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 lotus

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MessageSujet: lotus   lotus EmptyMar 1 Avr - 14:39

J'avais déposé ma guitare sur le sable frais, détaillait d'un regard abstrait le soleil qui semblait se dissiper derrière les nuages. Aucune raison d'être particulière, puisque sa chaleur ne suffisait pas à réchauffer mon corps. J'avais cette épaisse veste en laine recouvrant mes épaules, et mon petit nez s'était enfoui entre mes mains, tandis que je soufflais pour en écarter la fraicheur. Il devait probablement dix huit, voire même un peu plus et j'étais là, à fixer l'horizon, une étendue d'eau s'étalant sous mes prunelles océan comme si elle m'invitait à m'y jeter à corps perdu. Devais-je me lancer ? Il y avait une personne (LIBRE) qui n'avait pas tardé à s'approcher. Je l'avais détaillé d'un regard suspicieux, alors qu'un sourire s'était esquissé sur ma bouille de scout. Me levant, je chassais les grains de sable qui perlaient encore sur mon fessier, avant de prendre la parole. « Le dernier à l'eau est une poule mouillée ! » là dessus, j'avais laissé tomber ma laine, retirant par la même occasion mon tee shirt et mes chaussures, sautant sur un pied puis un autre, avant de m'élancer vêtu seulement d'un pantalon vers le bassin. Je me permettais même de lancer un regard en arrière pour voir si l'autre personne me suivait bien. Si je la connaissais ? Pas le moins du monde.
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MessageSujet: Re: lotus   lotus EmptyMar 1 Avr - 15:16

Il n'en pouvait plus de banff river avenue. Le parking le déprime, le supermarché du coin le déprime, les petits commerces et les touristes le déprime. Et aux première lueurs du jour, Chiffo a démarré le van pour rouler à travers la ville épuisant les quelques ressources de son dernier plein. C'est sans doute pour cela, qu'il c'est échoué à nouveau ici, un changement de décor qui ne diffère pas tellement mais qui lui fait du bien. A travers la vitre, il perçoit les nuages qui s'installent doucement. Le soleil lui manque. Chiffo n'a jamais aimé le froid, peu importe l'endroit dont il vient. Il observe le siège à ses côtés et attrape entre ses doigts sa veste, l'enfilant une fois la porte claqué et enfouis son visage dans son écharpe. Il n'y a pas grand monde et il peut comprendre aisément pourquoi. La plage se remplit sans doute seulement le soir, une fois le feu allumé et les bouteilles installés. Alors il marche, tranquillement, enfouis les mains dans ses poches et maudit le paquet de cigarettes resté dans la boite à gants. Et parce qu'il n'a pas les pieds sur terre, chiffo sursaute brusquement lorsqu'une des rares silhouettes du coin se relève soudainement. Il s'enfonce un peu plus dans son écharpe et l'observe d'un air suspicieux. Ce mec est terriblement suspect. Il se déshabille sous ses yeux et Chiffo penche un peu la tête, l'air presque ahuri. Ce n'est quand même pas à lui, qu'il parle ? Il fait quelque pas de plus et se décide enfin à sortir ses mains, les frottant entre elles. Il peut courir, le regarder, Chiffo ne plongera pas. Point. Non mais me regarde pas comme ça. Il souffle et ne prend même pas la peine de sortir de son écharpe. Il fait si chaud, là dessous. Ça ne me dérange pas d'être une poule, c'est même sympa.


Dernière édition par Chiffo le Mar 1 Avr - 17:23, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: lotus   lotus EmptyMar 1 Avr - 15:51

Je n'avais pas de voiture. Oh non, moi j'avais une moto. Pas ces gros engins qui font rêver les plus grands collectionneurs, mais une petite moto, pas trop chère, pas trop bleue et en bon état. Le principal étant qu'elle roulait. J'aimais sentir le vent caresser ma nuque, sentir ma main se resserrer sur la poignée alors que les roues tournaient à toute vitesse. Il n'y avait rien de plus agréable que l'air chaud d'été s'emparant de vos moindres pores. Du moins, c'est ce que je pensais, mais après tout, je n'étais pas à la place des autres, et chacun était libre d'apprécier ou non. J'aimais me lancer des challenges, oui, voilà. Et forcément, lorsque j'avais aperçu ce garçon s'approchait, je n'avais pu me retenir de le défier à son tour. Ainsi, j'avais retiré mes vêtements, non sans mal, alors que la fraicheur ambiante s'emparait de mon corps, et m'étais mis à courir. Non mais me regarde pas comme ça. avait-il gémi avant d'ajouter Ça ne me dérange pas d'être une poule, c'est même sympa. sauf que moi, j'avais déjà l'eau jusqu'à la ceinture, alors forcément, c'était problématique. Il aurait pu me le dire avant. « Dans ce cas, on se partage les tâches. Tu es la poule et je suis mouillé. » voilà, l'énigme était résolue, et un sourire venait s'éprendre de mes lèvres, alors que mon corps s'enfonçait subitement dans le bassin. Aaaah que c'était froid ! Bondissant pour m'échapper du liquide, je plaquais mes cheveux en arrière en reprenant vivement la parole. « Doudiou' c'est glacé ! » mes mains vinrent recouvrir mes biceps alors que je frottais ardemment ma peau. « Alors c'est tout ? Tu pourrais au moins m'adresser un sourire, hm. » repris-je boudeur en quittant le bassin pour rejoindre mon camarade, me secouant comme un animal dans le but de me sécher.
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MessageSujet: Re: lotus   lotus EmptyMar 1 Avr - 18:15

Banff semble être un endroit étrange, remplis de gens tout aussi curieux que l'est le paysage et l'atmosphère. Chiffo n'est là que depuis quelques jours et pourtant, il a cessé de compter au bout des premières vingt quatre heures les rencontres bizarroïde et les secousses furieuse sur son rythme de vie. Alors, faire face à un garçon au corps aussi sculpté que son air de gamin est prononcé ne l'étonne pas. Il observe doucement le courageux fou et se retient de rire un peu. Dans le fond, il compati un peu. Lui aussi a plongé dans l'eau il y a quelques jours de ça et il n'en garde pas forcément le meilleur des souvenirs. Raison de plus, d'ailleurs, pour rester sagement sur le sable. Il quitte le corps de l'autre des yeux et se penche un peu, retirant ses chaussures pour enfoncer ses pieds dans le sable frais. Alors, lorsque la voix du garçon lui parvient à nouveau, Chiffo souffle d'un air taquin en se relevant. Marché conclu. T'es bien mieux dans l'eau que moi! Il fait un léger geste de la main. Malgré les apparences, il est sincère, le Chiffo, la poule lui convient et à l'autre, le mouillé lui scie bien au teint. Il se laisse tomber dans le sable et remonte une jambe contre lui. Ce type barbote encore et il ne peut s'empêcher de le trouver terriblement courageux, Chiffo doit bien l'admettre. Il n'y a même pas de feu pour se consoler. Fallait pas sauter dans l'eau. Il entoure sa jambe d'un bras et plisse légèrement les yeux lorsque l'homme sort enfin de l'eau. Il est méfiant Chiffo, il a peur de ce qui peut lui tomber dessus. Il baisse brusquement la tête. Wow, secoues-toi loin de moi. Chiffo se décide enfin à baisser son écharpe et décroche une moue renfrogné. Parce que tu mérites un sourire ? Chiffo observe les alentours et se penche pour récupérer la veste en laine et le t-shirt du jeune homme. Il serre un peu ses doigts dessus, observe encore un instant ses courbes et se décide à les lui jeter dessus. Tu risque de mourir de froid. Là, Chiffo aurait pu décrocher un sourire. Ses yeux glisses sur le pantalon humide. Et il reprend, sourcil froncé. Non en fait, tu vas mourir de froid. Ce type est stupide. Tu n'as pas prévu de serviette ?
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MessageSujet: Re: lotus   lotus EmptyMar 1 Avr - 18:38

J'étais peut-être inconscient, allez savoir, mais au moins je me savais en vie. Oui, j'avais toujours besoin de surpasser mes limites pour savoir quoi faire de mes jours. C'était une sorte de défi quotidien. J'avais bien conscience que la plupart des gens ne pouvaient pas comprendre, qu'ils me trouvaient soit trop enfantin, soit trop insouciant. Et peut-être avaient-ils raison en y repensant, pour autant, je restais un garçon comme un autre, avec des ambitions, un coeur, et un courage à défier toutes épreuves. Oh ne vous en faites pas, j'avais bien conscience de ne pas être ni le plus viril, ni le plus "normal", celui qui rentrait dans les standards. Pour autant, je me savais entier, et fidèle à ce que j'étais, que ça plaise ou non. Alors oui, le beau jeune homme non loin de là avait probablement du me prendre pour le premier des imbéciles, à retirer mes vêtements avant de me jeter dans l'eau. Rien n'était calculé, c'était simplement une question d'instinct. Peut-être allais-je le regretter, bien que je continuais à en penser le contraire. Marché conclu. T'es bien mieux dans l'eau que moi! De toute évidence, il semblait déterminer à ne pas se mouiller. Peut-être ne savait-il pas nager ? Ou peut-être était-il un peu trop frileux. Je ne jugeais pas, non, chacun faisait bien ce qu'il avait envie après tout. L'eau est glacé, que je m'exclame, ce à quoi il ne tarde pas à répondre. Fallait pas sauter dans l'eau. Il me semblait d'une logique implacable. Pour autant, tout ce qui semblait logique ne vous rendait pas forcément vivant. Ça n'était pas en restant sur ses acquis que l'on pouvait ressentir un frisson. Je décidais donc de me secouer pour tenter de me sécher comme je pouvais, alors que le garçon s'exclamait de nouveau. Wow, secoues-toi loin de moi. Boh, ça n'était que des goutes d'eau après tout, je venais de me mouiller entièrement le corps, alors il pouvait bien survivre à quelques tombées passagères. Toujours est-il qu'il semblait drôlement ronchon. Parce que tu mérites un sourire ? « Tout le monde mérite un sourire. » répliquais-je sur un ton presque moralisateur, alors que mes lèvres s'étirèrent légèrement. Bon, j'avais rien pris pour me sécher, mais je pouvais tout à fait improviser. Mon pantalon était de toute façon déjà mouillé, alors je pouvais bien mouiller le reste de mes vêtements. C'est d'ailleurs le brun qui se décida à me les passer. Tu risque de mourir de froid. Ah ça, c'était certain. Me mordant la lèvre inférieure, mes billes azurées s'étaient ancrées dans les siennes alors que j'enfilais tant bien que mal mon tee shirt, de large tâche due à mon torse encore mouillé ne tardant pas à se former. Non en fait, tu vas mourir de froid. Tu n'as pas prévu de serviette ? plissant légèrement les yeux, j'argumentais « T'es du genre à toujours tout prévoir toi, non ? » de ces gens qui préparaient tout à l'avance et qui ne s'amusaient au final que rarement, ou du moins, n'expérimentaient jamais le gout de la surprise. M'approchant de lui, je décidais de prendre place à ses côtés. « Tu devrais essayer d'être imprévisible, une fois de temps en temps. Agir sur un coup de tête, sans prendre le temps d'anticiper quoi que ce soit. C'est un bon moyen de se lâcher. » mes lèvres esquissèrent un nouveau sourire, chaleureux. « Je suis Basile, et toi ? » je posais mon pull sur mes épaules, sans pour autant l'enfiler, juste histoire qu'il me tienne un peu chaud. J'étais totalement trempe, mais ça m'importait peu, mon corps avait survécu à bien pire, et je n'étais pas franchement du genre à tomber malade pour une question de température.
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MessageSujet: Re: lotus   lotus EmptyMar 1 Avr - 20:37

