fallait que ça m’arrive, à moi, maintenant, voiture piquée, vie envolée. j’avais tout là-dedans, des petites choses et des grandes, des futiles et importantes. dans le poste je passe de bureau en bureau, à raconter cent fois là même choses au policier, ils me regardent avec des yeux endormis, et c’est là que je me dis que ma voiture est perdue, à jamais. j’avais tout, tout, tout. toute ma vie, je n’ai plus rien. même plus d’habits. voilà le problème. j’ai pas trop de fric pour tout racheter non plus. autre problème, soit je loue un endroit où dormir, soit j’achète quelques trucs qui me serraient vraiment nécessaire. que faire, je ne sais pas. je porte plainte, paraît que c’est ce qu’il faut pour que marche l’assurance. par chance j’suis du genre à prévenir plutôt que guérir, alors quand on m’a demandé lorsque j’ai assuré ma voiture, si je veux une assurance qui assure tout absolument tout ce qu’il y a à l’intérieur en cas de vol j’ai dit oui. comme si je savais au fond de moi que ça arriverait. seulement voilà, pour la plus part des choses ils faut une facture, et à mon grand désespoir, je ne suis pas le genre de personne qui garde toutes les factures. je me hais dans ces moments, je me hais, je me hais. je suis désespérée, dans la merde, jusqu’au cou, égarée. je sors du poste, sort une clope de mon blouson. y avait mon briquet dans la voiture. merde. une jolie tête sur son skate juste là, je m’approche. « bonjour, excusez-moi, vous auriez un briquet ? » il peut pas me dire non, j’ai juste l’air dépitée.