Tu n'es pas du genre à te poser dans un endroit ni à te mélanger aux gens mais sur ce coup t'as pas trop le choix. Tu viens de débarquer dans ce bled et pour dire vrai t'es un peu paumé. Tu portes ton sac depuis des heures et ça te met le dos en vrac alors tu décides de le poser à tes pieds et en même temps de reposer tes muscles fatigués. Tu regardes autour de toi, indécis. Puis tes yeux se posent sur le panneau du McDonald's et ton ventre gargouille aussi tôt. Tu ne sais plus trop quand la dernière fois que t'as avaler quelque chose, mais ton estomac cri famine lorsque tu pousses la porte du bâtiment. Quelques personnes sont déjà là à engloutir leurs menus. Ce n'est pas trop ton genre de venir dans ce genre d'endroit, mais tu n'es pas certain que tes jambes voudront te porter plus loin. Une fois ton plateau dans les mains, tu sors sur la terrasse et tu poses ton sac sur le sol avant de t'asseoir. Un soupir de bien être glisse entre tes lèvres. T'avales tes frites en deux secondes avant de commencer ton hamburger bien gras. Puis tu t'allumes une clope histoire de faire glisser tout ça.

T’as débarqué ici, tu ne sais pas trop pourquoi. Tu disais avoir besoin de liberté, de voir autre chose que ton petit monde. Alors t’as pris rempli ton sac des premières fringues que tu trouvais, t’as enfilé ta vieille paire de basket puis t’es parti et t’as atterri ici, à Banff. Tu erres dans les rues de la ville à la recherche d’un endroit ou tu pourras faire taire ce ventre qui n’arrête pas de faire des siennes, quand tu tombes sur cette enseigne à la belle lettre jaune. Tu n’hésite et te plonge à l’intérieur. Tu commandes puis part t’installer, il fait beau voilà pourquoi tu prends la direction de la terrasse. Mais tu n’es clairement pas la seul à avoir eu cette brillanté idée, toute les tables sont prises, alors tu cherches, tu cherches et tu cherches une table sur laquelle tu pourrais t’installer. Tu la repère alors cette place libre, tu t’y engages mais trop tard pourtant tes jambes continuent d’avancer et ta bouche s’ouvre. « Je peux m’asseoir ? » Tu le regardes, il te regarde. L'odeur de la cigarette te gène mais tu ne dis rien. Tu veux t’asseoir et manger voilà tout ce qui peut compter.

T'es plongé dans tes frites, à savourer ce repas dont tu as rêvé depuis longtemps. En réalité, t'aurais pu avaler n'importe quoi tellement t'as faim. Tu ne remarques pas vraiment la fille qui s'approche de toi, jusqu'à que sa voix te tire de ta rêverie. « Je peux m’asseoir ? » Tu lèves alors les yeux et tu la regardes. En temps normal t'aurais pas répondu ou alors un truc incompréhensible mais te sociabiliser un peu ne pourra pas te faire de mal. « Ouais, bien sûr. » Tu décales un peu ton plateau pour lui faire plus de place et tu pousses ton énorme sac un peu plus loin. Tu tentes même un petit sourire histoire de montrer que ne t'es pas un mec méchant et tu tires une dernière fois sur ta clope avant de l'écraser et de ravaler une bouchée de hamburger. T'es pas du genre à aller vers les gens que tu ne connais pas et encore moins à faire la conversation. T'espères juste ne pas être tombé sur une gosse de riche qui se prend pour une globe-trotteuse.

Sa réponse ne fait pas attendre très longtemps, d’un simple « Ouais, bien sûr. » il te permet de le rejoindre sur cette table en bois, tu poses ton plateau. Par simple politesse tu te permets de lui répondre un « Merci » puis tu entame ton festin, par habitude tu commences par les frites que tu plonges dans ton ketchup. Tu avais faim et tu ne prends pas vraiment de pincette pour manger, à dire vrai tu n’as jamais été la meilleure amie de Nadine de Rothschild, alors forcément tu manges comme une personne qui mangerait de la junk food. Mais forcément tu finis par le sentir son regard sur toi, qui t’observes. Tu lui fais alors face. « Un souci ? » Tu n’as pas pour habitude de te montrer agressive ou mauvaise mais tu ne peux simplement pas supporter la moquerie. Alors forcément quand tu te sens en mauvaise position, tu attaques, tu te défends.

