Faire les courses. Il fallait bien que ça t'arrives un jour ou l'autre. Tu évitais toujours cette corvée lorsque tu étais chez papa-maman pourtant, il fallait bien que tu voles de tes propres ailes. Tu savais que ce jour allait devoir arriver mais, tu n'étais pas prête. Soupirant, tu t'emparais d'un caddy puis, le traînais jusqu'à l'intérieur du magasin et là, tu arrêtas. C'était beaucoup trop grand, trop impressionnant pour tes petits yeux. Une nouvelle fois, une légère moue prit possession de ton visage et tu enfonças tes écouteurs dans les oreilles. Très bien, c'est parti. Te voilà en train de zigzaguer entre les rayons, te hissant sur la pointe des pieds pour attraper les articles les plus hauts, te baissant lorsqu'ils sont trop bas. Tu bouges légèrement ton corps au rythme de la musique, murmures des paroles qui ressemblent plus à du yaourt qu'autre chose. Tu t'arrêtes, le temps également. Tu regardes autour de toi, personne. Tu prends donc le risque. Une poussée d'adrénaline, un peu d'élan et voilà que tes pieds quittent le sol alors que tes bras agrippent le caddy. Tu te laissais glissée, prête à aller très loin de cette façon seulement... Boom! Tu n'avais pas réellement fait attention au présentoir et maintenant, un bordel monstre se présentait à toi. Finalement, les courses, c'était pas si marrant... Tu laisses échapper un juron et prends le temps de réfléchir. Par où commencer...

Des courses, il fallait que tu en fasses, tu venais de trouver un petit appart très simple, et assez pour toi, mais pour y vivre, il fallait que tu puisses manger. Donc c'était le jour de courses, armée d'un sac et d'un liste, tu allais fonctionner à la semaine, ça devrait suffire, et tu reviendrais la semaine prochaine. Mais pour le moment, tu te déplaçais à travers les rayons. C'était si grand, que tu avais l'impression de te perdre à chaque fois, ne sachant plus exactement où tu avais trouvé tel ou tel produit. Quelque chose attira ton attention, tu vis une jeune femme, sur son cadis, littéralement, qui fonçait droit vers un comptoir, tu aurais voulu la prévenir de faire attention, mais il était déjà trop tard. Tu accourras dans sa direction. « Vous allez bien ? » Tu essaye de ne pas rire, parce qu'elle avait fait un vrai massacre, et que si elle avait quelque chose, ça serait moins drôle.

Qu'est-ce que t'es conne. Sérieusement, au lieu de faire les courses comme toute personne normale toi, tu décides de monter sur ton caddy dans le but de te laisser porter, telle une enfant de quatre ans à peine. Cela, faisait longtemps que tu n'avais pas agi de cette façon, cela faisait longtemps que tu n'avais pas fait de vraies courses. Seulement aujourd'hui, tu n'avais pas trop le choix, tu étais bloquée ici alors que tu n'aurais dû être que de passage. Maintenant, tu es là, à contempler le carnage qui s'offre à toi, ne sachant pas vraiment par où commencer. Finalement, une jeune femme vient en ta direction. Elle te demande comment tu vas et tu esquives une légère grimace en t'emparant de l'un des paquets de gâteaux que tu as renversé sur le comptoir. Je crois que je vais beaucoup mieux que ce paquet de cookies ! Tu ne peux t'empêcher de rire parce qu'il faut l'avouer, la situation est plutôt étrange et, elle doit surement te prendre pour une folle.

Tu attends sa réponse, en te retenant de ne pas rire, pas maintenant, pas encore. Lorsqu'elle attrapa un paquet de cookies, tu le regardes tu exploses, tu ne peux plus tenir, c'est trop fort, et elle rit avec toi, parce que c'est drôle. Toi aussi tu avais eu envie de sauter sur ton caddy, comme quand tu étais enfant, mais tu n'avais pas tenté, de peur de foncer dans quelqu'un. L'inconnue, elle, l'avait fait, sans peur. « Je dois avouer que tu as mis un sacré bordel ! » lâchas-tu en souriant. « Besoin d'aide pour tout remettre plus ou moins en ordre ? » Tu regardais le sol, même si le comptoir, lui n'avait rien, ce qu'il contenait, n'était pas toujours en bon état, comme le paquet de cookies par exemple.