Se jeter tête la première, il l'a sans doute fait un million de fois. Au delà de son bagout, de ses mauvais airs et de tout ce qu'il peut dégager, Chiffo n'a jamais douté de lui. Et lorsqu'il a démarré le moteur de son van ce jour-là, il c'est noyé, paisiblement. Chiffo ne se préoccupe pas de tout ce qu'on peut penser de lui, les ressentiments, les remises en questions, il les a enterré on s'en allant dévorer la route. Alors peut être bien qu'il a l'air terriblement bougon, qu'il passe pour un coincé en préférant la douceur du sable sous ses pieds à l'eau glacé contre sa peau mais ce n'est pas important. Ces choses-là n'ont jamais été importantes, jamais. Et lorsque Chiffo décide d'une chose, personne ne peut l'en détourner. Alors il se contente de le dévisager, paisible et au sec. Il a l'air bien heureux celui-là dans l'eau. Il doit sans doute faire partie de ces gens léger qui se réjouissent d'un rien, cette petite catégorie capable de décider que la journée sera belle parce que le soleil réchauffe leurs peaux. Chiffo ne se réjouit jamais pour une question de température. C'est ridicule, s'il a trop froid, suffit qu'il se couvre un peu plus. Sa simplicité à lui, c'est un moteur qui démarre et un paysage différent de celui d'hier. Est-ce si différent finalement ? Le garçon sort enfin de l'eau, ses cheveux humide lui donne presque des frissons et Chiffo en vient à bénir son écharpe. S'il craint déjà le froid de banff, comment fera t-il après ? C'est une chance finalement, cet hivers à rallonge. s'il finit par s'habituer aux rhumes et aux tremblements le soir, il pourra alors tout supporter. Il baisse les yeux un instant et enfonce un peu plus son pied droit dans le sable. L'air faussement concentré. Tout le monde mérite un sourire oui.  Je suis juste quelqu'un de pas particulièrement souriant. Chiffo ne cherche pas vraiment à se rattraper. C'est seulement un fait. Pas qu'il tire la tronche régulièrement mais à force de rouler, Il n'a pas grand monde à qui décrocher un sourire en dehors de son rétroviseur. Alors on s'y fait, on en prend même l'habitude. Le regard de l'autre s'accroche au sien et Chiffo ne détourne pas les yeux. Il glisse ses doigts dans ses cheveux et les ébouriffe un peu. Il était beau à regarder, ce torse humide mais un bout de tissus au dessus de sa peau le réchauffe un peu plus. Finalement, ce n'est pas trop mal non plus. Il prévoit tout ? Lui ? c'est ça, l'image qu'il dégage ? Chiffo esquisse un léger rictus. T'es en droit de ne pas me croire, mais ce n'est pas du tout le cas. Comment peut-il tout prévoir avec la vie qu'il mène ? Par contre, je réfléchis beaucoup trop. Chiffo ne sait même pas où il sera ce soir. Mieux encore, il ne sait pas où il pourra trouver de l'argents pour demain. Sa train de vie est une question d'improvisation. Il n'est pas vexé pour autant, faut bien qu'on se fasse un tas d'idées sur lui s'il ne prend jamais le temps de réfléchir avant de parler. Sa joue appuyé contre la paume de sa main, Chiffo l'écoute patiemment. C'est ce que je dégage ? Je crois juste qu'on ne se lâche pas de la même façon. Peut être que ça trop arrogant, dit comme ça ? J'ai beau ne pas avoir envie de me jeter dans l'eau, je sais m'amuser de temps en temps, tu sais ? Chiffo le pointe du doigt, un air faussement contrarié sur le visage. Et je t'assure que je suis sincère. Il s'appelle Basile. Ce n'est pas un drôle de prénom, Chiffo le trouve même très agréable mais les basile ne court pas les rues. Il détourne le regard, se penche un peu et s'occupe les doigts à recouvrir ses pieds de sable. Donner son nom, c'est toujours le moment le plus comique de ces rencontres. Les anglais le repète au moins dix fois et les francophones éclatent de rire. Chiffo lui, il attend simplement que la réaction passe. On m'appelle Chiffo. Il pivote un peu son visage. Basile, ça ne fait pas très anglophone, non ? t'es d'où ? Il est curieux.
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MessageSujet: Re: lotus   lotus EmptyMar 1 Avr - 21:12

Je n'ai jamais été le genre de personne à avoir beaucoup de proches. Non, je ne reste jamais assez longtemps à un seul endroit pour me permettre ce luxe, pourtant, je ne suis pas des plus asociales. J'aime m'imaginer comme un rossignol dévalant les courants d'airs pour ne jamais se fixer sur une ligne électrique précise. Il y en a tant, de toiles, de poteaux et d'horizons, alors pourquoi chercher à ne profiter que d'une seule ? Forcément, on passe anonyme, comme si je me retrouvais à un bal dansant et que tout le monde semblait bloquer sur mon masque. Je ne suis pas quelqu'un de très compliqué, il faut simplement savoir m'attraper avec les deux mains, sinon je pourrais y laisser quelques battements d'ailes. A vrai dire, personne n'a jamais réellement essayé de me saisir. On me trouve beau, particulier, mais peut-être trop à part pour oser m'approcher. Je n'ai pas de norme, non, et c'est principalement ce qui a toujours dérangé les moins curieux. Et des gens restants sur leurs acquis, il y en a bien un paquet. Oh je ne les déteste pas, non, je ne suis pas de ce bord là, je me contente simplement de trouver ça dommage. Il y a bien trop de choses à faire pour se contenter d'un avis arrêté, et d'une curiosité lascive. Je suis juste quelqu'un de pas particulièrement souriant. C'est bien ce qu'il m'avait semblé oui. Je ne pouvais pas lui reprocher, oh ça non, après tout, chacun était bien différent, et je ne pouvais décemment pas forcer quelqu'un à sourire autant que moi. C'était dans ma nature. Je ne cherchais même pas à faire bonne impression, non, je me contentais juste d'être ainsi, en espérant ne pas agacer la personne face à moi. Parce que j'avais bien conscience qu'un surplus de tendresse pouvait être mal interprété, et qu'un sourire de trop pouvait me faire passer pour le premier des imbéciles. Pourtant, je n'étais pas un imbécile, non, j'étais différent. J'avais tout de même l'impression que le beau brun était du genre à tout prévoir, et à ne jamais se mouiller, en l'occurrence, au sens propre comme au figuré dans ce cas précis. T'es en droit de ne pas me croire, mais ce n'est pas du tout le cas. Vraiment ? Cela dit, je n'avais jamais pensé posséder la vérité absolue, et sur ce cas précis, je préférais même avoir tord. Par contre, je réfléchis beaucoup trop. Un nouveau sourire vint caresser mes lèvres. J'avais parfois tendance à faire de même, bien que j'essayais d'avoir des moments d'absence absolue, pour pouvoir m'embarquer dans de folles aventures. « On est deux dans ce cas. Mais parfois, je trouve ça bien d'arrêter d'enchérir, et de juste faire ce que l'on souhaite réellement. » Il y avait toujours des "si" et des "mais", dans n'importe quel cas. Il fallait simplement savoir sauter le pas et voir à travers. Parfois on le regrettait, parfois non, mais dans tous les cas, on ne pouvait qu'apprendre et nourrir cette curiosité qui était humaine. C'est ce que je dégage ? Je crois juste qu'on ne se lâche pas de la même façon. C'était probable, j'avais une vision de la vie quelque peu égarée, lui et moi ne devions pas avoir les mêmes objectifs. J'ai beau ne pas avoir envie de me jeter dans l'eau, je sais m'amuser de temps en temps, tu sais ? j'hochais la tête, sans pour autant quitter ses yeux du regard. Et je t'assure que je suis sincère. « Je te crois. » Et c'était le cas. Oui, j'aimais croire tout ce que l'on pouvait me dire, cela faisait probablement de moi quelqu'un de naïf et crédule, mais j'aimais penser pouvoir faire confiance au premier venu. Et dans ce cas précis, il n'avait de toute évidence aucune raison de me mentir. « Dans ce cas, j'espère avoir l'occasion de te voir t'amuser. » peut-être maintenant, peut-être un autre jour. Le garçon m'intriguait. Mais c'était toujours le cas. Je crois que j'étais au final bien trop curieux, la moindre personne pouvait attirer mon attention. Il suffisait d'un regard, ou d'un mot. Et dans ce cas précis, le brun avait réussi à monopoliser la scène, mes yeux ayant bien du mal à se détacher de son visage. On m'appelle Chiffo. un sourire écorcha à nouveau mes lèvres. « Chifoo. » que je répétais en écorchant son nom, comme j'avais bien souvent l'habitude de faire, sans pour autant le vouloir « C'est drôlement mignon comme nom. » Là dessus, il se questionna sur ma nationalité, comme beaucoup je supposais, puisque il n'y avait pas beaucoup de Basile dans le coin. Basile, ça ne fait pas très anglophone, non ? t'es d'où ? « Je suis français. Mais j'ai tendance à beaucoup voyager, alors je ne sais pas trop si on peut me considérer comme tel... » non, ces dernières années, je n'avais pas passé énormément de temps dans mon pays natal. De toute façon, il n'y avait rien qui m'attendait là bas, alors il était inutile de trop s'y attarder. Mes prunelles s'étaient alors détachées des siennes pour se reporter sur l'écran noir criblé d'étoiles qui nous surplombait. Fasciné, j'avais laissé mon dos se déposer à même le sable, mettant mes deux mains derrière ma tête. Tant pis si j'allais partir d'ici avec la moitié de la plage sur le dos, de toute façon, je ne comptais pas dormir avec ces vêtements. « J'adore regarder les étoiles. Partout où on est, on retrouve toujours les mêmes. » oui, je trouvais ça réellement fascinant. J'avais même mes favorites dans le lot. « Dis Chifoo... qu'est ce qui te rend heureux ? » je continuais malgré moi d'écorcher son prénom, mais il aurait beau me le répéter, je ne pourrais décemment plus me défaire de ma propre attribution.
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MessageSujet: Re: lotus   lotus EmptyVen 4 Avr - 22:45

Le point de départ de Chiffo, ce sont des hivers aussi doux que le printemps, des pots d'échappement hurlant trois tonnes de Co2 à la minute et des visages lasses, pressant, pressé. Il en garde de beaux souvenirs, de cette vie passé et même les immeubles gris et blanc lui semblent tendre à présent. Parfois, lorsqu'il se lève à moitié fracassé à l'arrière de son van, qu'il tire les rideaux et qu'il tombe à nouveau sur l'allure cotonneux du ciel de Banff, il en vient à regretter le temps des lits moelleux, du soleil brûlant et de l’insouciant. Pourtant, c'est sans doute lorsqu'il n'arrive pas à savoir s'il sera encore là demain que Chiffo se sent vivant. Lorsqu'il fait les cents pas sur bow river avenue, sa guitare collé contre son estomac, qu'il découvre un nouveau visage et l'oublie en quelque instants, qu'il tombe amoureux et se résous à ne jamais recroiser de chemin avec la même saveur, la même douceur. Qu'il mange ses repas tantôt sur de la poussière au Nevada et quelques jours plus tard sur les plaines de l'Idaho. C'est ça, ça, son vivant, son plongeon, son absence de conscience. Il le sait, le ressent. et pour tout ce qu'il sent courir sur sa nuque, Chiffo veut bien assumer n'importe lequel des rôles qui lui collent à la peau. Du fourbe à celui qui prévoit tout. Rien n'est grave, si personne ne veut le croire, il n'a pas attendu à ce qu'on se presse à le comprendre pour commencer à re-vivre. Parce qu'il n'est pas le baroudeur du monde, Chiffo, c'est celui de son nombril. Ça, le passionne pourtant, d’entraîner les autres dans sa vision des choses et il veut bien mener la discussion jusqu'à l'aurore pour avoir le dernier mot, peu importe ce que c'est d'ailleurs, s'il peut s'en allait satisfait. Arrêter de surenchérir, faire seulement ce que l'on veut ? Un peu comme maintenant, non ? plonger dans une eau à 3° ou rester au bord. Il fait exactement ce dont il a envie. Je suppose que tu n'as pas tout à fait tort. Chiffo a l'impression de ressasser les même mots que l'autre garçon avec un style un peu différent. Ils disent la même chose mais ne l'entendent pas de la même façon. La liberté chez Chiffo, c'est aussi de ne rien faire. Et c'est a ses yeux, c'est aussi fou que tout le reste. Peut-être. Il décroche un petit sourire. Il est là pour un long moment encore le Chiffo, sans doute qu'il aura l'occasion de recroiser ce garçon s'il revient souvent près de l'eau. Tu me diras si je m'amuse assez pour toi. Il passera sans doute pour un rabat-joie, un garçon qui ne se laisse jamais totalement aller. Quelqu'un que se pense trop bien pour ne pas se mêler aux autres et à leurs activités. Parce que c'est bien son genre à Chiffo, de s'amuser de loin, de regarder, de grignoter et de ne pas trop en faire. Il y a ces démons, Chiffo ne peut pas se laisser-aller et les surveiller en même temps. Tu traînes où de toute façon en général ? Il se frotte la nuque du bout des doigts et ne prend même pas la peine de rouler des yeux lorsqu'il entend son nom se faire écorcher. Il a l'habitude des massacres, ceci dit, un massacre de ce genre-là, c'est bien la première fois. Comment peut-on se tromper autant sur la prononciation ?  Même son alphabet est différent ? Chiffo. Il répète, doucement. Ce sera sans doute l'unique fois. Ça peut être que mignon vu la façon dont tu sors ça. Il souffle un peu et lève la tête. T'es français hein ? je me disais bien...Ça veut dire que t'en as fais, du chemin pour arriver jusqu'ici. Chiffo ne prend pas la peine de tourner la tête lorsqu'il lance ces mots-là. Il est trop occupé à regarder tout ce qui passent sous ses yeux. les étoiles, celles qui ne bougent pas et celle qui clignotent doucement, des avions. C'est beau, mais Chiffo préfère le jour. La nuit a l'art de le mettre à nu. Ah ? Je préfère le jour, parce que justement, le ciel a l'air à chaque fois différents. Ça doit surement le réconfort, de retrouver quelque chose de semblable partout où il va. A force de s'éloigner, on fini par avoir d'oublier tout qu'il y avait avant. Il a bien envie, le Chiffo, de lui demander le pourquoi de son voyage, parce que clairement, ce type là n'est pas qu'un touriste mais il se rétracte. Après tout, lui, il n'aimerait pas qu'on lui pose cette question-là. Il serait même capable de jouer au plus sourd. Je ne sais pas. Il baisse les yeux et fronce les sourcils, l'air presque nerveux. C'est vrai, il n'a pas vraiment des réponses à cette question. Je suis justement là parce que je veux rentrer chez moi avec une réponse. Ce serait bête, de cumuler les kilomètres pour revenir les poches pleins de regrets. Mais je crois que mon train de vie me rend heureux. Il lance et tourne la tête vers Basile. Ça, la musique et mon bébé. C'est bateau, mais c'est tout ce qu'il a sur le bout de la langue. Et toi ? à part te baigner habiller, y'a d'autres trucs qui te font kiffer ?
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MessageSujet: Re: lotus   lotus EmptySam 5 Avr - 0:03

