Vieille amitié brisée.

Encore une idée stupide qui s'est ancrée dans ma tête. Non au début, je me suis dit que promener au grand air me ferait du bien. Etre seule, pouvoir retirer mon sourire de façade et juste respirer. Je me retrouve devant un bloc rocheux. Ce que je ne voulais pas, peut être que je le voulais, inconsciemment. T'as envie de monter, Gin, je te connais. Je touche la pierre. Ma main frappe. Une fois. Deux fois. Ca fait mal mais ça libère. A quoi ça rime ? Que quelqu'un me dise à quoi je suis en train de jouer, s'il vous plait.

t'arrives pas encore à regretter d'avoir tout plaquer pour venir ici, à banff. bon ok, c'est pas tous les jours la fête, tu dois gérer un petit boulot pas super bien payer et vivre dans une auberge de jeunesse mais c'est pas ça vivre hein ? on t'a toujours dire que vivre, c'est ce qui arrive quand on arrête de faire des projets. alors toi c'est ce que t'as fait, t'as plaqué tout ce que t'avais pour dire bonjour au destin, arrivera ce qui arrivera. tu crois aux rencontres, aux vrais, aux relations qui peuvent te changer en bien ou mal, qu'importe, rien n'arrive par hasard, voilà ce que tu te dis. mais le destin a besoin d'être provoqué, c'est pour ça que depuis ton arrivée tu parcours les coins paumés de banff en espérant trouver une âme errante comme la tienne. mais à cory mountain c'est un petit bout de femme qui frappe la pierre avec une telle tenacité que tu t'étonnes qu'elle ne soit pas en train de se rouler par terre à cause de la douleur, mais c'est pas ce que tu veux, alors tu cours vers elle. « hey hey ! » tes bras encerclent son corps et tu la tires de manière à l'éloigner le plus possible de la roche. « chut, du calme.. » tu sais que t'es pas doué pour secourir les gens, tu sais faire les gestes pas parler, alors comme si ça pouvait arranger quoi que soit, tu la sers un peu plus fort contre toi en priant pour qu'elle ne soit pas du genre folle furieuse à te balancer son poings en pleine face.

C'est presque pareil hein. C'est quasiment la même sensation Gin, la roche dur contre tes doigts. Pourquoi tu ne montes pas ? Pourquoi tes pieds touchent encore le sol ? Mes mains sont douloureuses, pour autant je n'arrive pas à m'arrêter. Trop longtemps que je fais semblant que tout va bien. Besoin envahissant de laisser sortir toute cette colère et ce dégoût. Quelque chose me tire en arrière, me retient. Laissez-moi y faire face. Il y a ce murmure que je saisis sans comprendre. Et puis l'emprise se renforce. Je résiste un peu mais je crois que j'en ai plus la force. Je ne suis plus capable de refuser un semblant d'étreinte comme je m'obstine à le faire depuis si longtemps. C'est peut-être lui qui saura me dire à quoi je joue. Un inconnu. Je veux juste souffler. Une fois. Un coup de fatigue énorme, le retour. Une baffe intérieure phénoménale. Je te déteste... T'es pas seule Gin. Il y a quelqu'un qui est là. Derrière toi et qui vient de t'aider. J'ouvre les yeux, je reviens à la réalité doucement. Pas pour vous, je... et pardon. Vous, merci. Je suis trop confuse, perdue au milieu de ce sur plein d'émotion. Ma tête se baisse et mes yeux se posent sur mes mains. Pitoyable. Alors j'attends qu'il me repousse. C'est ce qu'il va faire, ce qu'il doit faire parce que je suis pas en état de le faire par moi-même.