Les conneries, tu les enchaînais. Tu faisais tout ce qui te passait par la tête. Tu n'avais pas grandi, tu grandirais sans doute jamais. Une gamine. C'est ce que tu étais. Tu agissais et seulement après, prenais la peine de réfléchir. Tu levais les bras au ciel d'un air innocent avant de t'emparer d'un paquet de cookie que tu lui montrais. Le pauvre, il était dans un sale état. Tu avais à moitié roulé dessus et, tu n'imaginais même pas l'intérieur. Tu te mis à rire et il fallut peu de temps à la jolie blonde pour se joindre à toi. Tu n'étais pas douée, autant l'avouer et comme elle le disait si bien, tu venais de foutre un sacré bordel dans le magasin. Ce à quoi tu lui accordais une légère grimace en observant de nouveau tous les paquets éparpillés sur le sol. Et voilà qu'elle te proposa son aide. Bien sûr, tu en avais besoin seulement, qu'est-ce que tu pouvais accepter ? Non. Oh tu dois avoir mieux à faire... T'inquiètes pas, je vais m'en sortir. Tu lui adressais un large sourire en t'emparant d'un premier paquet. Le boulot ne faisait que commencer...

De toute manière, tu n'étais pas du genre à tourner les talons et la regarder de loin, en la pointant du doigt à chaque passant qui pourrait se demander ce qu'il s'est passé. Non, toi, tu aimes donner un coup de main, ajouter ton grain de sel, parce que c'est plus fort que toi, tu ne peux pas rester là, les bras croisés. Alors tu poses ton sac et tu t'approches et l'aide. « Je ne vais pas te laisser toute seule, ça ne serait pas poli. » Tu agrémentas ta phrase d'un petit sourire et ramassas tout ce que tu pouvait avant de le poser sur le comptoir.

Elle est bien gentille ton inconnue. Elle aurait pu tracer sa route sans se préoccuper de ta petite personne. Elle aurait pu t'engueuler aussi, c'était une option tout à fait logique. Or, elle a l'air bien élevée. Elle te parle de politesse et t'aide à tout ramasser. Tu lui souris en guise de remerciement. Elle te ressemble beaucoup. Peut-être pas physiquement or, depuis qu'elle est venue t'accoster, tu as la nette impression de retrouver une part de toi en elle. Elle est souriante, elle est polie et elle te propose son aide. Lorsque tu refuses, elle active tout de même et ça, c'est exactement ce que tu aurais fait si les rôles avaient été inversés. Pourtant, elle semble aussi plus sérieuse, réfléchie ou du moins, plus intelligente. Elle n'est pas montée sur son caddy elle ! Tu ne peux t'empêcher de rire en voyant les pauvres paquets de gâteaux. J'éviterai de monter sur mon caddy la prochaine fois que j'irais faire mes courses. Très bonne idée ! Comme quoi parfois, tu peux te montrer réfléchie toi aussi ! Je devrais te payer un paquet en guise de remerciements !

Elle ne pouvait pas s'empêcher de rire en voyant les paquets de gâteaux, et toi non plus. En même temps, comment rester sérieux face à cette situation ? Si tu avais été le gérant du magasin, peut-être que ça aurait été différent, mais tu n'étais qu'une simple cliente. Elle promis de ne plus jamais remonter sur son caddy, c'était bien dommage, puisque c'était très drôle. « Je pense que tu devrais juste t'entraîner à contrôler l'arrêt. » C'était une simple suggestion, mais en même temps, il était difficile de se procurer un caddy. Tu venais seulement d'y réfléchir. « Non, c'est tout à fait naturel ! » Elle voulait te remercier, et pour toi, un simple merci suffisait, tu ne voyais pas pourquoi elle devrait faire autre chose.

Tu ne baissais jamais les bras. Tu allais toujours au bout de tes idées. Tu faisais ce dont tu avais envie. Tu étais montée sur ton caddy et maintenant, tu te promettais de ne plus le faire car il faut bien l'avouer, c'était dangereux. Elle, elle te conseillait plutôt de t'entraîner et, cela te faisait bien rire. Elle te comprenait alors que personne ne s'en donnait vraiment la peine. Tu te mis à rire tout en acquiesçant d'un simple geste de la tête. Ouais t'as raison ! Tu allais suivre ses conseils car elle t'avait l'air d'une fille bien. Au lieu de te prendre pour une folle, elle t'encourageait à poursuivre sur cette voie. Elle était super cool et plus le temps passait, plus tu savais que tu allais l'aimer. Elle refusa ton paquet de gâteaux et c'était surement mieux ainsi car ils devaient être en petits morceaux. Tu lui proposas donc autre chose : Bon bah un verre alors ? A moins que tu aies des choses de prévues. Après tout, elle avait surement mieux à faire que passer du temps avec une pure inconnue.

