ta guitare sur le dos, tu avances, à travers une foule pour l'instant peu dense à la recherche de l'endroit parfait. un croisement ou près d'un magasin à forte clientèle, tu cherches un lieu où ta guitare et toi vous pourrez vous en jouer une. finalement, tu y arrives. juste à un carrefour entre quatre rues, tu décides de t'installer là où le passage est relativement important. tu poses tes affaires et tu t'y mets. debout, ta guitare dans les mains, les yeux à moitiés fermés, tu en oublies presque le monde qui te regarde intrigué. tu ne joues pas pour leur fric, ni pour leurs oreilles, tu joues parce que le son de ta guitare et de ta voix se répercute merveilleusement bien à travers une foule dense. grisant.

une note de musique, le bruit des cordes, le fruit de doigts experts... il en faut peu pour attirer mon attention. la foule m'emmenait quelque part, loin d'ici. ma route se terminera là où elle se sera effacée, épuisée par le bruit et les pas des gens. mais sa musique m'a accostée, arrachée à la marche frénétique de la masse. et je me suis arrêtée. mes oreilles écoutent le joli spectacle et je finis par rejoindre le cercle fermé de ceux qui ont stoppé leur chemin pour écouter l'artiste, inlassablement.

t'ignores combien de temps tu fais bouger tes doigts sur les cordes usées de ta vieille guitare cloquée... mais dans tous les cas, ça sera toujours trop court. un frisson glacé te tire de ta bulle musical. il commence à faire froid et tes doigts peinent à se mouvoir à présent. tu t'arrêtes, tu relèves la tête, un petit groupe de personnes se tien devant toi. ils te sourient, aillant l'air d'être satisfait de ce qu'ils viennent d'écouter, mais ils finissent toujours tous par s'en aller. toujours. revenant gentiment à la réalité du monde non musical, tu ranges ta guitare dans son étui près au départ.