Stryder monte la garde. Bon cabot.

Quatre piquets et une toile plus tard.

Ma guitare sommeille dans son étui, bordé pour la nuit, dans un draps de soie. Stryder me tiendra au chaud. Roi bâtard de tous les chiens, la nature n'a jamais rien fait d'aussi beau. Maman m'a dit, tes rêves s'enfuient, faut les rattraper avant qu'ils ne soient hors de porté.

Pas besoin de feu, ça cache les étoiles. Mes doigts dans sa fourrure, mon coeur à la maison. La tête dans l'herbe, les yeux au ciel.

L'eau est ma nouvelle amie , elle me fait flotter , elle me berce laisse une douceur sur ma peau. Voilà je ne sais combien de soir que je viens ici m'y plonger et ressortir sur la plage trempé et gelé.Le chant s'élève lentement de ma bouche et en regardant les étoiles j'essaie de leur chanter une comptine pour qu'elle me donne des réponses.

Stryder hausse l'oreille, captant quelque chose qui m'échappe. Elle dors, on monte la garde, on est deux soldats de la nuit, deux chevaliers aux dents bien aiguisées. L'herbe crisse sous des semelles, je l'entends maintenant. Une voix aigüe, un quelque chose de dérangeant. Il manque de mélodie, mais je ne peux pas déranger mon amour à six cordes, elle dors, comme un ange, comme un étoile.

Les feuilles et le vent. Le gars et son chien. Sa mère et la terre. Je m'en fous, j'ai dit.

Mes mains s'élancent dans le ciel comme si elles voulaient touchées la voute céleste . Je me sens comme une enfant qui songe , qui rêve et finira par s'endormir rassurée de leur éclat brillant. Mes sens ressentent une présence. Je me relève assise je vois une forme , une ombre. Que fait-elle cette ombre ? Cette âme errante proche d'une eau dansante. La brise me soulève encore plus haut , je m'approche. Comme si je ne voulais pas l'apeuré mes pas se font doux. Les seuls bruits perceptibles se perdent au creux du ciel.

Mon corps allongé dans l'herbe, à l'ombre de ma tente. Mon chien à mes pieds, mon feu dans mon coeur.

Quelques étoiles vers le nord, s'avance une âme. Une petite chose aux airs de demoiselle. Ma mère disait, les apparences, c'est comme un costume de carnaval que tu dois enlever plume à plume pour apprendre à connaître quelqu'un. Un sourire nostalgique sous ma barbe, une pensée lancée au vent.

Stryder aboie.

Un chien aboie et mon coeur fait un sursaut dans ma poitrine. Mes cheveux roses volent et mes yeux s'émerveillent. Je veux voir montre toi petite marionnette dans l'ombre qui se cache.Montre toi cher humain que la nuit à déposé sur mon passage.Laisse moi t'approcher , je veux résoudre cette énigme que mes prunelles ne cessent de contempler. Et enfin j'arrive à sa hauteur.«Qui es-tu ?» Ma voix souffle , elle résonne pour venir à lui.

Une question se balance dans le noir. Deux oreilles se font patientes pour une réponse. Stryder pose son museau humide dans mon cou, cherchant mes intentions. Il se recouche, sachant très bien que je ne peux rien lui cacher. Saleté de cabot, il aura toujours le dernier mot.
- Personne d'important, oh, et son frère à quatre pattes.
Stryder ferme les yeux, désintéressé. Mes yeux n'ont pas quitté le ciel, je me fous de tout, moi aussi.

Je n'ai peur de rien c'est ce que je sais. Je viens m'étendre à cotée de lui. Je rentre dans ta bulle , mais je ne pose pas de mots. On est là à observer les même choses , la même illumination , la même lumière .«Elles sont magnifiques non ?» Voilà pourquoi le soleil ne me capte. Je suis une vrais vampire qui fuie le soleil et qui revis au creux de la noirceur. Mes mèches sont encore mouillées et s'enroulent dans l'herbe. L'odeur de la nature nous enveloppe.

La fille s'installe. Elle me sort une banalité. Mes oreilles saignent.

- Si j'avais voulu savoir ce que t'en penses, je l'aurais demandé.
Sa proximité me mets mal à l'aise. Je suis sauvage, moins domestiqué que ma bête, moins habitué à me faire aimer des gens. Si je mens, ma mère me foudroie des cieux. La langue de Stryder, ma main, ma paix. Ma mère disait, qu'à force de garder cette rage en moi, elle finirait par me bouffer. Ce jour là, elle m'a acheté une guitare.

Je retourne dans ma coquille , finit la gentillesse.Mes crocs commencent à sortir , mais je ne vais pas mordre tout de suite.«À parce que tes pensées sont plus intelligentes peut-être ?» Je ris .Ce que tu ne sais pas c'est que peut-être sauvage moi aussi, une vrais bête. Pourquoi crois-tu que la nuit se mêle si bien à ma peau ? Vas y essaie toujours de me faire peur , mais je resterai là.

