tu t'retrouves, encore une fois, au même endroit, mais jamais sur le même lieu. c'est les mêmes sensations qui t'accrochent, qui te propulsent et te clouent au sol. t'es coincée, joli corps de poupée consentante, sur le sol froid de la route. les yeux grands ouverts sur le monde, sur la nuit, sur les étoiles. encore une fois, tu dessines de ton imaginaires la route brillante du destin.

tu rentres chez toi, t'as un peu trop bu sans doute. les ombres s'agitent au tableau que dessine ton esprit embrumé. tu lèves le bras et tu balayes la nuit. parties les ombres, détruit le tableau. y'a plus qu'toi et cette route sombre qui te hante. encore une fois t'es perdu. pas vraiment, perdu. tu connais l'chemin, mais t'aimes dériver. comme une ligne droite qui s'transforme en courbe. comme deux traits qui s'entre-croisent. tu souffles et tu sens la vie s'engouffrer peu à peu en toi. la fraîcheur t'éveille, la froideur du silence te glace le sang. " je crois que j'suis perdu ", tu murmures en passant aux côtés de la silhouette. elle est belle cette fille, cette ombre qui se dessine dans la lumière des étoiles. est-ce réel ? est-ce ton imagination ?

tu l'entends arriver au loin, cette silhouette bancale qui marche droit contre un mur. à croire qu'elle le fait exprès, de tituber, pour tomber, et que quelqu'un le rattrape. tu vois son reflet dans les étoiles et t'y peux rien, toi t'es fixée au sol, accrochée au goudron.
« je crois que j'suis perdu. »
les illusions sont vaines, on peut les transformer à l'infini, c'est le pouvoir de l'imagination. viens mon petit, je vais t'apprendre, c'est pas compliqué, il suffit de savoir rêver.
« viens retrouver ton chemin. »
une invitation. fait halte dans ta route pas droite, pose toi et tu verras, tout ira mieux. et si c'est pas le cas, on trouvera une solution à deux.

t'oublies parfois qu'la simple présence d'autrui te rassure. t'es plus perdu. du moment qu't'es pas seul tu t'y retrouves. t'arrives à l'retracer le chemin vers ton cœur, vers ta tête, vers les étoiles. tu t'demandes pas ce qu'elle fait là. tu t'demandes pas pourquoi elle regarde la nuit. tu t'demandes rien, tu t'laisses guider par sa voix.
sa voix.
elle t'attire. elle pourrait t'effrayer, mais elle t'envoûte. c'est peut-être l'alcool, c'est sans doute la lune. t'es un loup, un loup du silence brisé. " t'es qui ? " tu murmures. toi aussi tu caresses le bitume. toi aussi tu t'accroches au goudron. tu relèves le visage et de tes yeux embrumés t'oses enfin la voir. comme si tu voyais
un ange
pour la première fois.

enveloppés dans un cocon, coincés entre un voile de nuit et la brute de naphte, engloutis entre rêves et désespoir. tu t'accroches à la lune et tu voles de boules de plasma aux autres, tu l'emportes avec toi dans l'ouragan des étincelles. tu vois, tu vois comme c'est beau, comme on se retrouve n'importe où ? c'est toujours le même ciel au-dessus de nos têtes, la même beauté qui nous entoure, qui nous protège.
« t'es qui ? »
parce qu'il faut être quelqu'un obligatoirement, être fixe et fixée, on ne peut bouger de sa place à partir du moment où on est rentré dans une case. t'es le félin qui chasse, t'es l'astronome qui voyage, t'es la poète qui se brise, t'es une fille à mecs, t'es une gamine aux jeux.
« je suis ta compagne pour la nuit. »
promis, je ne te quitte pas jusqu'à ce que la lune prenne sa révérence.
« et toi, t'es quoi ? »
tu changes la question, tu bouscules les règles, tes pensées vont volte-face.

Spoiler:

Spoiler:

tu suis son regard, t'essaies de les voir les étoiles, mais elles brillent trop fort, trop fort pour toi, trop fort pour ton ivresse. t'as l'coeur qui bat, gus, il se cale au rythme de son souffle. un, deux, comme un métronome qui s'endiable, vibre, court, puis s'arrête. tu sens plus rien, t'entends sa voix et tout s'évade. le loup s'envole, il te darde de là-haut. t'es où, p'tit loup. tu l'imagines voler, rejoindre la dame lune, crier un coup puis s'endormir. le loup est fatigué, ce soir, il a trop dansé. dis, toi aussi tu veux danser ? tu lèves la main et doucement tu frôles sa joue. comme un enfant qui croît encore aux rêves, comme un mioche qui touche la vie du bout des doigts. " t'es bien réelle " tu murmures en souriant.
t'es bien là.
t'essaies de voir les étoiles, mais c'est plus là-haut qu'tu les cherches. c'est dans ses yeux. ses yeux de louve qui ont emprisonné ton âme. cette nuit t'es plus rien, gus, cette nuit t'es à elle. la louve chante,
tu danses. " un nuage d'atomes, d'la matière brisée, un cocktail de songes éphémères ", t'es gus, t'es qu'un p'tit bougre.
t'en veux bien, dis,
d'un p'tit bougre ?

le silence prend place en ton âme, tes pensées s’assagissent, t'arrêtes de bousculer ton cœur pour qu'il ressente quelque chose. parce qu'il est là maintenant. l'homme de ta nuit est arrivé. pour te sauver et t'emmener au loin. ou pour sombrer avec toi dans la démence, le temps des rêves. c'est son souffle sur lequel tu te concentres, il est chaud comparé à la glace de l'air, t'aimerais qu'il t'enveloppe, qu'il te recouvre. de son corps ou de son être, tu ne sais trop.
c'est ta joue qui rejoins la réalité, ou qui part dans un songe, tu ne sais plus. tu sens son hésitation, comme si t'étais interdite, qu'il fallait pas. pourtant tu l'as bien invité, vous êtes à vous toute la nuit, à faire de tout et de rien.
« oublies les règles. »
qu'tu lui dis. oublies les règles et fais à l'instinct. je suis réelle, bien présente dans ton imaginaire. si il n'y a plus de lois alors tu as tous les droits. sois libre mon loup et je serais ta lionne. tu sens son regard se poser sur toi et tu te sens reine. sois mon roi, rend-moi belle.
sa poésie te parle, te bouleverse et ne te fais rien à la fois. tes pensées défilent, tes ressentis se brouillent. à peine arrivé et déjà reparti.
mais tu pars pas toi, hein ?
ton regard vient s'accrocher au sien, plus question de le lâcher.