☾

c'est que moi, je suis comme un papillon de nuit:
j'suis attirée par la lumière.
par les étoiles.
et ça brillait, dans le ciel pétrole.
et ça brillait, au loin, ce guide lumineux.
moi, j'avais envie d'y aller, j'avais envie de jouer le jeu, d'être émerveillée, toujours. de pouvoir rester là, recroquevillée sur le sol froid et d'observer l'horizon avec une boule dans la gorge, parce que c'est trop beau, la vie. j'ai des frissons, je repense à toute cette vie que j'ai maintenant. velours la nomade. velours sans maison. velours le pouce levé, le sac sur le dos, le sourire collé aux lèvres. y'a eu banff, y'a eu le costa rica, y'a eu le nouveau-mexique. et maintenant, y'a bar harbor.
velours sans famille,
velours, amie des étoiles.

là-haut, loin de tous, c'est échapper pour quelques temps à l'amertume d'un monde trop cru, trop violent, trop meurtrier. c'est prendre le temps de retenir son souffle devant la mer, divine créature d'un bleuté à en pleurer. c'est s'émerveiller du vent qui caresse la peau et les cheveux, qui chuchote à l'oreille des mots doux, des mots d'amours. c'est le sentiment d'infini plein, mais d'infini vide. c'est beau. c'est...c'est joli, putain, il l'a dit. et je ne bronche pas, même pas peur (plus peur de rien, ici-haut).
mes prunelles vertes se posent sur l'inconnu.
il fait sombre, alors il n'est qu'ombre. ombre élancée, ombre pale, ombre aux cheveux couleur écorce. j'ai envie d'y poser mes mains, pour les ébouriffer, pour le sentir tout près.
juste comme ça.
c'est vrai que c'est joli.
et quelques battements de paupières vers l'horizon.
magnifique, même.

Il y a l'eau qui vous berce, ton cœur et toi. Lui bat moins vite et toi...toi tu penses de moins en moins. Tes yeux s'assèchent un peu, tes joues aussi et tu ravales toute l'ombre qui inondait ta bouche. Faut respirer Abel. Ce n'est comme si elle allait apparaitre ton dos, ta nana, ses je t'aime et ses jolies yeux.
Tu le ne la verras plus jamais. C'est pour ça que t'es là.
Et cette idée te brise autant le cœur qu'elle l'allège d'un poids.
Tu reprends tranquillement ton souffle en jouant avec les manches de ton haut. Ton regard passe du phare à l'eau coloré de noir. C'est vraiment un chouette endroit, n'est-ce pas ? peut être que tu devrais y rester éternellement et servir de phare aux gens. Ça te plairait bien à toi, parce que t'as toujours aimé l'océan. Enfant, adolescent et...surtout maintenant. L'horizon est propice à tout les fantasmes, même les plus cons. Si t'as envie de croire que le paradis se trouve au delà de cette rive alors c'est peut être le cas.
Ça t'arrache un demi-sourire.
La fille dont t'ignore le visage est d'accord toi. T’ose pas vraiment tourner la tête vers elle de peur d'être obligé de la dévisager. Ce serait pas mal élevé... Alors tu continues ton observation tendit que tu t’assois tranquillement.
J'j'aime bien ce genre d'endroit. Tu confis, tout bas. J'j'ai toujours l'impression qu'il y a un t-truc gé-nial au delà...

ici, c'est un endroit paisible. c'est un petit paradis sur terre. c'est mon domaine des rêves et d'imagination. ''à velours'', qu'on pourrait y lire sur une pancarte peinte avec mes doigts et toutes les couleurs de l'arc-en-ciel. mais au fond, ici, c'est à toutes les âmes égarées qui se posent trop de questions et qui viennent ici chercher des réponses que la mer nous chuchotera à l'oreille. peut-être que l'inconnu est ici aussi pour interroger les vagues et le vent. doucement, il se pose près de moi, le regard vers l'infini grisâtre et sombre. ce soir, les étoiles cherchent des trous entre les nuages pour pouvoir briller jusqu'à nous. j'hoche doucement la tête lorsque sa calme voix se fait entendre.
moi aussi, j'aime ça.
tu crois qu'il y a quoi, au delà ?
tu crois qu'il y a une tortue géante avec une île sur son dos ?
comme à la création du monde,
comme au début de tout ?