C'est commun de vouloir l'inaccessible. Commun de demander ce qu'on ne peut avoir. Triste même. Contentez vous de ce qu'on vous donne sans demander plus. Peut être. Impossible. T'es perdue. T'es par terre et t'attends. Tu sais pas quoi mais t'attends. Attendre c'est ce que tout le monde fait. Pas pour les mêmes raisons mais tout le monde attend. Un rire, un espoir, un sourire. Toi t'attends mais tu sais pas si ça va venir. C'est idiot. T'es idiote. C'est peut être ça le problème.

Parfois, tu trouves que tu te dénigres trop. Soyons clairs, tu devrais pas. T'es pas plus nulle qu'une autre mais.. Tu peux pas t'empêcher de te trouver idiote. C'est idiot de rester là, seule, alors qu'il fait froid. C'est idiot d'espérer des choses qu'on ne peut pas avoir. Alors si, t'es idiote. Contradiction. Tu te contredis toujours, toute seule. T'as besoin de personne pour le faire à ta place, t'es plutôt douée dans ce domaine. Et tu serais certainement là à te contredire pendant des heures si l'autre il débarquait pas en faisant un raffut digne de réveiller une population. Pas de discrétion. Toi, tu souriais amusée de le voir dans cette posture. Il semblait pas à l'aise pour le coup mais toi, tu trouvais ça amusant. Au final, il t'épargnais des heures de souffrance intérieure. Peut être que tu devrais le remercier. Quoi qu'il ne comprendrait sûrement pas. Alors à la place, tu tapais doucement à côté de toi pour l'inviter à s'asseoir. Un peu de compagnie égarait sûrement ta journée taciturne.

Apparemment, ça l'amuse.
Enfin, je préfère que ça l'amuse plutôt que ça l'énerve. Elle pourrait être déprimée, dépitée, lassée, agacée par un abruti tel que moi. Mais non. Ça l'amuse, elle sourit. Et moi, dès qu'on me sourit, je souris aussi. C'est comme une réaction automatique.
Elle tapote même la place à côté d'elle. Alors, je vais m'asseoir, comme un élève. J'y ai été invité, après-tout. Puis je fronce le nez. J'observe l'eau, le ponton, le ciel, et parfois son visage aussi, pour surveiller si elle parle. C'est tellement silencieux dans ma tête.
Puis, au bout de quelques minutes, je me tourne vers elle d'un seul coup. Puis je lance, d'un air naturel, comme si je venais tout juste d'arriver : « bonjour ! » On doit être beaucoup dans ma tête.

Tu le laisses venir sans rien dire, il a l'air heureux de ta proposition. Comme un enfant. Il semblerait qu'il se réjouisse de tout et de rien. Tant mieux. Ça doit être chouette de pouvoir réagir comme ça. D'se sentir aussi insouciant. Quelque part tu l'envie et tu finis par laisser ton regard se perdre sur l'horizon. T'es là sans être là. C'est toujours comme ça avec toi. Un peu trop rêveuse, un peu trop perdue. Mais tu sens son regard sur toi. Une fois, deux fois, trois fois. Tu le regardes aussi en biais du coup, tu comprends pas pourquoi il agit comme ça. C'est étrange non ? Étrange de faire ça. Et puis tu sursautes. Tu t'attendais pas à ce qu'il te parles. Pas si subitement. Tu le regardes à nouveau perplexe puis tu souris. Il a l'air gentil. « Bonjour. » Tu sembles peut être froide là. Alors tu prends la parole encore une fois. Tu le laisses entrer dans ton intimité. « Tasha. »