La nuit trépasse doucement, sur ce ciel ombragé. Paix à son âme festive qui s'élève dans les cieux. Le soleil levant lui offre un spectacle tel qu'il en deviendrait presque romantique. Presque reste néanmoins le mot qui sert de barrière à sa façon d'être. En vérité, il profite simplement d'un bon bol d'air frais pour se remettre de sa virée en boite de nuit. Les neurones semblent pourtant encore connectés malgré la nuit blanche et il tient entre ses mains un café bien chaud. Clyde accuse donc le coup, les cernes maquillant très peu son visage. Il oscille entre l'envie de retourner dans sa piaule ou faire quelque chose de productif de sa journée. Peut être élargir son cercle de connaissance, de manière plus positive par exemple. Le cul sur un rocher, il continue d'observer les teintes roses et orangées un soupçon dissimulées par des nuages. L'automne est magnifique. Presque terminé mais magnifique. Probablement sa saison préférée d'ailleurs. La boisson la plus saine qu'il ait l'habitude de consommer est finie et la dernière gorgée coule dans sa gorge. Il reboutonne peu à peu son blouson, le prix à payer d'un vent qui souffle assez fort. L'idée de marcher pour ne pas prendre froid lui vint. Il s’exécute le long de la plage, allant et venant d'un bout à l'autre. Ses poumons sont oxygénés. Pas pour longtemps, il sort un briquet de sa poche et tente d'allumer sans grand succès une cigarette. Il se bat, s'impatiente, commence à réellement sentir le manque de nicotine et sur le point d'exploser. L'addiction c'est con. Il le sait mais ça reste plus fort que lui. Clyde ne veut pas arrêter, c'est son rituel et c'est ce qui permet de le déstresser efficacement. Une âme charitable (ou traître) lui viendra peut être en aide. Sourire.

Méfiance. Observation. Aucun danger, juste un type affreusement déglingué mais inoffensif. Il respire donc. Son regard azuré se porte sur la couleur rose. Putain il est sérieux, lui. « Salut à toi, mon gars. Canon ton briquet » Clyde ne lui tient pas rancune de l'absence de politesse, le type est dans un sale état. Ce même état dans lequel il se trouve régulièrement. Le mec lui a rendu service en plus de ça donc à quoi bon parlementer plus longtemps. Les clopes matinales, y'a que ça de vrai. Et puis il regarde ses pompes. Ce n'est pas lui qui a gerbé en tout cas. Personne n'a dégueulé sur lui, il a donc du marcher là où il ne devrait pas. Faut dire qu'être presque sobre entraîne une vigilance bien plus faible. Le liquide poisseux aurait pourtant dû l'alerter. « Merde, t'as raison. Elles sont complètement niquées. » Il range son briquet. Il n'a pas la preuve qu'il soit vraiment mort, le vent l'emmerde donc ça peut jouer en terme de complication. Tandis qu'à deux, l'un peut servir de barrage temporaire. « Merci, en tout cas.» Il tire sur sa clope, dégage de la fumée grise. Clyde s'en donne à cœur joie. Ce type ne semble pas vouloir le quitter de si tôt. Non pas qu'il veuille le chasser pour autant mais... Non rien. Il s'est promis de devenir plus sociable à l'avenir. Sans se forcer à sourire, il se hasarde à demander : « Dure soirée ou au contraire trop excellente ? » A moins qu'il ne picole qu'au petit matin mais cela est peu probable. Oui c'est vrai, il donne son prénom bien plus vite aux demoiselles. Il ne s'en rend pas forcément compte mais c'est quelque chose qui lui vient pas dans la foulée avec un simple inconnu.

Clyde parait compatissant avec le junkie du jour. Etre le plus clean des deux devrait être un sentiment valorisant et pourtant, il s'en fiche. Le silence s'instaure à peine quand l'autre reprend la parole. « La plage, mec. Sans doute as-tu subi un quelconque bizutage et que tu étais trop stone pour te rendre compte de grand chose. » répond-il brièvement en désignant le sable, les coquillage et l'absence de crustacés. Mais il lui en doit une tout de même. Il expulse un souffle simple et ferme ses prunelles sur les vagues dansantes tout en inhumant l'air iodé. Puis rouvre les yeux peu après, l'inconnu se sent de trop. Il peut comprendre. Les secondes respirent la froideur en opposition à l'atmosphère qui reste paisible. « Écoute, je peux peut-être au moins tenter de t'aider à retrouver ton chemin, comme ça on sera quittes. » Le brun commence doucement à connaître la ville, avec un peu de chance, son utilité serait définie. Sinon peu importe. Quant au fait de pouvoir lui donner quelque chose à boire, il aurait eu le choix entre soigner le mal par le mal et lui refiler sa flasque d'alcool dissimulée dans le côté interne de son blouson ou bien un bon café. Manque de chance, la flasque il ne la partage qu'avec des personnes proches de lui. Et le café est vide. Inutile de lui en proposer un en rencard, il n'a rien d'une blonde pulpeuse, d'une brunette fragile ou d'une rouquine mystérieuse. Non pas qu'il n'ait rien expérimenté d'autre dans sa jeune vie... c'est juste qu'il a la certitude que ce n'est pas ce qu'il y a de mieux pour lui. Il commence à marcher, lui faisant comprendre qu'il peut suivre le pas. « Rien désolé. Tu sais où tu veux aller ? »