La journée tire à sa fin , mais je peux encore sortir quelque rayon de soleil dans le ciel . Ils deviennent rouge et rose ce qui donne un léger teint à mon peau. Je suis arrivé là l'aire de rien sur une plage déserte. J'ai laissé retomber mon sac , j'ai observer l'eau ,j'ai pris une bonne bouffé d'air puis je me suis lancer.Je laissais derrière moi un t-shirt et un jean troué ne laissant que mes sous-vêtement collés à ma peau.Je m'envole contre le vent dans ma course et l'eau me frappe de plein fouet. Tout mon corps se raidie , je tremble , mais je continue. J'avance sans arrêt pour enfin plonger. Je ressors les lèvres bleutés . Je me suis lancé sans raison valable et me voilà morte de froid dans un eau glaciale. Je ressors sur la plage , le sable me colle au pied. Je me laisse tomber proche de mon sac sort ma veste qui ramasse toute les goutte coller à ma chaire. Mes mains tremblante allume une cigarette avec tant de mal et je sourie . Je suis folle et je le vis bien.

Elle est le personnage principal d'une histoire qui est en pleine écriture, mais elle n'en a aucune idée. Elle a tout pour elle. Un corps parfait. Des cheveux de rêve. Une manière de se déshabiller si nonchalante qu'elle en devient presque poétique. Pourtant, cette inconnue est pourrie. Elle traîne derrière elle une ombre malfaisante. Un fardeau qui la pousse vers l'eau glacée, vers l'hypothermie, vers la noyade. Ou pas.

Moi, je ne fais que la regarder de mon coins reclus, imaginant sa vie. Je suis là depuis son arrivée, profitant depuis des heures de la plage vide, du mauvais temps. J'ai toujours aimé les grands vents, le froid, la pluie, l'orage – la colère. Je suis là, témoin (voyeuse) d'un spectacle aux allures morbides. Ça ne me fait rien, je continue de regarder. Je la vois marcher, ne pas s'arrêter, plonger, et finalement, revenir. A-t-elle trouvé de quoi s’accrocher, ou flirter avec la faucheuse n'avait jamais été son but? Je ferme mon livre, et sort de ma cachette, m'approchant lentement de la jeune femme, de la sirène qui avait raté son retour a la mer.

Je regarde la fumée s'évaporer dans l'air.Une simple cigarette ne suffira pas à me réchauffer. Ma peau colle sur mes membres qui cherchent de la chaleur où il n'y en a plus. Je continue de sourire comme une personne sans cervelle, comme la personne qui ne réalise pas qu'elle met sa vie en danger. L'horizon me semble bien calme et l'eau ne se ramène que tranquillement sur la berge. Un son se fait percevoir . Pourtant de simple pas dans le sable n'a rien de très bruyant. Je me retourne et l'observe. Ce jolie petit bout de femme qui s'avance sans problème et dangereusement vers moi.«Bonjour jolie petite blonde.» Je le sens courageuse de s'approcher d'une femme qui ne semble pas très normal dans sa tête , d'avancer vers une personne qui c'est littéralement jeter dans un bloc de glace.«Tu fume ?» Je lui tend mon paquet et mon briquet comme si je tendais des bonbons à un enfant.

Ariel a une voix amicale, souriante. J'en conclus qu'elle est ivre. Ivre de danger, de peur, de folie. Je souris, ne la jugeant pas. Elle me rappelais ses fois où j'étais passée près d'y rester. Quand je vivais dans la crainte que mes yeux, à chaque clignement, se ferment pour toujours. Elle me rappelais les fous rires qui me prenaient parfois, avec Marc, quand on réalisait qu'on avait survécu une nuit de plus. Une joie des plus intense, qui nous quittait trop vite pour refaire place a son amie l'anxiété. Qui allait la quitter, elle, un jour aussi.

Sans penser d'avantage, je me laissai choir près d'elle, alors qu'elle me proposait des métastases de plus. « Non merci, j'ai déjà donné. » Je répondis simplement, lui épargnant un discours moralisateur.