Elle était d'accord avec toi, elle allait s'entraîner, et tu avais hâte de découvrir ça, tu ne sais pas pourquoi, mais après tout, le caddy pourrait faire un nouveau sport à la mode, doit y avoir pas mal de trucs à faire avec, faut juste les trouver. « Je serais plus d'accord pour un café. » Ce n'était pas ton truc, du boire en pleine journée, surtout que tu n'avais pas fait tes courses avec tout ça, il serait peut-être temps de t'y mettre une fois que tu auras quitté ton inconnue. Mais avant que tu n'oublies, tu ajoutas quelque chose. « Mais je me le paie ! » Tu venais de dire non, pour qu'elle t'offre un paquet de gâteau, tu n'allais pas dire oui à un café, tout cela serait illogique, même pour toi.

Tu l'aimais bien cette inconnue. Tu ne la connaissais pas mais, tu l'appréciais déjà. Elle était souriante, elle était de bons conseils et semblait te ressembler sur pas mal de choses. Va pour un café alors ! Finit-elle par accepter. Tu lui souris avant de remettre en place les dernières boîtes de gâteaux. Tu essayais de remettre de l'ordre sur l'étable quand elle te précisa que c'était elle que se le payait. C'est pas possible, toi qui essayait d'être gentille et de lui rendre la monnaie de sa pièce, il faut croire que c'était raté pour aujourd'hui. T'es têtue comme fille ! Tu ne pus t'empêcher de le faire remarquer avant de te mettre à rire. Ce n'est pas pour ce que coûte un café. D'ailleurs en parlant d'argent, tes courses n'étaient toujours pas faite à l'exception de quelques bricoles qui trainaient dans ton caddy.

Sa remarque te fis sourire, et d'un côté, tu avais l'impression qu'elle t'avait cernée, qu'elle savait qui tu étais, comme si elle te connaissais, alors que ce n'était pas le cas. « Toujours ! » Tu lui décroches ton plus beau sourire. Il est vrai que quand t'avais une idée en tête, t'avais du mal à en démordre. Mais t'étais ainsi, et ça ne faisait pas de toi quelqu'un de méchant ou de mauvais. Juste déterminée, parfois peut-être trop. D'un pas décidé, il était temps pour vous de vous dirigez vers la sortie, en passant par les caisses, tu n'avais pas grand chose en courses, mais tu pouvais payer ce que tu avais, pour le moment, et revenir par la suite.

Spoiler:

Tu ne la connaissais et pourtant, c'était tout comme. Tu avais bien compris qu'elle était bornée et à vrai dire, tu l'étais tout autant habituellement. Pourtant aujourd'hui, tu n'avais pas envie de débattre pendant des heures et des heures avec elle du coup, tu te contentas de lui sourire en guise de réponse et levant les bras aux yeux d'un air désespéré. Tu baissais les bras. C'était bien la première fois depuis que tu étais arrivée à Banff. Ainsi soit-il, ce sera surement pas la dernière. Tu la suivis jusqu'aux caisses, prenant deux-trois trucs au passage parce que ton caddy était complètement vide. Tu le déposais à la sortie, payas de ce que tu avais dans les mains et reportas ton attention sur la jolie blonde. Tu connais un bon café dans le coin ou pas du tout ? Il doit bien y en avoir un dans ce centre commercial... Toi, tu ne connaissais pas tellement la ville, ça faisait que quelques jours que tu étais là donc...

