LE TOI DU MOI

Aujourd'hui t'as envie de tomber amoureux.

Aujourd'hui t'étais seule, errante, à la recherche de personne et de tout le monde.

Aujourd'hui tu t'es écrasée, juste là. Ta main essuie ce rouge sur ta jambe.

Tu veux les étoiles dans le ventre et les papillons dans les yeux. Tu veux le cœur qui s'affole et qui se gonfle. Tu veux le silence et de trop longs regards qui disent votre amour. tu veux des bras, berceau de tes rêves de la nuit. Tu veux même les chagrins, mais seulement à la fin.
Tu t'en fiches si ça fait mal.
Après tout on dit pas TOMBER amoureux pour rien, tomber comme la fille-blonde que tu aides à se relever avec son genou tâché vermeil. Tomber. Toi tu prends le risque.
Et.
Oh.
Voilà que tu croises la perfection sous les courbes et le regard d'un ange qui se donne des airs vagabonds.

une fille vient de s'écrouler devant toi. elle saigne. un peu, beaucoup, t'en sais rien, parce que
insensible à la scène, ton regard se perd, il est ailleurs. capté, attiré et envoûté, par la belle personne, sauveuse de l'autre, cascadeuse.
t'approches.

Le dictionnaire n'est même pas fait d'assez de mots pour la raconter, et même s'il y en avait, ils ne suffiraient pas à faire le tour de sa personne.
Si tu devais l'expliquer à quelqu'un, tu dirais
BOUM BOUM
C'est le bruit que fait ton cœur à sa vue.
Et puis ses yeux s'agrandissent, elle s'impose de plus en plus dans tes yeux la fée, et vous êtes très proches soudain. Assez pour que tu passes sa main sur son visage en une grande caresse. Et c'est tout. Ce que tu peux faire.
Muet de tendresse.

léger contact entre vos deux âmes, qui s'unissent, qui se comprennent. ça réchauffe, le coeur. proximité insatiable, proches, trop proches. occultant le monde, autour, l'autre monde. tes yeux s'accrochent aux siens, ne peuvent plus s'en détacher. absorbés dans leur contemplation, ce que tu y vois n'a pas de sens. vous ne vous connaissez pas, et pourtant.
un mot, un seul, juste toi. 'alix'

Tu as le cœur plein de choses que tu n'expliques pas. Toi qui a toujours des pourquoi à la bouche, tu ne cherches pourtant pas à comprendre.
Tu as autre chose à faire.
- Alix.
Le tintement de sa voix est ce que tu semblais attendre depuis des millénaires.
Tout ce que tu peux faire c'est faire tourner son nom dans ta tête comme un manège pour les enfants, le répéter à tes tympans.
Alix Alix Alix.
Vous êtes tous les deux faits de ixes. Faits l'un pour l'autre.
Maxence.
Alix.
Alors tu la mets toi aussi dans le secret de ton prénom.
- Maxence.

Une main se tend à toi. Un léger sourire en guise de réponse, accompagné d'un "merci". Tu te relève, et la voilà, la scène. Le temps s'arrête, tu le comprends bien vite. Tout passe en noir et blanc, ils ne sont que deux. Tu les regarde, captivée. T'en oublie même ta blessure. C'est beau. Tu es en trop, évidemment. Mauvais moment, mauvais endroit. Non. Non, tu es là où tu devrais être. Tu devais assister à ça. Une sorte de coup de foudre boiteux et indécis, mais qui a tout de même pointé le bout de son nez.

maxence.
il était une fois, deux inconnus, deux ixes. deux êtres nés pour se rencontrer. spectatrice de votre histoire, une jeune femme à la jambe écorchée, devient le témoin de ce jour sacré. la terre vient de s'arrêter de tourner, les aiguilles des horloges se sont immobilisées. plus rien ne bouge, même le vent s'est incliné devant la scène à laquelle il assiste. et on entend, à travers ce brouhaha de silence pur, deux coeurs qui battent, à l'unisson.

Alix Maxence.
xx
Ta petite croix reste immobile devant toi, tu voudrais qu'elle le soit entre tes bras mais tu ne bouges pas d'un doigt. Et ton cœur, il t'échappe, tendrement.
Tu pars pas à sa recherche, tu sais où il est.
Finalement ce n'est pas à toi ou aux autres - la blonde blessée témoin de ce qui se fabrique entre vous - que tu as envie d'expliquer pourquoi/comment ça tape dans ton cœur. C'est à elle. T'as envie de l'emmener faire le tour du monde pour qu'elle comprenne le voyage que tu fais quand tu tombes dans ses yeux :
tour du monde.
T'as envie de choses simples aussi. Qu'elle écrive son adresse dans ta main pour que tu ne la perdes pas, qu'elle t'embrasse sous l'oreille.
Tu prends sa main.
Tu l'emmènes jusqu'à ton cœur.
- Tu sens ?

