Faut bien que tu te laves, mais l’truc c’est que t’as pas d’eau, alors, en passant par la mer tu t’dis qu’ici personne te réclamera quoi que ce soit pour prendre un bain. Ouais c’est clair, c’pas très hygiénique, t’oses même pas imaginer c’que dirais ta mère, elle qu’a toujours été le genre chichi pompom, tirée à quatre épingles. Je suis seule et je fuis ce monde étrange, celui qui ne te va pas à toi, ton bouquin préféré, Into the wild, et ouais, tu sais très bien pourquoi. T’as toujours rêvé de cette étrange liberté qui peut tuer, mais tu t’en moques, pour mourir il faut vivre. Courant, les cheveux au vent, sur le sable qui te fouette les mollets quand tes pieds se décollent du sol, les vêtements volent à chacune de tes enjambées, et tu te retrouves à moitié nue, dans cette eau froide, si froide et pourtant c’est un véritable bonheur. Tu t’amuses, tu patauges, il n’y a personne et tu t’éclates. T’as toujours rêvé de faire dans les piscines parallèles, d’la natation synchronisé, mais là c’est le rêve, une grande étendue d’eau rien que pour toi, pour t’entraîner au jour où tu rempliras les gradins de la piscine municipale. Pour l’instant, ce ne sont que les cormorans qui t’observent, ils sont bien loin de t’applaudir, déjà parce qu’un oiseau n’applaudi pas, mais aussi parce qu’il n’y a clairement pas de quoi, t’as plutôt l’air d’une fille qui se noie. D’ailleurs, tu n’fais pas gaffe, t’es dans ton délire toi, mais y a du monde qui s’inquiète sur le sable, elle se noie, elle se noie.

Footing. J’ai besoin d’me dépenser, j’ai besoin de courir pour évacuer toutes les pensées qui se bousculent dans ma tête. Donc j’enchaine les foulées à travers la ville, sans regarder où j’vais. J’m’en fou, tant que je cours, tant que j’me laisse aller, tant que j’me vide la tête. J’repense à ma vie d’avant, j’repense à tout ce que j’ai traversé, et j’devrais pas. Ici, j’ai l’occasion de repartir à zéro, j’ai l’occasion d’avoir cette toute nouvelle vie. Donc je cours. Mes chaussures sont à présent pleines de sable, et ça doit faire trois bons quarts d’heure que j’me suis pas arrêté. Donc j’décide de poser mon cul sur le sable, et de reprendre mon souffle. Ou de l’niquer un peu plus, en sortant mon paquet de clopes et en en grillant une. J'regarde autour de moi, tu vois ces gens qui s’affolent, qui crient à la noyade. Et j'reste assis. Doit bien y avoir quelqu’un qui s’est jeté à la mer pour sauver le pauvre mongole qui est parti dans l’eau sans savoir nager. Putain, c’que j’aimerais avoir des popcorns, c’est encore mieux qu’un film.

T’avais juste une journée de libre et comme d’habitude tu savais pas quoi en faire. Alors pour simplement faire passer le temps tu te décide à sortir, à faire autre chose qu’à te tourner les pouces, parce que bordel t’es jeune.  Tu prends donc la décision d’aller marcher ou plutôt errer, tu n’as pas de thune à dépenser alors pas vraiment besoin d’aller faire du lèche vitrine. En marchant, tu traines des pieds, shoote dans des petits cailloux qui ne t’ont absolument rient fait. D’ailleurs tu penses, penses à ta raison ici, à ce bordel dans lequel tu t’es fourré, mais tu es sortie de tes pensées primaires par des cris. Tu tourne ton visage vers la scène du crime, la vache tu es déjà à la plage. Une fille est semble t-il entrain de se noyer, tu t’avance, t’avance un peu plus et c’est alors que tu peux la voir, cette fille qui tente de se débattre avec la surface de l’eau. Tes jambes ne t’écoutes plus, elles courent instinctivement sans que tu ne comprennes pourquoi. Habilement tu retires tes vêtements pour te retrouver en simple petite tenue. Tu pénètres l’eau à la manière d’une Pamela Anderson dans alerte à Malibu. Tu nages vite puis te rends bien vite que cette blonde était plutôt en bonne santé et semble même plutôt s’amuser à faire du grand n’importe quoi. Tu prends donc la direction inverse, arrivé sur le sable, tu pestes. « Cette fille est une sacré folle. »