Banff était mon second souffle. une sorte de bouffée d'air frais lorsque l'été avait accumulé trop de pression, trop de coups de soleil. J'étais marqué à vie. Oh, ne croyez pas que j'étais une âme en peine, oui, celles qui errent sans but dans les couloirs d'un hôpital. J'avais fait mon deuil depuis quelques années maintenant, et ce même si le manque avait creusé un trou béant dans ma poitrine. Je n'étais qu'un palpitant mécanique cherchant à être rafistolé. Je n'y connaissais rien en outils, alors je préférais laisser cette tâche aux premiers venus. On apprenait des autres, que ma mère me répétait. Il y avait tant de paroles que j'aurais aimé entendre, mais celle ci était celle qui revenait régulièrement. Alors j'apprenais. J'apprenais la vie dans les yeux de Chifoo. Il y avait pourtant bien des questions qui restaient en travers de mon esprit, comme si celles ci ne pourraient jamais trouver de réponses. Par exemple, je me demandais comment les fleurs pouvaient tenir l'hiver, lorsque leurs pétales se fanaient et qu'il n'y avait plus que leur bourgeon les raccrochant à la vie. Je me demandais également si lorsque nous mourrions, une nouvelle étoile apparaissait, ou si ça n'était réservé qu'aux exceptions. J'avais entendu dire que certains pouvaient nommer une étoile de leur nom, mais n'était pas quelque peu égoïste si justement, celle ci était censée représenter l'âme d'un autre ? Alors, mes prunelles jonglaient entre le regard de Chifoo ainsi que les billes de lumières, comme s'il n'y avait aucune différence entre elles. Les yeux du jeune homme étaient si clairs que j'aurais presque pensé les voir s'illuminer. Je suppose que tu n'as pas tout à fait tort. répondit-il lorsque je laissais entendre qu'il fallait parfois se laisser aller, arrêter de trop penser et juste profiter. Cette leçon s'appliquait également à moi. J'étais un point d'interrogation sur pattes, et la moindre pensée pouvait rapidement évoluer en débat intérieur. Mais là, tout de suite, tout semblait si calme, si paisible que je n'avais clairement pas envie de tout gâcher. J'avais laissé mes pensées au fond de ma chaussure gauche, oui, je les récupèrerai plus tard. Tu me diras si je m'amuse assez pour toi. Un doux sourire s'esquissa sur mes lèvres. A vrai dire, il n'était pas de ces garçons que j'imaginais se laisser aller. Il m'avait l'air solitaire, indépendant, peut-être un peu trop fier. Il avait tout d'un loup, sans pour autant s'accompagner d'une meute. Peut-être n'avait-il jusqu'ici pas trouver les bonnes personnes auxquelles s'attachaient ? Si c'était le cas, je pouvais alors penser que nous avions bien plus en commun que les apparences trahissaient. « Je pourrai t'aider, même. » repris-je en une moue rêveuse, alors que mes yeux étaient accaparés par les grains de sable qui s'était collés à mes côtes. Forcément, mon tee shirt étant encore mouillé, il était évident que je ne devais pas être des plus présentables. Mais je n'en avais que faire des apparences, de toute façon, ce n'est pas comme si je m'étais un jour trouvé incroyablement élégant, ou attirant. Ça n'était pas franchement le style de la maison. Tu traînes où de toute façon en général ? Je n'étais pas à Banff depuis très longtemps, alors la plupart des endroits ne m'étaient jusqu'ici pas familiers. Et puis mon désastreux sans de l'orientation ne laissait pas franchement place aux repères géographiques. « J-Je ne sais pas trop... En général, j'aime bien me balader sur la plage. » qu'il fasse jour ou nuit, qu'il vente ou qu'il mouille, la plage restait décidément mon endroit fétiche. Ici ou ailleurs. « J'ai toujours un peu de mal à me situer en ville, pour moi, toutes les rues se ressemblent. » repris-je d'une voix douce qui m'était propre. Oui, il n'y avait bien que la rue de mon appartement que je savais retrouver. « Pourquoi, il y a des endroits que tu affectionnes en particulier ? » si il me parlait de ça, c'est qu'il devait bien en avoir où il pouvait se retrouver. Moi, je tentais encore de prendre mes marques, mais peut-être pourrait-il m'aider à me faire à cette ville qui n'était de toute évidence pas encore entré dans ma peau. Il s'appelait ainsi Chiffo... Chifoo. Ce prénom était si singulier qu'il me serait difficile de ne pas m'en souvenir. Ça peut être que mignon vu la façon dont tu sors ça. mes lèvres s'étirent à nouveau alors que je redresse un instant mon torse, me posant sur mes coudes, alors que le brun s'évadait dans la noirceur du ciel. T'es français hein ? je me disais bien...Ça veut dire que t'en as fais, du chemin pour arriver jusqu'ici. Oh oui, ça c'était certain. « Peut-être que mon chemin n'est pas encore terminé, à vrai dire. » soufflais-je tout en laissant un blanc, avant de finalement reprendre « Tout dépend de ce que je trouverai ici. » A vrai dire, je n'étais même pas certain de savoir ce que je cherchais exactement. Peut-être un petit bout de moi que j'avais égaré lors de ces dernières années. Au fond, je crois que j'avais simplement besoin de me sentir vivant, et peut-être m'engager sur des pistes qui ne m'étaient jusqu'ici pas familières. « Et toi, tu viens d'où ? » peut-être était-il d'ici, mais j'en doutais. Je laissais ainsi mon regard se perdre dans les étoiles, lui expliquant que partout où j'étais allé, celles ci restaient un de mes repères. Voire peut-être le seul... Elles étaient un peu tout ce qui me rattachait, comme si elles étaient le ciment qui comblait les trous qu'avaient laissé ma vie. Ah ? Je préfère le jour, parce que justement, le ciel a l'air à chaque fois différents. Il aimait donc le changement, ce que je pouvais également comprendre. « La nuit a le don d'inspirer la plupart des humains. Une fois le soleil couché, leurs barrières s'effritent et chacun se met en danger, à sa manière. » que ce soit au niveau décisionnel ou de ses actes, la nuit était une source d'inspiration pour chacun. Je me sentais un peu plus vivant à chaque fois que la lune portait un regard bienveillant sur mon âme. Qu'est ce qui le rendait heureux ? Il n'en savait apparemment rien. Peut-être se cherchait-il encore. Certaines personnes avaient besoin de parcourir des kilomètres pour trouver certaines réponses. Je n'avais de toute évidence pas les clés pour l'aider à ouvrir cette porte, mais j'espérais qu'il réussirait à trouver ce qu'il semble tant rechercher. Je suis justement là parce que je veux rentrer chez moi avec une réponse. laissa-t-il entendre avant de finalement reprendre la parole. Mais je crois que mon train de vie me rend heureux. Nos regards se croisent, alors que mes yeux n'osent plus s'échapper des siens. Ça, la musique et mon bébé. Evidemment, je ne pouvais m'empêcher de me questionner au sujet de ce dernier détail. Il avait donc un enfant ? C'est ce que je comprenais. « Il a quel âge ? » murmurais-je, peut-être un peu trop indiscret. J'adorais les enfants, peut-être parce que je n'avais jamais réellement pris le temps de grandir. J'aimais croire que ma vie n'était qu'un éternel parc d'attractions et qu'il n'y avait jamais à se soucier de rien d'autre que de tout l'amusement qu'il pouvait me procurer. Mais c'était plus compliqué, tout était toujours plus compliqué. Et toi ? à part te baigner habiller, y'a d'autres trucs qui te font kiffer ? Me mordant la lèvre inférieure, mes yeux s'attachaient encore quelques poignées de secondes aux siens avant de s'évader vers le ciel, tentant de trouver les mots. « J'aime le dessin, lorsqu'il fait un peu trop froid et que mes pensées sont embrumées... J'aime les imprévus, quand quelqu'un décide de ne pas suivre une ligne droite et se lance de lui même vers quelque chose qu'il n'aurait jamais pensé être capable d'accomplir... Et puis j'aime les choses les plus simples. Je suis un collectionneur de sourires. J'aime les blagues qui ne font rire que moi, les regards qui en disent longs, les gestes du quotidien... » je pourrais continuer ainsi pendant des heures. Pourtant, mes prunelles océans avaient fini par se fixer dans celles du jeune homme, et toutes mes paroles s'étaient finalement envolées, ne laissant qu'une bouche entre-ouverte, et un doux silence. Et puis finalement, une conclusion. « Je crois que j'aime vivre. » oui, voilà, il n'y avait rien de plus simple. Du moins, lorsque l'on en venait à résumer le tout, c'était bien cela qui en ressortait. « Je n'ai jamais connu personne. » repris-je soudainement alors que mon regard se voulait de nouveau fuyant. Je ne savais pas bien pourquoi je me confiais à un parfait inconnu. Peut-être était-ce parce que le facteur chance de le croiser à nouveau n'était que peu élevé, et qu'il ne me jugerait point sur quelques mots. Et puis peut-être parce que j'avais l'étrange impression de pouvoir lui faire confiance. « Je ne sais pas ce que c'est que de sentir le souffle de quelqu'un s'évaporer contre ma peau. Sentir mes nerfs se tendre au moindre contact, au moindre baiser... je n'ai jamais... » mes mots se coincèrent dans ma gorge, alors qu'un profond désarroi s'était finalement épris de mon visage. Si ça ne m'avait jamais semblé important jusqu'ici, j'avais de plus en plus l'impression de n'être soumis qu'à une bombe à retardement. Comme si ma vie s'était mise en pause, alors que celles des autres semblaient se poursuivre. « Est ce que c'est agréable ? » Ma question était peut-être un peu trop innocente, trop naïve, mais j'avais ce besoin de savoir.


Dernière édition par Basile le Lun 7 Avr - 1:17, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: lotus   lotus EmptyDim 6 Avr - 14:29

