Ta tente, ton chez toi, ton petit coin d’intimité, ton nid douillé. Tu n’as pour le moment pas trouvé mieux, enfin ton porte-monnaie n’a surtout pas les moyens de te soutenir dans quelque chose de plus confortable, alors pour l’instant tu t’en contente. Tu t’es installé sur la plage pour la simple raison que d’autre l’avait fait avant toi, mais au final tu t’y plais, t’endormir avec les vagues qui viennent s’écraser contre la berge est plutôt agréable. Mais pourtant ce soir en l’ouvrant ta tente, tu te rends vite compte qu’un intrus s’est glissé à l’intérieur. « Jte savoir ce que tu fous là ? » Tu as toujours été une control freak de la propriété personnel, ce qui est à toi est à toi, tu n'aimes pas vraiment qu'on touche à tes affaires, qu'on vienne s'immiscer dedans. Alors forcément voire une personne, notamment un inconnu dans ta sphère personnel, te fait iriser le poil.

Mes pieds trainent au sol. Les paysages défilent comme le vent au fil de ce long voyage que je me suis imposé. Parfois, la vie doit défiler devant nos yeux pour savoir qu'il faut maintenant partir et devenir quelqu'un d'autre. Pour le mieux. Ma main tremble sur ma bouteille d'eau, et la gorgée éclabousse ma gorge desséchée. Mes yeux se ferment malgré le soleil qui descend à l'horizon. Sommeil, le sommeil s'apitoie sur mes épaules. Il serait peut-être tant que je m'arrête. Pour une fois. Mon pied bute contre quelque chose. Qu'est-ce qu'un piquet de tente peut bien faire là? Je lève les yeux pour découvrir la tente qui y est rattachée. Coup du destin ou coup de chance, cet endroit sera mon refuge pour quelques minutes. Je descends la fermeture, y entre sans y découvrir personne. L'habitant ne doit pas être loin. Quelle surprise il aura quand il me verra assis là, au beau milieu de ses affaires. Peut-être devrais-je sortir? Comme Boucle d'or je me suis invitée chez quelqu'un, mais je ne suis plus là mentalement pour me rendre compte de la bizarrerie de mon geste. Je lève les yeux alors vers une rousse qui me crie dessus. Bon, c'est elle l'ours? "Je fais ma Boucle d'or. Je m'invite chez les gens comme si c'était chez moi, parce que j'ai sommeil et que j'ai trébuché sur une tente sans habitant. Je te donne de la nourriture si tu veux. Si tu me laisses rester ici pour cette nuit." Ma voix est morne. Je la comprendrais de me jeter dehors. Après tout, dormir sur la plage dans mon sac de couchage pourrait être pas mal. Même si cette tente me protègerait du vent des paysages.