Ton pied qui sort de l’eau puis qui re-rentre dans une grâce infinie, c’est vrai que t’as beaucoup de boulot à faire sur ta souplesse pour pouvoir remplir des gradins sans te prendre des tomates. Tu bats des pieds, mais c’est un mouvement artistique, faut pas croire que tu tentes de remonter à la surface, non surtout pas, parce que bien évidemment c’est pas le cas, c’est juste une illusion, l’illusion d’une meuf plus ridicule qu’autre chose. Tu vois même pas les gens qui te regarde sur la plage, ni cette fille qui court et qui rentre dans l’eau, elle a pas son maillot rouge, c’est pas amusant, la natation synchro c’est beaucoup plus drôle. Elle nage jusqu’à toi et t’attrapes, te tire avec elle mais tu te débats, elle n’est pas nette elle. Laisse-moi nager, morue.
Elle repart enfin, laisse-moi, je rêve. Tu regardes vers la plage, oh malheur, t’es pas seule, tu l’as ton public, bon d’accord y a pas de gradins, mais c’est presque ça. T’as honte alors tu te caches sous l’eau et nages comme ça jusqu’au bord, t’es bien contente d’être douée en apnée à défaut d’être douée en natation synchronisée. Tu sors, discrètement de l’eau, récupère tes affaires, te sèches un peu et t’approches des gens qui regardent vers l’horizon. « elle a disparu la fille qui se noyait ou je rêve ? »

Tu es trempé, tu as froid et tout ça pour quoi ? Une folle qui s’amuse à faire n’importe quoi dans l’eau. Au moins tu auras eu une leçon, ne jamais faire confiance à ses  yeux, la prochaine tu laisseras quelqu’un d’autre s’en occuper. Enerver tu récupères tes affaires abandonnées plus tôt sur le sol. Tu te saisie de ta chevelure pour les essorer. Derrière toi tu l’entends cette voix de femme, se demandait si la fameuse fille avait disparu. Passablement énervé tu te retourne pour te rendre compte qu’elle n’a pas réellement disparu puisqu’elle se trouve juste là sous ton nez, à feindre qu’elle n’est pas celle que l’ont croit. Tu te rapproche d’elle. « Je crois surtout qu’elle revenu sur la berge. » dis-tu en la transperçant du regard.

Debout, face à l’horizon toi aussi, tu observes tous ces gens qui ont du bien se moquer de toi, certains s’inquiète de pas te voir ressortir, t’es là, mais tu sais bien qu’au bout d’un moment on va te reconnaître, t’as juste envie de t’en aller, le plus rapidement du monde, pourtant on se dresse face à toi, c’est la pamela anderson de banff qui est devant toi, eh merde, juste elle. « Je crois surtout qu’elle revenu sur la berge. » tu fronces les sourcils, en plus d’avoir failli te noyer, voilà que madame ne sait garder le moindre secret. Tu fronces les sourcils. Toi tu voulais juste faire comme les filles à la télé, qui enchaînent les figures sans le moindre souci de coordination. « Elle est revenu sur la berge ? Je crois qu’elle va aussi bientôt se casser. » en regardant autour de toi, t’as pas envie que d’autres personnes remarquent ta présence sur la sable et donc devinent qui tu es. Tu le vois, ce gars avec qui tu as partagé une table au restaurant la dernière fois, il se dirige vers les douches et tu le suis, pas que ton intention soit de prendre une douche avec lui, non, pas déjà, c’est juste que le sel sur la peau, ça gratte.

tout à côté de lui, t'appuie sur le bouton et un jet d'eau froide tape contre ta tête, ça fait u peu mal mais tant pis, ça fait du bien. il pourrait presque croire que tu le suis pour je ne sais qu'elle raison super tordue, mais non, c'est juste que t'avais faim la dernière fois et cette fois-ci, le sel ça gratte. il murmure, il n'a pas l'air ravi, ça se comprend aussi. tu regardes face à toi, le ciel. « Pardonnez-moi, je pensais que je pouvais me laver dans la mer, promis je n’empiéterais plus sur votre espace vital. » tu gardes les yeux toujours rivés vers le ciel pendant que tes mains se perdent dans tes cheveux. t'entends sa voix à nouveau, il tend la main vers toi, t'attrapes ton savon et le pose dans sa main, les bouteilles de gel douche c'est trop cher, puis ça dure pas longtemps. t'as appris à être économique, faut dire que sans ça tu serais bien dans la merde.