leur mariage s'est essoufflé. il paraît que ça arrive, que c'est normal, que ce n'est pas grave. elle n'a rien dit, quand elle a signé les papiers. elle n'a rien dit à sa famille, à sa belle-famille, à son ex-mari. elle n'a pas jeté un regard aux non-dits, elle n'a pas écouté les murmures dans l'assemblée. il paraît qu'ils étaient trop jeunes.
elle est juste partie. envolée l'hirondelle. le cœur lourd et des rêves pleins la tête. le corps anesthésié par ce sur-plus de liberté.
ce matin encore, elle roulait. mais là, là elle a décidé de s'arrêter dans ce nulle-part. elle aime bien. cette petite ville. cet endroit. ces ruelles.
elle se gare. elle sort. puis elle se balance sur ses talons hauts, la valentina, en farfouillant dans son sac dolce vita. un cadeau des deux ans. deux putains d'années.
l'enflure.
et elle marche, elle marche longtemps mais surtout vers ailleurs. et un moment, elle croit se perdre.
avec son petit air de connasse, astrée a l'air maligne. elle a tellement besoin d'une  cigarette.
astrée s'assoit finalement sur un banc dans la rue, penaude, et attend dans une petite rue ou y'a personne.
elle en a marre. elle ne sait même pas ou elle dort ce soir.

La voilà, arrivée dans cette ville inconnue après avoir été jetée comme une vulgaire chaussette. Il l'avait laissée pour une autre après trois ans de vie commune. Elle ne lui avait pas fait part de sa découverte et était partie telle une voleuse, valises à la main et roula jusqu'à arriver ici.
Elle ne savait clairement plus où elle en était. Plus rien n'avait d'importance. Ici, elle pourrait se faire une nouvelle vie parce qu'au fond, personne ne la connaissait.
Louve marchait sans vraiment avoir de but. Les rues étaient plutôt vides et elle n'avait encore croisé personne jusqu'alors.

besoin d'une cigarette, maintenant, toute suite. y'a une jolie blonde qui entre dans la ruelle. pas l'ai bien. une dame liberté, elle aussi, surement. avec des surement, on refait le monde. et ça, astrée à pas le temps. alors elle se dirige vers elle un peu mal à l'aise, la voix enrouée par des après-midis à rester enfermer. il lui a dit, une maison ça s'aère. elle lui a répondu qu'un mariage c'est à vie. il est parti. elle arrive devant la blonde. toussote légèrement. "excusez-moi ... vous auriez une cigarette s'il vous plaît ? j'ai de quoi payer, c'est juste que je ne connais pas trop la ville." s'explique-t-elle, en essayant de sourire un peu.

Louve marchait, perdue dans ses pensées. Une jolie rouquine était assise sur un banc, dans la ruelle. C'était bien la première personne qu'elle rencontrait dans cette ville. Elle pensait passer inaperçu. Cette fille avança vers elle. Trop tard. Louve ne pouvait plus faire marche arrière ou rester dans un coin.
Il fut un temps où, si on lui demandait des cigarettes, elle n'en possédait pas. Non-fumeuse, c'était comme ça. En prenant la route, et la voiture de cet homme qu'elle avait eu pour mari, elle avait trouvé un paquet. C'est comme ça que la dépendance ce crée. Oui, voilà ...
Ce que ça peut être horrible de chercher quelque chose dans son sac à main. On ne s'y retrouve jamais. Elle lui donne. Par contre, je ne retrouve plus mon briquet, désolée.

avant, astrée fumait pas. puis y'a eu le mariage. les attentes de la belle-famille. l'essoufflement. l'éloignement. les non-dits. tout a tué leur embryon d'amour. alors astrée a commencé à fumer. pour se brûler les poumons. pour oublier. pour passer le temps. depuis, elle n'est pas spécialement dépendante mais elle aime pas, oh non elle déteste ça, être un peu en manque. elle était aussi en manque de lui, puis il est parti. on doit divorcer. il lui a jeté ça entre le plat et le dessert. elle l'a haï. elle n'a rien dit et s'en est allée. deux semaines plus tard, elle divorçait de son avocat de mari qui, s'en voulant, lui a tout donné sauf l'essentiel.

maintenant, astrée a besoin d'une clope. et quand la môme aperçoit une belle blonde, elle s'avance. puis elle demande un clou de cercueil en fouillant dans ses poche pour un briquet. astrée se ramène toujours avec son briquet. "oh, merci." murmure-t-elle quand elle voit la belle inconnue fouiller dans son sac. elle attrape une cigarette avec un sourire et lui montre fièrement son briquet. "ça, j'ai, merci beaucoup." dit-elle en allumant nerveusement la clope. peut-être qu'elle est dépendante finalement. encore une connerie. "je sais que je vous embête mais ... vous êtes d'ici ?" demande-t-elle hésitante. "j'aurais aimé prendre un café mais cette ville est un véritable labyrinthe et comme je cherchais une cigarette j'ai pas ... bref."

Prendre la route et partir. Elle avait fait du chemin avant d'arriver ici. Au moins, personne ne la retrouverait. Elle ne manquerait à personne, surtout pas à ces deux traîtres. Ces gens qui se disaient être ses proches et qui pourtant, l'avaient trompée, l'avait fait passée pour une femme aveugle. Certains ont sans doute du se demander si Louve n'avait pas poussé son mari dans les bras de sa meilleure amie. Au final, elle s'en fous.
La rouquine avait l'air sympas. C'était une première rencontre dans cette ville inconnue. Sans doute un signe lui indiquant que sa nouvelle vie commençait. Maintenant. Non, je suis une nouvelle arrivante en ville. Louve fit un petit sourire timide avant de reprendre On peut chercher ensemble parce que je dois dire que cette ville me parait également être un labyrinthe. A croire qu'elle a été faite pour nous perdre. Elle range son paquet dans son sac. pas de cigarette maintenant. Sans doute plus tard. Au fait, je m'appelle Louve lui lâche-t-elle en passant une main dans sa chevelure blonde.

"oh, comme ça, on est deux." dit-elle en riant légèrement. elle se perd souvent, astrée. elle se perd à chaque fois qu'elle fait un pas parce qu'elle se donne l'air d'une femme forte, mais elle ne l'est pas, elle ne l'est pas. il l'a blessé. elle a eu tellement mal. et depuis, elle erre. en cherchant quelque chose. qu'elle ne trouve pas. alors elle se perd. "je me sentirais moins seule, comme ça. on part par là?", demande-t-elle en regardant d'un côté de la rue. dès que la jeune femme acquiesce, astrée commence à avancer. en lui adressant quelques regards. puis en regardant autour. "enchanté. astrée." lui lance-t-elle avec un sourire. un petit sourire. puis elle continue d'avancer, en regardant tout près, en tirant des taffes sur sa cigarette. "j'ai le droit de vous demander ce que vous faites dans cette ville ou ce serait indiscret ?" murmure-t-elle en tournant les yeux vers elle.