telle une gamine de quatre ans tu arpentes tant bien que mal la neige qui se trouve devant toi. tu veux arriver au sommet. tu veux réussir à grimper toute la neige qui s'étale devant toi. il a neigé. enfin. tu n'attendais que ça. tu adores la neige. cette poudre blanche infinie qui s'étale sous tes pieds. tu t'es couverte aujourd'hui. plus que d'habitude. tu n'avais pas de chaussures adéquates alors tu as enfilée des bottes de pluie. c'est pas plus mal. ça protège. mais ça glisse un peu. tu montes, tu montes et t'espère arriver tout en haut. dans ta main gauche tu portes une luge en bois. elle date. tu l'avais eu quand tu n'étais qu'une enfant. et tu l'as gardée car tu savais qu'un jour comme celui-là t'attendait.

la neige te rappelle les cerisiers en fleur, dans le jardin de ta grand-mère. tu ne sais pas vraiment pourquoi, d'ailleurs. ces reflets bleutés, sont loin du blanc rosé de ces arbres fleuris. mais pourtant, tu y penses, tu les vois voler dans les airs, comme virevoltent les flocons. puis c'est elle, que tu vois. où plutôt, une image d'elle, vague, dissimulée sous des couches de vêtements. elle grimpe vers toi. elle semble déterminée à arriver où tu te tiens, toi, tout en haut, au sommet. sans réfléchir, tu te lèves, dévale la pente, vers elle. tu t'arrêtes. un instant, tu regrette d'avoir été si impulsive. puis tu te souviens d'avant. tu veux changer. sois brave. « est-ce que tu... hum... as besoin d'aide ? » ta voix est chevrotante, peu sûre d'elle. mais tu dois faire un effort. tu peux être brave. tu dois croire en toi, en cette nouvelle toi.

t'avais envie d'arriver à monter car tu savais que la descente allait être merveilleuse. et puis débarquant de nul part tu vis une fille qui descendait la fameuse pente que tu escaladais. elle avait réussi elle. toi, tu y étais presque. elle s'arrêta tout près de toi. est-ce qu'elle voulait te narguer ? et bien non, elle te proposa son aide. ça te fit sourire. oh et bien je sais pas. je crois que je suis bientôt arrivée. et puis je veux pas te priver de la descente ! en fait, tu voulais y arriver toute seule. tu savais que tu pouvais alors tu continuais à marcher. il fallait que tu y arrives et il ne restait plus que quelques pas avant d'atteindre le sommet.

elle te dit que non, qu'elle n'a pas besoin de toi, et tu sais bien que ce n'est pas ce qu'elle veut dire, pas exactement, mais tu prends ce refus de plein fouet, là, comme un coup en plein dans l'estomac, comme si elle t'avait dis qu'elle ne voulait pas de toi, spécifiquement. alors que tu sais bien qu'elle veut y arriver seule, tu l'as bien compris, mais tout ce que tu comprends, c'est que personne n'a besoin de toi. tu essaie de chasser ces pensées mais ce n'est pas facile. une fois qu'elles sont coincées, là, dans ton cerveau, c'est compliqué de les faire partir. mais tu essaies, tu ne perds rien à essayer. perdue dans tes pensées, tu remontes la pente distraitement. tu t'assoies à nouveau au sommet. tu contemples la neige sans vraiment la voir. du coin de l’œil tu vois la jeune fille, mais tu n'oses pas la déranger à nouveau. ton courage, léger comme une plume, s'est envolé en un instant.

tu ne voulais pas surtout pas la blesser. c'était pas ton intention. pas du tout. mais tu la voyais baisser le yeux. comme si tu lui avais vraiment fait du mal. tu t'en voulais presque. et puis tu te remis à grimper. t'avais envie d'atteindre le sommet et voilà que tu y arrivée. c'était beau d'ici tout ce qu'il y avait devant toi. et puis c'était haut. t'avais hâte de descendre ça. mais avant, tu t'approchais de la fille. je suis désolée. je voulais pas du tout te vexer. si tu veux on peut faire la descente ensemble !

tu rougis, embarassée. tu lui souris, maladroitement, tu ne veux surtout pas qu'elle se sente coupable, d'autant plus qu'elle ne t'a rien fais, la pauvre, elle voulait juste s'amuser. « non non non ne sois pas désolée! je ne suis pas vexée, pas le moins du monde, promis! tu avais envie de faire ça toute seule, c'est normal, j'aurais voulu tirer la luge jusqu'au bout sans aide moi aussi » tu lui fais un grand sourire. tu es sincère, et tu veux qu'elle le sente. tu ne veux surtout pas qu'elle se sente coupable. « et ne te sens pas obligée, vraiment, je suis désolée de t'avoir donné l'impression que je t'en voulais ou quelque chose comme ça, ce n'était vraiment pas mon intention... » tu l'aimes bien, cette jeune fille, et tu te sens mal de t'être comporté de cette façon.

t'arrivais pas vraiment à la cerner. tu ne la connaissais pas le moins du monde. mais elle avait l'air gentille. et paumée. un peu comme toi dans le fond. et puis vous aviez l'air bêtes à vous excusez comme ça. il ne s'était rien passé de grave de toute façon. et puis t'avais enfin réussi à monter tout en haut. t'avais hâte de tout descendre. alors tu grimpais sur ta luge et tu lui souris. souhaite moi bonne chance. ni une, ni deux, tu te laissa glisser. la pente était raide et longue. le vent tapait contre ton visage. t'aimais ça. ces sensations. t'avais l'impression de revivre des moments passés.

elle grimpe sur sa luge, te souris. tu lui souris en retour, tu te sens un peu mieux, elle n'a pas l'air de t'en vouloir. tu lui souhaites bonne chance, les yeux pétillants d'excitation, un peu comme elle, même si toi tu ne vas pas descendre, elle a l'air tellement impatiente, avide de s'élancer sur la pente, c'est contagieux. tu la regardes disparaître de ton champs de vision, tu te demandes si elle va remonter. tu espères que oui, parce que tu as envie de lui demander comment c'était, ce que ça faisait, de dévaler la pente. tu veux voir son visage s'illuminer de joie, d'excitation. tu aimes voir les gens heureux, voilà tout.