dieu. ah, dieu. cette soi-disant puissance suprême, le mec sur qui portait tout l’espoir de la terre entière. autant dire que ces derniers temps, il avait décidé de s’occuper de quelqu’un d’autre que la petite fauve. la preuve, il n’avait même pas laissé assez de place dans les allées de l’église pour laisser passer un fauteuil roulant. si ce n’était pas une preuve de son abandon, ça. et voilà que la pauvre handicapée se retrouvait coincée, par la faute de dieu. encore.

tu t'emmerdes alors, comme souvent, tu fous la merde. t'es pas capable de rester immobile bien longtemps, que t'es pas capable d'écouter très longtemps, mais c'est pas que tu fais pas d'effort, c'est que t'es comme ça. dieu, il t'as pas donné toutes les chances, mais en même temps t'es pas à plaindre. tu vis avec le drame de ta vie : t'es malheureux, t'as le mal d'être, t'as l'envie constante de bouger, mais t'as pas d'excuse. ouais, ta mère était bien conne, ton père était absent, mais ça veut rien dire toutes ces merdes. t'as eu un toit, de quoi manger et maintenant tu fous tout en l'air pour te casser. t'étais couché sur un banc d'église quand t'as entendu le bruit. un truc qui coince. mais tu fais pas gaffe. ça va arrêter, après tout. tu coinces une cigarette entre tes lèvres et tu continues à fixer le plafond. sauf que le bruit, il s'arrête pas, alors tu redresses la tête et comprend pourquoi. tu te relève rapidement et arrive à proximité de la jeune femme. possible qu'elle veuille pas de ton aide, mais toi, t'aides quand même. « c'est une grosse connerie. » t'es pas certain qu'elle sait de quoi tu parles alors que tu t'agenouilles afin de décoincer sa chaise. t'inspire une autre bouffée de nicotine -ouais, tu le sais. fumer dans une église ça s'fait pas blablabla- « dieu, j'veux dire. »

c’est sûrement un énième signe du cher dieu, ça. il faut qu’elle apprenne à se débrouiller seule, la belle estropiée. qu’elle puisse faire face à ce qu’elle avait récolté avec cet accident. être condamnée à vie dans un fauteuil roulant, ce n’était peut-être pas si horrible après tout. elle aurait pu mourir. elle aurait pu faire une croix à toutes ses facultés mentales. quelle aubaine, à la place, elle était seulement coincée dans l’allée d’une église. rien que ça. alors qu’elle essaie de se dépatouiller toute seule dans la maison du « tout puissant », un jeune homme fait son apparition sans prévenir. une vraie apparition, pour le coup. et il l’aide sans même qu’elle le demande, le monsieur à la clope au bec. de son côté, elle ne peut pas s’empêcher de lâcher un léger rire. « si seulement il n’y avait que ça qui était une grosse connerie, on s’en sortirait plutôt bien, j’pense. » elle se permet même t’attraper la cigarette qu’il a entre les lèvres pendant qu’il est agenouillé. « merci.. j’arrive pas encore à bien maîtriser cette connerie de fauteuil. c’est désespérant. » qu’elle lui confie tout en inspirant une bouffée d’une clope qui ne t’appartient même pas. « tiens » elle lui tend à nouveau la cigarette, en espérant que ça ne l’ai pas trop irrité qu’elle le lui ai piqué. après tout, on ne pouvait rien refuser à une handicapé, si ?