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 ON S'ENDORT SUR DES BRAISES

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MessageSujet: ON S'ENDORT SUR DES BRAISES   ON S'ENDORT SUR DES BRAISES EmptyMar 8 Avr - 6:57

La boule de feu, ce soleil. Il se reflète sur l'eau, et les vaguelettes se jouent de lui. Elles le lèchent, elles l'aspirent. Ils les brûlent, les annihilent. Tous deux s'attirent et se repoussent. S'aiment et se détruisent. Toi t'es là, et t'admires. Les fesses dans le sable, t'acceptes l'astre qui te réchauffe le cœur et le corps.  Et puis tu t'assoupis, les pieds au bord de l'eau : Tu te sens juste bien.
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MessageSujet: Re: ON S'ENDORT SUR DES BRAISES   ON S'ENDORT SUR DES BRAISES EmptyMar 8 Avr - 8:20

Tu perds ton temps à mariner dans ces eaux.


Ils y étaient tous les deux, et ils ne s'étaient d'abord pas regardés. Lui, il faisait des ricochets dans l'eau, il attrappait un galet et puis il le jetait. Parfois rageusement, parfois sans réfléchir et ça faisait un gros plouf. Et il crirait, comme ça il criait « SALAUD REGARDE-MOI ! » qu'il hurlait, à la mer. « VOIS CE QUE JE SUIS PAR TA FAUTE MAINTENANT ! » C'était tout juste s'il pleurait. « ESPECE DE SALE CHIEN ! PAUVRE MERDE ! » Lui, il n'était pas en tenue pour la plage, on ne porte des mocassin, à la plage. Ni une jolie veste droite qui valorise la largesse des épaules et la finesse de la taille, ni de pantalon aux plis bien repassés, ni rien du tout. Lui il est fatigué, pas rasé, avec des mèches de partout. Elle, elle est bien, elle est correcte. Elle était arrivée ensuite, alors il ne s'était pas retourné, parce que qui arrive le premier a des droits sur les lieux. C'est stupide, mais il ne s'était pas retourné. Il faisait juste des ricochets, il avait l'impression parfois que les pierres se perdaient à l'horizon. Et ça lui faisait du bien, il se lâchait jusqu'à en avoir le souffle coupé, à hoqueter, suffoquer. Et il y a la lumière, tout autour la lumière, la lumière du soir. Le soleil te prend le côté, quand c’est comme ça, c’est une manière plus douce, les ombres se couchent démesurément, c’est une manière qui a en elle quelque chose d’affectueux – ce qui explique peut-être comment il se fait qu’en général il est plus facile de se croire bon, le soir.
Et pourtant, bien qu’indéniablement elle soit merveilleuse, la lumière du soir, il y a quelque chose qui réussit à être encore plus beau que la lumière du soir, et c’est précisément quand, par d’incompréhensible jeux de courants, caprices des vents, bizarreries du ciel, impertinences réciproques de nuées non conformes et circonstances fortuites par dizaines, une vraie collection de hasards et d’absurdités – quand, dans cette lumière unique qu’est la lumière du soir, inopinément, il pleut. Il y a le soleil, le soleil du soir, et il pleut. Ça, c’est le summum. Et il n’existe aucun homme, fût-il rongé par la douleur ou à bout d’angoisse, qui, devant une absurdité de ce genre, ne sente pas se retourner quelque part en lui une irrépressible envie de rire. Il ne rira peut-être pas, ou pas vraiment, mais si le monde était un zeste plus clément, il pourrait rire. Parce que c’est comme un gag colossal et universel, parfait et irrésistible. A ne pas y croire. Même l’eau, celle qui te tombe sur la tête, en minuscules gouttes prises de biais par le soleil bas sur l’horizon, ne ressemble pas à de la vraie eau. Ca ne serait pas étonnant si en la goûtant on s’apercevait qu’elle est sucrée. C’est dire. En tout cas, de l’eau pas réglementaire. Une générale et en même temps spectaculaire exception à la règle, un pied de nez magistral à toute logique. Une émotion. Au point que parmi toutes les choses qui finissent par donner une justification à l’habitude, sans cela ridicule, de vivre, figure certainement celle-ci, au-dessus même des plus limpides, des plus propres : être là, quand, dans cette lumière unique qu’est la lumière du soir, inopinément, il pleut. Au moins une fois, être là. Et ils y étaient, et parce qu'il pleut il se retourne. Il l'a ignorée d'abord, mais maintenant il se retourne. Elle est là, fesses dans le sable. Elle fait quoi il se dit. Elle attend. Elle attend quoi il se dit, avec ses cils si longs qui balaient ses joues.

