Il s'est assoupi. Il ne dort pas beaucoup la nuit, Grimm, surtout parce qu'il rêve tout éveillé, les yeux grands ouverts, dans sa chambre peuplée d'étoiles et de créatures. Qu'au fond, il est resté ce gosse, prêt à se cacher sous les couvertures, à se raconter des fabulations, des mythes, à s'éprendre le cœur de ces légendes ignorées de trop. Alors là, venu au petit matin sous les cerisiers, il s'est endormi comme un enfant. Le Peter Pan de ces monts. Il ne sait pas, ne sait plus trop, depuis combien de temps est-ce qu'il est là ? Le fait est que, lorsqu'il ouvre ses yeux, encore plus bleus que la rivière, il a mal aux fesses et au dos, assis contre un arbre. Qu'il a des pétales roses plein les cheveux, comme si on avait secoué les branches au-dessus de sa tête. Sûrement le vent, une rafale, une bourrasque. Ou quelques nains, elfes et autres farfadets. Tout est possible, pour Grimm. Il n'a pas encore vu l'inconnu, ne l'a même pas entendu, le cerveau et les tympans bouchonnés de ces merveilles qui n'appartiennent qu'à ceux qui savent les voir. Qui veulent y croire.

Il ne l'entend pas, ne le voit pas, mais il le sent soudainement. Une présence, une aura, une ambiance – quelque chose. Il se retourne alors, et l'aperçoit. C'est un garçon qu'il ne connait pas, brun comme il est blond. Naturellement, presque par un instinct sourd, Grimm lui sourit. Et plus encore lorsque l'inconnu parle. Un cadeau ? Lui, un cadeau ? C'est une drôle d'idée, qui voudrait d'un rêveur pas même sevré de l'imaginaire ? « Moi aussi j'aime regarder les nuages. » qu'il répond simplement, en plissant un peu les yeux, pour contrer le soleil et mieux le voir. D'ailleurs, il se lève. Se rapproche – c'est plus facile ainsi. Le brun s'approche aussi, mais bien plus près, jusqu'à-ce que ses doigts le touchent. Grimm frissonne, ne sait pas bien pourquoi, ne sait pas bien comment. « Seulement si tu le crois. » Le blond lui adresse un sourire bancal et maladroit. Mais un sourire sincère et brillant comme une pluie de comètes. Il contemple avec amusement l'étrange créature en face de lui. Se met même à rire ; on dirait une cloche qui sonne. « Cendrillon ? Hm.. comme tu veux. » finit-il par accepter, avec un sourire innocent et un peu naïf. Après-tout, est-ce que quelque chose est bien réel dans toute cette scène ?