Ce n'est pas vrai non plus, que Chiffo se jette dans l'inconnu sans réfléchir. Ce n'est pas vrai non plus, que sa prudence n'est qu'un concept de la liberté. Ce n'est pas vrai. C'est lors de nuit comme celle-ci que Chiffo tente de se souvenir de tout ce qu'il y avait avant. Du rire de sa mère à l'impact de la main de son père contre son dos. Des déjeuners de familles le dimanche midi, des couleurs dans son assiette, des odeurs, des débats politique à la télévision en fond sonore. C'est pendant une soirée de ce genre, que depuis des années déjà, Chiffo tente de ne pas oublier. Oublier les promesses et ceux qu'il a laissé derrière pour s'en aller courir après un sens. Mais tout s'efface, tout part déjà. On ne peut pas vouloir oublier et se souvenir à la fois. Ce sont les kilomètres et la poussière sur le bitume qui dévorent tout, les sourires, les visages et les détails insignifiants, qui le dévorent lui, l'adolescent qu'il a pu être un jour. Et c'est sans doute ça finalement, les calcules et le prévoit-tout qu'il cache en lui, celui dont l'autre parle. Chiffo ne cherche qu'à préserver les quelques brides qui lui restent. Le gosse n'est jamais bien loin et il n'a toujours pas trouver la force de lui dire au revoir sincèrement. Se séparer revient à accepter qu'il ne restera plus rien au retour, que le monde tourne sans eux et qu'il n'a aucune raison de s'embêter avec des bêtises qu'il a pu dire avant. Il roule, ils marchent, c'est probablement ainsi que tout fonctionne. Et si les visages de ses amis, de sa famille, ont pu être remplacés par ceux des baroudeurs rencontrés sur une aire d'autoroute alors le sien aussi, le sien aussi. Encadré sans doute au dessus de la cheminée de son ancien appartement classieux. Mais la prudence n'empêche pas la liberté et c'est ça, son histoire, celle d'un petit pas en avant et d'un pas en arrière. Chiffo laisse ses doigts glisser dans le sable et ferme un petit moment les yeux. Ses mains se serrent un peu et il écoute distraitement la voix de Basile. Je pourrais t'aider, même. Il pourrait l'aider à quoi ? à se lâcher ? à s'abandonner ? Il rit un peu et tourne la tête, ses yeux se posent sur l'air presque concentré de l'autre sur le sable et chiffo hausse un sourcil, curieux. Et lui alors ? Est-ce que sa vie est forcément plus belle que la sienne parce qu'il n'a pas peur de l'après ? Est-ce qu'il y pense d'ailleurs, à ce qu'il y trouvera une fois de retour ? Y aura t'il un retour pour l'autre ? Et pour lui, est-ce qu'il reviendra vraiment, comme promis ? Chiffo ne sait même plus. Alors il souffle enfin, un peu ailleurs. Tu pourrais, c'est vrai. Il ne dirait pas non à un peu d'inconscience. L'inconscient d'ailleurs, a tendance à suivre l'eau. Chiffo, lui, c'est un champion, pour se repérer. Il a toujours été doué pour s'adapter, seulement, il ne reste jamais assez longtemps pour s'y attacher vraiment. chiffo reste à côté des parkings, des endroits fréquentés, afin de pouvoir jouer le soir et obtenir quelques pièces pour le lendemain. Depuis qu'il est arrivé sur banff, il c'est que rarement éloigné de bow river avenue, à pied, oui c'est vrai, pour s'en aller approcher l'église sans oser y rentrer mais c'est bien la première fois que son van bouge depuis. Pour être encore près d'une plage. Il a des choses qui ne changent pas. Je traîne souvent à la plage. il s'arrête un petit instant et reprend. Sinon, je suis toujours dans les endroits vachement fréquentés et plein de touristes. Il fait un léger mouvement de tête vers la guitare de l'autre, totalement oublié et étire un peu ses lèvres. Je joue de la musique dans la rue pour avoir de l'argent. Il cherche de l'argent et l'autre quelque chose. Quelque chose qui le rend un peu curieux. Le Chiffo. Son regard est insistant, il le sait mais il n'y peut rien. C'est juste curieux, de voir ce type-là passé de l'air béat et ce visage-là. Pourtant, Il ne dit rien et se tait. Il n'a pas le droit de poser trop de questions. Alors, ils en viennent de nouveau à lui. Chiffo, il vient du pays des radins et de la chaleur planquée derrière les préjugés. Il vient du même endroit. Je viens de France, comme toi.  Il se laisse écraser dans le sable et ferme les yeux. Chiffo, ça ne fait pas très anglais de toute façon. En vérité, Chiffo, ça ne ressemble à rien de vraiment concret et c'est parfait ainsi. Et puis la nuit, la nuit représente beaucoup trop de choses pour qu'il arrive à s'y attacher. La nuit l'épuise, la nuit l'effraie et parfois même, la nuit le brûle un peu. Alors il préfère le jour et l'impossibilité de se cacher derrière quoi que ce soit. De toute façon, Chiffo aime trop rouler avec le soleil brûlant contre sa peau pour changer d'avis. Ils ne cherchent définitivement pas la même chose. Il a l'air d'avoir besoin de sécurité, le Basile. C'est étrange, avec sa jolie gueule et ses abdos...le physique ne veut pas toujours tout dire. C'est comme lui, derrière son air bougon, Chiffo n'a jamais aimé ce qui est trop fort. L'alcool, le tabac qu'on sent à des kilomètres, les moteurs bruyants, les concerts géant. Il a toujours préféré la douceur, la musique, bichonner son trésor et les kilomètres. Il ne détourne pas les yeux, lorsqu'il s'accroche au regard de l'autre. Il se contente seulement d'afficher un air surpris. Qui a quel âge ? Il fronce les sourcils, réfléchit un peu et éclate soudainement de rire. Oh, non, comme si j'avais la dégaine d'un père. Il se tient un peu le ventre, se rassoit soudainement et se penche un peu. Aucun gosse ne mérite de vivre comme je vis. Il essaye de se reprendre, effleure un peu son visage du bout des doigts et se rallonge doucement, encore un peu perdu dans son fou rire. Ses yeux s'accrochent s'accroche aux étoiles. Mon bébé, c'est mon van. Je vis dans un van. Pas avec un enfant...tu crois vraiment que je transporte toute une famille avec moi ? Parce que Chiffo ne se voit pas avoir d'enfant sans la mère qui va avec. C'est peut être sa foi qui veut ça. Mais une famille, c'est au moins d'eux. Je suis seul. Chiffo se calme enfin et l'écoute. Il se décide à s'allonger sur le côté au bout d'un moment, pour ne pas avoir à tourner la tête toutes les trois secondes et appuis sa tête contre la paume de sa main. Basile aime un peu et Chiffo a presque l'impression de se noyer sous les mots. ça en fait des choses, du dessin, des sourires, des blagues bidons, des imprévus. La vie. Il aime vivre. Chiffo hausse à nouveau un sourcil et lâche, faussement blasé. Ouai, c'est plus simple de le dire ainsi. C'est presque mignon, d'aimer un peu tout et n'importe quoi. Chiffo serait incapable de trouver plus d'une liste de cinq choses sans parvenir à démontrer un argument contre. Ce qu'il est prise de tête, en fait. Je n'ai jamais connu personne. La claque, sorti de nulle part. Jamais...? Jamais connu, comme dans, jamais connu ? Jamais, jamais ? Chiffo s'empêche de le dévisager. Il sent bien que cette conversation prend un tournant un peu plus intime et il n'a pas envie de le vexer. Il pourrait, Chiffo est doué pour ça mais ce gars-là. Il est trop tendre pour le pousser à lui faire la gueule. Il alors Chiffo essaye d'avoir l'air neutre et l'écoute doucement. Oh, c'est bien connu pourtant, qu'il n'est pas doué pour ça. Il fronce les sourcils au fur et à mesure que le visage de l'autre change d'expression. Wow, attends, ce n'est pas grave tu sais... C'est étrange, c'est vrai, Chiffo ne peut pas s'empêcher de le penser. Mais est-ce si dramatique ? Ca l'est ? Assez pour se sentir à part ? Il n'en sait rien en vérité. Chiffo n'a jamais été différent des autres sur ce point-là. Il a connu son premier baiser à treize et sa première fois à quinze, comme la plupart des garçons de son âge. Il ne peut pas le rassurer. Chiffo ne sait absolument pas quoi penser. C'est si inattendu...Il s'assoit à nouveau et se frotte la nuque nerveusement, il n'ose même pas poser ses yeux sur le visage de l'autre. Pourquoi ? pourquoi un type comme lui ne sait rien de ces choses-là ? Elle est bizarre, ta question. Il baisse la tête et frotte doucement ses cuisses. Si c'est agréable ? Je ne peux pas te dire...c'est...j'en sais rien. c'est vachement intime d'abord... Il soupire et tourne la tête. Ses yeux bleu dévisage l'autre, son visage, sa nuque, sa peau. Il est beau, Chiffo ne comprendra jamais. C'est intime, justement. C'est pas comme lorsque tu prends quelqu'un dans tes bras ou quoi. C'est...comment te dire, un niveau au dessus, tu vois ? Je peux vraiment pas te l'expliquer, juste te dire que j'aime ça. Lorsque je passe enfin aux baisers après m'être tué à charmer, j'ai l'impression d'avoir tout gagner. Alors, quand je passe enfin une nuit avec... Il s'arrête, soudainement rattrapé par l'étrangeté de la conversation qu'il échange avec un garçon dont il peut imaginer les moindres courbe de son torse sous le t-shirt humide. T'as vraiment...jamais ? Parce que t'es beau. C'est une vérité comme une autre. Basile est attirant, Basile a l'air doux. Alors pourquoi ? Est-ce un romantique ? Un croyant ? Un maladroit ? Je ne veux pas te foutre mal à l'aise, je suis juste surpris. C'est un euphémisme. C'est pour ces choses-là que tu réfléchis trop, non ? Il l'a dit lui-même. Il réfléchit trop. Ne penses pas. Ça ne se calcule pas, ça ne s'improvise même pas. Ça se passe.
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MessageSujet: Re: lotus   lotus EmptyLun 7 Avr - 1:13