Devant nous, le ciel était orange. Chez papa, il devait déjà être noir. La lune devait briller entourée de ses amies les étoiles. Ici, ce n'était pas encore comme cela. Le soleil, lentement, descendait. Une boule jaune, écrasée, qui saignait couleur agrumes. Je soupirais légèrement, mi-heureuse mi-amère. « Je suis Juliette, et l'accent, c'est québécoise avec un père welsh, et j'en suis désolée. » Je ris, ne sachant pas trop pourquoi – pensant a mon accent ridicule et incompréhensible, sûrement.

La gentille petite inconnue s'assoie près de moi. Gentille au premier regard je me dis , mais au fond que peut-il se passer au fond de cette petite tête. Il en est pareille pour la mienne . Il ne faut pas se laisser berner par mon regard d'ange quand on peut rapidement être pris au piège. Au fond mes cheveux roses peuvent presque nous donner quelque chose de réconfortant et de féerique à mon visage . Elle refuse mon paquet et je sourie tant pis cela en fera plus pour moi. Elle me parle de son accent en me parlant de ces origines. Je ne saurais penser à quoi le miens ressemblerait si je me mettais à dialoguer en français , alors je peux lui pardonner d'écorcher un peu ces mots.«Je trouve que c'est mignon comme accent.» Je m'avance tout doucement vers elle et je touche à ces jolies boucles dorés. «C'est naturelle ce blond ?»

J'attendais un coup de génie, une inspiration soudaine. Ça ne venait pas. Mes cheveux; un sujet sensible pendant si longtemps, laissait toujours un goût amer dans ma bouche. Un goût d’anesthésiant. L'espace d'un instant, j'étais  ramenée dans le passé; Époque des  bandanas et chapeaux, temps de honte et de crème solaire. Je revis mon crane dégarni, puis, mes mèches d'avant : plus claires, plus souples, vraies.

« Non, chimio #103. »

Je souris, afin désarmer la bombe et d'éviter les élans de sympathie inutiles, faux. « Et toi; C'est naturel ce rose? » Je lançai, mi-sérieuse : Peut-être était-elle fille de barbe-à-papa.

Elle me prit au détour en me disant la chimio. Je ne la regardais pas en fait c'était des choses que je ne sais pas comment réagir.Non mon âme n'est pas insensible , mais il a certaine où mes neurones n'ont pas de réactions et reste éteinte comme de vrais idiotes. Mais elle me relance déjà en parlant de ma crinière rose. Je les touche doucement eux qui sont encore mouillé et dégouline doucement sur mes joues. Mes joues qui sont en fait presque translucide sous la pénombre qui avance lentement.«À la base je suis blonde , mais je crois que j'aurais dû naître avec cette couleur . Ça me représente mieux je trouve.» Je ne me rappelle même plus le jour où j'ai vu cette teinte de blé sur ma tête. «Tes cheveux sont magnifiques sinon.»

Je pouffais, le regard perdu dans un océan de sable.  Ma main toute seule monta, et détacha une section de cheveux; Ceux d'une autre. « Les cheveux d'une gentille donatrice sont jolis. Les miens s'arrêtent là. » Je pointai mon menton, les yeux toujours ailleurs. « Ton rose te vas bien. On dirait une sirène. » J'inspire, ma vision se précise; Elle se fixe sur elle. Même de près, elle n'a pas l'air de venir d'ici, d'être une simple terrienne. « Ton prénom, c'est pas Ariel hein? »

Je la regarde détacher ses cheveux. Les cheveux au menton ça va c'est pas si court .«T'en fais pas ça repousse. »Sirène ? Le rose de mes mèches fait croire que je suis en une et je ça m'amuse toujours autant. Cela fait toujours changement de la princesse qu'on associe à mon prénom. Et oui en ce moment j'avais l'aire d'une sirène égaré sur la plage. Comme si la mer l'avait rejeté. Une sirène sans maison.«Je commence à croire que j'en suis une. Mais non désolé de te décevoir mon nom est Zelda.» Je montre mes oreilles .«Et non elles ne sont pas pointus» Malheureusement non plus je ne me suis pas évadé d'un château.