Tu termines ton repas tandis que la demoiselle prend place à côté de toi. Elle ne semble pas vraiment à l'aise, un manque de confiance en elle peut-être. Mais, tu la comprends, toi non plus ne t'es pas vraiment à l'aise avec les inconnus et tu l'a jamais été. Tu préfères ta solitude plutôt que de te mêler aux autres. Un loup sans meute, voilà ce que tu es. « Un souci ? » Tu lèves les yeux, tu la regardes et tu fronces les sourcils. « Aucun, pourquoi ? » Elle te semble agressive. Elle devrait faire attention, toi aussi, tu sais sortir les crocs. T'écrases ta clope dans le cendrier poser sur la table et t'étires tes jambes fatiguées par la grande marche que tu viens de faire. T'as qu'une envie, c'est de te trouver un coin tranquille pour dormir quelques heures.

Finalement rien. Tu te rends que tu as été assez conne mais tu as trop de fierté pour l’admettre à haute voix, alors tu finis simplement tes quelques frites et ton dernier morceau de burger. Tu es fatigué de ton voyage encore récent, tes jambes te sont encore douloureuse ainsi que tes épaules puis faut dire que le matelas sur lequel tu passes tes nuits n’est pas des plus compétent pour arranger ta situation, bien qu’il te convienne parfaitement. Les minutes commencent à s’écouler, ici tu ne connais encore personne alors pourquoi ne pas commencer à te sociabiliser. « Tu es ici depuis longtemps ? » Tu porte ta boisson à tes lèvres, tout en le détaillant un peu plus, ses cheveux bruns, ses yeux clairs..

Tu le sens qu'elle t'observe tout en avalant son menu. Toi t'observes les gens présents sur la terrasse, tu les détails un à un. Tu passes le temps c'est tout et t'as pas forcément envie de t'eclipser comme un sauvage ni même te sociabiliser, drôle d'humeur. « Tu es ici depuis longtemps ? » Sa voix brise le silence. Tu la regardes et un léger sourire apparait sur tes lèvres. « Je sais plus trop, trois ou quatre jours peut-être. » Tu as perdu la notion du temps depuis de longues années déjà. Tu prends une gorgée de ton coca trop chaud et tu reposes tes yeux sur l'inconnue. « Et toi ? » Autant profiter de cette présence pour faire la discussion, t'as que ça à faire de toute façon.

« Et toi ? » A vrai dire tu ne sais même plus. Tu as arrêté de compter à la fin de la première semaine, alors peut-être bien trois, quatre semaines. Le temps s’arrête à Banff une fois que tu y a posé ton sac, ta tante et tout le tralala. « J’ai arrête de compter mais bien trois semaines. » Ton plateau terminé, tu lâche un soupire. Tu es rassasié, tu ne peux pas être plus heureuse. Tu fermes tes yeux pour exposer ton visage au rayon du soleil, tu es bien, vraiment bien. « Et alors qu’est qui t’amène par ici ? » Tu rouvres un œil comme pour vérifier qu’il ne s’est pas éclipsé en trente seconde de temps.

Ton plateau est vide, le siens aussi. T'aspires la dernière goutte de ton coca et tu le reposes sur la table. Banff a l'air d'être une ville bien, mais sa ne bouge vraiment pas beaucoup, p'être que c'est pas encore vraiment la saison. « J’ai arrête de compter, mais bien trois semaines. » Tu souris, ouais, ici t'a la même impression, l'impression que le temps s'arrête, l'impression d'être à part du monde. « Et alors qu’est qui t’amène par ici ? » Tu t'étires doucement, les bancs ne sont pas vraiment confortables ici. « Juste l'envie de bouger, voir de nouvelles têtes, mais surtout un coin que je ne connais pas. » Et des coins t'en connais pleins pourtant, y compris au Canada, mais c'est la première fois que tu viens dans un coin aussi perdu.

Tu ne diras pas que ta vie d’avant te manque, certes certains éléments peuvent venir à manquer mais tu l’as fait pour une bonne raison, pour te prouver des choses. Alors tu fais avec ce vide qui se créer, cet ennui qui parfois te prends, ces liens sociaux qu’ici tu n’as encore réussis à créer. Alors tu profites des simples choses de la vie, ces petits trucs qu’avant tu n’aurais pas relevé. « Juste l'envie de bouger, voir de nouvelles têtes, mais surtout un coin que je ne connais pas. » Tu hoches la tête de haut en bas. « Je vois… Tu dois avoir trouvé ton bonheur ici du coup. » Tu esquisse un sourire, simple, discret. Une simple discussion t’avait finalement manqué plus que tu ne l’aurais pas pensé. Alors oui tu savoures en quelque sorte d'avoir quelqu'un avec qui partager ce simple moment.