Dans ma maison, il y avait pleins de jolies choses. Des rires, des larmes de joie, des pâquerettes. Je n'avais jamais souffert d'un quelconque manque d'amour, non, ça n'était pas trop signature à nous. Ma chambre était bercée par les douces résonances des tubes les plus rocks des années soixante, alors qu'une réplique parfaite d'une voiture miniature était déposée sur mon armoire. Je collectionnais tout et n'importe quoi, oui, mon chez moi, c'était une immense brocante, avec aucune des pièces à vendre. De la peluche mal lavée aux plus beaux trésors, tout avait sa place et était traité sur un même pied d'égalité. Mes parents étaient collectionneurs, vous savez, ces gens qui amassent et amassent à n'en plus finir, jusqu'à ne plus pouvoir poser un seul pied au sol. Par chance, Jésus, il ne nous jugeait pas, du haut de son perchoir, attaché à sa croix non loin de la cheminée. Tous les midis, tous les soirs, c'était la même prière. Et si je réussissais parfois à passer sous son oeil aguicheur une fois le salon quitté, il était certain que je ne pourrais manquer celui trônant au dessus de mon lit. Dans ma maison, si tout avait sa place, Jésus lui, en occupait tous les biens. Mon frère n'avait jamais été très friand de ce genre de croyances. Il pensait que, parce qu'il ne fallait pas fréquenter qui que ce soit avant d'être certain qu'il s'agissait de son âme soeur, Dieu nous imposait des limites qui n'avaient pas lieu d'être. J'ai toujours été très crédule, oui, je ne me suis peut-être jamais posé les bonnes questions, allez savoir, mais lorsque la voix de mon frère s'élevait face aux colonnes parentales, j'avais tendance à me cacher, là, derrière la porte, les observant à travers le trou de la serrure. Oh je n'étais pas bien grand à l'époque, on pouvait me tenir dans sa poche. Je n'étais pas bien turbulent non plus, contrairement à mon ainé, ce qui avait tendance à quelque peu rassurer père et mère. Ils disaient de moi que je n'étais peut-être pas très futé, mais qu'en agissant de la sorte, je serai toujours dans les bonnes grâces du seigneur. Alors, pour ne pas les décevoir, pour ne pas le décevoir, j'avais toujours été sage. Jusqu'à aujourd'hui, jusqu'à ce que l'on m'enlève mon frère. Je n'avais jamais eu de raison de me révolter. Pourquoi le faire puisque la vie semblait me combler ? Je vivais dans un magasin de bonheur, rempli d'amour, de lois et de chasteté. De silence. Parce qu'il ne fallait jamais interrompre une prière. Ma mère m'avait expliqué qu'il s'agissait là de sceller mon âme, pour l'offrir à Dieu. Oh, mais il pouvait bien me bercer dans ses bras. Du moins, c'est que je me disais à l'époque, lorsque la solitude s'éprenait de mes draps. Aujourd'hui, mon monde s'effritait, ma planète n'était plus si bleue, les roses n'étaient plus si rouge, et j'avais parfois les joues mouillées lorsque je repensais à tout ça. Peut-être était-ce ça, la vie. Elle n'était ni toute blanche, ni toute noire. Alors je m'étais dit que quitte à mourir déçu, désenchanté, je me devais de la vivre pleinement. Des préjugés à mon égard, il y en aurait probablement toujours, et mon palpitant se serrait toujours un peu plus à chaque regard mal placé d'un ivrogne dessaoulé. Pourtant Chifoo, lui, il avait cette aura qui ne traduisait que de la pesanteur. Une sorte de plénitude qui ne pouvait que faire du bien à mon âme. J'aurais pu dormir dans ses bras, si ça n'avait pas été inapproprié. Mais je ne voulais pas qu'il interprète mal mes gestes ou mes paroles. J'étais peut-être imprudent par moment, mais je ne pensais jamais en mal. Tu pourrais, c'est vrai. reprit-il alors que mes yeux pétillaient un court instant. Il me laisserait l'aider ? Il me laisserait le pousser à l'insouciance ? Oh je ne me faisais pas non plus trop d'illusion, lui et moi n'aurions jamais la même vision de l'amusement. Mais c'était toutes ces différences qui rendaient notre échange plus qu'intéressant. Du moins, à mes yeux... Parfois, il me rappelait mon frère. Certes, il n'était pas aussi direct, et peut-être un peu moins impulsif, mais il avait cette lueur dans le regard qui me poussait à croire que nous avions plus qu'un simple banc de sable en commun. J'observais ainsi d'un oeil distrait ses boucles brunes s'évader le long de sa tempe, alors que l'eau ruisselait non loin de là, raclant le sable comme on en viendrait gratter une mauvaise couche. Je ne connaissais pas bien Banff. Il faut dire que je n'étais pas présent depuis extrêmement longtemps, seulement une poignée d'heures, et peut-être que mon expérience s'écourterait rapidement. Je cherchais un point d'ancrage, là où je pourrais démarrer un nouveau "moi" sans être perturbé par toutes les croyances que j'avais jusqu'ici avalé. Dieu était là, quelque part en moi, mais il ne m'empêcherait plus de pécher, j'étais humain, et je voulais faire des erreurs, comme tous les autres. Moi aussi je voulais grandir, en en retenant des leçons. J'étais inexpérimenté dans de nombreux domaines, car je n'avais jamais réellement fait face à la vie jusqu'ici. Je traîne souvent à la plage. Pourtant, je ne l'avais jamais croisé jusqu'ici. Peut-être parce que j'étais un adepte des balades nocturnes et qu'il préférait lorsque le soleil se voulait haut. Je n'avais rien contre le soleil, non, je trouvais que le jaune était une couleur merveilleuse, pouvait illuminer n'importe quelle représentation, aussi sombre soit-elle. Mais la nuit avait une part de danger que je ne pouvais trouver dans ma vie actuelle. C'était comme m'abandonner entre les crocs du grand méchant loup sans ne jamais être totalement croqué. Sinon, je suis toujours dans les endroits vachement fréquentés et plein de touristes. me confia-t-il avant d'ajouter Je joue de la musique dans la rue pour avoir de l'argent. C'était donc son métier ? Me mordant la lèvre inférieure, je réalisais que je n'avais jamais réellement eu d'activité à moi. J'aimais tout un tas de choses, mais n'avais jamais vécu dans le besoin de devoir faire quoi que ce soit pour survivre. « Tu m'as pourtant l'air d'être un solitaire. » Et au final, tous les voyageurs de cette ville l'étaient probablement, ou du moins, à leurs manières. Personne ne pouvait partir de chez lui, balluchon sur l'épaule, et clamait être à cent pour cent sociable. Non, il fallait une certaine part d'insouciance, certes, mais également de solitude. « Tu crois que l'on se croisera à nouveau ? » Je ne lui demandais pas ça pour forcer le destin. Si nous ne devions pas nous recroiser, alors ainsi soit-il... Mais je crois que j'aurai apprécié retomber sur le jeune homme. Ce moment me semblait si serein que je ne voulais pas qu'il se termine. Il s'agissait là d'une poignée de secondes que je croyais éternelle, alors que la lune nous rappelait qu'elle ne pourrait pas veiller indéfiniment. Finalement, je lui contais ma provenance, mon lieu de résidence, la France. Parfois, le goût du pain chaud de ma mère pouvait encore se faire sentir entre mes lèvres. Mais ce n'était que quelques fois, puisque je ne regrettais pas d'avoir levé les voiles, ô matelot en croisade que je m'imaginais parfois être. Je viens de France, comme toi. Mes prunelles océan détaillaient les lèvres du jeune homme alors que ces mots étaient prononcés. De France ? Je n'avais pourtant pas réussi à discerner son accent. Il faut dire que je n'avais jamais été particulièrement doué pour deviner quoi que ce soit. Oui, les devinettes, ça n'avait jamais été mon fort. Je me souvenais encore lorsque mon frère se glissait discrètement dans ma chambre, une fois la nuit tombée, et que nous jouions à celui qui pourrait relever le plus de défi. Oh je n'étais pas très doué, non, je perdais même à chaque fois. Aujourd'hui, j'avais grandi, et à son image, j'osais. Bien évidemment, j'avais toujours cette même peur qui gonflait mon thorax à chaque fois que je m'engageais sur une piste qui se voulait un peu trop glissante. Mais c'était ça de vivre. C'était se laisser porter par les courants, se noyer, regagner la rive, et savoir replonger. C'était ce que mon frère m'avait laissé en héritage, là bas, en France. Mes parents n'avaient pas tout de suite compris, ni même accepté. J'étais leur petit protégé, celui qui n'avait jamais rien osé et qui pleurait à chaque blessure. Il n'avait jamais accepté que je grandisse. Evidemment, grandir était encore un bien trop grand mot pour l'homme-enfant que j'étais encore. Je devais être tout à fait ridicule à côté de Chifoo, si grand, si imposant. Mon corps était puissant, mes yeux d'aciers, mais mon coeur n'était encore qu'un bourgeon comparé à celui du garçon. J'avais l'impression qu'il avait bien plus vécu que moi, comme si j'avais affaire à un sage. Oh, pourtant, il ne devait pas l'être tant que ça, de sage. C'était juste ma façon très personnelle d'interpréter la vie. J'en venais d'ailleurs à me demander s'il n'avait pas un enfant, et mon esprit ne pouvait s'empêcher d'esquisser un visage poupon non loin de celui du beau brun. J'étais certain que sa descendance serait tout aussi époustouflante qu'il pouvait l'être. Mais après tout, peut-être que tout ceci n'était qu'un rêve. Il était tard, et je ne serais pas étonné de m'être endormi à même le sable, la tête dans les étoiles. Oh, non, comme si j'avais la dégaine d'un père. reprend-t-il en un rire. Oh, donc j'avais bel et bien faux. Il n'était pas parent. Il faut dire qu'il devait avoir à peu près mon âge, et que de toute évidence, je ne me sentais pas prêt de devenir parent. Aucun gosse ne mérite de vivre comme je vis. mes prunelles détaillent la moindre de ses mimique. Il semble à la fois calme et tourmenté. Il dit qu'aucun enfant ne devrait vivre de cette manière, pourtant, je ne suis pas tout à fait d'accord. Si il était capable d'apporter autant d'amour à sa descendance, la situation financière n'aurait plus d'importance. On pouvait parfois se contenter de peu, pour rêver en grand. C'était ce que je m'étais toujours dit, mais après tout, je ne m'y connaissais pas plus qu'un autre. Mon bébé, c'est mon van. Je vis dans un van. Pas avec un enfant...tu crois vraiment que je transporte toute une famille avec moi ? Ça aurait pu. Il n'y a pas de honte à vouloir amener les personnes que l'on aime loin de ce qui peut rendre leur vie misérable. Peut-être aurait-il pu fuir un endroit en particulier, lorsqu'il était venu s'installer ici ? Je suis seul. « Personne n'est jamais seul. » repris-je en un doux sourire, alors que ma main droite était venue effleurer son épaule. Je ne savais pas s'il s'agissait là d'un geste censé le réconforter, ou bien si je cherchais à lui montrer mon soutien... Disons que ça m'avait semblé approprié sur le moment. La calant finalement sur mon ventre, le long d'une large tâche encore humide, je pouvais sentir la brise fraiche faire trembler mon corps de toutes parts. Je lui expliquais finalement que j'aimais vivre. Du moins, il s'agissait plutôt d'un résumé, puisqu'en réalité, j'aimais tellement de choses qu'il m'était impossible de toutes les énumérées. Le monde était tellement rempli de choses toutes plus surprenantes les unes que les autres que choisir serait à mes yeux inhumain. Ouai, c'est plus simple de le dire ainsi. Je me gratte l'oeil droit du poing, quelque peu gêné. Je ne l'ai pas fait exprès... Mais quand je me sens en confiance, mon coeur a tendance à s'emballer un peu trop vite, et à déballer tout ce qu'il n'arrivait plus à éponger. Et comme dans le cas présent, un passant d'un soir pouvait facilement se transporter en mon plus intime confident. C'était parce que je n'arrivais plus à retenir mes mots que je venais de lui confier que je n'avais jamais connu personne. Jamais...? j'haussais la tête, quelque peu mal à l'aise. Peut-être que la notion de "personne" était un peu égarée dans mes propos mais, ce que j'entendais par là, c'est que personne ne s'était jamais réellement intéressé à moi. J'étais né dans un cocon bercé par les louanges de Dieu. Il n'y avait que lui et moi. J'avais donc connu quelqu'un, oui, mais il n'était que spectral. J'étais amoureux de Dieu, et j'en souffrais un peu plus chaque jour. Je voulais qu'il y ait une autre place dans mon coeur pour y héberger une nouvelle personne. Et je crois qu'avec le temps, et grâce à l'éloignement, ça commençait enfin à m'être possible. Oui, je prenais peu à peu conscience de tout ce temps qui m'avait filé entre les doigts. J'expliquais ainsi à Chifoo que je ne connaissais pas ce "contact physique" qui semblait pourtant animer tant de monde autour de moi. J'avais l'impression d'être un nouveau né dans une piscine. Je savais nagé, mais tout ceci ne me servait pas à grand chose. Wow, attends, ce n'est pas grave tu sais... mon regard se raccrochait au sien, alors que je me sentais quelque peu désemparé face à une telle situation. Et il me semblait avoir tellement plus d'expérience... Alors forcément, j'en étais venu à lui demander s'il trouvait ça agréable. A défaut de pouvoir me faire une idée de moi même, je pourrais peut-être réussir à le ressentir à travers ses mots. Elle est bizarre, ta question. mon regard s'échoue un court instant sur le sable, alors que je venais de redresser mon torse, de façon à pouvoir lui faire face, sans pour autant quitter ma position. Si c'est agréable ? Je ne peux pas te dire...c'est...j'en sais rien. c'est vachement intime d'abord... « Je comprends... Tu... Tu n'as pas besoin d'y répondre, si tu n'en as pas envie. » Oui, je pourrais comprendre. Tout le monde ne pouvait pas réussir à se dévoiler aussi rapidement que je pouvais le faire. Là dessus, il devait probablement être bien plus réfléchi que moi. C'est intime, justement. C'est pas comme lorsque tu prends quelqu'un dans tes bras ou quoi. C'est...comment te dire, un niveau au dessus, tu vois ? Je peux vraiment pas te l'expliquer, juste te dire que j'aime ça. Lorsque je passe enfin aux baisers après m'être tué à charmer, j'ai l'impression d'avoir tout gagner. Alors, quand je passe enfin une nuit avec... mes lèvres s'étirent finalement en un sourire. Tout ce qu'il décrit, tout ça m'a l'air plaisant. J'aimerais bien le vivre un jour. Mais j'avais conscience que mes différences avec les gens de mon âge étaient peut-être un peu trop flagrante jusqu'ici pour être bouleversées. « Ça a l'air agréable. » repris-je, sur un ton quelque peu rêveur, alors que mes yeux s'ancraient de nouveau dans les siens. Là dessus, le jeune homme reprit la parole. T'as vraiment...jamais ? Parce que t'es beau. Malgré la fraicheur environnante, je pouvais sentir une certaine chaleur s'emparer de mes joues, les faisant rosir. J'étais beau ? Ce n'était pas le genre de compliment que l'on me faisait, de par chez moi. En général, on me disait plutôt que j'étais "sage" ou "bien élevé. Que j'étais un bon garçon. « Je... Je suis beau ? » balbutiais-je un peu mal à l'aise, mais également plutôt flatté par un tel compliment. C'est que je ne m'étais jamais particulièrement attardé sur mon physique. Lorsque je me regardais dans le miroir, au delà de l'apparence, je ne voyais encore qu'un garçon, et non pas un homme. Je ne prêtais que rarement d'attention à tout cet aspect là de la vie. Je ne veux pas te foutre mal à l'aise, je suis juste surpris. Parce que je n'entrais pas dans les standards ? C'est pour ces choses-là que tu réfléchis trop, non ? J'hochais la tête en fuyant un court instant son regard. Ça ne se calcule pas, ça ne s'improvise même pas. Ça se passe. reportant mon regard sur l'océan, je venais de me rasseoir, repliant mes jambes contre mon torse, sans pour autant les faire se rencontrer. « C'est que... On m'a toujours interdit ce genre de choses, alors lorsque je commence à vouloir céder ne serait-ce qu'un peu... J'ai tendance à trop réfléchir. » mon regard retombe alors dans le sien. « C'est comme si la moindre tentation n'était que trop bien pour moi. » A vrai dire, je ne savais pas bien comment décrire ce que je ressentais. Alors, je me laissais le temps d'y réfléchir, en marquant un courte pause, tandis que mes billes azurées dévisageaient Chifoo de toutes parts. « Ce que je veux dire... C'est que toi aussi, tu es beau. » C'était là où je voulais en venir, oui, même s'il ne s'agissait que d'un exemple. « Mais que je ne sais plus ce que j'ai le droit de dire, ou de faire. » Ce qu'il pourrait me pardonner ou non.
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MessageSujet: Re: lotus   lotus EmptyMer 9 Avr - 19:46