Ça repousse. Des paroles faciles, véridiques, mais pas pour moi : Je l'avais appris à mes dépends l'année de mes treize ans. Ma tête, a l'époque, était couverte d'un petit duvet, d'espoir. Déjà, je me voyais avec la crinière de raiponce, en haut de ma tour, à attendre la visite quotidienne d'un prince dead sexy. Yup. Tout cela pour dire que si des cheveux repoussent, ils peuvent retomber aussi. Ça ne prend qu'une mauvaise nouvelle et paf : tête d'oeuf est de retour en ville. Un mauvais résultat à un test sanguin, un coup de chimio, l'espoir avait disparu.

Je ne dis rien, ce qui me surprend.

Je ne me fâche pas, ce qui me surprend d'avantage.

Je ne même pas triste. Au contraire, je suis presque heureuse, pour elle, du moins. La petite sirène, dans son monde merveilleux, ne semble pas penser a... ça. A l'inégalité, au malheurs d'une petite dont les cheveux ne repousseront peut-être pas. L’innocence, dans ce cas, est vraiment une bénédiction, je me dis, alors que la princesse des mers ouvre la bouche. Zelda. Pas Ariel. Comme la tante de Sabrina l'apprentie sorcière – celle qui n'a pas fini sa carrière en animant des émissions de perte de poids. « Juliette » je répond, parce que je suis polie. « Pas de Romeo. » Le sable humide me collait a la peau. Il sera, plus tard, pas facile à enlever. « Qu'est ce qui t'as pris alors? Le lac. Fait un peu froid, non? »

La maladie ne me colle pas à la peau. Non les microbes sont allergique à cette chaire blanche. Pourtant au rythme de mes frissons par l'eau glacé je devrais déjà être infectée. D'une insensibilité inégalé je m'efforce de lui faire des sourires réconfortant . Je ne sens plus de valeur dans mes cheveux à la mesure que les teintures s'infiltrent à l'intérieur , mais au fond s'ils tomberaient à mes pieds quelque larme sans doute coulerait. Je ne pourrais plus voir ce jolie rose danser sur mes épaules. Je ne sentirais plus cette masse sous mon crâne après la douche.J'ai enfin le droit à son nom. Par chance pour elle je ne suis pas adepte des romans à l'eau de rose. Pourtant des milliers de livres ont coulés leur encre entre mes doigts , mais les grimaces faisaient rage aux doux mots des personnages.«Je ne sais pas j'aime faire ce genre de choses. C'est palpitant tu devrais essayer.» L'adrénaline au bout de mes doigts je m'extase. «Et je ne suis pas morte.» Sans doute que mon dernier souffle ne devrait pas tarder.

Ma mère avait quinze ans quand son meilleur ami est décédé, lors d'un printemps interminable, elle m'avait raconté. Jean avait quinze ans aussi, et en avait eut marre d'attendre l'été pour se baigner. C'était un petit brun, gentil, trop gentil; Pas du genre a défier l'autorité - Le style « j’attends une heure avant de plonger après manger». La crise d'adolescence devait l'avoir frappé de plein fouet ou je sais pas quoi, parce que cette fois là, petit Jean devint John le rebelle. Il sauta l'eau, en plein milieu du lac témiscamingue, lors de la première balade en bateau de l'année. Selon Maman, il avait eut tellement froid que son corps n'avait pas su réagir. Il était devenu statue. Son cœur avait battu à l'explosion. Il avait coulé, rejoint le monstre du lac. Plus de petit Jean, seulement une histoire vraiment palpitante.

Une perte de contrôle totale, dans un lac plus profond que les montagnes sont hautes. De l'adrénaline pure, comparée a un chatouillement en dessous du pied.

