Images qui dansent sur du papier, ballet de sons et cohue des couleurs. Silhouettes cramées qui se bousculent, se dévorent à l'attention du spectateur. Valse effrénée d'humains et d'évènements, anarchie des acteurs, plainte en noir et blanc, suprématie de l'amateur. Saloperies de producteurs, bande de charlatans ! Sur son siège Icare se meurt, écœuré du talent.

Elles dansent.
Les images. Devant tes yeux clairs qui n'éclairent pourtant pas la salle plongée dans la pénombre. Tu les observes, stoïque. Tu ne bouges presque pas. Ça fait longtemps que tu n'as plus été au cinéma. Longtemps que tu ne te l'est plus permis. Les bras croisés, tu soupires doucement de contentement. À la place des images, d'autres se superposent. Un autre film s'impose. Dans ta tête.
Un film dont les acteurs principaux vont, aussi, se déchirer. S'apprivoiser, pour se perdre. Les deux films se mélangent. Tes yeux se couvrent d'une pellicule floue; les larmes de l'ange.

Cacophonie visuelle qui s'épanche, bouillon insipide, yeux et oreilles farcis d'un pauvre intellect. Apologie de l'absurde, encensement du médiocre, pur navet dont seul le stupide se délecte. Histoire fétide, trame poacre, le tout vendu sous forme de vol honnête. Heures, minutes, secondes, heures, minutes, secondes, heures, minutes secondes. La bêtise l'ennui féconde, dégoût et indignation chahutent en chaque fibre de son être.
Moteur,
action.
Le voilà debout, prêt à disparaître. Mais au bout d'la rangée, y'a cette femme, des perles humides à la cornée. Il détourne le r'gard, s'enflamme, voudrait faire semblant d'pas voir. Et puis merde il jure, agacé, c'est trop tard. De nouveau le fauteuil glacé, de nouveau les entrechats ringards. Il offre sa présence comme on tend une main sans la bouger, curieux de savoir, de comprendre ce qui mérite cette vacuité.