La solitude de Chiffo, c'est une drôle d'histoire. Il se souvient. Petit déjà, il n'aimait rien. Il n'aimait pas les autres enfants, leurs cries, leurs rires et leurs jeux bruyant. Il n'aimait pas courir autours d'un stade tout les jeudi matin, n'aimait pas les calcules et les cours de mathématique. Il n'aimait pas les filles, sa mère et leurs baisers humide, il trouvait d'ailleurs ça humiliant. Il n'a jamais été quelqu'un de facile à vivre, d'aussi loin qu'il s'en souvienne. Et à l'époque, si on lui avait demander de quel façon il aurait voulu grandir, Chiffo aurait sans doute confier vouloir la vivre devant sa télévision, à observer des émissions dont il ne comprenait encore pas grand chose, à éclater de rire face à des dessins animés légèrement abrutissant. Aujourd'hui, en y réfléchissant un peu plus, Chiffo est presque capable d’apercevoir sa réponse d'adulte à travers ses mots d'enfant. Il voulait la vivre seul, sa vie. Loin de tout et surtout du monde. Il n'a jamais été capable de mettre un pourquoi sur cet solitude qui lui plaisait tant, qui lui plait tant. Chiffo la trouvait à l'époque déjà reposante, attendrissante. Il n'en a jamais voulu à ses parents de l'abandonner des heures durant dans leurs immense appartement. Chiffo aimait ça. Se perdre tout seul au cœur du salon. Il aimait s'inventer des histoires, des aventures, sans personne d'autre pour la vivre à ses côtés. Car ils gâchaient toujours tout, les autres enfants, à ne comprendre que ses arbres, Chiffo les voulaient mauve et non vert. C'est drôle en fait, il ne sait pas s'il a déjà vécu une époque sans ronchonner une seule fois. Même pour des petit pois, Chiffo était capable de mener toute une révolution. Il n'a jamais sage, n'a jamais été agaçant. Chiffo a juste toujours été quelqu'un de particulier. Un râleur amateur de dessin colorés et d'une boite avec des images en mouvement. Il n'avait pas d'amis, pas de petit copains et c'est véritablement lié aux autres qu'à partir du collège, à force d'en avoir marre de parler seulement avec son frère, sa mère et son père sur son téléphone. Et même là, même là, sa solitude passait avant tout le reste. Aujourd'hui, chiffo adore ça pourtant, les gens. Alors c'est vrai, il n'aime toujours pas se retrouver en plein milieu d'une foule, être assaillis par un tintamarre assourdissant. mais il aime ça. Il aime jouer pour eux, partager, discuter, découvrir. Chiffo a appris à vivre ce qu'il aimait voir à la télévision. On ne change pourtant jamais complètement. Il sera éternellement ce type-là qui marche à côté du trottoir, qui observe le mouvement. Je le suis, solitaire. Ses yeux plongent dans ceux de Basile et Chiffo lui sourit doucement. J'ai juste fini par comprendre que même ma solitude a besoin des gens. C'est peut être aussi ça, l'autre raison de son voyage. La profondeur derrière sa mauvaise histoire. Sa seule certitude, c'est qu'il n'a pas pour habitude de parler de lui et ça lui fait bizarre, de se confier sur le personnage qu'il est devenu et a toujours été. Chiffo aime bien avec ce type-là. Basile a quelque chose d'innocent et hallucinant. Alors se revoir ? Je l'espère aussi. Il s'ébouriffe un peu les cheveux. De toute façon, Chiffo ne peut pas bouger de là. Le seul trajet que son van peut encore faire, c'est celui jusqu'à la station essence. Il allait devoir se contenter de ce coin-là. De ce petit bout de plage et pourquoi pas de l'endurance de ses pieds. Ce n'est qu'une mauvaise période à passer. Il finira bien par se trouver un job décent, il a de l'espoir Chiffo, pour ces choses-là. Il a tout fait. Du caissier qui tire la tronche à ce gars qui apprend encore à conduire une machine de ferme sans tuer un poulet ou deux. Il a eu du mal à l'accepter au départ Chiffo, cette conception de la vie. Celle où tu dois suer sans pouvoir compter sur ton compte en banque et l'argent que tes parents versent. Ils n'étaient pas richissime mais avaient les moyens. les moyens d'épargner, de mettre de côté, d'espérer beaucoup pour l'avenir de leurs garçons. Ça aussi, c'est drôle. Chiffo n'a même pas pas obtenu son bac finalement et son frère, son frère. Il aurait fais de grande choses derrière la caisse d'un fast food. Ouai, ça lui ressemble bien, un avenir comme celui-là. Personne n'est jamais seul. Il sent les doigts de Basile contre son épaule. Ça le surprend un peu. Donne t'il l'impression d'être triste ? d'avoir besoin d'un peu de réconfort ? Est-ce qu'il en a besoin, d'ailleurs, de réconfort ? Comme un peu tout le monde sans doute, mais par pour ça. Pas à cause de ça. Il espère toujours tenir bêtement sa promesse. Construire quelque chose en rentrant. Ce serait drôlement beau, pourtant, de faire sa vie alors qu'on l'a cherche en même temps. Il en a eu l'occasion plusieurs fois. A proximité d'une ferme Texane où il bossait. Une jolie fille, un joli sourire. Et si aujourd'hui encore, les filles, ce n'est toujours pas son truc à Chiffo, celle-là était vraiment douce. Il n'a jamais trouvé ses baisers humiliant. Non le problème, c'était ses espoirs de jeune fille. Elle voulait un peu plus qu'un mois ou deux, peut être pas toute une vie, mais du temps sans limite. Du temps que Chiffo ne pouvait pas se permettre d'accorder. Le temps représente beaucoup trop de choses pour lui. Et il n'était pas prêt de toute façon. Il n'avait même pas réfléchir à l'éventualité de ne jamais revenir à son point de départ. Ses autres histoires, elle ressemblent à peu prêt toutes à la même chose. Elles étaient plus longues au départ et devenaient plus courte avec l'expérience. Alors c'est dingue, de se dire que Basile n'a pas ce bagage à porter à bout de bras. Qu'est-ce qu'il serait devenu comme gars, lui, s'il n'avait jamais pris la peine d'aimer qui que ce soit de cette façon-là ? Et en même temps, qu'est-ce qu'il serait devenu ce garçon-là aussi, s'il avait connu les râteaux, les plans foireux et les peines de cœurs ? ces trucs valent presque la peine de rester pure jusqu'à la fin. C'est plus agréable à vivre... Chiffo ne peut s'empêcher de l'ajouter, doucement, plus comme un constat qu'un jugement. Ce qu'il aimerait que Basile lui confit le pourquoi du comment. Alors oui, oui, c'est vrai, il n'aime pas ça, écouter, mais là, c'est différent. Ce garçon est fascinant. Ça te gêne, les compliments ? A en croire ses balbutiements, oui. Mais il fait comment alors, dès qu'une fille lui souffle qu'il est beau ? Il rougit ? Chiffo ne peut pas croire que personne ne le lui a jamais dit. Basile ne pouvait qu'être dans son monde, pour pas s'en apercevoir. Ce qu'il aimerait, le Chiffo, lui demander s'il n'aurait pas grandit dans un monastère, par pure hasard. Ça expliquerait tellement de choses. Tu es vraiment beau. Je te trouve attirant. Il souffle, à nouveau. Ce serait vraiment bien que Basile y croit, ne serais-ce qu'un peu. Ca lui donnerait l'impression d'avoir au moins accomplis quelque chose de cool, ce soir. Et lorsque sa voix émet à nouveau. Il l'écoute attentivement. Basile est vraisemblablement croyant. Chiffo n'en doute pas. Parce qu'il connait bien ça lui aussi, les histoires de chasteté, d’abstinence et de diable derrière n'importe quel tentation. Que la religion, à se yeux, c'est une raison suffisante pour rater un tas de choses intéressant. Il entendait plusieurs fois par semaine en catéchisme ce type d'histoires. Pourtant, ses parents ne lui ont jamais imposé quoi que ce soit. Ce choix lui appartenait. C'était sa vie après tout. Chiffo aimait croire mais n'aimait pas plus que ça sa religion. Il la trouvait étrange, rassurante, mais étrange. L'amour et la religion n'ont rien à faire ensemble. C'est la conclusion qu'il avait fini par faire, adolescent puisque qu'à en croire ses cours de caté', il ne méritait même pas de vivre. Alors il cherche ses mots, de peur de le vexer ou de mal se faire comprendre. Ce qu'ils disent n'est pas toujours vrai, tu sais. C'est à son tour, de poser sa main contre l'épaule de l'autre garçon, comme pour attirer son attention. J'suis pas particulièrement intelligent mais je crois qu'il y a des choses qui ne concernent que toi. Et non pas le reste du monde, un Pape, des parents, des yeux indiscrets et à peu prêt 6 milliard de personnes. Si tout le monde commence à rendre des comptes pour tout et n'importe quoi, ils seraient tous perdu. Ce n'est pas comme si Basile était un détraqué sexuel de toute façon, non ? Il avait l'air d'être rien du tout à vrai, vraiment rien du tout. Je suis beau ?...Oh, ce n'est pas faux... Elle est sortie de nulle part, celle-là. Si basile ne lui avait rien confié sur son manque d'expérience, il aurait sans aucun doute prit le compliment beaucoup plus sérieusement. Là, Chiffo n'ose pas vraiment y penser. Tu peux déjà commencer par arrêter de te poser autant de questions. Il souffle doucement et détache sa main de l'épaule du garçon. Il commence à faire trop froid et cette ambiance là le gêne enfin. S'il n'avait pas son écharpe, chiffo serait tout tremblotant. Il n'est définitivement pas doué pour le froid, pour le froid et pour les conseils de ce genre de là. Ce n'est pas auprès d'un gars comme lui que Basile devrait se renseigner. L'amour de Chiffo n'a pas vraiment de questions. N'a pas de réponses non plus. Il voit et réfléchit après. Alors ses yeux s’égarent sur le visage de l'autre. Basile, arrêtes de penser à ce qu'on t'a apprit. Si ça avait du sens, tu ne serais pas trempé à banff à causer avec un illustre inconnu. Et si ça avait du sens, Chiffo serait encore chez lui, à devenir le garçon le garçon ne plus sombre de tout le vieux continent. Au lieu de plonger dans de la flotte à 3°, tu devrais essayer de jouer l'inconscient pour ça. Là, maintenant, t'as envie de quoi ? laisses-toi aller un peu. C'est le monde à l'envers. Il y a au moins dix minutes de ça, c'est l'autre garçon qui tenait ce discours et à présent, c'est son tour. Chiffo décroche un sourire et s'écrase à nouveau dans le sable. Je te ferais la gueule seulement si ton envie consiste à me jeter à l'eau. Son visage se tourne vers la silhouette de Basile et il souffle, presque innocent. Tu ne veux pas m'embrasser, pour voir ce que ça fait ? même son sourire est sérieux. Et pourquoi pas après tout ? Ça veut bien mille réponses.
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MessageSujet: Re: lotus   lotus EmptyJeu 10 Avr - 22:06

J'avais toujours été sage. Lorsque j'étais enfant, ma maitresse me surnommait l'ange aux yeux bleus, et je crois que depuis, ce prénom est resté. D'ailleurs, même mes cousines m'appellent maintenant ainsi, alors que je ne suis pas franchement familier avec elles. Il faut croire que certaines choses sont destinées à perdurer. Je n'étais pas encore certain de ce que j'étais, pour être tout à fait franc. Le fait que j'ai décidé de quitter ma famille pour m'envoler vers d'autres horizons ne faisait pas de moi un ange, non, bien au contraire, j'avais parfois l'impression d'être une créature des ténèbres. C'était comme si, en un claquement de doigts, j'avais cessé d'être lange aux yeux bleus. Le matin, je n'osais même plus croiser mon propre regard, là, devant mon miroir. J'avais peur de la déception, je crois, et tout cela ne me rendait qu'affreusement humain. Non, je n'étais pas un être ailé. Je pouvais être calme, suivre les règles bien comme il fallait, ne jamais prendre la parole. N'être plus qu'une image... Mais je n'étais pas un ange. Je n'étais pas un ange, je n'étais pas un ange. Peut-être qu'en me le répétant, je finirais enfin par y croire. Mais la réalité était que je ne savais plus réellement ce que je voulais. Devais-je faire demi tour ? Etait-ce dangereux pour moi que de me tenir à côté d'un homme que je n'osais même plus quitter du regard. Il était magnétique, et je n'avais jamais connu une telle chose jusqu'à aujourd'hui. J'avais peur du faux pas. Je me sentais si fragile à ses côtés qu'il aurait pu me cueillir sans la moindre difficulté. Le monde m'ouvrait ses bras, mais peut-être étais-je encore trop timide pour oser m'y installer confortablement. Je le suis, solitaire. qu'il reprend alors que mon regard s'ancre dans le sien. Il me perturbe. Tous mes sens semblent être en alerte à chaque fois que sa voix grave s'élève. J'avais l'impression d'avoir douze ans. C'était n'importe quoi. Alors, pour tenter de ne pas m'enfuir, j'avais reporté mon regard sur le bassin. Lui qui était si calme, si mélodieux. Peut-être arriverais-je à le mimer le temps d'une poignée de secondes. Inspirant profondément, je l'écoutais ajouter. J'ai juste fini par comprendre que même ma solitude a besoin des gens. Malgré moi, mes prunelles se reposèrent dans celles du garçon. Sa solitude avait besoin de gens ? Cela prenait sens, oui, puisqu'à mes yeux, personne ne pouvait totalement vivre seul. Et même lorsque celui ci choisissait de s'isoler, il finissait forcément par communiquer avec sons subconscient. L'être humain n'était fait que pour échanger, transmettre. Je ne voyais pas vraiment quoi ajouter à ses paroles car au fond, je savais que je n'avais aucune expérience à partager. Je n'avais jamais été seul, et la vie manquait encore cruellement de goût contre mon palais. Il fallait que j'apprenne à évoluer en même temps que les autres, et c'était probablement la chose la plus dure qui m'avait été donné de faire dans toute ma vie. Mais je n'avais jamais été seul, non, il y avait toujours eu une main à saisir, que ce soit celle de mes parents, de mon frère ou bien du pasteur. J'étais habitué à communiquer avec les gens de mon âge, pourtant il ne me semblait pas avoir réellement d'amis sur qui je pouvais compter. Mon frère était cette personne, mais aujourd'hui, il n'était plus à mes côtés. Parfois, j'imaginais son regard dans les creux et les pleins des nuages, juste pour me donner un peu de courage. Les couleurs de l'aurore arrivaient parfois même à imiter la couleur chaleureuse de sa peau passée. Pourtant je savais que rien ne serait plus comme avant, et qu'il ne pourrait plus jamais être physiquement là. J'avais encore cette cassette qu'il avait enregistré, où il me disait que tout allait bien. Je la regardais à chaque fois que mon palpitant se voulait trop serré, ou que mes pensées s'emmêlaient les unes aux autres. C'était mon radeau, ma bouée de sauvetage. Je me demandais si tout le monde en avait une, ou si j'étais bien le seul à me rattacher à des choses qui n'étaient que sentimentales, matérielles. Sans trop réfléchir, je venais de lui demander si il pensait qu'on allait un jour se recroiser. Peut-être était-ce étrange de demander ça à un parfait inconnu, mais cette question m'avait semblé plus qu'appropriée, et sans que je n'en sache réellement la raison. Je l'espère aussi. Mes paupières s'étaient abattues deux fois, alors que je tentais au maximum de ne pas réagir. Pourtant, je n'avais pu contrôler ce timide sourire qui s'était finalement logé tout contre mes lèvres. J'en venais alors à lui confier que je ne savais pas ce qu'était être avec quelqu'un. Que ce soit sentimentalement ou physiquement, tous ces détails m'échappaient encore. J'aurais voulu en connaitre plus sur cette question qui me dévorait chaque jour un peu plus l'esprit. Peut-être qu'il le savait, lui ? Apparemment, c'était le cas, puisqu'il venait de me décrire plus ou moins précisément les symptômes. Les symptômes... écoutez moi, on aurait dit que j'en parlais comme s'il s'agissait d'une maladie incurable. Mais peut-être était-ce le cas après tout, et peut-être n'étais-je pas totalement fou de ne jamais avoir voulu y être confronté jusqu'ici ? J'avais beau me le répéter, je savais que ça n'était que de simples mensonges que je me racontais. Ça n'était pas eux qui étaient malades, mais bel et bien moi. J'avais un énorme retard, et ne savais comment le combler. C'est plus agréable à vivre... Je me mordais inlassablement la lèvre. Peut-être y'allait-il y avoir une goute de sang qui finirait par s'en échapper. Il avait probablement raison, oui, tout ceci semblait bien plus agréable à vivre qu'à raconter. Pourtant, j'aurais pu ressentir la moindre de ses paroles s'il avait continué ainsi. Il aurait pu me conter comme ses mains se seraient déplacées le long de ma clavicule, ou encore comme son souffle se serait fait chaud au contact du moindre de mes pores. Comme ses yeux auraient crié de ne plus les quitter, ou comme sa bouche m'aurait lentement murmuré quelques baisers. Oui, j'aurais pu ressentir la moindre de ses paroles, et c'était probablement pour cette raison que je choisissais de reporter une nouvelle fois mon regard sur l'océan. Grande inspiration. Je ne devais pas trop en profiter. Trop le regarder. Être tenté. Je me faisais du mal, je le savais, et peut-être en avait-il conscience également. Je n'étais pas comme les autres garçons qu'il avait jusqu'ici rencontré. Ça te gêne, les compliments ? Je ne savais pas bien s'ils me gênaient ou non à vrai dire. Peut-être que tout dépendait du contexte. Sans reposer mon regard dans le sien, mes yeux s'étaient alors baladés sur le sable, alors que ma main se réfugier dans celui ci. « Je... je ne sais pas... Je crois que tout dépend de qui m'en fait, ou de quels compliments il s'agit. » peut-être ne lui autorisais-je pas le droit de m'en faire après tout ? Tu es vraiment beau. Je te trouve attirant. Mes yeux croisèrent un instant les siens, avant de dévier, s'écrasant lamentablement contre le sol. « Arrête, c'est... » déplacé, gênant ? Vrai ? Le pensait-il réellement ou était-ce simplement pour me faire plaisir ? De par chez moi, ça n'était pas comme ça que l'on qualifiait les gens. Je n'avais jamais attaché la moindre attention au superficiel. Et pourtant, me sentirais-je toujours aussi stupide si son regard n'avait pas été aussi bleu ? Si ses lèvres n'avaient pas été aussi belles ? J'en doutais fortement. Alors peut-être devenais-je banal au final. Peut-être devenais-je un de ces garçons qui n'attachaient d'importance qu'aux belles choses. Je ne voulais pas être ainsi. Mais il ne m'en laissait simplement pas le choix. Ne sachant trop comment réagir, j'en étais venu à lui expliquer que toutes ces choses qui pouvaient lui sembler si familières étaient pourtant loin de l'être à mes yeux. Je n'avais jamais succombé à la moindre tentation jusqu'ici. Mon corps se voulait de pierre et mon coeur scellé. C'était plus ou moins ce que l'on m'avait fait croire. Ce qu'ils disent n'est pas toujours vrai, tu sais. dit-il en posant une main sur mon épaule, alors qu'un long frisson parcourait maintenant mon échine. J'suis pas particulièrement intelligent mais je crois qu'il y a des choses qui ne concernent que toi. Et d'après lui, les attirances, et tout ce qui touchait à l'envie en faisaient parties ? C'était étrange. Mais si il disait vrai, cela voudrait dire que j'avais perdu de nombreuses années à tenter de ne jamais y réfléchir. Peut-être était-ce même la première fois que j'y songeais réellement, pour dire vrai. Je suis beau ?...Oh, ce n'est pas faux... un léger sourire était finalement venu étirer mes lèvres. Il en avait donc conscience ? Alors est ce que je devrais moi aussi me trouver beau, puisqu'il en semblait si certain ? Le garçon décida de mettre fin à tout mon raisonnement. Tu peux déjà commencer par arrêter de te poser autant de questions. Hochant la tête, je passais une main sur ma nuque. « Ça risque d'être plutôt compliqué. » plaisantais-je. J'étais une véritable bombe à retardement, la moindre de mes pensées pouvait se changer en un véritable chaos en une fraction de seconde. Je manquais cruellement d'assurance dans beaucoup de domaines, oui, mais celui ci était probablement celui qui m'effrayait le plus. Mes prunelles océans se rattachèrent de nouveau aux lèvres du garçon qui reprenait déjà la parole. Basile, arrêtes de penser à ce qu'on t'a apprit. Si ça avait du sens, tu ne serais pas trempé à banff à causer avec un illustre inconnu. Au lieu de plonger dans de la flotte à 3°, tu devrais essayer de jouer l'inconscient pour ça. Là, maintenant, t'as envie de quoi ? laisses-toi aller un peu. Mon expression ne devait témoigner que de ma crainte. De quoi j'avais envie ? Oh ça, je n'en savais rien. En fait si, je savais précisément de quoi j'avais envie, et c'était bien le problème. J'avais envie de tout. Le garçon me sourit, se penche vers moi et reprends la parole. Je te ferais la gueule seulement si ton envie consiste à me jeter à l'eau. Me dit-il avant d'ajouter en un sourire Tu ne veux pas m'embrasser, pour voir ce que ça fait ? Mon sang ne fit qu'un tour. Est-ce que... Est-ce qu'il ? « Je... » J'étais affreusement confus, et toutes ces pensées qui avaient cessé de se manifester semblaient exploser dans les quatre coins de mon crâne. Mes joues rosissaient à nouveau, et tous mes poils semblaient s'étendre. Je jetais donc un nouveau coup d'oeil au bassin, tentant de me focaliser quelques secondes sur les vagues pour reprendre mon calme. Une inspiration à la fois. « Ce serait probablement mal. » Oublier ce que l'on m'avait appris, et ne vivre plus que pour moi. Voilà ce qu'était le conseil de Chifoo. Pourtant, ces simples paroles suffisaient à remettre toute ma vie en question. Oui, l'embrasser serait probablement mal. Pourtant, il fallait que je réfléchisse à sa question. De quoi avais-je envie... « J'ai envie de tout. » repris-je avec assurance, alors que l'air certain de mon visage se brisait déjà, un nouveau murmure s'échappant de mes lèvres. « Et j'ai envie de toi. » Je me sentais mal d'avoir dit une telle chose. Mes prunelles s'étaient alors raccrochées aux siennes, essayant de ne plus fuir la situation comme je venais de le faire, il y avait de cela quelques instants. C'était la vérité. J'avais envie de découvrir la moindre parcelle de sa peau, l'entendre conter toutes ses aventures, voir cette lumière briller lorsqu'il aurait une guitare entre les mains. Mon regard devait parfaitement traduire le dilemme auquel je faisais fasse. Mordant ma pulpeuse une nouvelle fois, je m'étais finalement penché au dessus du jeune homme, me rapprochant à pas de loup de son visage. Je pouvais sentir son souffle se disperser contre ma peau. A lui seul, il réussissait à réchauffer la moindre parcelle de mon être. Et puis finalement, mes lèvres avaient rejoint les siennes en un baiser dans une premier temps quelque peu timide, mais qui ne tardait pas à délier tout mon corps. Une bouffée de chaleur s'était éprise de mon être, au fur et à mesure que j'osais un peu plus. Finalement, au bout d'une minute, voire peut-être deux, je m'étais écarte d'à peine quelques centimètres de son visage, mes billes azurées scrutant les siennes. « Je pourrais tomber amoureux. » confiais-je en un murmure. C'était peut-être déplacé, mais c'est ce que je ressentais en l'instant présent. La moindre parcelle de mon être en redemandait encore, et je n'avais clairement jamais ressenti une telle chose auparavant. Je pourrais tomber amoureux, oui, de cette proximité que je n'osais plus briser. Tout ceci était trop nouveau pour moi pour que ça ne m'affecte qu'un minimum. J'étais bien trop compliqué pour mon propre bien. « Est-ce que tu le voulais ? » finis-je par reprendre avant de me corriger. « Est ce que tu le veux ? » Non, ça n'était pas tout à fait ça encore. Fronçant un court instant les sourcils, j'avais fini par murmurer quelque peu naïvement. « Est ce que tu me veux ? » parce qu'il n'y avait plus que ça qui raisonnait dans ma tête, à cet instant précis. « Désolé... c'était probablement pas ce que tu voulais entendre. » repris-je finalement en fronçant de nouveau les sourcils.
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MessageSujet: Re: lotus   lotus EmptyMer 16 Avr - 8:40