et pourquoi ça frappe, comme ça, dans ton coeur. boum, boum. ça te meurtri de l'intérieur. boum, boum. comment se fait-il que ton regard se perde, plonge à l'infini dans ces yeux clairs. et que cette intimité entre vous puisse encore s'accroître. que ta main sur son coeur devienne passerelle entre son âme et la tienne.
t'as des questions, à toutes les réponses.
tu sens? oui, ça plane dans l'air, ça voltige autour de vous, partout autour de nous. rien n'est comparable. ça se sent.
et tu répètes, les mots, dans ta tête, qui se fraient un chemin jusqu'à tes lèvres. c'est, 'comme une évidence. et toi, écoute mon coeur, qui bat.' la virgule est posée. délibérée.
doit-on croire au hasard? aux choses qui ne devraient pas arriver mais qui se croisent sans le vouloir? tels deux inconnus, deux croix. la preuve, c'est vous.

- Comme une évidence. Et toi, écoute mon coeur, qui bat.
Elle dit « évidence » pour parler de vous, tu sais pas trop ce que ça te fait, mais ça se passe dans ton ventre. Ça se tord de douceur là-dedans. Vous avez l'air bien sûrs de vous, les amoureux.
T'es rongé d'urgence soudain.
Tu penses que tout ce que tu sais d'elle, c'est son prénom, Alix, avec la petite croix à la fin. Tu penses à toutes les choses que vous n'avez pas encore fait ensembles, et ça te paraît très grave.
Tu sais exactement par où commencer : en lui demandant plus ou moins, tu lui prends sa bouche, tu en goûtes le sucre, tu te réinventes sur ses lèvres.
Roméo.
Fou de sa Juliette.
Tu tombes. Amoureux. Malade. Tu as la mononucléose d'elle, la maladie des amoureux, la plus belles, celle qui réchauffe et qui fait mal à la fois.
Tu mets tout ce qu'il faut dans ton baiser pour qu'elle comprenne que tu n'en veux pas à son corps, mais à son cœur.
C'est lui qui t'intéresse.

t'as pas le temps. le temps de rien, ni de penser, ni de respirer, ni d'espérer. il est là.
contact direct, sur toi, en toi. il s'est frayé un chemin par tes lèvres, tout droit jusqu'à ton coeur, sans détour ni arrêt. il n'a pas eu besoin de plan ni de clef. ton petit ixe a trouvé sa place. et le pire, c'est que t'es consentante. et que tu ne t'es jamais sentie aussi vivante.
pourtant. t'es mitigée, continuer, repousser. est-ce que c'est ton genre à toi, d'embrasser les inconnus? maxence n'est pas un inconnu. il a toujours fait parti de toi, seulement il sommeillait et là, il vient de faire surface.
alors, tu l'embrasses. tu l'embrases. douceur ardente, passion brûlante.
et là le monde peut bien s'écrouler, mourir, effondré. qu'est-ce qu'on s'en fout.

(c'est tellement beau ce que tu dis, ce que tu écris. je tombe amoureuse de toi en même tant qu'alix de maxence. :pink:

)

Est-ce parce qu'elle rayonne encore mieux que le soleil ? Est-ce parce qu'elle est fabriquée de ixes comme toi ? Est-ce parce que sa voix égale en beauté le bruit de la mer ?
Tu veux comprendre toi.
T'es comme un enfant.
C'était peut-être écrit dans les étoiles, t'y as pensé à ça ? Calligraphié au marqueur, votre amour, dans le ciel. Impossible à effacer. À éviter. Et vous le savez dans le fond de votre âme. C'est pour ça que votre baiser entre inconnus ne vous choque pas.
Mieux.
Ses lèvres te propulsent dans l'espace. Alix c'est une fusée. Tu profites du voyage. Avant de retomber les pieds sur terre. Et d'ouvrir les yeux sur son visage.
Tu t'en lasses pas.
C'est ton tableau préféré.
- Je t'adore à l'égal de la voûte nocturne.
Et là c'est comme si tu lui disais "je t'aime" au travers des mots de Baudelaire.
Au travers, de travers.

Spoiler:

- Je t'adore à l'égal de la voûte nocturne.
sa poésie t'éblouis. tu voudrais, te jeter dans ses bras, faire fondre vos deux corps ensemble, les unir dans une dalle de béton, les rendre prisonniers, pour l'éternité. que jamais, rien, ni personne, ne puisse vous séparer, rompre ce moment, briser votre union.
les mots franchissent la barrière de tes lèvres de façon si naturelle, que tu t'en étonnes toi-même. c'est peut-être parce qu'ils n'ont jamais été si sincères.
'nos deux cœurs seront deux vastes flambeaux,
qui réfléchiront leurs doubles lumières
dans nos deux esprits, ces miroirs jumeaux'
charles, merci, merci d'avoir posé des mots sur ce que tu ressens en cet instant.