Et je ne suis pas morte elle dit, la sorcière, ce qui me fait sourire. Pas un petit smile mignon sur les photos – Une grimace moche, presque moqueuse, digne du Joker. « Ouais. Enfin. T'es pas morte encore. Tu risques l'hypothermie en faisant des choses du genre. » Je l'imagine, couchée sur un lit d'hôpital, bleue, ce qui fait ressortir ses cheveux. Elle n'est pas seule. Avec elle, des dizaines d'autres patients – Tous aussi bleus qu'elle. « C'est pas une mort très marquante, rien d'extrême, de tragique. » Pas d'étouffement. Pas de dernier regard vers on ne sait quoi. Juste un cœur qui s'arrête de battre. Une chute lente. Pas de coupure franche. Un passage vers l'autre monde en dégradé. Je soupire, je reprend. « Désolée, hein, si tu crèves d'hypothermie ou si un de tes proches est mort de ça. C'est juste... Je sais pas. Moyen. » Le cancer étant le plus grand meurtrier du monde, j'aurais moi aussi, été de la moyenne, ce qui me fait rire, étrangement. « Disons que je préférerais y passer à cause d'une tarte trop sèche ou je sais pas, avoir une mort idiote digne d'un documentaire idiot. Être l'unique victime d'une faucheuse un peu space, tu vois? Plutôt qu'être une morte dans un ensemble tellement grand qu'il doit être arrondit. »

Plus je l'écoutais , plus je comprenais l'ampleur de ce mal qui sommeillait en elle. Je comprenais la maladie qu'il l'avait déjà habitée et qui pourrait revenir n'importe quand , sans scrupule , sans même pensé à elle , une simple maladie cruelle prête à tuer n'importe quelle chaire. J'ai un corps en santé et je file tout droit vers la mort quand même . Comme si cette ligne , ce filet m'emballait au file que je m'approchais , mais au fond je ne veux pas mourir. Je veux sentir ce souffle coupé un instant , mon coeur tout petit dans ma poitrine qu'il ne peut plus battre. L'eau glacée avait été une porte de sortie ce soir. Une mer où on me présente la mort contre les vents violents. Elle me réprimandait d'une certaine façon. L'hypothermie ? Oui j'en étais bien consciente. Mon petit corps tout tremblant me le rappelait , mais par chance il se réchauffait peu à peu sans une séquelle. Dire qu'il n'a aucune blessure serait une erreur , car si on s'approche on peut en voir quelque cicatrice. Petite trace rouge sur un étendu blanc dû à des batailles. Ses mots étaient étranges. Elle souhaitait une mort complètement différente , mais au fond je me disais que tout à déjà été fait. Je voudrais mourir dans mon sommeil , même si tout le monde meurt ainsi. La mort sans douleur est la plus belle .«Non je ne vais pas mourir malheureusement pour toi.»Mes écailles n'ont pas complètement desséchés , mon coeur bat encore , le sang frôle encore mes joues. «Comment aimerais-tu mourir Juliette ?» Je la regarde en attendant une réponse de sa part. «Tu voudrais mourir d'une maladie rare ou peut-être te réincarner en zombie ?» Je ris doucement. «Tu ferais un beau zombie.» Ne te tracasse pas avec cela. Rêve plutôt de mourir vieille que jeune . Rêve d'une vie comblée que tu ne connais plus la fin. Rêve de voir des rides qui apparaitront sur ton visage. Mais ne rêve plus de ce crâne dénudé.