Hier encore, ils étaient là. Au milieu d'un numéro onze et belles contre la cuisse. Hier encore, il murmurait son picture yourself in a boat on a river avec son drôle de beau sourire. Hier encore, il y avait son épaule contre la sienne et puis sa voix. Sa voix. Pour Chiffo,il, faisait office de phare, de repère au milieu du fade et du lointain. Il était sa belle lumière, ses je t'aime fière caché au fin fond de l'estomac. Et s'il devait confier une belle histoire de sentiments, ce serait celle-là. Seulement celle-là. Le Nevada, l'amour au coeur du Texas ou de New York, ce n'était pas grand chose à côté de ça. Oh oui, s'il avait été honnête avec l'autre, il aurait délaissé les descriptions graveleuse pour cette histoire-là. Il y avait pourtant dans ce récit quelque chose de trop intime pour être raconté. Comme le genre d'histoire que l'on préfère garder pour soi, chérir et y penser au moins mille fois. Mais y penser fait plus de mal que de bien. Il n'y a pas de début puisque avant eux, il n'y avait rien. Aussi attentif que Chiffo pouvait l'être vis à vis de l'écran, il avait appris à connaitre l'autre par coeur, à agir, à apprendre, à grandir, avec et pour lui. Ses sourires, ses notes, ses éclats, ses disputes, ses colères, tout le relier à ce garçon-là. Et si Chiffo vivait pour peu de choses en dehors de lui-même, personne n'avait pu nier qu'il avait vécu pendant longtemps pour ce type-là. Pendant la totalité de son existence, sans doute et c'était encore le cas, à cet instant alors qu'il observait l'air doux et le visage de Basile. A l'époque, chiffo était capable de savoir d'un seul coup d’œil s'il dormait réellement ou non. Il avait fini par connaitre par coeur, à force de le couver du regard cette façon étrange qu'il avait de cesser soudainement de s'animer une fois sous les draps. Le commun des mortel met toujours cent ans à s'endormir confortablement mais pas lui. Non, lui n'avait qu'à fermer les yeux pour s'en aller. Si certains souvenirs ont disparu de sa mémoire, cette image est toujours aussi intacte. Et cette tendresse et cette amour que Chiffo a son égard n'existe pas pour l'évidence. Ils avaient beau être fait pour être deux, Chiffo l'aimait parce qu'il avait appris à le faire. Tout simplement. C'était sa vie. Et c'est peut être pour ça qu'aujourd'hui, il a la sensation de l'avoir perdu. Il passe un main dans ses cheveux, reste un peu instant dans cette position et lève les yeux sur l'eau. Bon sang, ce qu'il peut lui manquer. Chiffo s'agaçait de tout et lui de rien. Il avait le sourire et le coeur facile. Ce type-là a toujours été le seul capable de comprendre le dégoût de Chiffo pour le monde sans le rejeter. Qu'est-ce qu'il y pouvait ? Le monde s'était résumé à ses yeux et ça lui convenait. Alors maintenant, maintenant qu'il voyage seul, sans ombre pour le rassurer, sa solitude c'est raccroché à tout qu'il n'avait jamais regardé, il lui fallait un nouveau phare. Quelque chose pour remplacer et dépasser. C'est ça, que Chiffo aurait voulu lui raconter. Les caresses, les baisers, les draps et la chaleur, finalement, ça n'apporte pas grand chose sans tout le reste. Il ne devrait pas se sentir honteux de ne pas savoir. Il ne devrait pas. C'est cette pensée-là qui embrume peu à peu son esprit. Si les gens vont trop vite, ce n'est pas sa faute, si les gens ne croient plus en rien, qu'ils font sans aimer vraiment. Ce n'est pas de sa faute. Ça ne le sera sans doute jamais. Ce qui est étrange pour lui ne l'est pas pour les autres. Ce qui est étrange pour eux ne le sera pas pour lui. Et il n'est jamais trop tard pour avancer, comme il n'est jamais trop pour se décider à se relever. Il l'apprécie vraiment, le Chiffo. Basile a ce genre de douceur qu'il ne voit pas souvent. Alors le voir comme ça, à la foi désemparé et fascinant, ça le perturbe un peu, c'est évident. Ça le bouscule aussi et Chiffo réalise doucement qu'il va aussi vite que tout les autres. Seulement, ça le réchauffe un peu, de se dire que cette fois-ci, il peut le temps d'une nuit faire office de phare pour quelqu'un et cesser de chercher désespérément le sien. Pourtant, cette idée lui semble aussi ridicule que les compliments que Basile n'accepte pas. Tu réfléchis toujours un peu trop. Il appui son visage contre la paume de sa main et glisse à nouveau son regard sur la surface de l'eau. Chiffo a beau lui dire ce qu'il pense de lui, ses mots n'ont pas vraiment l'air d'avoir l'effet voulu. Ça le gêne plus qu'il n'y croit. Alors il décide de se taire, ne serais-ce que pour le moment. Oh, il arrivera bien à lui faire comprendre qu'il est sincère, ils ont le temps. Chiffo n'a que ça pour le moment. Il l'écoute et tente de comprendre. Chiffo a encore du mal à réaliser que Basile est capable d'être la fois quelqu'un d'inconscient et foncièrement bloqué dans un monde un peu trop carré. Est-ce qu'il aurait eu le même genre de pensées si on ne lui avait pas accordé de liberté ? Il n'a même pas envie de l'imaginer. Pour lui, Basile s'empêche seulement d'être libre. Il n'y a rien de beau et étincelant là dedans. Alors, tendit qu'il tente de plaisanter, Chiffo décroche un léger sourire et se décide enfin à lever les yeux sur le garçon. C'est compliqué. Oui. Ça, Chiffo peut bien le croire. Ce qui semble trop simple pour les autres ne l'est jamais pour soi. Et pourtant, pourtant, il suffit parfois d'un rien pour effacer ce surplus qui nous embrouille un peu trop. Ce qu'il aimerait, Chiffo, pouvoir souffler dessus pour voir ce dont à quoi ressemble Basile lorsqu'il n'a pas peur de ce qu'il y a au dessus. Il tend légèrement les doigts et effleure doucement le bras du garçon, l'air terriblement sérieux. Il n'arrive pas à avoir l'air rassurant. En vérité, Chiffo a plutôt l'impression d'être ce gars qui oblige les autres à aller à l'encontre de ce dont en quoi ils croient. Mais ce n'est pas mal. Ce n'est pas mal. Ça ne le sera jamais. Aimer, toucher, se laisser aller, ça ne peut pas être quelque chose de malsain et proscris. Même lui, même lui croit en ce genre de chose. Alors pour ça le serait ? Il n'y aura jamais assez de papier pour citer tout ce que Chiffo trouve stupide et malsain. C'est bien la preuve que ce que l'on peut lui dire est faux. Il suffit d'essayer pour s'en rendre compte. Alors peu importe si tout le monde ne pense pas comme lui. Peu importe. La décision lui revient. Chiffo le laissera faire, même s'il décide de se lever et de s'en aller se réchauffer ailleurs. Il ne dira rien. Il a toujours été doué pour être spectateur, malgré tout les regrets qui peuvent l'assaillir. Il en a jamais été autrement. Ça le torture, d'avoir à décider entre ce qu'il veut et ce qu'il devrait faire. Chiffo le voit bien et c'est sans doute pour cette raison qu'il est là, immobile et faussement patient. Il espère. Ce garçon lui plait vraiment. Cette maladresse lui plait vraiment. Même cette drôle de situation lui plait vraiment. Alors, lorsqu'il le voit se pencher délicatement au dessus de son visage, Chiffo lutte un peu pour ne pas afficher clairement sa surprise. Peut être qu'il s'attendait véritablement à un refus. Il laisse retomber l'une de ses mains au dessus de sa propre poitrine, comme pour faire taire ce qu'il y a en dessous. Basile mène la danse. Il sent enfin ses lèvres contre les siennes et frémit un instant. Le message n'est pas le même pour lui. Chiffo le sait. Il n'arrive pourtant pas à jouer l'innocent. Il lui plait, ça lui plait et il ne peut se résoudre à jouer la poupée de Chiffon. Il effleure alors du bout des doigts la nuque du garçon, s’enivre un peu de son contact et émerge à peine lorsque sa voix s'élève à nouveau. Des mots. Toujours de mots. Basile est bavard, décidément. Et lui, lui, beaucoup trop pressant. Alors tombes amoureux. Il pourrait bien tomber aussi. Chiffo n'en sait rien. Cette question-là, il ne se la pose jamais. Il soupire et laisse sa tête retomber légèrement en arrière. Cette nuit l'épuise définitivement. Il ressent beaucoup trop de choses en même temps. Chiffo n'a pas vraiment pour habitude de devoir calculer autant de paramètre à la fois. Honnêtement, je ne veux rien entendre du tout. Sa main quitte sa poitrine et se glisse contre le taille et le tissus encore humide de l'autre. Il lui suffirait qu'il l'embrasse pour que Basile se taise. Il n'a pas envie de répondre et prendre l'allure du loup. Ce qui m'emmerde, c'est que je n'arrive pas à savoir ce que tu sous-entends. Sans doute pas les même choses que lui. Basile, c'est l'agneau dans la prairie. Il pense beaucoup. Mais Chiffo a presque peur que ses regrets soient proportionnel à ses questions. Et lorsqu'il tente d'en imaginer le résultat, il ne visualise qu'une catastrophe beaucoup trop grande pour lui. Ce n'est pas un jeu ou un défi pour ce garçon. Si lui ne maîtrise rien du tout. Alors qu'en est-il de Basile qui n'y connait rien ?
Il soupire, il n'y a que quelques centimètres qui le sépare de l'autre. Chiffo a l'impression d'avoir le choix. Je te veux. Il presse un peu plus ses doigts, se rapproche légèrement. Je crois que t'imagines même pas à quel point ni comment. Son souffle contre sa peau. Ses lèvres qu'il effleure à peine. Ses doigts qui s'accrochent à sa nuque. Et ça me plairait bien de me réchauffer contre toi dans l'immédiat, parce que vraiment, je meurs de froid. Autant être honnête, Chiffo n'est pas sur de pouvoir revêtir l'allure d'un mec qui veut seulement aider. Il est de toute façon bien trop fasciné pour jouer à ce jeu-là. ne serais qu'un instant. Il a froid, le corps de Basile lui donne chaud. C'est comme ça. Qu'est-ce qu'il y peut ? Même avec son innocence et ses questions trop nombreuses à son goût. Juste. Il souffle doucement. Je n'ai pas vraiment participé au baiser...et bon, tu sais, mon égo et moi... Et cette fois-ci, c'est lui qui l'embrasse, lui qui se colle un peu plus. Juste lui et ses excuses bidons.
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MessageSujet: Re: lotus   lotus EmptyMer 16 Avr - 14:02