Elle avait cette manie de nommer les étoiles, mais de ne pas pouvoir les distinguer. Marie devenait Lucie et Lucie était renommée en Polly, puis le lendemain c'était la même histoire. J'avais proposé de toutes les nommer pareil, pour en finir une fois pour toutes. Elle m'a répondu, des larmes accrochés à ses cils, Mais elles ne sont pas pareilles, chacune d'elle est unique, t'es pas comme ton voisin, ton frère, ton pasteur, parce que vous avez tous les deux dix doigts, deux bras et un nez.

J'y ai pensé longtemps, et même si le nom de cette fille me file entre les doigts, je me souviens de ses yeux et des noms qu'elle donnait aux étoiles.

- Non, loin de là. C'est pour ça que je la ferme.
Stryder y était pas, mais moi je me souviens. Je ne nommerai pas les étoiles, je vais me contenter d'être con d'avoir oublié son nom.

Je pourrais voyager , mener mes pas dans le sens du vent , mais ces éclats brillants seront toujours les même. Le monde pourrait bien s'écrouler sur mon corps frêle je continuerai à les regarder et à vouloir les toucher. Maman restait parfois longtemps les prunelles fixées sur la voute étoilé. Elle caressait doucement mes mèches blondes qui ne sont en fait plus qu'un souvenir.Elle me disait , car chaque secret peut être dit , elles ne me trahiront jamais. Comment le pouvait-elle de toute manière ? Elles n'ont pas le sens de la parole et pourtant elle me rassure comme une caresse sur ma chaire.«C'est sans doute mieux ainsi si tu ne dis rien.» Je ne le regardais pas , ma flamme était éteinte. Elles avaient eu le don de m'apaiser.

La terre sous mon cul se fait plus tendre qu'un matelas de plume. Je sais pas ce que je dis, j'ai jamais dormi sur des plumes. Sauf la nuit passée dans un poulailler, mais c'est une autre histoire. Il y a un tournevis, une ancre à bateau, un jeu d'échecs et une clé qui n'ouvre aucune porte. De quoi rendre fous ceux qui s'accrochent aux règles plutôt qu'à leurs instincts. J'ai la tête ailleurs. Mes mains veulent toucher le ciel mais restent attachées à l'herbe bien enracinée dans la terre.

Peut-être qu'elle me donne raison, je sais pas, je m'en fous. Qu'elle reste ou pas, que demain arrive ou que la nuit dure pour toujours. Je suis là, et pas ailleurs, c'est l'important.

Je pouvais rester à cotée d'inconnu , je pouvais danser auprès d'eux , je pouvais leur parler , les observer , mais jamais je ne me dévoilais. Jamais il ne s'approchait d'un indice , d'une simple petite parcelle. La boîte se refermait aussitôt sur leur mains.Je les laissais voguer dans mes sourires malicieux , leur prunelles étaient apeurés et c'est là que mes éclats de rire jouaient dans la danse.«Sinon tu as un nom ?» Oui après tout on a tous un. Libre à nous de nous dévoiler face à ces corps. Libre à nous de ce rendre intime à eux. Mes soupires se perdaient dans l'aire. Tout mon être était dans cette oxygène.

Elle est encore là. Elle parle comme elle respire. Si mes prunelles n'étaient pas fixées aux étoiles, j'en lèverais les yeux au ciel. Ma mère a dit, le jour de mes dix ans, à frapper partout, tu vas finir par te retrouver seul dans une maison en ruines. J'ai pas de maison, mais ma vie est en ruines. Bravo maman, t'avais raison. Ton corps est ailleurs, ma ta voix est dans ma tête, avec moi, comme l'ange de mes tortures, me connaissant mieux que moi-même.

-Ouais, j'ai un nom. T'en as d'autres des questions stupides ?
J'ai un nom et une vie, j'ai un coeur et un corps. J'ai tout ce qu'il faut pour exister, ça veut pas dire que j'aime partager. Ça n'a rien de personnel, c'est un mauvais soir, un soir où elle me manque. Un soir où aucune femme ne sera aussi bien que ma mère.

Irrité comme une boule en feu , je ne pouvais point le toucher , point l'approcher. Si seulement l'éclat de ses étoiles étaient assez fort pour que je puisse plonger dans ses yeux. Malheureusement je me fracasserais contre un mur . Cette enveloppe lumineuse m'échapperait tout juste au bout de mes doigts.Ces mots sonnaient comme une gifle sur mon visage , mais je restais de marbre. J'avais dû mal à calmer ces flammes , à calmer cette tempête qui s'empirait dans mes entrailles qui soufflait dans mon estomac. «Ouais j'en ai une autre ça t'arrive d'être gentil un peu ?» Pourquoi je ne pars pas ? Je n'ai pas moi même la réponse en main. Sans doute ce ciel magnifique qui me pousse à rester allongé au creux de la braise.