Tu as toujours vécu comme ça, traversant les frontières à pied ou en voiture quand t'as un peu plus de chance. T'as été élevé comme ça donc forcément, tu ne te vois pas vivre dans une maison pendant dix ans. T'as toujours eu ce besoin de bouger, de visiter, d'explorer des pays qui te sont inconnus. « Je vois... Tu dois avoir trouvé ton bonheur ici du coup. » Tu n'as pas encore croisé beaucoup de gens ici mais pour le peu que t'as vu, il y a de sacrés energumène. « C'est sur, y'a des personnalités qu'on ne peut pas croiser ailleurs. » Tu souris, franchement. C'est vrai que certaines personnes sont assez bizarres, mais au fond, nous le sommes tous un peu. « Et toi ? T'es là juste pour les vacances ou quelque chose du genre ? » Tu la regardes, en faite, tu ne l'imagines pas parcourir les routes seules. Mais peut être qu'elle est comme toi, qu'elle aussi elle a l'âme vagabonde. Et finalement t'es curieux d'en savoir un peu plus sur elle.

« C'est sur, y'a des personnalités qu'on ne peut pas croiser ailleurs. » Tu le vois sourire, franchement, joliment, cela illumine son visage qui laissait lire jusqu’à présent sa fatigue. Tu hausses les sourcils, il est clair que les habitants de cette petite bourgade sont pour le moins atypiques, il est clair que sa te change de ces robots que tu avais l’habitude côtoyer, ces êtres sans personnalités, qui parfois te faisais froid dans le dos jusqu’à t’en glacer le sang. « Et toi ? T'es là juste pour les vacances ou quelque chose du genre ? » Tu as presque envie de rire, des vacances, ici à Banff ? Si tu avais programmé des vacances, tu te serais plutôt retrouvé sur une plage des caraïbes, plutôt que sur la plage de Banff avec ta simple tante comme habitacle. « Pas vraiment non. J’avais juste une envie d’autre chose, de liberté... » Ton regard se rempli de mélancolie..

T'es comme ça, un coup t'es grognon et la seconde après tu peux être la personne la plus souriante du monde. Ton côté lunatique fait fuir beaucoup de gens alors t'essaye de faire des efforts, d'être un peu plus sociable qu'à la normale, mais forcément ça ne fonctionne pas toujours. « Pas vraiment non. J'avais juste une envie d'autre chose, de liberté... » Elle reprend la parole et tu vois son regard changer, une lueur de mélancolie y brille. T'as fait tilt, tu le vois bien, elle doit être ici pour échapper à quelque chose ou quelqu'un. Bien que tu en aies envie, tu ne pars pas sur ce sujet, après tout ça ne te regarde pas. Tu te contentes de lui sourire, un beau sourire pour essayer de la distraire, pour réchauffer son cœur. « Oh, d'accord. J'espère que tu l'as trouvée alors. » Tu parles de liberté bien sûr. Toi, tu es libre depuis toujours, personne ne te dit quoi faire, tu ne t'imposes aucune règle et tu sais que jamais tu ne pourras changer ça, c'est inscrit en toi.

Tu le vois son sourire, ce sourire qui tente par tous les moyens de réchauffer ton cœur ou du moins qui tente de te faire penser à autre chose. Parce que tu le sais, tu le sens qu’il l’a perçu cette mélancolie dans ton regard, dans ta voix quand tu parles de ce qui t’amène ici. Alors tu essayes de lui rendre la pareille mais tu le sens que s’est un échec cuisant que ce sourire sur ton visage n’est pas sincère, mais tu pries intérieurement pour que cela passe. « Oh, d'accord. J'espère que tu l'as trouvée alors. » Contrairement à plutôt tu ne veux rien laisser paraître alors tu prononce un simple « Plus ou moins » Puis décide de passer à autre chose, tu n’aimes pas réellement parler de ça. Tu n’aimes parler de toi tout court. « Et sinon tu as réussis à trouver un endroit ou crécher ? » Intérieurement tu te félicite d’avoir trouver aussi vite un autre sujet de conversation.