« Non mais quoi? » Je lâche, étonnée. Ai-je, a un moment, souhaité sa mort? Certes, j'ai vu cela comme une éventualité. J'y ai même souris, mais j'étais loin de lui souhaiter de crever. Ma faute encore, de trop parler d'un sujet tabou, de la fin d'une histoire qu'on connaîtra tous, sans exception. Je n'ajoute rien. Je l'écoute à la place. Elle parle de zombies et blabla. Je comprends qu'elle a une vision des choses bien différente de la mienne, à ce niveau là. J'imagine qu'elle n'a jamais eut l'occasion d'y penser, réellement. « Je veux une mort sans dommages collatéraux. » Pas d'accident laissant trois blessé et deux autres morts, ni de famille endeuillées. Je veux une mort rapide, soudaine, muette. Je souhaite disparaître d'un coup. Je prie qu'on oublie la fin de mon parcours, qu'on se souvienne du chemin que j'ai fait, si d'ici là, je fais quelque chose. « Je sais que je ne veux pas me noyer. Pas de maladie. Pas d'hypothermie. Pas être le patient x. Je ne veux pas partir en ayant l'impression que mon corps m'a tuée – ni ma tête d'ailleurs. » De ma main gauche, je ramasse du sable, formant une petite montagne – un chateau. La terre est froide et mes doigts virent au rouge. « Tu ne ferais pas un beau zombie. T'as trop un look de vivante pour ça. » C'est un compliment, un des plus beau que je puisse faire.

On ne peut rien contrôler. Essaie encore comme tu voudras à placer les pions sur l'échiquier , essaie encore d'être stratégique sur ton plan déjà formulé , mais au moment que tu auras déjà tout décidé tu verras que tout à avait déjà été planifié. Le temps avance , il n'arrête jamais , il ne souciera jamais des cadavres qu'ils laissent sur son passage ou encore moins des pleures que tu laisseras. C'est pour cela que je vis les yeux fermés , sans me soucier , car quand la faucheuse me prendra mon dernier souffle tout ceci sera terminé. Je ne pourrai plus crier , m'évader , voler dans les doux nuages blancs , non je flotterai entre les morts.Elle souhaite que son corps reste intact , mais au fond on se détériore sans arrêt pour ne finir qu'en une simple couche de terre.«Alors tu peux mourir de vieillesse je ne vois pas comment on peut mourir sinon . Je veux dire si on ne meurt ps parce que notre corps est trop vieux , comme elle ne peut pas être brusque ou sans dommage ?» Je crois sincèrement qu'elle a eu peur que sa vie lui file entre les doigts. Je la trouve de plus en plus étrange , mais je l'adore d'une certaine façon. Ces paroles sont beaucoup plus vivantes que tout les autres que j'ai croisés.«Alors je serais sauf s'il a un apocalypse .»

Mourir de vieillesse, crever de chagrin. De beaux gros mensonges. Personne ne meurt de vieil âge, comme personne n'est trop vieux pour la vie. On meurt d'effets secondaires de l'âge avancé : Le risque de cancer plus grand, les maladies cardiaques. Le mal accumulé d'une vie qui fini par nous rattraper.

Expirer vieux, c'est agoniser durant des années. Savoir qu'à chaque visite, nos proches se demandent s'ils nous reverrons. C'est être traité comme un citoyen de seconde classe, un objet fragile, plutôt qu'un humain. C'est se demander à tous les matins si on ne devient pas sénile. C'est un deuil de la vie fait depuis longtemps, une attente interminable de la mort. Être vieux, c'est ce sentir immortel, mais aussi fragile que de la porcelaine. Du moins, c'est ce que je suppose, en me rappelant mon arrière grand-mère Bethan, qui à la fin, soupirait plus qu'elle expirait. « Le dommage, tu vois, c'est pas sur ton corps. Ta dernière lutte, elle peut être douloureuse, atroce même. On s'en fou au final. » Je me repositionne, je tente de lui faire comprendre un message que trop de vivants oublient. « Pour chaque bonjour, il y a un au revoir. » je réfléchis un moment. « Laisser quelqu'un sans un espoir de retour : s'étouffer sur une tarte, mourir presque sur le coup. Ça fait un choc, certes.  Maintenant, être dans un mariage qui ne marche plus, mais qu'on essaie de sauver, sans même savoir pourquoi. Avoir une maladie qui traîne de la patte. Vivre vingt ans sans trop savoir si on va vivre ou pas. Avoir espoir que tout va bien aller, mais dans le fond de sa pensée, savoir qu'on risque -  que l'on va - y passer. » Je reprend mon souffle, maintenant plus posée. « Le dommage, c'est pas physique. C'est mental. C'est ce que tu imagines. Mourir sur le coup, pas le temps d'imaginer quoi que ce soit. La maladie? Ça te donne des années pour te faire des scénario, et je veux dire, regardes moi, les résultats ne sont pas géniaux. » J'ai envie de rire, mais je ne le fais pas. Je continue, je suis sérieuse. « Le dommage, c'est ceux a qui tu as dit bonjour, qui dans la maladie, vivent toutes tes batailles en plus des leurs. Ils vivent un mélange de deuil et d'espoir. Ils finissent brisés. Des dommages collatéraux » Je m'arrête. « Je préfère être sans espoir et étonnée de ma survie, tu vois? »