Il y a eu cette fille un peu plus blonde que de nature, qui aimait que les choses soient faites à sa façon. On sors là ce soir, disait-elle, me tendant une chemise, parce que mon t-shirt était pas assez bien. On est ensemble, toi et moi, disait-elle, sans que j'aie fait quoi que ce soit d'autre que de lui rendre ses baisers. On s'aime, nous deux, disait-elle, à ses amis bêtes comme des mouches. Ce jour là, je lui ai dit que on n'existait pas, elle et moi, que c'était dans ça tête tout ça.

Depuis, je me dis que certaines filles ne peuvent pas penser comme un gars. Que celles là sont venimeuses, avec leurs idées de ce qu'on doit être. Elles pensent que l'amour c'est important. Que de s'apprécier ça veut dire s'aimer. Elles pensent que d'être bien ensemble ça dure toujours. J'attendais demain, et je t'ai trouvé en chemin, c'est pas plus compliqué, ça demande pas de promesses ni de pour toujours, pas de conneries de magasines de salles d'attentes.
- La seule personne à qui je dois d'être gentil, c'est ma mère. Je te connais pas, on se doit rien toi et moi.

Je ne suis pas la bienvenue alors je retournerai à la mère. Je retournerai mouillé ces petites écailles. L'eau me semble être ma maison depuis mon arrivé. On m'a comparé à cette créature marine fictive à cause de ces mèches rosées. À cause de ce visage qui pour certain. n'est pas digne d'une simple terrienne. Ma maman de son cotée m'avait toujours posé un diadème sur la tête. Elle me faisait poussé des oreilles pointu dans ces rêveries , j'étais là sa petite princesse. Une maman à la chevelure bleu , bleu comme l'océan. «Ce caractère dit donc !» J'aime provoquer , j'aime me brûler. Oui jusqu'au troisième degré , jusqu'à que ce je saigne que ce liquide ce tâche sur mes joues. Je vis de cette avidité. Je vis au besoin de m'alimenter.

Peut-être que ça l'offusque, les gens qui ont du chien, les gens qui aboient et qui mordent. Peut-être que je suis pas humain, mais je suis quelqu'un. Mes doigts ont des griffes, mes mots ont un tranchant. Les feuilles bruissent sous le vent, créant une note que je ne saurais pas nommer, ayant refusé d'ouvrir un livre, ayant appris avec le coeur. Mon coeur était plus gros, quand j'étais gamin. J'en ai jeté des éclats rongés par la vie pour marquer mon chemin, si j'ai un jour l'envie de retourner sur mes pas. On a tous nos malheurs et nos victoires, pas de quoi se croire uniques. Des flocons tous identiques, moi je vous dit. Que des têtes d'épingles givrées, pas de quoi en faire toute une histoire.

Pas de quoi en faire toute une histoire, de mon caractère d'homme des cavernes, si c'est la première fois qu'on se balance de ses beau yeux, c'est qu'elle a pas assez vécu.

Alors voilà j'avais échoué . Les dernières cartes avait été lancé . Une partie terminé je devais m'avouer vaincu chose que je ne fais que rarement . Je ne pouvais pas lui en vouloir d'être en amour avec la solitude , car je le suis aussi , je suis pris d'ivresse par mon être solitwire . Je me relève sans un mot et je file tout droit à l'eau . Oui je cours à la mort , oui elle est sans doute trop froide , mais je m'y sens bien et les etoiles sont plus jolie quand je flotte , quand l'eau me transporte.

Les yeux fixés sur mon orgueil d'imbécile, je la regarde pas partir. Je ne verrai pas ses cheveux danser dans son dos ou ses talons s'enfoncer dans la terre. Stryder me regarde comme le dernier des mortel, ses yeux dénonçant un, t'aurais pu faire un effort. Sauf que j'avais pas envie, je voulais le son du silence et me complaire dans ma connerie. Je voulais pas qu'elle soit là, me rappelant toutes celles qu'elle n'est pas.

J'entends l'eau remuer, pas bien loin, pas assez loin. Que les profondeurs l'emportent. De toute façon, je serai happé par le sommeil bien avant qu'elle ne reviennes. Stryder garde un œil ouvert alors que les miens se ferment à clé, m'enfermant dans l'au-delà, me ramenant au temps où elle était là. Je rêve chaque nuit à toi, maman.

Après avoir agité l'eau quelque temps j'étais revenu sur la plage m'allonger sur le sable . Je m'étais assoupie là sans aucun mot . Adieu cher inconnu.