Enfin, elle peut vivre, le voile de la nuit est retombé.

Un cri. Un cri strident perce l'air autour d'elle. Elle n'est pas seule, mais elle n'a pas peur. Ici, c'est la forêt. Ici, rien de mal ne peut vraiment lui arriver.

Elle continue d'avancer, agile, libre, silencieuse. La nuit lui appartient et elle n'a pas peur. Elle est loin, elle sait qu'elle est loin, mais ce n'est pas grave. Il fait un peu froid, mais elle survivra, ça elle le sait. Elle n'est plus seule, mais ça aussi, elle le sait. Mais avec qui ? Ça, personne ne le sait.

Ici, il fait frais. Elle les sent, ces branches parfumées, agréables au sentir.
Ici, tout est calme. Les animaux dorment, personne ne lui fait face. Seule, elle règne sur la forêt.
Ici ... Ici, elle se sent tellement bien qu'elle n'a aucune envie de s'en aller.
Puis, elle entend quelque chose.
Puis, une voix survient, de nulle part, une deuxième fois. La même voix.
Elle hésite, puis elle n'hésite plus. Immobile, elle ne bouge pas. Elle veut être seule et non pas dérangée.

Elle attend, en silence.
Un, deux, un deux ... Elle attend et rien ne se passe.
Ce n'est que lorsque les craquements de branches recommencent qu'elle s'autorise enfin à marcher de nouveau.
À nouveau, elle s'avance, cette fois-ci afin de s'asseoir sur une bûche oubliée.
Qu'elle ait appartenu à un menuisier ou à un enfant, elle s'en moque bien.
Maintenant, cette bûche lui appartient, tout comme le reste de la forêt. Ce soir, Elle est reine.

Elle a l'impression que le ciel lui sourit, avec ses belles dents.
Les étoiles brillent, scintillent, pour elle et elle uniquement.
On dirait qu'elles la bercent de leur lumière bienveillante, la recouvrent d'un halo lumineux.
Elle sourit, car elle est heureuse et, un instant, en oublie même l'inconnu.
Et voilà que sa présence se fait savoir à nouveau. Voilà qu'il la rappelle de son existence même, à sa façon.
Un mirage ? Un fin sourire s'étire sur ses lèvres. Elle a envie de répondre que oui. Elle a envie de danser.
Mais au lieu de cela, elle se tait. Elle se tait car elle sait que ça le fera avancer.

Lentement, elle se détend, se positionne confortablement.
Mains posées de chaque côté de son corps, prudemment accrochées à l'écorce du bois,
Elle attend en silence, elle ne bouge pas.
L'inconnu, elle le voit. Il ne bouge pas, ou peu, ou pas du tout,
Mais l'inconnu, elle le sait, il viendra, il avancera.
Un soupir s'échappe alors d'entre ses lèvres, doux témoin de son ennui et de son sentiment d'apaisement.
Ce soir, elle est heureuse. Elle ne s'est jamais autant sentie Elle.