A sa question, tu fis mine de réfléchir, il est vrai que t'étais là depuis presque une semaine maintenant, donc y a certains trucs que tu connaissais, comme le chemin du belvédère, que t'aimais emprunter, mais tu n'avais pas tout repérer, cette ville était bien trop grande pour toi toute seule, et pourtant, tu savais qu'il y avait un café dans ce centre commerciale, parce que t'était passé devant ce matin et que sur l'enseigne, y avait écrit : French Coffee. « Il me semble qu'il y a un petit café qui se veut français, mais je dois avouer ne pas l'avoir essayé encore » Tu lui décroches un nouveau sourire, son visage, te dis quelque chose, tu es presque sûre d'avoir croisé sa route, mais ta mémoire te fais défaut, pour les visages, ils sont tous pareils ou presque pour toi, tu retiens les noms, et le sien ne te reviens pas, pas encore.

Plus tu la regardais et plus tu te demandais si tu ne l'avais jamais rencontré auparavant. Sa tête te disait quelque chose. Tu avais une bonne mémoire photographique habituellement pourtant dernièrement, tout semblait différent, tout se mélangeait. Pas grave, ce n'était pas le plus important pour le moment, tu avais besoin d'un bon café après cette séance de course plutôt étrange. Un café français dit-elle ? Ton sourire s'agrandit et tu te retenais pour ne pas sauter de joie sur place. Comme à la maison. Parfait, je pense que ça fera l'affaire. J'ai vraiment envie de savoir ce que ça donne ! Est-ce qu'il était aussi bon que celui qu'on avait l'habitude de te servir dans les rues de Paris ? Tu allais bientôt de savoir et tu avais vraiment hâte.

Le café était dans ton champ de vision, et d'un pas calme, tu te dirigeais là-bas. Une fois à l'intérieur, tu détaillas la pièce des yeux, quelques tableaux de Paris, cela te fit chaud au coeur, de voir ta ville, elle que tu avais quitté il y a deux mois maintenant. Et c'est en t'asseyant que tu eu une révélation. « On s'est pas déjà vu dans un café à Banff ? Il y avait mon inconnu du belvédère, Ulliel, je crois qu'il s'appelle ! » Tu en étais sûre, c'était elle, tu n'avais plus son prénom en tête, mais maintenant tu en étais quasi certaine. Et ce Ulliel, que tu n'avais pas revu depuis, il devait toujours bien rire de toi. La serveuse approcha pour prendre votre commande, tu pris un café, et laissa la parole à la petite blonde avec toi.

Paris c'était tout simplement la plus belle chose qu'il y avait au monde à tes yeux. La France, c'était ton pays natal, une partie de toi que tu le veuilles ou non. Tu avais fait le tour du monde or, tu revenais toujours au point de départ, c'était comme une évidence. Dans le café, tu avais l'impression d'être chez toi à peine avoir posé le pied à l'intérieur. C'était beau, spécieux, grandiose, il ne manquait plus qu'un réel décor. La tour Eiffel te manquait, les touristes également. Tu tournais la tête vers la petite blonde, elle semblait tout aussi absorbée, c'est là que tu compris. Tu viens de France toi aussi ?! Tu pris place en face d'elle et là, se fut comme une révélation. Elle te parla d'un café, d'Ulliel et tout de suite tu compris. Anya. Oh oui, tu es Anya ! Ton sourire s'agrandit, tu aurais du faire le rapprochement plus tôt.

Elle t'avais percé à jour, en voyant ta tête s'émerveillée sur les clichés de Paris, sa question ne se fit pas attendre. Tu tournas la tête vers elle en souriant, parce qu'elle avait raison et plutôt deux fois qu'une. « Oui, j'habitais à Paris ! Et toi ? » Toi tu te sentais nulle, parce que tu n'arrivais pas à se souvenir de son prénom, que tu ne savais plus comment s'appelait cette petite blonde pétillante. « Exact, mais moi je ne me souviens pas du tien.. »

Elle venait forcément de Paris ou du moins, de France. Si ce n'était pas le cas, cela voulait dire qu'elle rêvait d'y mettre les pieds un jour. Ca se voyait à sa façon de contempler les tableaux. Tu avais vu juste, Paris ! Ton sourire s'agrandit de plus belle. C'est dingue ça, je viens de Paris aussi ! Même si cela faisait deux bonnes années que tu avais quitté la capitale pour te promener dans les divers pays du globe. Tu pris place en face d'elle, te rappelant à ton tour qui elle était. Par contre elle, elle ne se souvenait plus de ton prénom. Il faut dire que vous vous étiez croisées. Toi, tu avais une bonne mémoire c'est tout. Je m'appelle Eliana. Te présentas-tu donc pour la seconde fois.