Je l'écoute du mieux que je peux. Ces grands monologues me perdent. Je me sens stupide et insignifiante de ne pas pouvoir suivre tout ce qu'elle essaie de me faire comprendre. Pourtant mes grands yeux bleus sont absorbés par ces paroles, par la philosophie qui déboule sans attendre. Je n'arrive même plus à dire quelque chose comme si elle avait utilisé tout les mots de la terre , comme si elle avait épuisé toute mes paroles.Je retourne mes yeux sur le grand étendu d'eau et je me perds les neurones en feux en pleine réflexion . Je ne me suis jamais posé ce genre de question , je ne m'attarde pas sur ce genre de choses et c'est sans doute le problème de bien des humains. Ils ont des pensées préconçues sans vraiment chercher le sens à tout ça. «Oui je vois. Tu préfère avoir des blessures sur ton corps que celles qui sont mentales.» Je reste tout de même dans une mer très vague. Je ne me soucie pas de ce qui se passe dans ma tête. En fait si quelque chose me fait du mal , me pousse vers le sol et j'avance c'est tout. Je ne connais même plus le sens des perles salées qui épousent nos joues , qui sommeillent au fond de nos prunelles

Il y a, pour moi, une différence marquée entre la douleur physique et la douleur mentale, Zelda a vu juste. La douleur physique est passagère. J'ai beau tenter de me souvenir des maux de tête, du sentiment dégueulasse qui m'envahissait lorsque j'étais au plus mal, je n'y arrive pas, comme je n'arrive pas a me souvenir de ma migraine de la vieille. Je sais que j'ai souffert. Je sais que j'ai cru ne pas pouvoir le supporter. Je sais que revivre une douleur semblable, tout me reviendrait en mémoire, mais pour le moment, je vais bien. Mon cerveau est anesthésié, il prétend avoir oublié.

La souffrance mentale, c'est différent. Je me souviens de mon malaise, même dans la nuit. Je me souviens de la peine des autres, aussi. Le mal nous suit, s'accroche a nous et refuse de nous laisser, jusqu'à ce qu'on le repousse à coup de pilules de toutes les couleurs -  mais même là, il n'est jamais bien loin. On est seulement dans le creux d'une vague, qui bientôt viendra nous noyer, une fois de plus. « Clairement. » Je dis, confiante :  Les saignées des indiens et de jeunes filles en quête d'un échappatoire ont prouvé mille fois ma théorie. J'expire, et me relève, enfin. Il fait froid et je dois rentrer, avant de me retrouver sans lit à l'auberge. « Je crois que je vais faire un bout. Désolée de t'avoir dérangée. » d'un coup droite puis de deux coups de gauche, je balaye les morceaux de plages qui se sont épris de mon jean. « ah et, je suis plus marrante quand il fait chaud, désolée pour ça aussi » Je lui adresse un autre sourire, et je fuis.

Après m'avoir mélanger , mit un désordre total dans mon esprit elle me dit qu'elle doit partir. Oui bien entendu l'air est lourde après cette discussion alors je la laisse déguerpir sans un mot. Elle était marrante et gentille je lui ai même adressé un sourire avant qu'elle ne fuit.