everything happens for a reason  
Un boulot, voilà ce qu'il te fallait. Tu avais déjà trouvé l'appartement avec les économies que tu avais, mais sans boulot, avancer dans cette ville allait être compliqué. Vu ton niveau d'étude, tu serais bien heureuse d'avoir rien qu'un petit boulot de serveuse. Tu passe de boutique en boutique, de magasin en magasin. Le coiffeur n'avait pas besoin de réceptionniste, le magasin de vêtement n'avait pas besoin de vendeuse, et même les restaurants ne voulait pas de toi en tant que serveuse. Qu'est ce qu'on va faire, si on peut rien bouffer ? Tu soupire, entre chez un disquaire, parce que dans ta tête, ces gens là sont toujours sympa, vu le peu de boulot qu'ils ont. Après tout, qui va encore chez le disquaire ? Personne. Vive le téléchargement. Ça t'étonnerais qu'ils cherchent quelqu'un, mais c'est pas comme si tu pouvais faire les fines bouches.

vannie s'promenait dans les rues. il avait décidé qu'aujourd'hui, il ne planterait pas d'arbres. hier, il en avait planté assez pour avoir une jolie paie, bien que celle-ci n'allait pas être suffisante pour la semaine. dans tous les cas, il n'avait pas du tout, du tout le moral pour retourner là-bas. peut-être bien qu'il pourrait trouver un job ailleurs, c'est juste qu'il savait qu'il risquait de ne pas être à banff pour longtemps. du coup, il trouvait ça un peu irrespectueux de s'engager quelque part pour se pousser dans deux semaines. les arbres et les champs de petits fruits étaient donc les deux meilleurs solutions pour faire de l'argent en peu de temps, sans engagement. eh voilà qu'il voyait une tête qui lui était légèrement familière. c'était pas la fille à qui il avait brièvement parlé hier? « heeeey .. » petit blanc de mémoire. « hazel! c'est ça, hein, ton prénom? »

Toi qui pensait que personne n'allait chez le disquaire, tu y croise pourtant un gars que tu as déjà vu. Il semble t'avoir reconnu, lui, et il semble même qu'il se souvienne de ton prénom. « heeeey .. hazel! c'est ça, hein, ton prénom? » il s'en souviens même très bien. Tu souris, et hoche la tête, « c'est bien ça ! Bonne mémoire. » t'es impressionnée, parce que de ton côté, tu te souviens pas vraiment du sien. Vinnie ? Winnie ? Ça se mélange dans ta tête, pourtant ça devrait pas être si compliqué de se souvenir d'un prénom. Rien que de ce petit prénom, c'est rien du tout, et pourtant te voilà, là, à bloquer là dessus. « tu t'en es sorti avec ta tente, finalement ? », oui, la dernière fois, il lutait avec sa tente. « d'ailleurs.. tu dors encore dedans ce soir ? », ça te semblait fous qu'on puisse dormir dans une tente avec ce froid, surtout pour quelqu'un d'aussi frileuse que toi. Oui, oui, tu as évité le prénom, aussi. En attendant que ça te revienne.  

« ouuuais, j'ai finalement réussi. » il faisait froid, vachement froid. ceci-dit, il avait beaucoup de couvertures et il avait bien dormi, au final. c'est juste le matin, le moment où il faut sortir des couvertures, qui est encore plus souffrant qu'un petit orteil qui se fracasse contre un coin de meuble. « ouais, mais pas au même endroit, car j'sais pas si j'vais encore travailler là. enfin, je devrais. mais, j'ai pas forcément envie. du coup, j'vais probablement aller à la plage. on m'a dit qu'il y avait beaucoup de gens qui campaient là. » il savait pas trop ce qu'il foutait chez le disquaire, il y était entré parce qu'il avait reconnu son visage, et qu'il se sentait cruellement seul, dans ce village. il adorait la musique, mais il n'avait pas de lecteur. problème. gros problème. « tu cherches un disque, ouuuu.. ? » quoi d'autre, hein, vannie? quoi d'autre? hahaha.