Ton sourire n'y fait rien, elle a encore cette tristesse dans le regard. « Plus ou moins » Tant pis, t'aura au moins essayer. En tout cas, t'as pris la bonne décision en ne lui posant pas de questions trop personnelles. Tu sais que ça l'aurait dérangé, comme toi quand quelqu'un te pose ce genre d'interrogations. « Et sinon tu as réussi à trouver un endroit ou crécher ? » Elle change vite de sujet, tu la comprends parfaitement. Alors tu la regardes et tu te contentes de répondre, toujours avec ton petit sourire aux lèvres. « J'ai loué un appartement avec le peu d'argent qu'il me restait. Du coup maintenant, je suis obligé de trouver un travail sinon je risque de ne pas pouvoir m'acheter de quoi manger. » Tu te donnes bonne conscience, mais en faite, tu ne te sens pas de travailler, ou seulement un ou deux jours. « Et toi ? » Alors à la place tu vas te débrouiller comme tu l'as toujours fais, en faisant un peu la manche ou en revendant des objets volés aux touristes ou dans les magasins.

« J'ai loué un appartement avec le peu d'argent qu'il me restait. Du coup maintenant, je suis obligé de trouver un travail sinon je risque de ne pas pouvoir m'acheter de quoi manger. » Cette situation te fait un peu sourire parce qu’en tu es dans le même cas mais à l’inverse tu te dermerde à ce boulot de merde que tu as trouvé au supermarché dans la seule optique de te trouver un toit, parce que bien que tu l’aime ta tente mais tu t’en lasse chaque jour un peu plus et tu aimerais sérieusement trouver un toit sous lequel pieuter. « Et toi ? » Tu réponds du tac au tac. « Toujours avec ma bonne vieille tante. » Une idée te vient alors en tête. Une idée que tu n’avais jusqu’à lors absolument pas considérée mais qui pourrait être une excellente solution, la colocation. Un loyer divisé par deux. Tu te risque alors à poser la question. « Tu as pensé à la coloc’ ? » Tes yeux se remettent à pétiller, tu es comme une enfant qui demande à sa mère un bonbon.

Bien que tu voyages beaucoup, il te faut un coin à toi, pour respirer sans personne sur le dos et bien sur avec un minimum de confort. Dormir dans une tente c'est bien mais à force, c'est plus chiant qu'autre chose, et encore plus quand t'es sous la pluie ou qu'il fait 3 degrés dehors. Voilà pourquoi tu fais en sortes d'avoir un 'vrai' toit sur la tête en squattant une auberge ou un appartement. « Toujours avec ma bonne vieille tante. » Tu la regardes un peu amuser, car tu ne l'imagines vraiment pas dormir sous une foutue toile de tente, elle a l'air d'être un peu trop précieuse pour ce genre de chose. Tu n'as pas vraiment le temps de lui répondre qu'elle renchaine avec une question. « Tu as pensé à la coloc' ? » Et là quand tu vois son regard, tu connais déjà la suite de la discussion. T'as qu'une envie c'est de lui faire plaisir, mais d'un côté chez toi c'est ton terrier, ta tannière et tu ne te vois pas vraiment partager avec quelqu'un d'autre, encore moins une fille. Remarque sa te permettrait de couper les factures et le loyer en deux et donc d'économiser un minimum pour pouvoir repartir de ce trou perdu. « Pas vraiment, je sais pas si je fais un très bon colocataire. Tu sais je suis assez bordélique, je ne prends pas vraiment soin de mes affaires et encore moins de celles des autres. Et je fumes, trop même. Il m'arrive même de rentrer dans des drôles d'états parfois. » Tu baisses un instant tes yeux sur ton plateau vide puis tu la regardes. « Mais si t'en a envie pas de problème. Tu seras toujours mieux que dans ta tente, surtout qu'il doit faire froid la nuit. » Tu lui souris, mais t'es pas vraiment convaincu, surtout qu'elle n'a pas l'air d'être le genre de fille que tu fréquentes et t'es presque certain qu'elle n'oseras pas venir. Il vaut mieux pour elle qu'elle trouve quelqu'un d'autre avec qui partager un appartement.=, mais si elle veut vraiment tenter l'expérience avec toi tu ne lui diras pas non.