- Nos deux cœurs seront deux vastes flambeaux,
qui réfléchiront leurs doubles lumières
dans nos deux esprits, ces miroirs jumeaux.
Amen - c'est ce que tu crierais bien aux étoiles, à la voûte nocturne qui a volé sa couleur aux yeux d'Alix. Amen à votre amour.
- Ne cherche plus mon cœur, tu l'as mangé.
Tu te plais à piquer les mots de Charles-Pierre, t'autorises à les tourner à ta manière. Tu te doutes bien que tes mots sont pas à la hauteur, à sa hauteur :
Alix, avec la petite croix pour finir en beauté.
Et puis c'est bien, ces mots empruntés, ça permet de contourner le « je t'aime » qui arriverait trop tôt. Tu t'es déjà autorisé le baiser.
Doucement, Maxence.
Pousse pas ta chance.
Maintenant tu redoutes à la vie, le retour à toi. T'es en pause là. Tu voudrais être comme ça pour toujours. Calme en dedans. Le cœur qui chantonne. Avec elle évidemment. Cachée dans tes bras.

il ne faudrait pas bousculer la vie, ou renverser le destin. ils risqueraient de se vexer. tu ne veux rien déclencher, t'as trop peur de faire fuir le bonheur.
- ne cherche plus mon cœur, tu l'as mangé.
t'as jamais entendu quelque chose d'aussi beau. tu voudrais, graver ces mots, sur la pierre, et sur la peau. au marqueur indélébile, à la pointe de la lame. tant pis si ça fait mal. ça doit rester, figé, que dans mille ans on s'en souvienne encore, et qu'on se mette à raconter l'histoire, des deux ixes qui se sont rencontrés.
'on a beau tout rêver, tu dépasses le rêve.'
victor semblait avoir assemblé ces mots rien que pour vous. comme s'il savait, qu'un jour, vous en auriez besoin.

- On a beau tout rêver, tu dépasses le rêve.
Souffle. Coupé.
Tu as du mal à voir au-delà de ses yeux, à dépasser son visage. Spectacle trop magnifique pour être négligé au profit de la découverte de son corps - qu'est-ce qu'elle porte sur sa peau, dans ses pieds ?
Probablement une robe d'étoiles et des nuages en forme de sandales.
Tu te contentes de ton imagination pour le moment, retenu prisonnier par la beauté de ses traits. Tu t'intéresseras au reste plus tard.
Alix.
Son prénom n'en finit pas de te fasciner, tu te lasses pas de le faire danser à la limite de tes lèvres.
- La courbe de tes yeux fait le tour de mon cœur.
Tu repousses l'heure où tu devras utiliser tes mots à toi pour lui parler. Champions de la médiocrité.

- la courbe de tes yeux fait le tour de mon cœur.
et ce dernier, le tien, s'excite, palpite, on croirait qu'il ne peut supporter, tant de poésie, tant d'amour. sur le point d'exploser. et que tout l'amour contenu dedans, s'éparpille autour de toi, rejoigne la cible, petit ixe, pour lui montrer combien ses mots, te font tomber en pâmoison.
quelque chose change. quelque chose à l'intérieur frappe, hurle, t'ébranle. des souvenirs, par milliers. qui sont les plus beaux, mais qui font mal, tellement mal, que des perles de nacres se forment dans tes yeux. t'avais réussi, durant un instant, à l'effacer de ta conscience. lui. le gars de paris. l'unique homme de ta vie.
alors, t'ajoutes, finalité, moralité,
'il n'y a pas d'amour heureux.'

(je te dédie mon 200e post. :pink:

)

Peut-être que tu mens sur toi en volant les mots de Paul Éluard. Tant pis. L'illusion te plaît, et puis peut-être qu'elle finira par prendre le dessus sur toi pour que Maxence-bruit n'existe plus, que Maxence-Alix ait de la place.
Et puis vous (re)basculez dans la vie.
Patatra.
- Il n'y a pas d'amour heureux.
Dit-elle. Voix éteinte.
Tu reconnais les mots d'Aragon mais à la façon qu'elle a de les dire - lâcher, cracher - elle pourrait tout aussi bien les avoir inventés. Ça s'affole du côté de ton cœur.
Tu la regardes.
Deux yeux, deux cosmos entiers. Un nez. Trompette. Et une bouche. Créatrice de merveille et de la boule brûlante dans le coin de ton ventre.
Tu as une voix minuscule.
- Pou - pourquoi tu dis ça ?
Retour en Maxence.
Malchance.
Tu pensais que y avait que les bateaux pour te donner mal au cœur comme ça.

