Elle est  cet ectoplasme qui se dissipe dans les rues, croisant des visages inconnus…aucun regard. Elle ne retient aucune attention. Sauf celle de. De ces hommes qui lui sourient. Elle est jolie  - elle a la beauté vulgaire. La beauté Guess, Gucci, Versace. Elle n’a rien de Chanel, Dior. Elle erre. Saraï. Les yeux cachés derrière une paire de lunettes chourée. Il y avait cette belle femme, assise, la dernière fois, à la terrasse d’un café. Si. Si : distinguée, maniérée, polie. Bien fringuée. Saraï, elle n’y peut rien. Elle l’a envié. Elle envie souvent. Pour tout et n’importe quoi. Tout et n’importe quoi. Elle n’a jamais rien eu, jamais rien connu. Elle veut tout, elle le veut tout de suite. Elle est jeune et surtout conne. Saraï. La latine. Elle laisse ses iris parcourir, embrasser, embraser. Fauve, bras croisés sur une poitrine qu’elle a décidé de mettre en valeur. Pas pute, pas à la recherche de putophile. Elle chasse, elle chasse l’imbécile. Pas à la lance, pas à la sarbacane. Au sourire. Saraï, elle chasse qu’au sourire. Aux lèvres pleines. A l’attitude.  Elle a faim. Elle se souvient plus quand. Quand c’est qu’elle a vu sa bidoche fulminer, qu’elle a été rassasiée. Elle ne compte plus ces foutues heures.  Elle rôde alors qu’autour tout s’érode. Elle se pense montagne qui perd en altitude. Elle les voit arriver, ses victimes. Elle se prépare. Saraï. Elle ne veut faire aucune distinction. Homme, femme, fomme. Elle les prend comme ils viennent, la bouche en cœur. Quelqu’un finira bien par lui payer ses spaghettis.