Elle boite encore plus, elle s'assoit puis commande un café. Cette ville la rend malade, cette ville la rend irritable, mais au moins ici elle est tranquille. Rahma se lève soudainement jusqu'au comptoir et observe doucement la fille qui a l'air paumée. « Je te connais toi. » dit-elle finalement, elle lui dit quelque chose, c'est bizarre mais elle a l'impression de l'avoir déjà vu.

Elle détourne la tête vers Rahma, elle a vraiment l’air fatiguée. « moi aussi j'te connais. je sais pas d'où, mais je te connais. ça, j'en suis sûre. » La jeune femme s’assoit, ça lui fait mal de rester debout. « Ah bon ? Je suis pas censée être connue. » Cette fille lui disait un truc mais peut-être que c’était juste une impression ? « T’as l’air morte, pourquoi tu rentres pas dormir ? » Elle n’attendait pas vraiment de réponses à cette question. «  Tu viens d’où ?  Histoire que je vérifie si je te connais vraiment. »

« j'suis de Los Angeles. mais tu sais, le monde est petit... on s'est peut-être rencontrées ailleurs. » Non elle doit être en  train de se tromper, elle doit confondre avec une autre personne. « Enfin je n’ai pas beaucoup voyagé. » Elle a seulement traversé l’Europe, atterrie aux states et maintenant elle traine à Banff. « Je pense que je me trompe plutôt, si tu me connaissais … » Un petit rire sort de sa bouche. «  Peu importe, je pourrais avoir un autre café ? » Demande-t-elle au serveur.

« si.. je te connais. » Elle hausse les épaules. « Peut-être ou peut-être pas. » Elle lui dis quelque chose mais elle ne lui rien d’un autre côté, elle n’arrive pas à se souvenir, c’est bizarre ce genre d’impression. Après avoir commandé son café, la femme pose sa main sur son bras ce qui fait frissonner Rahma, elle le retire brusquement, c’est une sorte de réflexe. « j’ai jamais aimé les contacts physiques. » Dit-elle pour se justifier. « non, si tu prends un café, tu vas pas réussir à dormir cette nuit. prends plutôt autre chose. enfin, c'est un conseil... et puis je te le paye, tiens. » Elle tourne la tête vers la jeune femme et hausse les épaules. « C’est vrai. T’as l’air d’avoir envie que je reste …  » Elle tourne la tête vers le serveur. « Pas de café, servez-moi n’importe quoi mais sans alcool. »

« je comptais pas te manger. » Rahma sourit presque. « C’est bon à savoir que t’es pas cannibale. » C’est seulement qu’elle n’aime pas qu’on la touche, elle trouve ça c’est bizarre, elle ne supporte pas vraiment, surtout quand c’est une personne qu’elle ne connait pas. « qu'est-ce que tu fais là? t'as l'air d'avoir mal. » Comment expliquer ça sans que ça paraisse impossible ? Elle n’allait surement pas lui dire la vérité concernant son état. « Je passe le temps tout simplement. » Elle n’a rien à faire d’autre aussi. « Je me suis battue avec un mec de deux mètres. » C’est vrai sur certains points mais ça n’explique pas tout. « Puis je suis tombée dans les escaliers de mon hôtel après. » ça pouvait être possible hein. « Et toi ? Tu fais quoi ici ? »

C’est bizarre comme histoire, surtout qu’elle n’est  pas très grande la Rahma avec son mètre soixante et c’est difficile de l’imaginer en train de se battre avec un mec de deux mètres.  Bon, C’est vrai qu’elle sait vraiment se battre, elle a pris des cours de baston quand elle était aux Usa car elle a été toujours voulu apprendre à se défendre, c’était un peu son obsession.  « si tu t'étais battue avec un géant de deux mètres, tu serais pas dans cet état! et puis si t'es tombée dans les escaliers après, c'est peut-être grave. faut aller à l'hôpital, hein. je peux appeler les pompiers. » Elle la regarde fouiller dans sa poche, Rahma hausse les sourcils. « Je suis déjà allée à l’hôpital, c’est pas la peine de les appeler. » C’est vrai même si son histoire est inventée. « Bah, ne me crois pas, pourtant mon histoire est véritable. » Dit-elle en haussant les épaules tandis que le serveur lui tend une boisson sans alcool. « Tu sais, c’est pas parce que je suis petite que je peux pas me mesurer à un colosse, il suffit de frapper la où il faut, comme les genoux, l’entre-jambe … » Elle en connait même un rayon sur ce sujet.

« c'est sûr! frapper où ça fait mal l’affaiblirait mais peut-être pas au point de le mettre k.o. directement, non? » Après il faut de l’entrainement, il faut développer sa force et son agilité, il faut savoir repousser ses limites et ne pas avoir peur de la douleur. « Ça dépend si la personne devant toi sait se défendre et si toi-même tu as des ressources suffisantes. » Par exemple elle sait comment étrangler une personne correctement, il lui suffit de bien placer ses mains autour la gorge. «      c'est quoi la vraie raison, alors? » Rahma sourit. « Tu ne veux donc pas te contenter de gober ma petite histoire ? » Peut-être que la vérité est encore plus improbable que son mensonge. « Tout ce que je peux te dire, c’est que j’ai un métier dangereux et qu’à cause de ce métier je suis blessée et que si je te raconte toute la vérité, je serais obligée de t’emmener avec moi ... Ou de tuer pour ne pas me compliquer la vie. » C’était vrai mais peut-être que cette femme prendrait cette phrase à la rigolade ?

« oh, tu sais... j'me fais chier dans ma vie alors si tu pouvais m'emmener comme tu dis, ou me tuer. ça ferait un peu d'animation ! » C’est peut-être l’alcool qui lui fait dire ça, qui lui faire dire n’importe quoi. Rahma n’a jamais aimé l’alcool, elle n’en a jamais bu et elle n’était pas prête à le faire. « Tu dis des conneries … » Et elle oublierait surement tout après non ? « Peut-être que tu comprendras si je te dis que je suis comme une sorte de chef influent qui contrôle tout un réseau de trucs illégaux ? » C'est difficile à croire aussi mais là c'est vrai.

Elle semble curieuse cette fille et avide de sensation fortes. Mais son métier, c’est pas comme dans les films, ça y ressemble mais en beaucoup moins cool. Rahma a du sang sur les mains et a fait des choses dont personne ne peut être fière, ça l’empêche presque de dormir parfois. « Le boss ne s’occupe pas des colosses. » Du moins pas de ceux qui sont les moins importants, non elle se contente de diriger ses hommes, de les commander, de régner si vous préférez. « Pourquoi ça t’intéresse tant ? » Un petit rire sort presque de sa bouche. « C’est un milieu d'bâtards. »