Sempe n'a jamais regardé les gens que droit dans les yeux, alors il transperce les fines paupières fermées et violacées de la jeune femme de son regard, comme si ça pouvaient les faire s'ouvrir. Et elle le regarderait à son tour. C'était devant elle qu'il avait crié, comme ça, laissant couler une colère incompréhensible et insoupçonnée. Il voulait qu'elle aussi voit, il voulait qu'on constate que ça fait mal, ce genre de choses, que d'être vivant et de ne rien faire d'autre qu'à peine survivre.

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MessageSujet: Re: ON S'ENDORT SUR DES BRAISES   ON S'ENDORT SUR DES BRAISES EmptyMar 8 Avr - 9:16

Tu t'y serais attendue que ça n'aurait rien changé : les couleurs chaudes qui nimbaient le ciel, elles se muent peu à peu. Le soleil est toujours là, quelque part, mais des nuages viennent le recouvrir. Pas totalement cependant, et de la pluie s'abat sur ton minois offert. Tu te relèves d'un seul coup, et plutôt que de fuir, tu te mets à danser. T'aimes bien ce genre de temps, incertain et changeant. Le bout de ta langue est sortie pour goûter à la pluie qui, comme on s'y attendrait, a un léger goût sucré. Ce n'est pas bon : la pluie ne l'est jamais pour tes papilles. Mais ce n'est pas mauvais non plus. Les couleurs, elles changent, poussées par la nuit qui veut se faire une place. Dans des tons roses et orangés. Ca donne à l'étendue d'eau qui évolue devant toi un air surnaturel. Et tu le remarques, l'homme avec sa barbe de trois jours, et ses galets qui viennent friper la surface plane de l'eau.
T'as le cœur qui s'enflamme sous ce crépuscule, t'as le cerveau qui boue sous ces sentiments d'euphorie que tu ressens. Tu redeviens gamine, sous cette pluie légère qui se dépose sur la peau nue de tes bras. Il fait pas froid, mais il fait pas chaud non plus. Mais toi t'es bien, à bouger n'importe comment. T'étais pensive quand tu t'étais posée mollement dans le sable, mais maintenant, c'est comme si une musique résonnait dans ton crâne et te faisait te mouvoir, te sentir heureuse. Comme si une musique pouvait tout changer.
Et l'homme que t'avais à peine remarqué de prime abord, il s'approche. Il avait crié, mais t'avais pensé qu'il avait besoin d'être seul. Mais là, tu lui offres un regard intéressé, un regard curieux. Toi, ça t'étonne pas que tu restes là, mais personne n'aurait ce genre de réaction à part toi. Enfin, c'est ce que tu penses. Mais il reste là, alors tu demandes : « Toi aussi t'aimes bien ce genre d'atmosphère ? ». Ca te fait rire cet air classe qu'il a, avec ses mocassins, son beau pantalon, alors que toi t'as juste une petite jupe et un petit haut sans prétentions. Il a pas l'air d'avoir sa place ici, dans le sable. Tu lui attrapes les mains sans attendre une quelconque réponse, et tu danses avec lui en riant. T'as beau avoir vingt-six printemps, on dirait une gamine. Mais ça fait du bien parfois, d'oublier la dureté du quotidien, d'oublier tous ces pavés, tous ces parpaings pris dans la gueule. Et t'as envie que lui aussi il oublie la douleur qu'il semble ressentir.

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