Dans le vide.
Son regard se perd dans le vide.

Isolée.
Le vent pourrait la briser,
Personne ne le verrait.

Seule, perchée sur cette falaise,
Le gouffre abyssal en dessous lui donne des envies de malaise.

Un rêve ...
C'est comme un rêve tiré de la nuit.

Ici. Qu'y fait-elle ?
C'est tout simplement là qu'elle a été guidée par l'ennui.

Elle contemple en silence,
Ces belles vagues, ces beaux rochers.
Elle contemple en silence,
Voit son âme vagabonder.

Une autre elle se balade, elle danse sur les roches,
Libre, légère, habile, agile,
Sans avoir peur des parois tranchantes des cailloux abîmés.

Elle inspire, elle hésite,
Ne remarque pas le fait qu'elle n'est plus seule.

L'inconnu l'appelle,
Sa voix séduisante retentissant dans ses pensées
Comme un écho qu'on n'oublierait jamais ...

Peut être même qu'elle a envie de sauter.

Son regard, perdu, suit le fil de ses pensées.
Est-elle endormie, est-elle éveillée ?
Vit-elle réellement ou est-elle prisonnière de la réalité ?

Des questions, des réponses ...
Des questions sans réponses,
Des questions sur des pierres ponces.

Le vent essaie de dompter ses cheveux,
Elle le sait, elle le ressent ...
Mais elle s'en inquiète peu,
Ce n'est pas comme s'il faisait bouillonner son sang.

Elle a besoin de vivre, de fraîcheur, de nouveauté.
Elle a besoin de voler, de planer, d'être libérée, aimée.
Elle a besoin de beaucoup de choses, ça, elle le sait ...
Mais Elle est Elle et elle ne pourra pas le changer.

C'est alors qu'un son, doux et léger, transporté par le vent,
Arrive à ses oreilles, les atteint calmement.
Et c'est alors qu'elle se remet à penser au temps,
Écoulé, passé, oublié, perdu. Le temps disparu dans l'envol du vent.

Se retournant lentement, elle regarde l'inconnu.
Le soleil l'aveuglant, elle ne voit rien, elle ne voit plus.
Son air serein ne révèle pas qu'elle s'est perdue.

Debout, il l'aurait intimidée.
Là, assis comme il l'est,
Il ne lui fait pas peur et elle pense qu'il le sait.

La brise l'emporte, voilà qu'elle se sent libre
Mais en même temps, elle a peur,
Peur de perdre l'équilibre.

Perchée au bord de ce précipice,
Voilà qu'il palpite, son coeur,
Maintenant qu'elle est si proche du vice.

Le vent caresse son visage,
Ses beaux cheveux soyeux.
Le vent lui dit d'être sage ...

Il ne veut pas la voir partir.
Et elle, le voir malheureux.
"Ce n'est pas comme cela que les choses doivent finir"

Se dit-t-elle mentalement.
C'est pour cela qu'elle s'est retournée.
Et maintenant, elle se sent tellement ...

Libre ? Emprisonnée ? Seule ? Entourée ?
Elle n'en a aucune idée.
Lasse, elle se laisse tomber, son corps, sur l'herbe, allongé.

Le silence ne l'opprime pas.
Au contraire, il l'emplit de joie.
Elle s'y sent à l'aise, confortable, aimée ...
Elle a l'impression de pouvoir y baigner toute une éternité.

Il ne lui dit rien, la regardant simplement ...
Et pourtant, elle peut l'entendre, sa voix, sa belle voix.
Claire comme la roche, elle lui parle tout doucement.
Elle lui rappelle qu'elle a encore le choix.

Avec curiosité, elle le dévisage,
Lorsqu'il lui adresse enfin la parole.
Elle se demande d'ailleurs s'il ne sera que de passage,
S'il partira, lui aussi, lorsqu'il la croira folle.

Pour le moment, cela dit, il n'y rien.
Rien de plus que le silence des humains.

Il la regarde,
Et en retour, Elle le regarde.

Puis, une question surgit et brise ce silence plaisant.
Ce silence qu'elle aimait tant.

Hé dis, toi,
Tu veux bien te perdre parmi les planètes avec moi?

Une question.
Une invitation.
Une question.
Une hésitation.
Une question ...

Les planètes ?

Sa voix tranche l'air comme un sabre exotique,
Sa langue claquant contre son palet de façon sarcastique.

Les planètes se noieraient dans un océan ...

Cette phrase, énoncée avec tant d'élan,

Témoigne de l'affection qu'elle éprouve pour ces vagues.
Ces belles vagues, scintillantes,
Ces belles vagues, luisantes,
Ces belles vagues qui semblent aussi perçantes que des dagues.

Tout se noierait dans l'océan ...

Chuchota-t-elle silencieusement.
Elle aussi se noierait très certainement.