Spoiler:

- Pou - pourquoi tu dis ça ?
ça te blesse. cette petite voix, hésitante, où la tristesse se fait entendre. ça te blesse. durement, horriblement. une flèche plantée en plein coeur. t'as pas d'explications, petit ixe, aucun mot qui te vient pour donner du sens à tout ça. t'es perdue. t'as besoin de lui, mais, doucement, à ton rythme. t'as besoin de temps aussi, pour remettre de l'ordre dans tes pensées. de l'ordre dans ta vie. t'as besoin de redéfinir le mot confiance, de pouvoir y croire sans être poignardée. une seconde fois. car si ça re-arrivait, c'est sûr, tu succomberais, pour de bon, pour la fin. t'encaisserais pas, tu te laisserais crever, doucement, certainement.
tes silences et tes yeux suffisent à exprimer le tumulte de sentiments qui se provoque au fond de toi.

Maxence.
Pas d'chance.
Ton cœur s'affole et puis soudain on dirait qu'il tombe, tombe, il a pas su encaisser le choc. Tu sais pas où il termine sa course, tu sais juste que là où il est, il ne fait plus un bruit. Lui qui résonnait-bonheur dans tout ton corps comme un dingue jusqu'à il y a une minute.
Il fait moins le malin. Comme toi.
Baudelaire est loin.
Tu remarques les boules de larmes au bord de ses yeux, menaçant de se jeter dans le vide sur ses joues. Vite, tu les embrasses, tu les effaces.
- Alix, Alix, qu'est-ce que j'ai pu faire de travers pour que ça te donne envie de pleurer ?
Musset, help.

quelques baisers. un, deux, trois. tu les comptes. tu mémorises chaque goût qu'ils ont. chaque baiser est de plus en plus troublant. la certitude, c'est qu'il n'y en a pas assez. c'est que t'en redemande.
alors, tes bras s'accrochent autour de son cou, comme ils pourraient s'agripper à une bouée de sauvetage, tu approches son visage du tien et vos lèvres s'assemblent, jusqu'à que l'on ne puisse dissocier, vos deux corps enlacés.
- Alix, Alix, qu'est-ce que j'ai pu faire de travers pour que ça te donne envie de pleurer ?
tu souhaiterais le rassurer, lui dire que ce n'est pas sa faute. que la seule fautive, c'est toi, c'est ta vie. la vie. que t'es pas prête à ouvrir grand ton coeur, et que tu sens bien que, ton petit ixe, il le voudrait. ne pouvant pas satisfaire ses désirs, ça te ronge, de l'intérieur. l'inutilité se fond avec ton nom.
tu voudrais que, quelqu'un t'aide à assembler les mots. à les mettre dans le bon sens, dans le bon ordre. que tu saches dissocier ceux qui font du bien, et ceux qui font du mal. car toute seule, tu t'en sens bien incapable. finalement, c'est les mots d'un autre, qui résonnent dans ta tête, et dans l'air. deux petites strophes, quelques vers, plein de vie, plein de sens.

J'ai perdu ma force et ma vie,
Et mes amis et ma gaieté;
J'ai perdu jusqu'à la fierté
Qui faisait croire à mon génie.

Quand j'ai connu la Vérité,
J'ai cru que c'était une amie ;
Quand je l'ai comprise et sentie,
J'en étais déjà dégoûté.

Tu te rends compte que sur le chemin de votre amour, tu l'as perdue, déjà, tu la vois, toute lointaine, un petit point doré à l'horizon, comme une étoile. Tu devines qu'il y a quelque chose qui bloque, un truc que ton cœur n'est pas prêt à aller chercher.
Elle parle.
Ses voyelles et ses consonnes ne font pas sens dans tes tympans. Tu t'y perds, tu te perds. Et toi il le ne reste plus que le souvenir brûlant de son baiser, s'attardant sur ta bouche, traînant dans ton cœur.
Maxence.
Souffrance.
T'entends plus ton cœur qui résonnait partout tout à l'heure, il a dû se tirer, ou alors il est mort, et tu l'as pas senti s'achever au milieu de toute cette peine.
Alix, Alix, petite croix tournoie dans ta tête.
Elle s'est glissée sous ta peau et maintenant c'est elle qui fait vivre ton corps, faut qu'elle continue de s'accrocher à toi. Tu viens juste de la trouver, tu veux pas qu'elle s'échappe déjà.
Tes mains soutiennent son visage, on dirait qu'il va tomber, qu'elle va s'effondrer.
- Eh, regarde-moi ... J'aime, ô pâle beauté, tes sourcils surbaissés, d'où semblent couler des ténèbres, tes yeux, quoique très noirs, m'inspirent des pensées qui ne sont pas du tout funèbres.