« ouuuais, j'ai finalement réussi. » tu souris et hoche la tête. « tant mieux ! », bonne nouvelle, il est pas mort de froid. Tiens, d'ailleurs, « il y fait pas trop froid ? », toi qui n'a jamais fais de camping, qui ne sait pas comment se monte une tante et qui n'a jamais même rien que dormi dans un sac de couchage, t'aimerais bien savoir comme c'est, finalement, de dormir « à la belle étoile » ou presque. « ouais, mais pas au même endroit, car j'sais pas si j'vais encore travailler là. enfin, je devrais. mais, j'ai pas forcément envie. du coup, j'vais probablement aller à la plage. on m'a dit qu'il y avait beaucoup de gens qui campaient là. » tu fronce les sourcils. Beaucoup de gens qui campaient ? T'avais de la chance, toi, d'avoir un porte monnaie assez plein pour avoir un petit appartement et de quoi manger, en fait. « t'es venu tout seul ? » quelle idée de venir tout seul pour camper, c'est une activité de groupe ça, non ? « tu cherches un disque, ouuuu.. ? » tu ris un peu en secouant la tête. « pas du tout, j'venais voir s'ils.. cherchaient pas quelqu'un pour bosser. » tu grimace, « mais je crois que c'est foutu.. comme tout les endroits dans cette ville, en fait. » tu souris, pour le boulot « normal », on repassera.

« il y fait pas trop froid ? » il sourit et la réponse s'voit dans ses yeux. « il y fait vachement froid, en fait. » mais il s'en tirait bien, tout d'même. vannie, il n'était pas du genre à se plaindre. « t'es venu tout seul ? » si, seul comme un chat. pourtant, il en avait beaucoup, des amis. il avait même une petit famille, et tout. « ouaip. et toi? » oui, il était bref. non, il ne voulait pas élaborer sur le pourquoi du comment.  « pas du tout, j'venais voir s'ils.. cherchaient pas quelqu'un pour bosser. mais je crois que c'est foutu.. comme tout les endroits dans cette ville, en fait. » il sourit, encore. c'était surtout d'la compassion, en fait. « eh bien.. j'espère que tu trouveras un boulot, car j'te souhaite clairement pas de devoir planter des arbres, toi aussi. » il rit, toujours aussi traumatisé de la vielle. « du coup, banff, c'est temporaire pour toi, ou bien.. ? »

« il y fait vachement froid, en fait. » Tu souris à la réponse, comme lui. Son sourire est communicatif, il a l'air sympa, ce type. Chaleureux, aussi. Et seul. Seul ? Pourquoi ? Comment ? C'était triste, d'être seul. Toi, tu l'étais, mais tu avais tes raisons, et des bonnes raisons, à tes yeux. De toute façon, où aller, maintenant ? « ouaip. et toi? » tu hoche la tête, comme machinalement. Tes yeux rieurs cachent une tristesse, inévitablement. « pareil. » point commun, aucun de vous ne s'attarde. « eh bien.. j'espère que tu trouveras un boulot, car j'te souhaite clairement pas de devoir planter des arbres, toi aussi. » Tu ris avec lui, osant demander « c'est si terrible que ça ? » tu t'en rends compte que maintenant, mais vous faite bouchon à vous deux devant l'entrée, à parler. Tant pis, t'aime bien toi, lui parler. « du coup, banff, c'est temporaire pour toi, ou bien.. ? », tu hausse les épaules, secouant la tête. « non, j'espère pas que ce soit temporaire, j'suis tombée amoureuse d'la ville et ici tout a l'air plus facile. » tellement plus facile. Les gens ne te jugent pas ici, ils ne savent pas. « et toi ? j'suppose que si tu as une tente, c'est que tu bouge beaucoup, non ? », et t'aimerais bien lui offrir ton hospitalité, à ce type. Avoir un peu de compagnie, parfois. Quelqu'un a qui parler, les longs jours froids. Oh arrête, tu vas pas inviter un inconnu. Achète toi un chien.