Give me a job.

Étourdie. Perdue. Tourmentée. Respire. Avance. Recule. Force-toi. Avez-vous un travail ? Non, pas comme ça. Recommence. Là, tu y es. Salut beauté chevaleresque.

I don't know what you want, Don't leave me hanging on.
Un poids au milieu de l'estomac, je tentais de chasser ce bruyant murmure s'évadant contre ma nuque. Il n'y avait rien de pire qu'un froid d'hiver pour vous ronger jusqu'à l'os. Appréhendant la moindre seconde, j'avalais difficilement ma salive, laissant mes billes azurées détailler leurs corps. Garçon aux allures d'homme, voilà ce que j'étais malgré moi. Ainsi, la peur se nourrissait aisément de ma carcasse, alors que je luttais maintenant pour fuir cet endroit. Je rongeais mes ongles jusqu'à la moelle, oui. J'avais une peur rouge sang du vide.

Tu caresses la joue du bel étalon noir. Tu souris. Tu soupires. C’est ça la vie. C’est beau. C’est fort. Tu revis. Tu es chez toi. Enfin, tu as trouvé ta maison. Ça te transporte. Une goutte d’eau caresse ta joue. Non, pas maintenant. Mais tu ne retiens pas ton corps. Tant de soulagements et de douleur mélangés. Tu as mal. Ta main se porte à ton cœur. Il bat ? Oui. Tu es vivante. Mais l’es-tu vraiment ?

Je n'étais pour ainsi dire pas habitué à tout ce qui touchait à la campagne. Les étalons, les animaux, j'étais un homme de la ville. J'étais né en ce monde avec des poumons gonflés à l'essence et un coeur à batterie. Jamais je n'avais réussi à dompter quoi que ce soit, c'était la vie qui avait malgré elle appris à me supporter. Mes billes océans observaient les goutes d'eau perler le long des joues d'une jeune femme, alors que je me sentais d'autant plus impuissant. Pourtant, aucune blessure apparente. « Tu as mal au coeur ? » ma voix s'élevait, enfantine et inquiète, n'osant plus la quitter du regard, de peur qu'elle s'effondre.

Le calme de l’animal s’affrontait à celui, tourmenté, de ton esprit. Les sentiments se bagarrent pour l’emporter sur ton corps. Tu trembles légèrement et le cheva se recule, en ayant assez de supporter ta tristesse. Tu tentes d’essuyer ton visage avec ton poignet. Puis tu te retournes et tentes un faible sourire à l’inconnu qui te parle. « Il se soignera. Comme tout. » Tu es mal à l’aise. Tu n’aimes pas être vue en position de faiblesse.

J'adorais les défauts. S'il n'y avait qu'une seule chose que j'aimais peindre d'un regard, c'était bien cela. Il n'y avait rien de plus humain qu'une faille, faiblesse, une détresse. Moi, je trouvais ça incroyablement beau. Bien évidemment, ma vision édulcorée et naïve du monde avait fortement tendance à fausser ma vision. « Il se soignera. Comme tout. » un mince sourire éclaircit mon visage. Je lui aurais bien donné le petit pansement qui naviguait dans la poche droite de mon jean, mais ça ne lui servirait principalement que de placebo. « Pourquoi tu pleurais ? » repris-je en me mordant la lèvre inférieure. « T'as pas encore réussi à trouver ton magasin à bonheurs ? » tout le monde en avait une, quelque part, ici ou là bas. Il y avait toujours moyen de se procurer un peu de bonheur, même s'il fallait simplement l'acheter.

Tu détailles l’homme en face de toi. Il est séduisant, y a pas à dire. Es cheveux bruns, des yeux hypnotisant. Ton sourire se fait plus franc. Il n’a pas l’air méchant. Tu mets les mains dans les poches de ton jean slim. Tu hausses les épaules et baisses le regard. Ses yeux sont trop inquisiteurs, tu as l’impression d’être mise à nue. « Parce que tout se mélange. Je ne sais plus où j’en suis. » Ta voix tremble sur la fin et tu maintiens tes larmes assez difficilement. « Je l’ai perdu le bonheur … » Tu t’adosses à un box et te laisse glisser au sol. Les larmes affluent à nouveau. Tu tentes de respirer pour reprendre le contrôle. « Enfin, je ne vais pas t’embêter avec ça. » Tu essayes une nouvelle fois de sourire. Chienne de vie.