Il ne sait pas. Ce qu’il fait là.
Il ne sait plus.

Il a marché.
Flirter avec la mort. Là, trop au bord.
Mais, il en a besoin. Il ne sait plus.
Comment. Vivre.
Il ne sait plus.
Comment. Faire.

Alors, il est là. Sur le bord du chemin. Parfois, ses pieds glissent. Parfois, il pense qu'il va. Enfin. S'envoler. Mais non. Il continue de marcher. Alors, qu'il en est bien incapable. Trop fragile. Trop épuisé. Il peut pas. Marcher comme ça. Sur la montagne. Il ne peut pas. Respirer. Trop vite. Trop fort. Parce qu'il est faible. Lui est son teint pâle. Qui cache bien des maux. Bien des cauchemars. Mais, ici. Personne ne sait. Ici, il est seul. Après avoir fui. Après avoir crié, pleuré. Oui. Il n'est pas capable de tout ça. Alors, il marche. Au bord du gouffre. Il marche, jusqu'à s'épuiser, cracher ses poumons. Parce qu'il n'a pas le physique. Pas la puissance. Mais, il s'en fout. Il flirte avec l'ailleurs. Avec la mort. Un pied qui glisse. Un cœur qui s'emballe. Trop vite. Trop fort. Douloureux. Mais, comme à chaque fois. Il ne tombe pas.

S’envoler.
Il aimerait.

Mais, il a l’impression que l’ailleurs ne veut pas de lui. Il est piégé. Ici. Dans ce monde. Alors…qu’il ne s’y est jamais sentit à sa place. Jamais.

S’envoler.
Il aimerait.

y'a jamais personne ici. pas un chat. pas âme qui vive. rien. niet. que neni. au début ça me plaisait, mais après la situation se retourne toujours contre moi. alors je veux fuir. je marche jusqu'à la civilisation. les pierres roulent sous mes pieds, craquent, dévalent la falaise. et puis je m'arrête. stop. y'a lui, l'estropié qui veut voler. il est à deux doigts de tomber et d'y passer alors je m'approche, pose ma main sur son épaule. "ça va?"

Une main sur son épaule.
Un sursaut.

Il dérape, encore. La voix lointaine arrivant jusque lui. Esprit ailleurs. Il pense qu’enfin. C’est bon. Qu’enfin il va tomber. Mais non. Il reste encore là. Il reste sur le bord, bien debout. Bien vivant. Pourquoi ? Pourquoi l’ailleurs ne veut-il pas, l’emmener. Il n’en sait rien. Et, ça lui donne envie de hurler. Il n’en sait rien. Et, ça lui donne envie de pleurer.

Doucement, il se retourne. Le visage pâle, le souffle court. Bien trop. Et, il la fixe. Jeune fille. Au visage doux. Tor, il sait pas quoi lui dire. Non. Non ça va pas bien. Non. Non. Ça ne l’a jamais été. Bien. Il ferme les yeux. Puis, les rouvrent, avec un sourire aux lèvres. Si faux qu’on le devine. Si faux qu’il fait mal. Trop. « Oui, ça va ! Je me promène. » Il parle joyeusement. Heureux. Bonheur. Il ne sait pas. Ne sait plus. Faux. Trop faux. Trop mal. Mais, il est comme ça Tor.

Impossible de rire.
Impossible de sourire.
On lui a interdit.
Depuis si longtemps.
Et pour toute la vie.

Impossible de rire.
Impossible de sourire.

l'ange qui vole trop près du soleil et qui finit par se brûler les ailes, c'est lui. il marche trop près du bord pour ne pas vouloir voler avec les nuages et se faire emporter par le vent. loin, très loin. je le regarde, observe ses yeux, ses jolis yeux, son visage. trop heureux pour l'être. ça se sent, ça se voit à des kilomètres. et ça me tue. pourquoi t'es comme ça ? j'veux lui demander. mais au lieu de ça, je ne peux que dire « fais attention à toi. » puis je pose ma main sur son épaule, pour lui dire viens, viens avec moi. éloigne toi du bord. parce que des fois, la terre s'écroule sous toi et tu comprends pas. non, tu comprends pas jusqu'au moment où tu t'écrases.