de grosses dettes avec son dealer, et elle peut plus payer son appartement et ses études, alors.. j'hausse les épaules. alors je paye pour elle. anyway, one more shot ? please, come on, il passerait bien, vraiment vraiment bien, là.

j'souris et je mets la serviette qu'elle me donne dans la poche. là, comme ça, je la perdrais pas. c'est important que j'ai son numéro, je crois, parce que je l'aime bien, moi, fauve. alors je suis bien, bien heureux maintenant. oh, pis mon tatouage, il serait très classe, j'en suis sûr. mais est-ce que je serais vraiment partant quand j'aurais le pantalon en bas des fesses et la machine en route, j'en suis moins sûr. p'têtre bin qu'il faudra me saouler par contre, pour que j'accepte le moment venu. pis j'ris un peu. en fait, c'est sans doute sûr qu'il faudra me saouler. j'suis douillet, en plus. et on enchaîne sur ma sœur. j'hausse les épaules. c'est pas d'la luck, c'est juste normal que je fasse ça pour elle, non ? i mean, c'est ma sœur, alors, bin, si je fais pas pour elle, j'aiderais jamais personne, tu crois pas ? j'souris, aussi. pis, t'façon, j'ferais n'importe quoi, pour elle. pis on commande des shots au barman. cul sec, pis j'fais en remettre d'autres. tu tiens beaucoup ? l'alcool, i mean. j'sais pas tant moi, si je tiens beaucoup ou pas, j'ai perdu l'habitude, en vérité.