Il y avait tant de choses que je ne savais pas. Tant de paramètres que j'aurais aimé pouvoir contrôler mais qui me semblait encore hors de portée. Une attirance. J'en connaissais la définition oui, il s'agissait d'une force qui attirait quelqu'un ou quelque chose. Mais alors, étais-je attiré par Chifoo ? Et plus important encore, étais-je attiré par les hommes ? Je savais qu'au point de vu de ma religion, il s'agissait là de quelque chose qui n'était pas permis, et je me doutais que mes parents ne m'adresseraient plus jamais la parole si ils venaient à savoir ce qui se passait ce soir. Pourtant, devais-je dire que des regrets allaient naitre en moi ? Etrangement, je n'en étais pas réellement certain. Devais-je regretter quelque chose qui m'était pourtant si agréable ? Pouvais-je le regretter ? J'avais à peine l'impression de pouvoir y résister, comme s'il s'agissait là d'une évidence. Comme si les pulpeuses de cet inconnu m'étaient destinées. Comme s'il n'y avait que ce chemin là que je pouvais emprunter, et que toutes les autres voies s'étaient une à une désistées sous mes pieds. Il n'y avait que lui. Je trouvais ça presque oppressant et même mes croyances ne semblaient pas être assez fortes pour lutter contre ce doute. Parce que, c'est ce qu'il était au final, un doute. Un doute qu'il installait petit à petit entre mes lèvres, là, tout contre lui. Etait-ce bien ou mal ? Peut-être était-ce même les deux ? Je savais que le plaisir était quelque chose de proscrit, pourtant, je ne pouvais m'empêcher de savourer le moindre instant en sa compagnie. J'étais devenu une de ces personnes avides de savoir, trop curieux d'une vie qui ne m'avait jusqu'ici jamais apporté ce dont j'avais réellement besoin. J'aurais pensé me sentir sale, mais ça n'était pas le sentiment qui m'habitait en cet instant. Non, je me sentais même drôlement bien, là, alors que mes lèvres se déposaient tout contre les siennes. J'haletais malgré moi, mon souffle se voulant saccadé, alors qu'une bouffée de chaleur s'était emparée de mon corps. Ses doigts glissèrent le long de ma nuque, alors qu'un long frisson s'emparait de mon échine. C'était peut-être un peu bête, mais je ne savais absolument pas quoi faire de mes mains. Devais-je les placer à un endroit précis ? Ou devais-je attendre qu'elle se laisser guider toutes seules. J'avais envie de toucher la moindre parcelle de son être, déjouer le moindre de ses grains de beauté, et c'était peut-être ça le problème. Il y avait bien trop de paramètre à ma disposition, tellement que j'en venais à trouver le tout inaccessible. Pourtant, il était juste là, au bout de mes lèvres. Alors, une de mes mains avait fini par longer se avant bras, traçant de petits cercles en remontant sur son biceps, d'une douceur infinie. C'était peut-être de ça dont j'avais besoin, de ce lâcher prise dont il semblait de toute évidence connaitre les moindres détails et ce bien mieux que moi. Je ne savais plus vraiment ce qu'il souhaitait, mais naïvement, j'en étais venu à placer toute ma confiance entre ses paumes. Pourtant il ne s'agissait là que d'un inconnu, oui, un inconnu que je n'avais de toute évidence jamais croisé par le passé. D'autant plus que tout semblait nous séparer. Nous n'avions même pas la même vision de la vie. Mais je le voulais, oui, il n'y avait rien de plus au monde que je désirais. Je le voulais, juste lui. Maladroitement, j'en viens finalement à me retirer de cet échange, comme si trop en profiter allait m'attirer des problèmes. Quelque chose d'aussi bon ne pouvait pourtant pas faire de mal, non, je ne voyais simplement pas comment c'était possible. Il s'agissait là de mon premier baiser. Et quelque part, je crois que je n'aurais pu trouver mieux. Tout ceci me semblait presque normal, pourtant j'étais presque certain que la plupart des relations ne se déroulaient pas ainsi. Peut-être me croyais-je encore dans un conte, peut-être n'était-ce même qu'un rêve. Pourtant, je n'avais jamais rêvé de quelque chose du genre. Non, je n'avais jamais fait aucun rêve à propos de mes attirances, à propos d'un baiser, à propos de lui. Mais s'il s'agissait là d'un rêve, je voulais bien le refaire un millier de fois. Remplacer toutes ces histoires abracadabrantes par de la vraie magie. Lui, moi, ça sonnait comme une évidence. Je pourrais tomber amoureux. Alors tombes amoureux. mes paupières s'abattent quelques coups, mes billes océans scrutant inlassablement le visage si parfait du jeune homme. Pouvais-je réellement tomber amoureux ? De ça, de lui, de nous ? N'était-ce pas déplacé de s'emballer un peu trop vite. J'avais la drôle d'impression que mon palpitant était entrain de pomper toutes mes veines, comme si je m'apprêtais à flancher à la moindre seconde. Il pouvait bien faire de moi ce qu'il voulait. Je le savais. Je n'opposerais aucune résistance. Pourtant, est ce que cela faisait de moi quelqu'un de trop envieux ? Comme tout le monde, je suppose. Honnêtement, je ne veux rien entendre du tout. me mordant la lèvre inférieure, je sens sa main glisser le son de ma hanche. Qu'est ce qu'il ne voulait pas entendre exactement ? Je devais bien avouer que j'étais quelque peu perdu face à ses paroles. Ce qui m'emmerde, c'est que je n'arrive pas à savoir ce que tu sous-entends. Alors c'était ça. Peut-être que nous ne nous comprenions pas au final. Pourtant, là, tout de suite, j'étais presque certain que lui et moi venions de ressentir les mêmes choses. Comme s'il s'agissait de notre première fois à tous les deux. Peut-être que les sentiments se voulaient changeant en fonction de la personne se trouvant en face. C'était peut-être naïf de ma part, mais j'espérais qu'il n'avait pas s'agit d'un simple baiser pour le jeune homme, puisque tout ceci était réellement bien plus que ça à mes yeux. C'était le problème des premières fois, tout était toujours plus compliqué, et probablement en avait-il conscience. Probablement était-il déjà passé par là. Je savais que mon coeur pourrait lâcher à tout instant, là, entre ses mains. Je te veux. un nouveau frisson s'éprit de mon coeur. Il me voulait ? Etais-je aussi attirant qu'il prétendait me trouver ? J'avais l'impression de nager en plein rêve, oui, jamais je n'aurais imaginé pouvoir entendre ce genre de parole. Pas de quelqu'un comme lui. Pas de quelqu'un qui semblait pourtant si différent de moi. Et je crois que c'était justement cette différence qui me faisait de l'oeil. Je crois que t'imagines même pas à quel point ni comment. mon souffle se veut bruyant, alors que je pouvais sentir le sien se déplacer le long de ma mâchoire, provocant d'innombrables frissons. Je voulais parler, lui dire que je ne désirais que lui, et qu'il pouvait bien faire de moi ce qu'il voulait, à la condition qu'il ne m'abandonne pas... mais aucun mot ne sortait de mes lèvres. Des lèvres entre-ouvertes, tremblantes. La pression contre ma nuque se veut plus imposante, alors que je sens sa peau peu à peu entrer en contact avec la mienne. Etrangement, je ne tremble plus. C'était comme si une impression de quiétude avait fini par s'éprendre de mes pores. Comme s'il n'y avait plus rien que je pouvais faire pour continuer de lutter. Oui, il n'y avait plus aucune raison de lutter maintenant. Et pour la première fois depuis maintenant de nombreuses minutes, plus aucune question ne semblait m'échapper. Plus aucun mot ne voulait s'interposer entre lui et moi. Il n'y avait même plus aucun doute à avoir. Et ça me plairait bien de me réchauffer contre toi dans l'immédiat, parce que vraiment, je meurs de froid. Mes prunelles détaillèrent bien malgré moi ses lèvres. Il se disait mourir de froid, pourtant, j'avais l'impression d'être en ébullition de l'intérieur. Je savais que tout ceci n'était justement qu'une impression, mais étais presque certain que ma peau elle même se voulait brulante, fiévreuse. Juste. Je n'ai pas vraiment participé au baiser...et bon, tu sais, mon égo et moi... un léger sourire s'esquisse finalement sur mon visage, alors que ses lèvres rejoignent de nouveau les miennes. Là, j'en étais certain, oui, je le voulais probablement autant qu'il venait de m'en faire part. Alors, une de mes mains avait fini par glisser le long de sa mâchoire, alors que la seconde s'était peu à peu agrippée à son tee shirt, sentant les battements de son palpitant, toujours un peu plus rythmés, plus puissants. M'allongeant quelque peu, je tirais doucement le jeune homme pour que celui ci vienne me surplomber, sans pour autant rompre ce délicieux baiser. Mes doigts glissèrent alors le long de son cou, détachant sans réellement le vouloir l'écharpe qui l'encombrait pour pouvoir sentir sa peau, là, tout contre la mienne, s'arrêtant finalement contre sa clavicule. Séparant un court instant nos lèvres, je l'avais pourtant retenu avec force, tout contre moi, lui signifiant que je ne voulais plus qu'il s'échappe. Que j'étais certain. « Je veux que tu me montres. » soufflais-je tout contre sa mâchoire. Inspirant profondément, je reprenais finalement la parole, d'un ton légèrement plus prononcé. « Je veux que tu me montres ce que c'est que de te connaitre. » mes prunelles s'étaient plongées une dernière fois dans les siennes, fronçant légèrement les sourcils, alors que mes lèvres rejoignaient une nouvelle fois celle de Chifoo. Celui que j'espérais être mon Chifoo, ne serait-ce que le temps d'une poignée de secondes. Oh, je n'étais pas encore certain de ce que je voulais, au final, peut-être était-ce bien plus. Très probablement. Mais là, tout de suite, il n'y avait rien de plus que je désirais que lui. Timide, une de mes mains s'était invitée sous le tee shirt du garçon, détaillant ses hanches du bout des doigts pour venir longer sa colonne vertébrale. J'avais l'impression d'avoir le plein contrôle de mes actes, mais la vérité était que je n'avais même plus besoin de réfléchir à ce que je faisais. Tout me semblait si naturel. Juste moi. Et puis lui.
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